Ils sont si opposés, qu’ils ont exigé pour se développer des cerveaux d’espèce distincte. […] Car pourquoi certaines espèces sont-elles douces, tandis que d’autres sont sanguinaires ? […] Au reste, les grands d’alors considéraient les gens de lettres comme des espèces de domestiques amusants. […] Je crois que cette espèce d’esprit est le premier de tous. […] Ils sont les espèces de la société, pareilles aux espèces de la nature.
On ne peut se dissimuler que Saint-Martin, avant la Révolution, n’ait été un théosophe d’une espèce particulière et suivant le grand monde. […] Son optimisme ici et cette espèce de béatitude que nous lui avons vue en quelques moments expire ; et avec cela il ne désespère jamais, il n’abdique pas son idée d’avenir et ne laisse pas échapper ce qu’il estime le fil conducteur : J’ai vu la plupart de mes concitoyens très alarmés aux moindres dangers qui à tout moment menacent l’édifice de notre Révolution ; ils ne peuvent se persuader qu’elle soit dirigée par la Providence, et ils ne savent pas que cette Providence laisse aller le cours des accessoires qui servent de voile à son œuvre, mais que quand les obstacles et les désordres arrivent jusqu’auprès de son œuvre, c’est alors qu’elle agit et qu’elle montre à la fois ses intentions et sa puissance ; aussi, malgré les secousses que notre Révolution a subies et qu’elle subira encore, il est bien sûr qu’il y a eu quelque chose en elle qui ne sera jamais renversé. […] Il démêle l’espèce de jeu de mots et d’escamotage à l’aide duquel l’école de Condillac se flattait d’expliquer tout l’homme : Vous êtes tellement plein de votre système des sensations, que ce ne sera pas votre faute si tous les mots de nos langues, si tout notre dictionnaire enfin ne se réduit, pas un jour au mot sentir. […] C’est à sa manière un millénaire, un utopiste à imagination pieuse ; et les beaux résultats qu’il se peint à l’avance, le futur âge d’or de sa philosophie divine, cette espèce d’Éden plus ou moins retrouvé dès ici-bas, quelles que soient les épreuves de la crise dernière, ne lui paraissent pas trop chèrement payés. — Lui, de tous les hommes le moins semblable assurément à Condorcet, il lui arrive de rêver et de délirer comme lui.
Pour nous, ce qui nous attire et ce qui nous en plaît aujourd’hui, ce n’est pas tant ce canevas sentimental aisé à imaginer, et qui est traité d’ailleurs avec grâce et délicatesse, comme aurait pu le faire Mme de Souza ; ce sont moins les personnages amoureux que des personnages au premier abord accessoires, mais qui sont en réalité les principaux : c’est un président de Longueil, forte tête, à idées politiques, à vues étendues, une sorte de Montesquieu consultatif en 89, et qui, en écrivant à Saint-Alban, lui communique ses appréciations supérieures et son pronostic chaque fois vérifié ; — c’est aussi le père du jeune Saint-Alban, espèce de Pétrone ou d’Aristippe, qui, pour se livrer à ses goûts d’observation philosophique et de voyages, a renoncé dès longtemps aux affaires, aux intérêts publics, même aux soins et aux droits de la puissance paternelle, et s’en est déchargé sur son ami le président de Longueil. […] Mais ce qu’on sait moins, ce qu’un observateur moraliste peut seul avoir saisi sur le fait et nous rendre ensuite comme il l’a senti, c’est quel était au moment même et quelques heures après, dans cette même soirée, l’effet de cette scène déplorable sur ce qu’on appelait la bonne compagnie, qui n’est bien souvent qu’une autre espèce de peuple. […] La Révolution de la France, unique dans son espèce, a donné aux esprits une commotion violente, qui leur a fait parcourir en tous sens les sentiers de l’économie politique et de la législation. […] La conclusion du président, dans cette espèce de liquidation d’une grande bibliothèque, qu’il montre si réduite si l’on en ôtait tout ce qui est devenu inutile, fastidieux ou indifférent, semblera peu en rapport avec nos goûts d’aujourd’hui, à nous qui aimons toutes les sortes de curiosités et d’éruditions, et qui y recherchons, jusqu’à la minutie, les images et la reproduction du passé ; elle a pourtant sa vérité incontestable et philosophique, plus certaine que les vogues et les retours d’un moment : Tous ces livres, dit-il en achevant son énumération, ne seront pas plus recherchés un jour que les factums relatifs à des affaires qui dans leur temps fixaient l’attention générale.
