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634. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Un homme plus jeune, sorti comme Ginguené de la philosophie du xviiie  siècle, et qui tenait par ses habitudes premières à la société d’Auteuil, Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française. […] Dans une langue qui ne savait guère encore, comme il le dit, que bégayer papa et maman, il trouva moyen d’exprimer le fond de l’univers et la cime des subtilités divines. — Pour nous il a fait plus : il a fait entrer dans le langage du genre humain nombre de ces paroles décisives qui marquent les grands moments de la vie et de la destinée, ou qui fixent la note inimitable de la passion, et qui se répéteront telles qu’il les a dites, tant qu’il y aura des hommes.

635. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Au milieu de ces hommes destinés cette fois à être ses lieutenants, Masséna nous est montré avec sa supériorité, mais une supériorité qui ne sait pas s’imposer ni se faire assez reconnaître : Par malheur, Masséna, dit l’historien, s’il avait la vigueur du commandement, n’en avait pas la dignité. […] On a affaire à un peuple pour qui « être battu n’est rien, pourvu qu’il ne soit jamais soumis ». — « Une armée dont on détruit les détachements est un arbre dont on coupe les racines, et qui est destiné, après avoir langui quelque temps, à bientôt sécher et mourir. » Le procédé de formation des guérillas est présenté en des pages excellentes (219-226) qu’on pourrait presque détacher, mais qui, comme toutes les pages de M. 

636. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Un assez agréable sonnet est celui où Saint-Amant se représente fumant (il avait pris en mer l’habitude du tabac) et rêvant sur la destinée : Assis sur un fagot, une pipe à la main, Tristement accoudé contre une cheminée… Ses espérances montent avec la fumée du tabac et s’éteignent en même temps que la cendre. […] J’en sais de nos jours, j’en ai rencontré plus d’un, même avant l’édition présente, qui est destinée à les rallier, à en accroître le nombre, et qui peut ressembler à une revanche ou à une victoire.

637. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

On le destina à être d’église, et dès l’âge de neuf ans on obtint pour lui du roi un brevet d’abbaye, — d’une petite abbaye de l’ordre de Cîteaux, Baugerais près Loches. […] Le règlement qu’il présente à l’adoption de l’archevêque de Tours est plus extérieur qu’intérieur, plus économique que moral ; il ne prétend que remettre le bon ordre administratif et la décence dans la communauté, auprès de laquelle il est destiné à résider le plus habituellement : pas autre chose.

638. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il faut prendre la destinée humaine dans son superbe ensemble et dans toute sa grandeur. […] Ma pensée était dans une activité perpétuelle, mais je n’avais aucune connaissance solide, lorsqu’à un souper (chez le syndic Jalabert) je me trouvai à côté de Bonnet : cet heureux hasard fit la destinée de ma vie intellectuelle.

639. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Il se destinait à la carrière des Eaux et forêts ; il devait acheter une charge. […] Monsieur, cela n’y fait rien ; je prendrai tout de même… » — « Non, monsieur, je n’ai pas l’habitude de livrer de la musique en cet état ; j’ai voulu vous donner cette explication, car je ne manque jamais à ma parole. » — « Mais, monsieur… » — « Non, monsieur ; je vous demande seulement quelques jours pour refaire la copie. » Le jeune homme avait peine à sortir : Rousseau lui-même s’oublie ; la conversation se renoue et s’engage. « Jeune homme, à quoi vous destinez-vous ? 

640. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Mais il est plus probable que Catherine écrivait ces pages, destinées à rester secrètes et confidentielles, pour se rendre compte à elle-même de ses années de jeunesse, de souffrance et de plaisir, pour revenir sur les impressions mélangées, mais si vives, qu’elle y trouvait en y repassant. […] Elle ne le dit peut-être pas en propres termes, mais elle force tout lecteur à le dire : — une brute bizarre et bigarrée de folie. — Dès l’enfance, il parut si mal élevé qu’on crut que son gouverneur, le grand maréchal Brummer, Suédois de naissance, dès qu’il vit que le prince n’était point destiné au trône de Suède, mais à celui de Russie, changea de méthode et s’appliqua à lui gâter le cœur et l’esprit de propos délibéré : le maréchal en était bien innocent et n’en pouvait mais ; la nature de l’élève suffisait de reste à tous ses vices.

641. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Le nom, l’image de Raoul, lui restent cependant gravés au cœur : sa destinée plus tard en dépendra. […] Quelqu’un de bien informé, ce semble, et d’initié à ces mystères me dit par avance : « Je vous livre Raoul, Gandrax, Clotilde, et tout ce vigoureux feuillage dans lequel il encadre une pervenche, dont la destinée est de refléter le ciel un jour et de se fondre aussitôt en rosée.

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