En échappant de reste pour ma faible part au reproche qu’on a le droit d’adresser à M. de Valincour, je sais qu’il en est un autre tout contraire à éviter. […] Il s’élevait une profonde voix, Âme, soupir, émotion guerrière, Regret aussi de nos antiques droits, Le tout confus comme un gros de poussière Que la déroute envoie en tourbillons, Comme du sang fumant dans les sillons ! […] Béranger appréciait surtout chez le vétéran d’Arcole l’intelligence ferme et lucide, les sentiments chauds et droits sans rien de factice, la vie naturelle ; l’homme du peuple au complet, dans une organisation perfectionnée. […] Il comprend son rôle de chantre populaire ; il s’y tient jusqu’au bout ; il a certes le droit d’y placer son orgueil, puisqu’il ne s’en fit jamais un marchepied vers le but des ambitions mesquines.
Tandis que pour cette tâche, en effet, M. de Bonald était trop purement métaphysicien, M. de Chateaubriand trop distrait et profane, M. de Maistre d’une lecture peu accessible et alors presque inconnu, voilà que s’élevait un théologien ardent, unissant la hauteur des vues au caractère pratique, écrivain, raisonneur et prêtre, empruntant à Port-Royal, aux gallicans et à Jean-Jacques les formes claires, droites et françaises de leur logique et de leur style, les emplissant par endroits d’une invective de missionnaire, catholique d’ailleurs en doctrine comme Du Perron et Bellarmin. […] Sous la Restauration comme sous Louis XIV, le dogme politique en vogue, la prétention formelle des gouvernants était la légitimité, c’est-à-dire l’inadmissibilitédu pouvoir en vertu de certains droits de naissance, et nonobstant toute manière d’user ou d’abuser. […] Mais, on le sent, la position restait toujours un peu fausse : s’il était victorieux séparément contre les légitimistes purs et les purs disciples du Contrat social, on avait droit de lui demander, à lui, où il plaçait le siège de cette loi suprême, et comme c’était à Rome, on pouvait lui demander encore par quel mode efficace il la faisait intervenir dans le temporel ; car alors elle intervenait nécessairement, le roi de France étant le fils aîné de l’Église et la confusion des deux ordres s’accroissant de jour en jour par les efforts de sa piété égarée. […] La révolution de Juillet, en brisant, du moins en droit, le système insoluble de la Restauration, a permis à M. de La Mennais de se produire enfin politiquement dans une pleine lumière : après sa mémorable série dans l’Avenir sur la réorganisation catholique et sociale, il n’est plus possible à un lecteur de sens et de bonne foi de garder l’ombre d’un doute aujourd’hui.
Ce n’est certes pas de nos jours que Voltaire aurait droit de dire : « La France fourmille d’historiens et manque d’écrivains72. » Car, si la France n’a jamais été plus fertile en historiens dignes de ce nom par la science et par la pensée, plusieurs se trouvent être à la fois des écrivains éminents. […] Revenu à Aix en 1815 pour y suivre les cours de droit, il rencontra, dès le premier jour, sur les bancs de l’école, M hiers, arrivant de Marseille, et ils se lièrent dès lors de cette amitié étroite, inaltérable, que rien depuis n’a traversée. […] On eût accordé au seul prêtre parlant du haut de la chaire au nom de la Providence ce droit qu’un historien, procédant dans la froideur et la rectitude philosophique, parut usurper. […] Les Aragonais, qui prirent parti pour l’opprimé et qui le soutinrent, ainsi que leur droit de justice souveraine, par une révolte à main armée, y perdirent leurs institutions et les dernières garanties de leur indépendance.
L’écrivain perd le droit de mettre en tête et en vedette l’objet ou le trait qui le frappe le plus vivement et d’abord : le cadre est fait, les places sont désignées d’avance. […] Un but est donné : il y a quelque vérité à prouver, quelque définition à trouver, quelque persuasion à produire ; pour cela, il faut marcher toujours, et toujours droit. […] Sur les organes les plus vitaux de la société, sur les règles et les pratiques qui vont provoquer une révolution, sur les droits féodaux et la justice seigneuriale, sur le recrutement et l’intérieur des monastères, sur les douanes de province, les corporations et les maîtrises, sur la dîme et la corvée378, la littérature ne m’apprend presque rien. […] C’est par elle qu’on a pu découvrir les droits de l’homme. » Comme en mathématiques, on les a déduits d’une seule définition primordiale, et cette définition, pareille aux premières vérités mathématiques, est un fait d’expérience journalière, constaté par tous, évident de soi. — L’école subsistera à travers la Révolution, à travers l’Empire, jusque pendant la Restauration383, avec la tragédie dont elle est la sœur, avec l’esprit classique qui est leur père commun, puissance primitive et souveraine, aussi dangereuse qu’utile, aussi destructive que créatrice, aussi capable de propager l’erreur que la vérité, aussi étonnante par la rigidité de son code, par l’étroitesse de son joug, par l’uniformité de ses œuvres, que par la durée de son règne et par l’universalité de son ascendant.
Alors je me demande si de pareilles institutions, neutres à la brutalité qui en battrait le mur, ne demeurent d’autre part comme qui dirait en avance : certes si, élan d’un gothique perpendiculaire, la basilique là-bas du « Jesus » ou cette vigilante tour de « Magdalen », hors de jadis ne surgissent — quant à un spectateur impartial — très droit délibérément en du futur. […] Aux quels le présent confère un droit, supprimé pour la famille, de fils exclusifs du génie. […] Le spéculateur, qui convoque le peuple à témoigner de son industrie sur le terrain commun, cesse d’être un de tous et acquitte un droit. […] En vue qu’une attirance supérieure comme d’un vide, nous avons droit, le tirant de nous par de l’ennui à l’égard des choses si elles s’établissaient solides et prépondérantes — éperdument les détache jusqu’à s’en remplir et aussi les douer de resplendissement, à travers l’espace vacant, en des fêtes à volonté et solitaires.
Le sujet a été vingt fois traité et répété au théâtre : c’est la question du divorce, l’adultère tourné à la bigamie, la femme placée entre le mari indigne qui revendique son droit conjugal, et l’amant qui a pris sur elle, par la durée et le dévouement d’une liaison fidèle, le droit d’un époux. […] La justice est intervenue et elle a reconnu le bon droit de la femme, en lui confiant l’éducation de ses deux enfants. […] Commanditaire de la maison, il a le droit de la réformer, et il n’y va pas de main morte.
Lucas-Montigny, a publié huit volumes de mémoires qu’il a eu le droit d’intituler Mémoires de Mirabeau, tant les sources en sont de première main, continuellement authentiques et domestiques. […] et de quel droit ? […] Un droit que tout honnête homme a d’empêcher le crime et de défendre l’innocence. […] L’essentiel était le portrait, et Mirabeau avait droit à la reconnaissance.
, et quand le personnage évoqué, quand l’idée ressuscitée, se sont dressés et nous ont regardés face à face, nous n’avons pas le droit, — du moins ce serait le comble de la puérilité, — de discuter les formules évocatoires du sorcier. […] Il croit que la nature doit être corrigée, amendée ; que la tricherie heureuse, agréable, faite en vue du plaisir des yeux, est non seulement un droit, mais un devoir. […] Ingres au gré de ses fanatiques, je préfère croire que le talent le plus élevé conserve toujours des droits à l’erreur. […] Karr, l’homme au bon sens de travers, sur le cheval rose ; comme s’il n’existait pas des chevaux légèrement rosés, et comme si, en tout cas, le peintre n’avait pas le droit d’en faire.