Il arrive souvent que, comme les animaux déçus par des appâts sont conduits par la nature à leur mal, les passions se portent à de faux biens. La raison n’a pas elle-même de force pour faire dominer ses jugements : c’est le rôle de la volonté, à laquelle il appartient de déterminer ceux « sur lesquels elle résout de conduire les actions de la vie ». […] Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité : d’autant que, si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur295. » En un mot, « la volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte… ; et ceux même qui ont les plus faibles âmes pourraient acquérir un empire très absolu sur leurs passions, si l’on employait assez d’industrie à les dresser et à les conduire ». […] Le « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » est la biographie d’une pensée ; et du seul caractère narratif et descriptif de l’ouvrage sortent visiblement deux traits de la physionomie intellectuelle de Descartes : au lieu d’une exposition théorique de sa méthode, il nous en décrit la formation dans son esprit, et présente ses idées comme autant d’actes successifs de son intelligence, de façon à nous donner en même temps qu’une connaissance abstraite la sensation d’une énergie qui se déploie ; le tempérament actif des hommes de ce temps est devenu chez Descartes une puissance créatrice d’idées et de « chaînes » d’idées. […] Mais, surtout, il était conduit par sa méthode à certaines vérités que la religion aussi revendiquait comme siennes : un Dieu infini, parfait, une âme immatérielle, immortelle.
L’a priori ne nous y eut pas conduits. […] Elle ne se conduit que chimotaxiquement. […] Le pasteur ne conduit-il pas mieux ses moutons parce que ceux-ci se laissent conduire aux vertes prairies, que s’ils voulaient en discuter avec lui ? […] Cette théorie l’a desséché, l’a conduit au stupide renoncement des parnassiens et des symbolistes. […] La Littérature les y conduira.
L’expérience leur a fait connoître qu’on est trompé rarement par le rapport distinct de ses sens, et que l’habitude de raisonner et de juger sur ce rapport conduit à une pratique simple et sûre, au lieu qu’on se méprend tous les jours en operant en philosophe, c’est-à-dire, en posant des principes generaux et en tirant de ces principes une chaîne de conclusions. […] Enfin soit que les philosophes physiciens ou critiques posent mal leurs principes, soit qu’ils en tirent mal leurs conclusions, il leur arrive tous les jours de se tromper quoiqu’ils assurent que leur methode conduit infailliblement à la verité. […] Nos deux illustres académies se contentent donc de vérifier les faits et de les insérer dans leurs regîtres, persuadées qu’elles sont que rien n’est plus facile au raisonnement, que de trébucher dès qu’il veut faire deux pas au-delà du terme où l’expérience l’a conduit.
Personne n'a su mieux manier un sujet, le conduire, & le terminer par un dénouement agréable & piquant. […] Ce n'est point par des déclamations insipides ; par un étalage de morale empoulée, gigantesque ; par des tableaux d'un coloris aussi forcé que rebutant ; par des sentimens alambiqués ; par une Métaphysique quintessenciée & confuse ; par des maximes parasites, jetées au hasard & avec affectation, que nos prétendus Comiques pourront se flatter d'égaler les Grands Hommes, en prenant une route opposée à celle qui les a conduits au succès.
Une épithète trop forte peut détruire entièrement un argument vrai ; la plus légère nuance déroute entièrement l’imagination prête à vous suivre ; une obscurité de rédaction que la réflexion pénétrerait bien aisément, lasse tout à coup l’intérêt que vous inspiriez ; enfin le style exige quelques-unes des qualités nécessaires pour conduire les hommes. […] Les idées en elles-mêmes sont indépendantes de l’effet qu’elles produisent ; mais le style ayant précisément pour but de faire adopter aux hommes les idées qu’il exprime, si l’auteur n’y réussit pas, c’est que sa pénétration n’a pas encore su découvrir la route qui conduit à ces secrets de l’âme, à ces principes du jugement dont il faut se rendre maître pour ramener à son opinion celle des autres. […] l’amour constant pour une réputation de près de vingt années, pour un homme qui, redevenu par son choix simple particulier, a traversé le pouvoir dans le voyage de la vie, comme une route qui conduisait à la retraite, à la retraite honorée par les plus nobles et les plus doux souvenirs ! […] Toutes les fois qu’un écrivain a recours à un mot nouveau, il faut qu’il ait été conduit à l’employer par la force même du sens ; et que loin d’avoir cherché ce genre de singularité, il manque comme malgré lui à la règle qu’il s’était faite de l’éviter.
