Musset commence à être un de ces poètes de la veille, que les têtes grisonnantes restent seules à comprendre sans effort. […] Au lendemain des efforts violents que l’empereur avait exigés de la France, la jeunesse de la Restauration se sentit désœuvrée. […] Ils combattaient des tendances qu’ils jugeaient funestes, et la lettre de Musset à l’oncle Desherbiers, dont on a déjà lu un passage, prouve que leurs efforts n’avaient pas été en pure perte. […] Les efforts de la Muse pour apaiser son enfant ne servent qu’à faire éclater la foudre : LE POÈTE. […] « Le monde, disait-il, n’a de pitié que pour les maux dont on meurt. » Il s’abandonnait devant sa famille à une tristesse profonde, qui augmentait après chaque effort pour s’étourdir.
Honneur au Français dès lors tel, de qui l’effort se voit enfin récompensé par toutes sympathies autour et à côté. […] Et ce n’est pas, j’en suis un bon témoin, moi le lecteur empressé et lent et réitératif de l’auteur, sans un très, très méritoire et qui veut et qui doit être glorieux, en particulier, après cet universel moment d’atroce effort vers on ne sait de bonne foi, trop quoi, sans, dis-je, un effort dont il sied de savoir gré à qui de droit, que nous voici à même d’aimer et d’admirer un pareil but si bien atteint. […] Je n’insisterai donc pas sur ces vers exquis, extrêmement raffinés sans apparence d’effort et même avec une délicate affectation de laisser-aller élégiaque, que raille par instants une légère note d’ironie triste. […] « Je viens aujourd’hui, humble écrivain, vous entretenir un instant de poésie et d’art contemporains : sujet entre tous désintéressé et pacifique comme il sied à ce moment de notre siècle un peu las des grands événements et désireux de quelque idéal, en attendant les définitifs efforts vers un avenir meilleur pour les nations et pour les sociétés. […] Vous avez la volonté, l’élan, l’effort et mieux encore que tout cela — l’essor vers une littérature vraiment amère.
Que de vers qui semblent éclos sans effort, d’une poussée presque involontaire, comme de grandes fleurs merveilleuses, — comme des lis ! […] Il faut agir : quel effort ! […] Il y passe un souffle de jeunesse, de fantaisie et de gaieté ; et, quoique cette gaieté ne soit plus tout à fait la nôtre, on la goûte sans trop d’effort. […] C’est lugubre ; ils s’ennuient ; ils sont obligés de faire des efforts désespérés pour se persuader qu’ils se suffisent l’un à l’autre. « Êtes-vous heureuse ? […] Cette bizarrerie s’explique par l’invincible sentiment de pudeur qui est, comme j’ai dit, au fond de l’œuvre et qui paraît surtout par l’effort que fait l’écrivain pour se mettre au-dessus.
C’est un effort que je ne puis faire tous les jours. […] Alceste, par un effort de volonté, échappe à Célimène. […] Et je vous demanderai un petit effort d’attention, car c’est assez embrouillé en somme. […] Et si je fais d’inutiles efforts ? […] Bref, on sentait dans son jeu l’effort d’une intelligence.
Les contemporains de l’imposteur, lisant les Conjectures avant que Wolf les eût dégoûtés d’un pareil effort, s’aperçurent de quelque chose. […] Et l’on aurait tort de croire qu’ils versent de l’eau dans le tonneau des Danaïdes : ils n’ont point offensé Némésis et, pour un crime, ne sont pas condamnés à un effort inutile. […] Et il arrive « dans le pays où s’est exilée la jeunesse des hommes pour méditer une douleur neuve et le sens de son effort inconnu ». […] Ne maudissez pas les machines ; car elles secondent l’effort humain, qui est immense et douloureux. […] C’est, pour un tisseur, de ne plus « faire le vieil effort de mouvoir à bras le métier ».
Ce sont des endroits de second plan ternes, transitoires, que je ne pouvais malheureusement éviter et qui alourdissent le livre, malgré les efforts de prestesse que j’ai pu faire. […] Sans doute, un peu plus tard et quand on en vint au théâtre, il y eut un effort direct d’importation de Shakspeare.
Lucas-Montigny ne saurait être pour Mirabeau cette postérité froidement curieuse et assez indifférente aux conclusions ; il ne faut pas le blâmer d’un effort et d’un but auquel on devra et l’on doit déjà nombre de pièces authentiques et de détails inconnus, puisés au trésor qu’il a pris peine à réunir ; de plus indifférents n’eussent pas fait ainsi, et ils auraient sans doute fait beaucoup moins. […] Sous cet aspect, sa prévoyance et, comme l’a dit très-exactement Dumont, son étendue d’horizon politique, n’ont jamais été si évidentes qu’aujourd’hui, où, après tant d’efforts et d’épuisements, on s’aperçoit qu’on n’a presque fait que tourner dans un cercle douloureux.
Et ce progrès est régulier, soutenu. « On peut compter, dit Necker en 1781, que le produit de tous les droits de consommation augmente de deux millions par an. » — Dans ce grand effort d’invention, de labeur et de génie, Paris, qui grossit sans cesse, est l’atelier central. […] Rappelez-vous ce marquis dont on parlait tout à l’heure, ancien capitaine aux gardes françaises, homme de cœur et loyal, avouant aux élections de 1789 que les connaissances essentielles à un député « se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires ». — Quant à la théorie, le roturier en sait autant que les nobles, et il croit en savoir davantage ; car, ayant lu les mêmes livres et pénétré des mêmes principes, il ne s’arrête pas comme eux à mi-chemin sur la pente des conséquences, mais plonge en avant, tête baissée, jusqu’au fond de la doctrine, persuadé que sa logique est de la clairvoyance et qu’il a d’autant plus de lumières qu’il a moins de préjugés. — Considérez les jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780, nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l’effort, capables de travailler douze heures par jour, un Barnave, un Carnot, un Roederer, un Merlin de Thionville, un Robespierre, race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux, qui sait leur faiblesse, qui compare son application et son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et qui, au moment où gronde en elle l’ambition de la jeunesse, se voit d’avance exclue de toutes les hautes places, reléguée à perpétuité dans les emplois subalternes, primée en toute carrière par des supérieurs en qui elle reconnaît à peine des égaux.