Nous nous amusions à faire jouer l’eau des bassins, à pénétrer dans les recoins les plus secrets.
Si, dès le premier acte, le fantôme de Pierre avait paru, toute la comédie de Molière prenait aussitôt une teinte sinistre ; les pas du fantôme restaient empreints sur le sable de ces jardins ; ces eaux limpides devenaient des eaux bouillantes ; ces beaux arbres se dépouillaient de leurs feuilles ; ces jeunesses, au front pur, au teint frais, perdaient soudain le bel incarnat de la vingtième année. […] Oui Don Juan change de nom, il s’appelle Tartuffe ; le peu de noble sang qui restait précieusement et audacieusement enfoui dans les veines de cet homme, est devenu un mélange bâtard d’encens frelaté et d’eau mal bénite. […] Dans le dernier tableau, les dieux se plaignent d’être négligés par les hommes, depuis que la Fortune s’est répandue çà et là comme l’eau des fontaines : l’encens ne fume plus sur les autels déserts ; on n’y traîne plus les victimes sanglantes. […] non ; c’est la même fête qui se mène sous les ombrages touffus, au bruit de ces eaux jaillissantes, à la lueur de ces flambeaux, aux sons mélodieux de ces vingt-quatre violons et de ces quarante petits violons (tout un orchestre) conduits par Lully, dans cette foule de toutes les grandeurs de la noblesse, de la fortune, de l’amour et du génie. […] Ces deux échos d’une poésie plus remplie d’idées que d’images ont été bien étonnés de n’avoir rien à dire en tant de grands vers, et, charmantes l’une et l’autre, elles sont restées, comme on dit, le bec dans l’eau, sans doute pour mieux ressembler aux deux statues de la fontaine Molière.
Il sentait bon l’eau de Chypre. […] L’Empereur, immobile, regarde la nappe de ces yeux vacillants, troubles et pleins d’eau qu’il à Reims. […] Dans de superbes pages il explique, par la bouche du matérialisme, comment cette immensité a été creusée par des gouttes d’eau tombant pendant des milliers de siècles. […] Je détache de la pièce intitulée Le Cœur de l’Eau ; ces vers qui en diront plus que je n’en puis écrire sur la valeur de M. […] J’insiste, frémissant, hors de moi ; le maître me condamne au pain et à l’eau pour le repas suivant.
c’est de la farine détrempée que tu me présentes, c’est d’eau que tu remplis ma coupe ! […] C’est la bonde de l’étang, le lieu des eaux le plus profond. […] — Je mis ma main dans l’eau, et je la trouvai trop froide. […] … » et, à ce sujet, le mot d’Épicure, qui ne demandait que du pain et de l’eau pour être l’égal de Jupiter. […] « Épicure demande du pain et de l’eau : s’il est honteux de faire consister son bonheur dans l’or et l’argent, il ne l’est pas moins de le faire dépendre du pain et de l’eau… » Je voudrais bien savoir où est la honte de ne pas vouloir mourir de soif et de faim.
J’y arrivai pourtant, et, tournant un des robinets, je remplis d’eau le verre. […] Dans une terrine, à demi pleine d’eau et de vinaigre, trempaient des verges menaçantes. […] — Est-ce qu’elle avait bu de cette eau ? […] » Et en m’endormant, j’entendais longtemps le murmure de l’eau. […] Ma sœur avait la gorge délicate, ma mère avait besoin de fortifier ses cordes vocales, l’eau sulfureuse ferait du bien à tout le monde.
Les mots heurtent le front comme l’eau le récif : Ils fourmillent, ouvrant dans votre esprit pensif Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes ; Comme en un âtre noir errent des étincelles, Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous : Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… Et de même que l’homme est l’animal où vit L’âme, clarté d’en haut par le corps possédée, C’est que Dieu fait du mot la bête de l’idée.
Emmanuel Signoret : La Souffrance des eaux.
On crut voir couler du sang et de l’eau, ce qu’on regarda comme un signe de la cessation de vie.