« Les hirondelles, qui sont revenues depuis peu de jours des pays inconnus où elles ont un second nid pour leurs hivers, n’ont pas encore pris leur vol ; elles sont rangées les unes à côté des autres sur les conduits de fer-blanc qui bordent le toit, afin d’y saluer de plus haut le soleil qui va paraître, ou d’y tremper leurs becs dans l’eau que la dernière pluie y a laissée ; on dirait une corniche animée qui fait le tour du toit. […] Elle lève le loquet de bois de l’étable ; elle compte ses agneaux et ses cabris à mesure qu’ils s’embarrassent entre ses jambes pour sortir les premiers de leur prison ; elle les donne à conduire aux enfants. […] Des sentiers étroits, à peine perceptibles, et tous les jours effacés par les pieds des chèvres, conduisent par des contours un peu plus adoucis jusqu’au sommet. […] Le chemin très-étroit qui conduisait à son presbytère se rétrécissait encore en approchant, entre les vergers et les chènevières du village ; il laissait à peine place au poitrail de mon cheval. […] Un étroit sentier tortueux, tracé évidemment par les pieds du solitaire à travers ces volumes, conduisait au fond de l’appartement, vers la partie la plus éclairée par le volet en grillage des pigeons.
Arrivé à ce terme de la discussion, il s’exécute, et convient à peu près qu’il n’a voulu faire qu’un agréable et assez instructif roman : Je me vois, monsieur, dit-il agréablement à Voltaire qui est censé toujours vivant, je me vois réduit à l’embarras des auteurs de romans qui, après avoir conduit leur prince ou leur héros jusqu’au dernier volume, ne savent plus comment s’en défaire, et finissent par le faire assassiner. […] Enfin, il se laisse conduire au fauteuil, et prend la présidence, sous le nom de doyen. […] Pitra, et un vainqueur de la Bastille, de grande et belle taille, Hullin, le trouvent sur l’escalier de l’Hôtel de Ville, assez en peine de s’orienter et de se conduire dans ces flots de peuple ; ils lui offrent leurs bras : cet accompagnement le désigne de plus en plus à l’attention publique : les cris de Vive Bailly ! […] Hullin me soutenant l’autre bras, marchant entre quatre fusiliers, je trouvai qu’au milieu de ce triomphe je ressemblais assez à un homme que l’on conduisait en prison. […] Je ne sais ce qu’on pouvait y gagner, car il n’est que trop vrai que Bailly, condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, et conduit le 12 novembre 1793 au Champ-de-Mars, lieu désigné pour son exécution, eut à y subir des outrages inaccoutumés, et devant lesquels la mort elle-même n’est plus qu’un bienfait.
Il l’attendit à la porte de l’église, l’accueillit comme la gloire errante et méconnue de l’Italie, répondit de lui aux gardiens de la ville et le conduisit chez le marquis Philippe d’Este. […] … votre accueil si gracieux, mes belles années écoulées près de vous, ce que je suis, ce que je fus, ce que j’implore, le lieu où je languis, ce qui m’y conduisit, ce qui m’y renferma, hélas ! […] Cependant Tancrède, que le hasard conduit, va la chercher loin des lieux qui la cachent. […] Il sort enfin de la forêt ; un bruit sourd se fait entendre ; la clarté de la lune le conduit par des routes inconnues vers les lieux d’où ces sons semblent partir. […] Le lendemain il fut conduit par le même cortège à l’audience du pape.