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148. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Quelle raison avons-nous de préjuger mieux de notre destinée que de la destinée de ces grandes existences éclipsées avant nous ? […] Mais il était nécessaire dans le plan divin que cet instinct du bonheur parfait mentît à l’homme, pour lui faire supporter l’existence et poursuivre pas à pas dans la vie la route de l’éternité. […] Ces fragments étaient l’œuvre d’un de ces hommes qui consacrent toute leur existence et tout leur génie dans ce monde à regarder et à sonder d’autres mondes. […] « Je renonçai pour jamais à ce brutal plaisir du meurtre, à ce despotisme cruel du chasseur qui enlève sans nécessité, sans droit, sans pitié, l’existence à des êtres auxquels il ne peut pas la rendre. Je me jurai à moi-même de ne jamais retrancher par caprice une heure de soleil à ces hôtes des bois ou à ces oiseaux du ciel qui savourent comme nous la courte joie de la lumière, et la conscience plus ou moins vague de l’existence sous le même rayon.

149. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

De gras rédacteurs dûment appointés, ayant tout juste produit deux mille chroniques dans leur existence, s’attendrirent ou devinrent lyriques devant la force de la belle jeunesse qui sait rester joyeuse au milieu de la misère, et qui, et que… La Vie de Bohème est, malgré tout, un livre rebutant et désolant, et je ne crois pas qu’il y ait un écrivain vrai, un homme de talent et de cœur qui n’ait la nausée devant ces plaisanteries vieillies alternant avec ces crachats de phtisique et ce dépenaillement. […] En face de ces hâbleurs et encombrants individus, qui ne sont même pas assez propres moralement pour leur être fidèles après les avoir traînées dans une existence de saleté et de misère, elles apparaissent aimantes, simples et travailleuses, indulgentes à ces mâles prétentieux qui les assomment de leurs « rêves » et les laissent cuisiner en barbouillant une toile ou en bâillant sur un poème. […] Cette malheureuse corporation des artistes, qui détient l’intelligence authentique et devrait savoir l’adapter à tous les besoins matériels de l’existence, a mis trop longtemps un faux point d’honneur à confondre la puissance de méditation idéologique avec l’inexpérience de la conduite dans la vie. […] La femme sera peut-être l’intermédiaire nécessaire entre l’existence et l’artiste.

150. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Si l’on pouvait faire goûter à l’homme la sorte de repos dont jouissent les êtres qui n’ont reçu de la nature que l’existence physique, ce serait un bien peut-être, puisque la faculté de souffrir serait diminuée. […] Mais, dix ans après, la route de l’existence est déjà profondément tracée, les opinions qu’on a montrées ont heurté des intérêts, des passions, des sentiments, et votre âme et votre pensée n’osent plus s’abandonner en présence de tous ces juges irrités : l’imagination peut-elle résister à cette foule de souvenirs pénibles qui vous assiègent à tous les moments ? […] Vainement les goûts se modifient, les inclinations changent ainsi que le caractère ; il faut rester la même puisqu’on vous croit la même ; il faut tâcher d’avoir quelques succès nouveaux puisqu’on vous hait encore pour les succès passés ; il faut traîner cette chaîne des souvenirs de vos premières années, des jugements qu’on a portés sur vous, de l’existence enfin telle qu’on vous la suppose, telle qu’on croit que vous la voulez.

151. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

C’est en le lisant que nous comprenons, nous autres serfs de l’existence moderne et prisonniers des villes, à quel point notre existence est un long crime contre la nature.

152. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

Il ne reproche pas aux hommes de ne point le comprendre, il rêve à peine de vivre une existence enfin fortunée, dans des siècles passés, en des contrées distantes. […] Sachant les hommes innocents de sa tristesse il consent à les plaindre de subir comme lui tout l’odieux d’une existence qu’il hait, et dont le console le seul et vain souci de se connaître.

153. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Les personnages allegoriques imparfaits sont les êtres qui existent déja réellement, ausquels la poësie donne la faculté de penser et de parler qu’ils n’ont pas, mais sans leur prêter une existence parfaite et sans leur donner un être tel que le nôtre. […] Les évenemens dépeints dans ce poëme, sont arrivez en des tems où le commun des hommes étoit persuadé de leur existence.

154. (1898) Essai sur Goethe

Un petit nombre d’entre eux, en effet, comme Iphigénie, avaient, si l’on peut dire, une existence indépendante. […] Après quelques jours de cette joyeuse existence, Goethe reprend le chemin de Francfort. […] Celle-ci est assez puissante pour assurer à l’œuvre une existence durable dans tous les temps. […] Tâchons d’entrer de plus près dans le détail de cette existence. […] Leur existence n’est qu’une longue bataille contre le besoin

155. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

On ne voit pas cependant les minéralogistes contester l’indépendance de la physique ou de la chimie ; et pourtant ils auraient autant de raisons de proclamer l’existence d’une science unique des corps bruts, que les naturalistes peuvent en avoir de proclamer l’existence d’une science unique des animaux, qui serait la zoologie, ou d’une science unique des plantes, qui serait la botanique. […] Les plus petits à cette période de leur existence ont une grande ressemblance avec un ovule : c’est ce qui a pu faire croire à un œuf spontané. […] Toutefois, à une certaine période de leur existence, au début, ils commencent par être des êtres à vie oscillante. […] Ce sont là des exemples de destructions accomplies dans des circonstances particulières ou dans le cours de l’existence d’êtres particuliers. […] Hæckel accepte comme un fait général l’existence de ces plastidules.

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