/ 1838
156. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Le peuple italien, arrêté ainsi dans son évolution normale, développe unilatéralement ses plus précieuses qualités. […] Naturalisme mystique, individualisme, intuition, passion, sens esthétique et sens pratique, qualités surtout païennes, que la servitude politique a développées jusqu’à les gâter souvent. […] Le mouvement littéraire, commencé vers 1200 (d’après les textes conservés), brillamment développé par le « dolce stil nuovo », s’arrête brusquement avant le milieu du xive  siècle ; ce n’est pas une évolution, c’est une interruption, et je n’ai plus besoin d’en dire les causes.

157. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Qu’elles ne fussent pas très nettes ou du moins très développées, c’est ce qu’indique ce passage du Phèdre : « Je suis un devin, non pas, il est vrai, fort habile ; je ressemble à ceux dont l’écriture n’est lisible que pour eux-mêmes209 » ; et, si la voix eût prononcé en bon grec des phrases entières, elle n’eût pas eu besoin de s’y reprendre à plusieurs fois, comme il semble qu’elle le fit, pour s’opposer à la participation de Socrate aux affaires publiques et à la préparation de son apologie. […] La prosopopée est donc une parole intérieure morale fictive, à laquelle, par une nouvelle fiction, l’orateur ou l’écrivain refuse l’intériorité, pour l’attribuer à une personnalité étrangère, soit humaine, soit divine, soit abstraite, soit indéterminée, dans laquelle enfin l’impératif moral est complété par une démonstration tantôt concise, tantôt développée selon les règles de l’art. […] Et chacun se dit à cette occasion que souvent il se laisse aller, lui aussi, à penser tout haut, mais sans imprudence, toutes portes closes, dans le silence et la solitude ; ceci n’est, plus un ridicule, mais un trait de la nature humaine, commun à tous ; le monologue se développe alors, selon le tempérament individuel, en phrases plus ou moins vives, plus ou moins pressées, plus ou moins périodiques. […] Parfois l’imagination développe à sa manière le thème fourni par la passion, de façon à occuper presque seule toute la scène de l’âme et à rejeter dans l’ombre le sentiment même qu’elle exprime ; d’autres fois, l’image évoquée est simple : elle représente soit l’objet direct de l’émotion, soit, quand la passion est surtout intellectuelle, un interlocuteur destiné à nous entendre bien parler du sujet qui nous anime et à se laisser convaincre sans résistance. […] La prosopopée des Lois est développée dans la dernière partie du Criton (50a-54d) dans le dialogue de Socrate avec les lois de la Cité qui achève son refus de la proposition que Criton lui faisait de s’évader pour échapper à une mort imminente ; le passage cité par Egger est l’épilogue (54d).

158. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Et l’opération peut se continuer sans fin, la mémoire fortifiant et enrichissant la perception, qui, à son tour, de plus en plus développée, attire à elle un nombre croissant de souvenirs complémentaires. […] C’est ordinairement la perception présente qui détermine l’orientation de notre esprit ; mais selon le degré de tension que notre esprit adopte, selon la hauteur où il se place, cette perception développe en nous un plus ou moins grand nombre de souvenirs-images. […] Il faudra donc, si nous sommes dans le vrai, que l’auditeur se place d’emblée parmi des idées correspondantes, et les développe en représentations auditives qui recouvriront les sons bruts perçus en s’emboîtant elles-mêmes dans le schème moteur. […] Elle érige les sons bruts entendus en mots séparés et complets, puis les images auditives remémorées en entités indépendantes de l’idée qu’elles développent : ces trois termes, perception brute, image auditive et idée, vont ainsi former des touts distincts dont chacun se suffira à lui-même. […] Les idées, disions-nous, les purs souvenirs, appelés du fond de la mémoire, se développent en souvenirs-images de plus en plus capables de s’insérer dans le schème moteur.

159. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Ce qui importe, c’est de considérer dans quelle mesure cette conception nouvelle est propre à s’agencer avec la réalité actuelle, à la fortifier et à la développer si l’on se propose de favoriser cette forme du réel, — à la dissocier, si au contraire on a pour objet de détruire, comme hostile, cette forme régnante. […] Constatons encore que la réalité nouvelle, que l’on voit se développer à Rome et en Grèce après l’affaiblissement de la première croyance, continue de prendre son point d’appui sur la réalité ancienne : les fictions romaines sont un admirable exemple de la façon dont se comporte une réalité qui conserve le pouvoir d’évoluer jusque dans sa maturité ; elle se meut et progresse, mais parmi, toutes les modifications scion lesquelles elle se métamorphose, elle ne manque pas de conserver avec son passé le plus ancien des communications secrètes et d’intimes analogies.

160. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Le phoque est dans ce cas, mais la maxillaire n’est pas moins développée chez lui que dans les espèces voisines et terricoles. […] Chez les animaux carnivores, la sous-maxillaire est très développée, tandis que chez les oiseaux granivores, elle disparaît presque complètement. […] À ce qu’il s’est développé là une péritonite locale qui a modifié la sécrétion, comme le coryza par exemple change celle des fosses nasales. […] En ajoutant un persulfate de fer dans le suc pancréatique, on n’y développe pas une coloration rouge. […] Nous avons déjà dit que, lorsqu’on opère le mélange avec du beurre, il se développe une odeur caractéristique d’acide butyrique.

161. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

C’est ce que développe avec une lucidité remarquable le poème de l’Invention. […] C’est la façon de les exprimer, de les développer qui constitue la valeur littéraire. […] La véritable amplification, c’est l’art de développer un sujet insuffisamment présenté. […] Développer un sujet qui n’a pas besoin d’être développé ; délayer des périphrases, diluer des idées simples, surcharger inutilement son style, c’est tomber, en effet, dans la prolixité et la diffusion. […] Sujet de discours français développé par un bon élève.

162. (1888) Études sur le XIXe siècle

Mais, avec la lutte, finit aussi la vie commune des préraphaélites, qui désormais se développeront chacun dans son sens particulier. […] Robert Buchanan, publié sous le pseudonyme de Thomas Maillard dans la Contemporary Review, puis développé en pamphlet, déchaîna une longue polémique. […] Mais la religion ne peut vivre pour l’art qu’autant qu’elle développe ses symboles dogmatiques, et qu’elle voile son élément de vérité sous un entassement toujours croissant de choses incroyables qu’elle impose à la foi. […] En Italie, au contraire, les écrivains étant disséminés dans les centres principaux du pays, les groupes sont rares, ou plus restreints : ils se constituent et se développent isolément dans certaines villes : c’est ainsi qu’à Bologne, M.  […] Pour qu’il se sente à l’aise, pour qu’il puisse développer librement ses qualités, il lui faut des cadres plus animés, plus vivants que les vastes horizons de l’Orient ou de l’Afrique.

163. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Pendant que cet organe sert ainsi à la construction et au développement du corps tout entier, il s’accroît et se développe lui-même. […] Le cœur diffère ainsi de tous les muscles du corps en ce qu’il agit dès qu’il apparaît, et avant d’être complétement développé. […] Mais cette idée spécifique contenue dans l’œuf ne se manifeste et ne se développe elle-même que sous l’influence de conditions purement physico-chimiques. […] Cette même expérience peut également réussir chez des animaux supérieurs tels que les oiseaux, chez lesquels l’intelligence est beaucoup plus développée. […] En effet, la genèse vitale comprend des phénomènes de synthèse chimique arrangés, développés suivant un ordre particulier qui constitue leur évolution.

/ 1838