Ce ne fut qu’après sa mort que l’abbé Antonio de Sangullo révéla confidentiellement à Laurent l’existence d’un enfant né, un an auparavant, des amours de Julien avec mademoiselle Irma, personne de la famille des Goxini. […] Il adorait les femmes, mais il respectait son épouse ; trois fils et quatre filles composaient cette famille. […] « N’oubliez pas que nous ne sommes que des citoyens de Florence ; mais son chef-d’œuvre de sagesse est la lettre pleine de conseils paternels qu’il écrit au jeune cardinal de Suza, se rendant alors à Rome ; la voici : « Nous avons, ainsi que vous, de grandes grâces à rendre à la Providence, non seulement pour les honneurs et les bienfaits sans nombre qu’elle a répandus sur notre maison, mais plus particulièrement encore à cause qu’elle nous fait jouir, dans votre personne, de la plus éminente dignité qui ait jamais été accordée à notre famille. […] Et tant que vous serez pénétré de ces principes, il ne vous sera pas difficile de rendre à votre famille et à votre patrie des services importants ; au contraire, vous pouvez devenir le lien heureux qui attachera plus étroitement cette ville à l’Église et votre famille à cet État ; et, quoiqu’il soit impossible de prévoir quels événements peuvent arriver un jour, je ne doute point que cela ne se puisse faire avec un égal avantage pour tous, observant néanmoins que vous devez toujours préférer les intérêts de l’Église. […] Cimabue, Giotto, à qui Laurent dédia un buste un siècle après sa mort ; Mazaccio, Philippo Lippi, à qui il fit élever un monument dans sa patrie Spoleto ; Guirlandaio, à qui il confia son portrait à faire, étaient autant de clients de cette famille.
Laissons les Don Juan de la Philosophie et les Jocrisse du machiavélisme profond sourire quand nous écrivons ce mot-là… Mais pour nous, qui savons le néant de toutes les formules auxquelles croient les sots, ce qu’on appelle la politique n’existe plus que dans la moralité de l’homme, depuis qu’il existe du christianisme sur la terre, et le crime chrétien, le grand crime que la maison de Bourbon paie encore et expie, c’est le coup porté par elle au cœur de la famille et aux mœurs. […] Révolutionnaire en ceci qu’elle n’était pas assez chrétienne, cette maison qui devait, comme toute famille royale, parmi les peuples chrétiens, représenter l’essence de la société, c’est-à-dire la famille, la tua au contraire, la famille, et par Henri IV, et par Louis XIV, et par Monsieur le Régent, et par Louis XV ; et, par le massacre sans cesse renouvelé de l’adultère et des bâtardises, elle créa le monstre de l’individualisme dans l’État, comme le Protestantisme avait créé le monstre de l’individualisme dans les doctrines. […] Quand, au lieu du rayon de Fontenoy, Louis XV aurait eu de la gloire, à périr par elle, comme Napoléon, dans une hémorragie sublime, ces torrents d’un noble sang versé par le glaive n’auraient pas guéri du mal de ses mœurs la famille de ces rois très-chrétiens dont la conduite avait été païenne, hélas ! […] Indulgent, trop indulgent déjà, dans son Louis XV, pour des excès qui devaient tuer la monarchie dans la famille, comme on tue l’enfant dans le lait de la mère, M. […] Être la maîtresse reconnue d’un roi corrompu, qui donna fastueusement à toutes les familles d’un pays l’exemple honoré de l’adultère, voilà un de ces crimes irréductibles pour lequel on n’a pas le droit de réclamer les circonstances atténuantes devant l’histoire : car rien ne saurait atténuer, pas même la passion, que n’eut d’ailleurs jamais Mme Du Barry pour Louis XV, le crime de l’adultère public et royal.
Les Familles de satyres. […] En revanche, les deux Familles de satyres me font un vrai plaisir.
Ce précieux dépôt de famille m’a été communiqué par M. […] Je me suis hâté de me rendre dans ma famille pour y recueillir quelques débris de patrimoine. […] Présentez-lui mon respect, et priez-le de ma part d’en offrir autant à Mlle de La Tour et à sa famille. […] Donnez-moi donc des nouvelles de votre famille. […] Je vous souhaite une bonne année ainsi qu’à votre chère famille, dont je ne connais que le respectable chef.
