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412. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Chacun des traits simples de notre plan représente une différence de niveau, plusieurs marches ; on sait que l’orchestre s’abaisse par degrés depuis les violons jusqu’aux trombones et timbales : la tête d’un homme debout au fond de l’orchestre, près des timbales, arrive au niveau du pied des altos, qui est lui-même de quelques marches plus bas que les violons. […] majeur dite par l’alto solo et accompagnée par la harpe dans le premier mouvement. — « Ainsi que dans la Fantastique, un thème principal (c’est Berlioz lui-même qui parle) se reproduit dans l’œuvre entière, mais avec cette différence que, là-bas, l’« Idée fixe » s’interpose obstinément, comme une idée passionnée épisodique, au milieu des scènes qui lui sont étrangères et leur fait diversion, tandis que le chant d’Harold se superpose aux autres thèmes de l’orchestre, avec lesquels il contraste par son mouvement et son caractère, sans en interrompre le développement. […] La différence des deux formes, à dire vrai, était plutôt extérieure : la musique d’opéra, comme la musique instrumentale, demeurait exclusivement des musiques.

413. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Pour moi, je n’imagine qu’une raison de la différence dont il s’agit ; c’est que le poëme étant un ouvrage de longue haleine, il est dangereux de commencer d’un ton difficile à soutenir ; au lieu que l’ode étant resserrée dans d’étroites bornes, on ne court aucun risque à échauffer d’abord le lecteur, qui n’aura pas le tems de se refroidir par la longueur de l’ouvrage. […] Je trouverois aussi raisonnable de croire que la nature s’est épuisée sur la différence des visages, et qu’il ne peut plus naître d’homme à l’avenir qui ne ressemble précisément à quelqu’autre qui ait été. L’expérience ne prouve que trop qu’avec cette ressemblance générale que les hommes conserveront toujours entr’eux, ils ne laisseront pas d’avoir des différences considérables.

414. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

C’est cette différence qui tout d’abord frappe l’esprit du spectateur dès que la toile se lève et avant même que l’action commence. […] J’ajouterai, afin qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée, que cette différence peut être considérée comme le fondement du jugement littéraire. […] La différence que l’on a établie entre ce qu’on appelle le costume de théâtre et la toilette de ville est absurde et contraire à la vérité artistique. […] Le public ne se choque pas de différences qui, pour des contemporains, eussent été monstrueuses. […] Ce qui distingue ces personnalités, issues d’une personnalité plus générale, ce sont, non des différences essentielles, mais des différences de surface, des détails pris sur le vif de la société actuelle, des traits de mœurs particulières.

415. (1903) La pensée et le mouvant

Pour tout résumer, nous voulons une différence de méthode, nous n’admettons pas une différence de valeur, entre la métaphysique et la science. […] où serait la différence entre le grand art et la pure fantaisie ? […] On voit la différence entre cette conception de la vérité et la conception traditionnelle. […] Peut-être aussi a-t-il poussé un peu loin, au point de la convertir en une opposition radicale, la différence souvent légère et superficielle, pour ne pas dire verbale, qui sépare Aristote de Platon. […] Entre ce mémoire manuscrit et l’ouvrage publié il y a d’ailleurs un tel écart, une si singulière différence de fond et de forme, qu’on les croirait à peine du même auteur.

416. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Mais on ne voit aucune raison suffisante à cette grande uniformité première, et tout indique, au contraire, que la diversité, d’abord, dut être extrême, infinie ; que sur chaque point, dans chaque bassin, les choses ont dû se former d’après quelques conditions générales sans doute, mais aussi d’après les éléments particuliers préexistants et avec des différences que la raison indique, et que deux ou trois mots, une phrase grossière transmise par hasard, dans quelque chronique latine, et commentée à grand renfort de science, ne sauraient effacer ni démentir. […] Fallot avait reconnu que les caractères distinctifs du dialecte de telle province se retrouvaient, avec quelques différences secondaires, dans les dialectes de plusieurs autres ; il a fait de celui-là une espèce de type auquel il a rapporté les autres. […] Les différences ne sont pas des solécismes ; l’analogie a été non faussée, mais étendue, et entre le latin et le roman, il ne faut admettre qu’un néologisme qui devint de jour en jour plus indispensable32. » Il y a au fond, et derrière ce système, tout un système philosophique de la perfectibilité de l’esprit humain, qui le domine et qui l’enhardit. — Mais même de ces systèmes excessifs, quand ils sont maniés et appliqués par des hommes de talent et de forte étude, il reste toujours de certains points acquis et de profitables dépouilles, comme de ces conquêtes poussées trop loin et dont on est forcé de rendre une partie, mais dont on garde quelque chose. […] Quant à la différence de leçon ubi et quorsum, elle est apparemment un pur accident sous la plume d’Apulée.

417. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

En cherchant bien la différence essentielle qui existe entre l’amour des sens et l’amour des âmes, on arrive à conclure ceci : C’est que l’amour des sens a pour mobile et pour objet le plaisir, et que l’amour des âmes a pour mobile et pour objet la passion du beau ; aussi le premier n’inspire-t-il que des désirs ou des appétits, et le second inspire-t-il des admirations, des enthousiasmes et pour ainsi dire des cultes. […] Cette différence de caractère entre ces deux amours se remarque aussi dans les poètes qui ont célébré l’un ou l’autre de ces amours ; amours qui portent le même nom, mais qui sont en réalité aussi différents que l’esprit de la matière, que le corps de l’âme. […] Quelle différence cependant ! […] Le tribun paraissait alors, et, donnant du geste et de la voix l’éloquente explication de ces peintures énigmatiques, il incendiait le peuple d’indignation contre les oppresseurs de la patrie ; il prophétisait à une multitude, incapable de distinguer la différence des siècles, le prochain rétablissement de la liberté, de la puissance et de la gloire du sénat et du peuple romain.

418. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

La différence des premières lignes me fit examiner tout le reste avec le soin le plus scrupuleux, et je m’assurai que cet exemplaire non-seulement contenait le projet que le Pape avait refusé d’accepter sans ses corrections, et dont le refus avait été cause de l’ordre intimé à l’agent français de quitter Rome, mais, en outre, qu’il le modifiait en plusieurs endroits, car on y avait inséré certains points déjà rejetés comme inadmissibles avant que ce projet eût été envoyé à Rome. […] « Ce fut alors que, d’un air confus et d’un ton embarrassé, il balbutia qu’il ne pouvait nier la vérité de mes paroles et la différence des concordats qu’on proposait à signer ; mais que le premier consul l’avait ainsi ordonné, et lui avait affirmé qu’on est maître de changer tant qu’on n’a point signé. […] « Il arriva donc qu’un de nous, perdant un peu l’équilibre, admit les formules proposées et même les copia avec assez d’imprudence afin de pouvoir plus facilement se rendre compte de la différence qui existait entre elles et cette autre formule qu’un esprit moins troublé et l’union des avis devait adopter plus tard et transcrire pour être remise à l’Empereur. […] Il n’y avait plus à redouter que la différence existant entre notre lettre ainsi libellée et les formules des ministres.

419. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Les différences sont des acquisitions. […] A la différence de Montesquieu qui, au début, hésite entre les sciences et les lettres, soit égale capacité pour les deux choses, soit penchant de jeunesse vers la plus populaire, Buffon va tout d’abord aux sciences, poussé par l’instinct du génie et l’amour de la gloire. […] Ces différences de condition et de caractère font voir la même passion sous des aspects variés, et nous mènent au même but par une agréable diversité de chemins. […] Mais, à la différence de l’abeille, il le sait ; et s’il met tant de soin à composer son trésor, c’est qu’il aime ceux auxquels il le destine.

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