Admettons qu’il ne les crée pas : du moins est-il capable de les susciter. […] La thèse du parallélisme, qui consiste à détacher les états cérébraux et à supposer qu’ils pourraient créer, occasionner, ou tout au moins exprimer, à eux seuls, la représentation des objets, ne saurait donc encore une fois s’énoncer sans se détruire elle-même.
Vous vivrez maintenant au milieu de ce peuple idéal que le génie crée et qui vit du souffle immortel de l’art. […] C’est la pensée, c’est la souffrance, c’est le don humain de sentir ou d’aimer qui répand la vie au dehors et crée le paysage avec l’âme particulière qui le contemple. […] Il ne les a pas créés, il les a exprimés. […] Le développement exagéré de la vie positive a créé du même coup l’irrésistible besoin d’y échapper. […] Les intelligences les plus hautes elles-mêmes n’y échappent pas ; c’est une sorte d’habitude qui s’est créée pour l’esprit.
Le premier article du programme tendrait donc à créer une génération physiquement vigoureuse. […] Pourquoi ne pas accorder à notre progéniture la même attention que nous mettons à créer des espèces perfectionnées de moutons ou de chrysanthèmes ? […] C’est lorsque la nature a tout créé pour le succès et la primauté et que par inertie, inintelligence ou impuissance, le résultat demeure médiocre, que se mesure l’infériorité d’un peuple. […] Ce qu’il a véritablement créé, nul ne pourra jamais le faire disparaître. […] Mais c’est tout à l’heure, oui, tout à l’heure, que le secret de créer va être trouvé enfin et qu’on sera maître absolu de la vie.
Gilbert Augustin-Thierry sait nous envelopper de mystère, et, par la notation de détails très simples, mais inquiétants parce qu’on n’en voit pas le pourquoi, créer peu à peu autour de nous comme une atmosphère d’épouvante.
« Un certain général Boulanger sut profiter de l’état de malaise que les agitations stériles de la politique radicale avaient créé dans le pays.
Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable.
Mais un dédommagement s’offre à nous ; c’est le tableau d’une société d’élite, qui s’éleva, avec le xviie siècle, au sein de la capitale ; unit les deux sexes par de nouveaux liens, par de nouvelles affections ; mêla les hommes distingués de la cour et de la ville, les gens du monde poli et les gens de lettres ; créa des mœurs délicates et nobles, au milieu de la plus dégoûtante dissolution ; réforma et enrichit la langue, prépara l’essor d’une nouvelle littérature, éleva les esprits au sentiment et au besoin de jouissances ignorées du vulgaire.
On diroit qu’il crée ce qu’il ne fait que répéter d’après eux, dans les Morceaux de leurs Ecrits qu’il a essayé de traduire.