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354. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

L’air natal du pere est pour le fils une espece de poison. […] On ne voit pas sur les bords de la Seine une espece de grands oiseaux dont la Loire est couverte.

355. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

les petits, — et encore les petits de Paris, visibles seulement à Paris, connus uniquement entre le Gros-Caillou et les Buttes-Montmartre, et dont l’espèce est perdue — entièrement perdue — et n’existe plus passé la banlieue et ses derniers cabarets. […] En dehors de Paris, en dehors de cette espèce de cuve qui a ses sorcières, comme la marmite de Macbeth, mais plus jolies, et où tous les champignons gâtés du fumier civilisé bouillonnent incessamment sous le feu des plus diaboliques vanités, on ne sait pas et on ne comprendrait pas un seul mot de l’histoire que Jules Vallès a écrite avec une verve poignante.

356. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Belmontet55 Un livre de poésies, annoncé seul dans un bulletin bibliographique exclusivement consacré aux ouvrages en prose, doit produire un effet inattendu et un contraste, comme si l’on plaçait une pierre d’une autre espèce dans une mosaïque dont les marbres ne différeraient, jusque-là, que par les couleurs. […] Après le couronnement de la victoire, l’Empire eut le couronnement des catastrophes, pour que tout fût complet dans sa destinée ; car la grandeur humaine ne s’achève que par le malheur, et les larmes des choses (lacrymæ rerum) ne doivent pas plus manquer à l’Épopée que les larmes des hommes au Drame… deux espèces de larmes différentes, que l’Empire, tour à tour Épopée et Tragédie, a su faire également couler !

357. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il renvoie chez eux « ces espèces. » Il n’a que faire « de babillards à la cour. » Il les assomme tranquillement de leur vrai titre. […] « Plus avant commençait la foule des courtisans de toute espèce. […] Le faiseur d’apothéose empoche « un présent », une bourse de mille louis, si vous voulez ; on ne fait pas de « miracles » pour rien, et tout aboutit aux espèces sonnantes. […] manger moutons, canaille, sotte espèce. […] — Moi, mon ami, je le plains fort, Il est le seul de son espèce. » * Le Phénix.

358. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Sur les ponts, les gens ne sont plus que des silhouettes, des virgules noires… des espèces de fourmis tout là-bas. […] Ce qui commence à baigner dans le liquide amniotique, l’embryon de quelques semaines, cette espèce de sangsue dressée sur sa queue courbe, est une vraie chimère qu’on dirait taillée dans du jade, dans une amalgatolithe rose. […] Puis cela devient cette espèce de petite taupe hydrocéphale, à la chair, mamelonnée et tuberculeuse. […] * * * — Livres magiques après tout, que ces livres de Hugo, qui, comme tous les livres de vrais maîtres, donnent, à leur lecture, une espèce de petite fièvre cérébrale. […] Il y a à quitter une maison, où on a été paresseux et heureux, l’espèce d’effort qu’on éprouve à se lever d’un bon fauteuil ; et puis au fond, on a toujours une certaine terreur de l’inconnu qui est dans la vie devant vous et auquel on va.

359. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il faut espérer que des phénomenes de cette espece n’auront plus lieu sous les regards de M. de Lamoignon. […] On peut bien assurer que chez un être de cette espece, on trouva l’impertinence avec tous ses entours. […] Ce sont cependant des inadvertances de cette espece, dont notre presse est remplie. […] Que d’être de cette espece ! […] Il venoit, disoit-il à ses amis (si un homme de cette espece peut en avoir) de s’enfoncer une cotelette à la chasse.

360. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il peint tout, dans cette Halle qu’il a choisie comme sujet de peinture incessante, dans cette Halle qui est bien plus le sujet de son livre que les personnages qui s’y agitent ; et il peint avec une telle absorption de lui-même dans l’objet, qu’il n’est plus une main conduite par une pensée, mais une espèce de palette mécanique, un pinceau qui va par l’effet d’un ressort, un procédé. […] Zola, est un pauvre pied plat d’imbécile, une espèce d’Icarien, qui, en 48, s’est fait prendre bêtement sur une barricade, car il ne s’y battait même pas, et qui, dans le tas des émeutiers du temps, fut jeté à l’exil. […] Stendhal nous l’avait exprimée dans sa Chartreuse de Parme, Ferdinand Fabre dans son Abbé Tigrane, — Ferdinand Fabre, tombé de l’abbé Tigrane au Frère Barnabé, qui n’est pas un prêtre, mais une espèce de prêtre à travers lequel on allonge un coup de couteau qui finira bien par trouver la poitrine d’un autre prêtre quelque jour. […] l’égalité des espèces !!! […] Il n’en faut pas trop… Lui qui avait montré dans ses autres romans de l’invention et du langage (plus de langage que d’invention, il est vrai), n’est plus, dans celui-ci, comme inventeur, qu’une espèce de Paul de Kock, et, comme écrivain, qu’un Père Duchesne.

361. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Eh bien, devant l’espèce de religion qui est en train de se fonder en Amérique, il est bon de dire la vérité. […] Il revient de là-bas avec une espèce de griserie cérébrale, une furie de travail, aiguillonnée par la vue des originaux de Lamalou, me disant qu’il a eu cette année, des bonnes fortunes en ce genre, comme cela ne lui est jamais arrivé. […] Il parlait aujourd’hui de l’extraordinaire force physique des turcos, et de l’espèce de joie orgueilleuse qu’ils éprouvaient, quand leur sac, leur écrasant sac dépassait de beaucoup leur tête. […] Il parle, avec un espèce d’enthousiasme lyrique, de ses chasses, de ses pêches : des pêches au chevaine, où l’hiver il casse la glace, enfin de cette vie active et en plein air qui a remplacé la vie factice, artificielle, enfermée, et sans sommeil de sa jeunesse : vie, il n’en doute pas, qui l’aurait tué. […] Il s’étend sur son bonheur dans la solitude, sur sa maison éloignée de toute habitation, où la nuit, au milieu de ses trois chiens couchant dans trois pièces, il a un espèce de frisson peureux agréable, au grognement trois fois répété, annonçant un passant sur la route.

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