Élisabeth, alors tout enfant, n’annonçait pas encore cette angélique personne qui mourra comme une sainte sur l’échafaud ; elle se montrait dès l’âge de six ans comme une petite sauvage, avec « un air déterminé et doux en même temps », mais au fond, avec je ne sais quoi « d’entier et de rebelle » qui ne se laissait pas aisément apprivoiser. […] Et pour commencer, Madame de Provence : « La terrible épreuve de la première vue ne paraît pas lui avoir été défavorable du côté de M. de Provence : c’est l’essentiel ; il n’en est pas de même du côté de M. le Dauphin qui ne la trouve point bien du tout, et lui reproche d’avoir des moustaches : elle a de bien beaux yeux, mais avec des sourcils très épais et un front bas chargé d’une forêt de cheveux qui lui donnent un air dur dont elle n’a pas le caractère ; elle est au contraire douce et timide ; décidément M. de Provence en a l’air très épris. » Des curieux qui ont lu certaines lettres de Madame de Provence m’assurent qu’il y avait, à plus d’un égard, en cette princesse de quoi justifier ce premier signalement qui ne mentait pas autant que le croyait la Dauphine.
Et puis encore, par dessus tout, ce qu’il est, il est bon enfant, et son intimité m’est aussi douce que sa préférence m’a été précieuse… Vous êtes heureux aussi, mon ami… Tant mieux. […] Tout cela me sera salutaire, et en outre il m’est bien doux de trouver en vous toujours le zèle et l’amitié que je réclame toujours avec confiance sans crainte d’être indiscrète.
. — Vie sociale assez douce. » Or c’est dans ce court intervalle de retraite, de douceur inespérée et de sagesse (sauf un reste de roulette), qu’il écrivait à Fauriel la lettre suivante, où se confirment les mêmes impressions : « Au Hardenberg, près Gottingue, ce 10 septembre 1811. […] Tout cela compose une situation beaucoup plus douce qu’il ne semble qu’on ait le droit de l’avoir dans le temps où nous vivons.
Il est si doux de le prouver qu’un écrivain se met sans le vouloir en quête de phrases ingénieuses, et défigure sa pensée pour la parer. […] Ajoutez enfin que cette mesure et cette mélodie peu sensibles mais perpétuelles laissent, parmi toutes ces émotions diverses, une émotion unique qui est très-douce, l’émotion musicale et poétique ; de même que, sous les bruits et les sons toujours changeants de la campagne, court un long et doux murmure qui calme et charme notre âme, et que nous ne remarquons pas.
Ce bonhomme, qui semble tout fondant de chaleur dévote, et qu’on prendrait pour un doux illuminé, a le sens ferme et la conscience austère : ne prenez pas son tempérament pour sa doctrine, ni ses manières pour ses principes. […] Il y a dans presque toutes les œuvres du temps une molle détente, un éclat aimable et doux, une nonchalance négligée ; la sécheresse des pointes et de l’érudition se détrempe, pour ainsi dire, dans les tièdes courants de l’imagination et de la sensibilité257.
Et nous avons enfin entièrement connu à quel point la terre est belle, douce, mystérieuse, maternelle et divine. […] Car cet amour suscite une sorte de rêverie qui nous apaise et nous rend plus doux, étant faite d’une vague et flottante sympathie pour toutes les formes innocentes de la vie universelle.
Sauf erreur, l’Hamlet moderne n’essayerait même pas de tuer son beau-père — surtout quand ce beau-père est le plus charmant des assassins, au point qu’on voudrait trouver, pour le lui appliquer, un mot plus doux. […] Qu’il continue de nous charmer, de nous toucher et de nous faire réfléchir ; qu’il continue d’être élégant, grave et languissant, de nous dessiner d’exquises figures de femmes (comme Thérèse de Sauves, Hélène Chazel et les deux Marie-Alice, ou comme Hubert Liauran, cette douce petite fille) et d’étudier les drames de la conscience dans l’amour.
Quand sur l’immense scène au ciel ouverte, Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait. […] C’est dommage : je sens que je regretterai le théâtre. » Tant mieux, au contraire, mon doux maître, car dans trente ans c’est un théâtre défunt qu’il vous faudrait regretter : tandis que, vos amis peuvent l’espérer, cela durera bien toujours autant que vous, heureusement !