Et cela pourrait être vrai, si la farce se passait ailleurs que dans la rue, si Molière nous introduisait seulement un peu dans le ménage de Georges et d’Angélique et nous indiquait au moins, dans les rapports habituels des deux époux, les effets de leur différence d’origine et d’éducation. […] Il y a dans cette fin de Bérénice comme un grand mouvement ascensionnel, une contagion montante d’héroïsme qui rappelle, malgré la différence de la matière, le dernier acte de Polyeucte, et qui est d’une suprême beauté, — et si triste ! […] Sardou par le contenu de leurs œuvres, mais on pourrait dire de lui qu’il est « le théâtre même », — un peu, et malgré l’énorme différence des objets, au sens spécial où l’on dit, par exemple, que Lamartine n’est pas un poète, mais « la poésie ». […] « Oui, il est des moments où la société avoue, où son hypocrisie tombe, où elle confesse implicitement qu’entre la grande dame ou la bourgeoise adultère et la femme galante qui sait se tenir, il n’y a que l’épaisseur d’un cheveu ; qu’il y a tout juste le même intervalle imperceptible entre la professionnelle du premier rang et celle du second, et ainsi de suite jusqu’à la fille de brasserie et jusqu’à la rôdeuse des fortifications ; que toutes ont la même âme, et que les différences se réduisent à des détails tout extérieurs d’habits et de rites ; que le beau Charles n’est après tout qu’un boulevardier de la seconde enceinte, et qu’enfin la cité presque entière n’est qu’une même chiennerie. […] Il s’agit donc de trouver des intonations, des cris, des rires, des gestes, des mines qui correspondent à ces divers chatouillements, en tenant compte des différences d’âge, de condition sociale et de circonstances.
En fait, la différence de l’homme le plus humble au plus relevé des animaux est cent fois plus considérable que celle de ce même animal au ver de terre ou à l’étoile de mer. […] Il est d’ailleurs une expérience que je vous recommande : lisez à la suite, une page de Chateaubriand, choisie parmi les meilleures (Mémoires d’Outre-Tombe), une de Bossuet dans les mêmes conditions (Histoire universelle), puis un poème de Ronsard, parmi les célèbres, et un de Hugo (idem), puis une page d’Amyot et une de Michelet, et vous saisirez la différence, que j’essaye de qualifier ici, entre ce que j’appelle la littérature de sincérité et cette littérature d’attitudes, qui est la littérature romantique, et qui a submergé le XIXe siècle. […] C’est la haine qui l’a engendrée, et elle perpétue la haine. » Le destructeur du principe faux, d’après lequel la propriété « c’est le vol », de l’autre principe faux, d’après lequel la différence actuelle des classes perpétue une expropriation brutale des Gaulois par les envahisseurs Francs, le restaurateur de l’idée d’unité et d’union nationales, Fustel de Coulanges enfin, est, non seulement, notre plus pure gloire historique, mais le bienfaiteur de notre pays. […] Ce qui marque de sottise fondamentale le siècle piteux et funeste, dont nous nous occupons ici, ce n’est pas l’ignorance et l’aveuglement de la masse (à peu près identiques à tous les âges, à quelques différences près), c’est l’ignorance et l’aveuglement de ses organes de direction, de ses conducteurs et de ses chefs, c’est aussi leur débilité dans la décision. […] Mais l’Introduction à la médecine expérimentale n’est qu’un pathos à côté du Discours de la Méthode ; et ceci, entre parenthèses, marque bien la différence du niveau intellectuel entre le XVIIe siècle, si clair et pénétrant, et le XIXe siècle, si confus et superficiel.
Prétendre compter chez lui ces sortes de portraits, ce serait compter les sables de la mer, avec cette différence qu’ici les grains de sable ne se ressemblent pas.
À proprement parler, c’est un laïque comme vous ; la seule différence, c’est qu’il est surintendant de la morale.
Entre une épître d’Horace et une lettre de madame de Sévigné il n’y a de différence que de la prose aux vers.
Georges Dandin reste en face de sa femme : toute la différence entre le dénouement et l’exposition, c’est qu’il a un peu plus envie d’aller se jeter à la rivière.
Les enfants, par exemple, doivent aimer leurs parents et les respecter sans s’inquiéter de savoir s’ils sont dignes d’affection et de respect. « Celui qui respecte son père parce qu’il est respectable, a-t-on dit, celui-là ne respecte pas vraiment son père. » De même les parents « doivent » aimer leurs enfants même ingrats et même tarés ; ils doivent les aimer tous également, paraît-il, quelle que soit la différence de leurs natures.
Les gens épris du théâtre et de la musique connaîtront alors la puissance de son génie ; ils verront que l’œuvre wagnérienne est exclusivement une analyse psychique exprimée par des procédés nouveaux, parfaits ; et la différence alors sera manifeste à tous, entre ce drame profond, logique, vivant, et les vides sonorités conservatoriennes des compositeurs qui injurient Wagner, et profitent du wagnérisme qu’on suppose à leurs œuvres.