La mère de Mme de Genlis, qui faisait tant bien que mal des vers (toute cette famille avait pour premier don la facilité), avait composé un opéra-comique qu’on joua à Saint-Aubin, et dans lequel la jeune comtesse de Lancy (la future Genlis) eut le rôle de l’Amour : Je n’oublierai jamais, dit-elle, que dans le prologue mon habit d’Amour était couleur de rose, recouvert de dentelle de point parsemée de petites fleurs artificielles de toutes couleurs ; il ne me venait que jusqu’aux genoux ; j’avais des petites bottines couleur de paille et argent, mes longs cheveux abattus et des ailes bleues.
Michelet est souvent bien chatoyant et bien éblouissant par la couleur, et c’est même son plus grand mérite, mais quand il peindrait le poisson comme Rubens dans sa Pêche miraculeuse, je ne puis croire qu’il raccommodât l’imagination avec le sujet qu’il a pris. […] L’amour de la spécialité, cette furie de la médiocrité d’un temps qui remplacera incessamment le talent par le métier, l’amour de la spécialité ne nous a pas à ce point brouillé la cervelle que nous ne puissions très bien admettre des livres où l’imagination étend sa couleur inspirée sur les notions exactes de la science et rêve parfois à côté… Entre les savants purs et les poètes ou les écrivains de sentiment et de fantaisie, il y a des écrivains intermédiaires, ayant les deux dons à la fois, dans des degrés différents, qui savent composer des livres moins austères que la science, mais non pas cependant frivoles parce que l’imagination y ajoute son charme. […] Le trait a bientôt pesé, la couleur s’est foncée, et toute intelligence, même celle de son propre dessein, a disparu !
et le louerai, au contraire, d’assembler pour magnifier la nature de chantantes couleurs.
J’avoue que le coloris en est faux ; qu’elle a trop d’éclat ; que l’enfant est de couleur de rose ; qu’il n’y a rien de si ridicule qu’un lit galant en baldaquin dans un sujet pareil ; mais la Vierge est si belle, si amoureuse et si touchante ; il est impossible d’imaginer rien de plus fin, ni de plus espiègle que ce petit saint Jean couché sur le dos, qui tient un épi.
Quand j’ai regardé ce morceau ; que j’y ai aperçu quelque dessin, un peu de couleur, un grand travail, et que je me suis dit, Cela est détestable, j’ai ajouté tout de suite, Ah, que l’art de peindre est un art difficile.
Moins documentés que nous, ils avaient aussi bien que nous la notion de la couleur historique, et même de ce que nous avons appelé la couleur locale. […] La « couleur locale », il en remet ! […] Je pourrais vous parler de la « couleur locale » espagnole de Ruy-Blas ou de la « couleur locale » Renaissance de Henri III et sa Cour. […] — Elle est aussi celle où Racine s’est le moins soucié de « couleur locale » ou même de couleur historique (sauf pour préciser l’obstacle qui sépare Titus de sa maîtresse). […] La couleur locale de Racine reste surtout intérieure.
Ce peintre cerne d’un dessin très net le luxe de ses couleurs. […] Parfois, en les suivant, nous heurtons quelque perversité incongrue, cachée sous la mélodie des paroles, comme une vipère sous des touffes de couleurs et de parfums. […] Décidément, les verres teintés à travers lesquels nous apercevions l’Italie ont changé de couleur. […] Avec quelle sensualité il parle des mots, des lignes, des couleurs ! […] Vous n’aimerez pas ses gestes mous, son regard qui flotte, ses sensations indécises, ses pâles couleurs, le son mat de ses alexandrins ouatés.
Virginie est manquée ; ce n’est ni Appius ni Claudius ni le père ni la fille qui attachent ; mais des gens du peuple, des soldats et d’autres personnages qui sont aussi du plus beau choix ; et des draperies d’un moelleux, d’une richesse et d’un ton de couleur surprenant.