/ 1833
1688. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Or partout où le commandement devient une tâche quotidienne comme dans le monde commercial et industriel, il se produit quelque chose d’analogue à la race, mais il manque toujours le grand art de l’obéissance qui chez les autres est un héritage d’un état de choses féodal et que n’autorise plus le climat de notre civilisation. » Des droits sans devoirs, un orgueil bas devant les hommes, nullement atténué par cette modestie humaine que produit la religion ou la simple conscience du monde, Nietzsche a bien vu les plaies de la société moderne, mais il ne se doutait pas qu’il allait les agrandir.

1689. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Mais un seul homme a été qui vraiment fut un artiste ; Beethoven, seul de tous, a constamment et dans une entière conscience, institué au-dessus de la réalité habituelle ce monde artistique d’une réalité meilleure : il a balayé de son art les immondices et les ornements inutiles, il a connu et recréé tout le domaine, à jamais possible peut-être, de son art : il a soumis ses œuvres, sans arrêt, à une théorie, mais à une théorie lente et sérieuse, et qui nous apparaît seulement sous les œuvres qui en naquirent.

1690. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Et l’on voit, en examinant la marche de l’esprit humain, combien il est impossible de se défaire de la conscience d’une chose effective — an actuality — placée sous les apparences, et comment, de cette impossibilité, résulte notre indestructible croyance en l’existence de cette chose9. » Quelques critiques se sont étonnés de la « faiblesse de ces raisons », et pour ne rien dire de ceux qui n’ont vu qu’une « monstruosité » dans l’Inconnaissable du positivisme spencérien, on a prétendu le réduire à n’être que le nom dont nous nous servirions pour nous déguiser à nous-mêmes la profondeur de notre ignorance10.

1691. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Ce janséniste de France, qui, en Angleterre, aurait été à une autre époque un puritain, était presque, de gravité et de dignité, une figure anglaise… Royer-Collard, espèce de tory solitaire sous un régime de Constitution nouvelle, n’ayant d’ambition que pour ses idées, avec un talent dans lequel il y avait de la conscience et du caractère et une parole de plus de profondeur que d’éclat, était trop au-dessus de de Serres et de Dupin, avec lesquels Villemain l’a mis, pour pouvoir leur être comparé.

1692. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il n’a plus dans le ventre que la conscience de ses personnages, que leurs ignobles passions, leurs horribles manières de sentir et de s’exprimer.

1693. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Une sinistre surveillance recueillait mes paroles, dénonçait le choix des passages que je citais, attribuait au despotisme le sens des réprobations sévères que les moralistes et les philosophes prononcent contre l’iniquité ; et la conscience des partisans de l’injustice s’appliquait des allusions cruelles que multipliait la haine publique. […] Ma remarque n’est, après tout, qu’un acquit de conscience, et je me garde d’y insister ; car tout ce qui sent l’école ne convient pas à la légèreté du chantre de la folie de Roland. […] Confiez les grains à la terre, elle en gardera le germe en son sein durant une moitié de l’année : voilà cette Proserpine six mois retenue dans l’empire des ombres, et six mois au pouvoir de Cérès, qui la retrouve plus riche et plus belle : l’odieux amour du carnage se transforme sous vos yeux, et vous frémissez à l’aspect de l’aveugle Mars ; les remords du crime sont les Euménides armées de torches et de fouets sanglants : Minos et Rhadamanthex sont les témoignages de l’inflexible conscience.

1694. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

La gloire consiste à ébranler si fortement l’imagination, l’esprit, le cœur, la conscience de vos contemporains, qu’ils vous lèguent à leurs descendants comme leur héritage intellectuel. […] Il est donc très vrai que le comique dont le personnage comique a conscience est très comique. […] C’est un examen de conscience. […] Il y avait là tout un drame de conscience. […] « Chacun a son petit relichion », disait la princesse Palatine ; chacun aussi a sa petite conscience.

1695. (1876) Romanciers contemporains

Il aime ses enfants, mais par instinct, sans avoir conscience ni de la dignité ni de l’élévation de l’autorité paternelle. […] Flaubert a-t-il ce respect de l’œuvre, ce soin amoureux de tout ce qu’on fait, qu’on appelle la conscience littéraire ? […] Un moment des hannetons entrèrent, mais personne n’y fit attention, pas même les tout petits, qui s’appliquaient à tracer leurs bâtons, avec un cœur, une conscience, comme si cela encore était du français… Sur la toiture de l’école, des pigeons roucoulaient tout bas, et je me disais en les écoutant : « Est-ce qu’on ne va pas les obliger à chanter en allemand, eux aussi ?  […] En y multipliant des personnages gangrenés, en représentant la contagion du mal comme universelle et inévitable, il a dépravé les consciences et créé une véritable anarchie morale. […] Le temps, qui répare tout, a vengé les lois souveraines de la conscience.

/ 1833