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273. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Cette faiblesse est commune aux plus grands écrivains, surtout dans un art où la mode, comme le dit Corneille, a tant d’empire. […] Le pardon de Cinna change le plus mortel ennemi d’Auguste en un ami dévoué, et lui rend plus léger le poids de l’empire. […] Sous l’empire irrésistible de leur caractère et de leur passion, ils marchent à l’événement sans langueur, sans relâchement, sans une parole perdue, sans que le caractère s’interrompe un moment. […] On veut apprendre d’Auguste ce que son âme profonde renfermait de pensées secrètes, d’ambition combattue, de fatigues et d’ennuis, dans la plus grande jalousie du pouvoir ; on veut savoir ce que c’est qu’un fondateur d’empire. […] Il verra que le propre d’un événement de ce genre est d’agiter à la fois tous les personnages ; que tous sont dès l’abord sous l’empire de la catastrophe qui se prépare : voilà l’unité d’action.

274. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

histoire du consulat et de l’empire, par m. thiers. — lamartine. — vente de ses œuvres. — influence de la fortune sur les mœurs littéraires. — balzac, messer milione. […] Le succès de l’Histoire du Consulat et de l’Empire ne saurait être moindre : on peut même dire que ce succès est décidé et comme tout fait à l’avance, quel que soit le mérite de l’ouvrage : on ne jugera qu’après, on dévorera et on admirera d’abord.

275. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Mais tout, dans les poètes, rappelle l’influence des cours : la plupart d’entre eux désirant de plaire à Auguste, vivant auprès de lui, donnèrent à la littérature le caractère qu’elle doit prendre sous l’empire d’un monarque qui veut captiver l’opinion, sans rien céder de la puissance qu’il possède. […] Sous l’empire d’un seul, au contraire, les beaux-arts sont l’unique moyen de gloire qui reste aux esprits distingués ; et quand la tyrannie est douce, les poètes ont souvent le tort d’illustrer son règne par leurs chefs-d’œuvre.

276. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Deux liens retiennent les hommes sous l’empire de la moralité, l’opinion publique et l’estime d’eux-mêmes. […] Cet acte irréparable, cet acte qui seul donne à l’homme un pouvoir sur l’éternité, et lui fait exercer une faculté qui n’est sans bornes que dans l’empire du malheur ; cet acte, quand on a pu, dans la réflexion, le concevoir et l’ordonner, jette l’homme dans un monde nouveau, le sang est traversé ; de ce jour, il sent que le repentir est impossible, comme le mal est ineffaçable ; il ne se croit plus de la même espèce que tout ce qui traite du passé avec l’avenir.

277. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Lorsque l’âme est dégagée de l’empire des passions, elle permet à l’homme une grande jouissance ; c’est l’étude, c’est l’exercice de la pensée, de cette faculté inexplicable dont l’examen suffirait à sa propre occupation, si au lieu de se développer successivement, elle nous était accordée tout à coup dans sa plénitude. […] Il n’est rien qui puisse distraire l’homme soumis à l’empire d’une idée unique.

278. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Vous y sentez, non l’image des temps héroïques, mais l’oppression de l’empire. […] C’était peut-être sous le règne si court de Titus, dans cette trêve d’un moment accordée par l’empire.

279. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il commençait à se résigner à l’Empire vers 1810, vers 1812, quand c’eût été plutôt le cas d’y renoncer. […] La Fayette n’a pas négligé de relever en ses Mémoires une de ces inconséquences du républicain de l’an III qui renonçait sous l’Empire à rester un grand citoyen : « Malgré l’assertion, dit-il (tome 5, page 231), qu’un citoyen distingué, M. […] Tel est l’empire des préventions et des haines invétérées, peut-être seulement des fausses positions et des faux plis, chez les meilleurs, chez les plus sages ! […]  » L’auteur n’a pas l’air d’admettre qu’au dedans on ait pu servir l’Empire par d’autre motif que par corruption et par cupidité. […] Cette édition de 1811 contenait, entr’autres additions, un exposé de la conduite de la cour de Rome depuis 1800, vrai factum d’un canoniste de l’Empire.

280. (1813) Réflexions sur le suicide

On veut que l’amour subjugue les plus hautes puissances de l’âme, et qu’il n’y ait rien au-dessus de son empire. […] Mais les espérances qu’il donne ne se rapportent pas aux événements de cette vie : c’est la disposition de l’âme sur laquelle la prière a le plus d’empire. […] L’Angleterre, où cet homme si vertueux était né, où tant d’autres citoyens ont sacrifié si simplement leur vie à la vertu : l’Angleterre, dis-je, est pourtant le pays dans lequel il se commet le plus de Suicides : et l’on s’étonne avec raison qu’une nation où la religion exerce un si noble empire offre l’exemple d’un tel égarement. […] L’air qu’ils respirent leur fait aimer la vie, l’empire de l’opinion publique est moins absolu dans un pays où l’on a moins besoin de société, les jouissances d’une si belle nature suffisent aux grands comme au peuple, il y a dans le printemps de l’Italie de quoi distribuer du bonheur à tous les êtres. […] Lady Jane Grey ne trouvant pas elle-même que ses droits à la couronne fussent assez valides, refusa d’abord d’accéder au testament d’Édouard ; enfin les prières de son époux qu’elle aimait tendrement et sur qui Northumberland exerçait un grand empire, arrachèrent à Lady Jane Grey le fatal consentement qu’on lui demandait.

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