Tout le monde sortit avec une espèce de douleur, car cela avait l’air d’un sacrifice, et elle a trouvé le moyen d’intéresser tout le monde pour elle. […] Il veut bien, dans ses espèces de Journaux anecdotiques ou de Mémoires, accorder des éloges à son général, mais il les gâte d’un mot, qui de la part d’un aide de camp est perfide. […] Il recevait à Chambord, en femmes, toute espèce de compagnie, même de la bonne. […] Mais l’auteur de la Chercheuse d’esprit n’avait jamais cherché qu’à vivre ; il était cynique ; et, quoiqu’il eût du talent, il dédaignait toute espèce de réputation : c’était fort commode à l’abbé de Voisenon, qui précisément, enchanté par Mme Favart, était parvenu à l’ensorceler au point de lui faire adopter quelques-unes de ses idées et tous ses scrupules, de manière que, lorsqu’on était devenu familier dans la maison, voici le plaisir que Mme Favart vous procurait.
Avec plus d’un illustre, le discours ne sort plus de là : c’est un cri de misère en style de haute banque et avec accompagnement d’espèces sonnantes. […] Il est très-fâcheux qu’à l’origine de cette espèce d’invasion de la presse dite à quarante francs, les conséquences morales et littéraires n’en aient pas été présentées avec vigueur et netteté par quelqu’une des plumes alors en crédit. […] Que serait-ce qu’une Société qui, comprenant la presque totalité des littérateurs du jour à tous les degrés de l’échelle, deviendrait pour eux une espèce d’assurance mutuelle contre la critique et pour la louange ? […] Mais tant que cette espèce de courage ne manquera pas aux hommes de talent haut placés, il y aura de la ressource contre le mal137.
il nous fournit peu de croquis de cette espèce. […] Avec cette espèce d’argot plastique, on était le maître de dire et de faire comprendre au peuple tout ce qu’on voulait. […] Henri Monnier a fait beaucoup de bruit il y a quelques années ; il a eu un grand succès dans le monde bourgeois et dans le monde des ateliers, deux espèces de villages. […] Prudhomme est à Monnier. — En ce temps déjà lointain, il y avait à Paris une espèce de bouffon physionomane, nommé Léclaire, qui courait les guinguettes, les caveaux et les petits théâtres.
L’indignation et l’orgueil empoisonnent cette espèce de clerc à l’apparence inoffensive, au sourire d’excessive affectuosité. […] L’élan des mouvements naturels chez les autres avive l’espèce de honte qu’elle éprouve de ne pouvoir se livrer aux siens propres. […] Ses irruptions les plus funestes sur les plus dangereux objets de l’ambition politique en reçoivent une espèce d’innocence. […] Antony parle comme une espèce de héros, mais il est presque sans ressources, et comment agit-il ? […] On entend bien que l’Emphase romantique est d’une espèce fort distincte.
Ses ennemis prétendoient qu’il étoit odieux qu’un citoyen s’élevât une espèce de tribunal, auquel tous les auteurs ressortissoient ; de sorte qu’il fallut que les ouvrages nouveaux, & sur-tout les pièces de théâtre, méritassent son approbation pour avoir celle du public. […] Il vouloit que la scène fût un remède aux délires de l’esprit humain ; qu’on ne s’armât point de rigueur contre les fanatiques, de quelque espèce qu’ils fussent ; mais qu’on les jouât sur tous les théâtres, même à la Foire & aux Marionettes ; & que, ces jours-là, on donnât gratis la comédie.