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1090. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

S’il est à genoux de fondation, devant un si pauvre homme que Sieyès, on ne peut plus dire sa position devant Montesquieu, et on le conçoit.

1091. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

C’est le sublime de la bonté conçue, presque égal à celui de la bonté de l’action… Seulement, comme un palais qui serait taillé dans une perle, il faut voir les détails de cette création inexprimable à tout autre qu’au poète qui a su en faire trois chants, qu’on n’oubliera plus tant qu’il y aura un cœur tendre et un esprit poétique dans l’univers, mais qui n’en sont pas moins trop purs et trop beaux pour cette grossièreté de lumière, de bruit et d’éclat qu’on appelle la Gloire !

1092. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Cette poésie ne nous donne plus la sensation ordinaire de l’Étrange, mais la sensation extraordinaire du Naturel, tel que les Anciens l’ont conçu et réalisé toujours, et Shakespeare quelquefois après eux.

1093. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Et on le conçoit.

1094. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Mais le monde antique « fermé », sans lien réel avec l’en-dehors, ne pouvait adopter une conception qui suppose admise la solidarité entre nations et « la plus large des communautés. » Il semble qu’Henri IV, à l’aurore du monde moderne, conçut le premier l’idée d’une juridiction dont les États de l’Europe auraient à invoquer l’autorité, pour régler leurs conflits.

1095. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

À la fin on a conçu qu’il était quelquefois permis de louer ce qui était utile sans être puissant.

1096. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il avait dit aussi : « Un livre tel que je le conçois doit être composé, sculpté, doré, taillé, fini et limé et poli comme une statue de marbre de Paros », et à cet égard il faut bien convenir qu’il est demeuré, dans ses plus beaux poèmes, trop au-dessous de cette ambition d’art. […] Influence de Chateaubriand sur le développement du sentiment historique ; — et que pour s’en rendre compte, on n’a qu’à comparer ses Martyrs aux Histoires de Voltaire. — Quelle que soit en effet la vérité vraie de ses Francs, de ses Gaulois, de ses Romains et de ses Grecs ; — laquelle est toujours discutable ; — au nom d’une érudition devenue depuis lui plus précise ; — ils ne se ressemblent pas entre eux ; — et c’est ce qui les distingue des Grecs et des Romains de la tragédie pseudo-classique. — Ce qui revient à dire qu’il a eu l’art d’individualiser les époques de l’histoire ; — comme il avait fait les scènes de la nature ; — et c’est la justice que lui a rendue Augustin Thierry [Cf. plus loin, p. 430, l’article Augustin Thierry]. — De l’importance de cette innovation d’art ; — et comment en devenant le principe de tout ce que le romantisme désignera par le nom de couleur locale, — elle a contribué au renouvellement de la poésie ; — au renouvellement de la manière d’écrire et de concevoir l’histoire ; — et au renouvellement de la critique même ; — s’il y a quelque chose de Chateaubriand jusque dans Villemain, Sainte-Beuve, et Renan. […] Les Caprices de Marianne ; — Le Chandelier ; — On ne badine pas avec l’amour ; — Il ne faut jurer de rien ; — Fantasio, etc.] ; — et à l’amour conçu comme la seule raison qu’il y ait d’être au monde ; — et de vivre. — Là est le secret de sa force dramatique ; — de la poésie souvent malsaine ou suspecte ; — mais toujours infiniment séductrice, dont son théâtre s’enveloppe comme d’une atmosphère unique ; — et là par conséquent le secret de la vitalité de son œuvre. — Qu’il se peut encore que les mêmes qualités ; — et aussi ce qu’elle contient de renseignements sur la « pathologie de l’amour » ; — sauvent sa Confession du naufrage où l’entraînerait sans cela le poids des déclamations qui s’y mêlent ; — et qu’enfin cette religion de l’amour fait à peu près le seul mérite de ses Contes et de ses Nouvelles. […] Que, sous l’influence de la philosophie de Spinoza, d’Hegel, d’Auguste Comte, — et de l’histoire conçue à la façon de Michelet, — la première démarche de Taine a été pour « purger » la critique de toute intention morale, — comme de toute prétention esthétique ; — et de la ramener à l’histoire naturelle. — La théorie de la race, du milieu et du moment ; — et s’il est vrai qu’elle n’eût de neuf sous la plume de Taine que son exagération ? […] Cependant les événements de 1870-71 éclatent ; — et ils sont pour Taine un trait de lumière. — Il publie ses Notes sur l’Angleterre, 1872 ; — et il conçoit le plan du grand ouvrage — dont le premier volume ; L’Ancien Régime, 1875, — est peut-être son chef-d’œuvre. — Les études qu’il entreprend sur la Révolution — lui font connaître alors une espèce d’hommes qu’il avait peu pratiquée jusqu’alors. — Il se demande, avec une angoisse qui l’honore, — s’il est bien vrai « qu’un palais soit beau même quand il brûle, ou surtout quand il brûle » ; — et quand nous rencontrons un « crocodile » parmi nous, — si nous n’avons qu’à le décrire et qu’à l’admirer ?

1097. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

M. de Vigny le savait bien, et en donnant en 1826 ses Poèmes antiques et modernes, dont quelques-uns déjà connus et d’autres inédits, il idéalisa sous la figure de Moïse le rôle du pontificat littéraire et poétique, tel qu’il le concevait avec ses prérogatives et ses sacrifices. […] 2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit. […] La Sauvage, qui exprime le contraste de la vie errante primitive avec la colonisation la plus civilisée, est mieux conçue et contrastée : c’est l’éloge de la famille anglaise, du confort anglais, de la religion biblique anglicane.

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