Il aimait et estimait le bon abbé et n’avait pas à un haut degré le culte de Louis XIV ; il aurait autant aimé que l’Académie revînt sur sa première décision ultra-royaliste sans le consulter, et qu’elle lui fit grâce de cette tracasserie mesquine. « Lavez votre linge sale en famille, messieurs » ; il ne dit pas la chose, mais c’était le sens. […] Mais si Bossuet pourtant s’oublie dans une oraison funèbre jusqu’à faire de l’ancien secrétaire d’État Le Tellier, de cet homme d’esprit doucereux et fin, une majestueuse figure de chef de justice et un pendant de L’Hôpital, on n’est pas fâché d’entendre l’abbé de Saint-Pierre réduire la figure à ses justes proportions, et mettant, comme on dit vulgairement, les pieds dans le plat, nous dire crûment : Il (Le Tellier) n’eut durant sa vie que le même but qu’ont les hommes du commun dans la leur, et ce but fut d’enrichir sa famille et d’augmenter son pouvoir tous les jours par des charges, par des emplois, par des alliances, par des richesses, par des dignités et surtout par la faveur du roi. […] Cette religion évangélique purement morale, dans laquelle le prêtre n’est plus qu’un officier de bonnes mœurs et un agent de bienfaisance ; où l’on espère passionnément en l’autre vie, même quand on n’en est pas très sûr, mais parce que c’est une croyance utile et salutaire ; où le curé en cheveux blancs, qui ne sait que donner et pardonner, ressemble à un bon père de famille souriant selon la maxime que « l’air gracieux et serein doit être la parure de l’homme vertueux » ; cette religion du curé de Mélanie et à la Boissy-d’Anglas, religion de tolérance, de doute autant que de foi, et où l’arbitre du dogme ne trouve à dire à son contradicteur dans la dispute que cette parole calmante : « Je ne suis pas encore de votre avis », comme s’il ne désespérait pas de pouvoir changer d’avis un jour ; ce théisme doucement rationalisé et sensibilisé, à ravir un Bernardin de Saint-Pierre et à attendrir un Marmontel, n’est pas du tout la religion de Fénelon, comme on l’a souvent appelé, mais c’est bien la religion de l’abbé de Saint-Pierre. […] Il était à l’article de la mort (1743) et venait de remplir ses devoirs de chrétien, en présence de sa famille et de ses domestiques.
Pour un homme qui, comme M. l’abbé Mitraud, doit avoir de la théologie et de la tradition dans la tête, le Droit a-t-il son expression ailleurs que dans les relations de la Famille ? Or, l’auteur des Sociétés humaines touche-t-il une seule fois à cette question de la famille, type et pierre angulaire de toute société, et à l’aide de laquelle un penseur énergique aurait tout expliqué, car Bonald n’a pas tout dit et il a même interverti les termes de sa Trinité domestique ? […] A-t-il vu quelles en étaient les institutions essentielles, nécessaires, et au sein desquelles les familles doivent se grouper et se mouvoir ? […] Au lieu d’une théorie, n’aurait-il pas fait une histoire, l’histoire de la constitution catholique qui n’est au fond que le jeu harmonieux des constellations de la famille dans le zodiaque de l’ordre et qu’il aurait opposée, comme une suprême réponse, à tous ces essais de société mécanique, rêvés par les philosophes du dix-neuvième siècle, en dehors du sociisme humain ?
Ces éloges étaient le plus souvent prononcés par un citoyen de la famille, mais quelquefois aussi par les magistrats ; c’était, pour ainsi dire, alors la patrie elle-même qui montait sur la tribune pour y exprimer sa reconnaissance. […] Dans la suite une institution si noble dégénéra ; les familles, qui ont leur orgueil comme les hommes, pour illustrer les vivants, briguèrent à l’envi des éloges pour les morts. Bientôt cet honneur devint commun ; la flatterie et le mensonge ne tardèrent point à le corrompre ; on exagéra le bien, on fit disparaître le mal, on supposa des actions qui n’avaient point été faites, on créa de fausses généalogies ; enfin, à l’aide de la ressemblance des noms, on se glissa dans des familles étrangères, tant la fureur d’exister par ce qui n’est plus, et de prendre un nom pour du mérite, a été commune à tous les siècles. […] De son temps on avait encore plusieurs de ces discours ; les familles les conservaient comme des titres de noblesse, et la vanité vigilante transmettait souvent à la paresse ce dépôt de l’orgueil : tous ces monuments sont aujourd’hui perdus.
La race allemande est une branche de la famille orientale. […] Ce n’est pas le génie cependant qui manque aux Allemands, fortes têtes de la famille européenne, c’est l’emploi de leur génie ; ils jouent avec leur imagination comme des enfants avec leurs jouets. […] L’Allemand Heine, ce petit-fils de Méphistophélès, croyant et sceptique, religieux et impie, pathétique et ironique, est de cette famille. […] (En s’approchant du fauteuil de famille :) Ô toi qui, dans leur joie ou dans leur douleur, as reçu les aïeux sur tes bras ouverts ! […] Un soldat, à demi ivre de douleur plus que de vin, revient de l’armée ; il a appris en approchant de la ville la honte de sa sœur chérie, qu’il célébrait partout comme la gloire et la beauté de la famille.