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523. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

On soutenoit qu’il étoit facile de faire beaucoup mieux que lui, et que si l’on pouvoit trouver quelque chose de bon dans ses opera, il n’étoit pas permis, sous peine d’être réputé un esprit médiocre, d’en loüer trop l’auteur.

524. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

C’est me rendre mon rôle facile à jouer, si j’étais homme à en jouer un. […] J’ai toujours un regret, je l’avoue, quand je vois qu’une belle et bonne chose littéraire toute facile et même déjà faite ne s’achève pas, qu’une gerbe reste éparse faute d’un lien. […] Il est facile de juger à l’accueil qu’il lui a fait que la plus parfaite amitié règne entre les deux frères… Je crois qu’il n’y a point d’homme que j’aimerais autant que M. 

525. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

» Madame de Vandeul, fille unique et si chérie de Diderot, nous a laissé quelques anecdotes sur l’enfance de son père, que nous ne répéterons pas, et qui toutes attestent la vivacité d’impressions, la pétulance, la bonté facile de cette jeune et précoce nature. […] II, p. 108), l’aversion qu’il conçut de bonne heure pour les faciles et dangereux plaisirs. […] Nous leur rappellerons en même temps, comme dédommagement et comme excuse, un article sur la prose du grand écrivain, inséré autrefois dans ce recueil par un des hommes93 qui ont le mieux soutenu et perpétué de nos jours la tradition de Diderot, pour la verve chaude et féconde, le génie facile, abondant, passionné, le charme sans fin des causeries et la bonté prodigue du caractère.

526. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Au reste, l’art n’est pas facile, même aux mieux doués. […] Quelques-unes naissent spontanément et tout exprimées ; c’est la facile conquête de ceux qui sont nés sous une constellation heureuse : mais combien d’autres qui sont le fruit d’une poursuite ingrate ; qu’il faut remanier sans cesse ; qui, après avoir contenté un moment l’écrivain, le dégoûtent ; qui ne paraissent jamais qu’une image imparfaite du vrai, mais non le vrai lui-même ! […] Les figures, les métaphores, sont des pièges du même genre, et dont il n’est guère plus facile de se garder.

527. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Sans doute il est facile d’être ironique sans clairvoyance et sans réflexion vraie. […] Cette attitude, très dogmatique, est glorieuse et facile. […] Le génie n’est point diminué par toutes les analogies qu’on pourra lui découvrir avec la folie, ni la grandeur morale parce qu’il n’est pas toujours facile de la distinguer de son contraire.

528. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Socrate, Diogène, Pascal, Voltaire sont appelés philosophes ; Homère, Aristophane, Lucrèce, Martial, Chaulieu et Lamartine sont appelés poètes, sans qu’il soit facile de trouver le lien de parenté qui réunit sous un même nom des esprits si divers. […] Il est facile de jeter le ridicule sur ces tentatives de restauration de littératures obscures et souvent médiocres. […] Une telle infériorité est du reste facile à expliquer.

529. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Et que dites-vous de phrases comme celle-ci : « Il semblait perdu dans un de ces bonheurs complets, n’appartenant sans doute qu’aux occupations médiocres, qui amusent l’intelligence par des difficultés faciles et l’assouvissent en une réalisation au-delà de laquelle il n’y a pas à rêver » ? […] Il avait toujours eu, cela est facile à voir, une admiration très vive pour les parties les plus vagues et les plus sonores du magnifique idiome de Chateaubriand ; il lui parut original de rajeunir ces beautés passées de mode en les associant au style robuste, palpable, visible, au style sans âme et sans ailes, mais poétiquement terre à terre que manie avec tant d’aisance M.  […] Délire, ivresse, ce sont là aussi des accusations banales, et qu’il serait trop facile de diriger contre des tentatives vraiment nouvelles.

530. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il a un prix à l’Académie pour une épître en vers, fade et facile, Épître d’un père à son fils sur la naissance d’un petit-fils (1764) ; il remporte un autre prix à l’Académie pour l’Éloge de Molière (1769). […] Mais écrit de sang-froid et crûment, c’est trop facile, et l’auteur mérite qu’après avoir lu son compliment, on lui réponde : « Parlez pour vous ! […] Ce n’était pas tant dans le monde et dans un cercle régulier qu’il fallait l’entendre : il y causait beaucoup et même trop, il y parlait des heures de suite, contant anecdotes sur anecdotes, décochant épigrammes sur épigrammes, et prodiguant d’un air facile tous ces traits, ces mots tout faits, toutes ces provisions d’esprit qu’on a trouvées après sa mort rassemblées dans ses petits papiers.

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