Hugo universel et magnanime n’empêche pas que j’admire toujours à ses côtés et que j’aime autant que lui, selon la nuance des heures et tour à tour : Vigny, Baudelaire, Leconte de Lisle, Banville, Mallarmé, Verlaine, Rimbaud, Laforgue, Mikhaël, Samain… Pouvez-vous imaginer un composé singulière ! […] Vous consultez un peintre qui a composé quelques poèmes… plastiques.
Car admettre l’universalité de ce théorème, c’est supposer, au fond, que les points matériels dont l’univers se compose sont uniquement soumis à des forces attractives et répulsives, émanant de ces points eux-mêmes, et dont les intensités ne dépendent que des distances : d’où résulterait que la position relative de ces points matériels à un moment donné — quelle que soit leur nature — est rigoureusement déterminée par rapport à ce qu’elle était au moment précédent. […] C’est ainsi qu’en juxtaposant certaines lettres d’un alphabet commun à bien des langues on imitera tant bien que mal tel son caractéristique, propre à une langue déterminée ; mais aucune de ces lettres n’avait servi à composer le son lui-même.
Car il se joue d’obstacles avec lesquels la nature a dû composer, et d’autre part on ne comprend l’évolution de la vie, abstraction faite des voies latérales sur lesquelles elle s’est engagée par force, que si on la voit à la recherche de quelque chose d’inaccessible à quoi le grand mystique atteint. […] Il peut n’être pas musicien, mais il est généralement écrivain ; et l’analyse de son propre état d’âme, quand il compose, l’aidera à comprendre comment l’amour où les mystiques voient l’essence même de la divinité peut être, en même temps qu’une personne, une puissance de création.
On se retrouvera soi-même en ses vers, soi-même et ce qui nous compose. […] Cela constitue vraiment une sorte de poème ; non pas un poème qui raconte des aventures imaginaires, mais un poème mis en action par celui qui le compose, exprimant son âme et son cœur, la réalité humaine qu’il est, avec ses efforts et ses espérances ou aussi avec ses lâchetés et ses désespoirs. » Laberthonnière, Essais de philosophie religieuse, p. 7.
L’œuvre proprement technique, le travail professionnel de la critique, consistent à établir des « suites » d’écrivains, à composer des familles d’esprits, à repérer les divers groupes qui se distribuent et s’équilibrent dans une littérature. […] « Comme la perfide musique compose les libertés du sommeil avec la suite et l’enchaînement de l’extrême attention, et fait la synthèse d’êtres intimes momentanés, ainsi les fluctuations de l’équilibre psychique donnent à percevoir des modes aberrants de l’existence. […] Regrets, tristesses, toute l’amertume du poème ne fait plus qu’une vieille réalité dépassée Et ce jeune soleil de mes étonnements, Me paraît d’une aïeule éclairer les tourments ; Tant sa flamme aux remords ravit leur existence, Et compose d’aurore une chère substance Qui déjà se formait substance d’un tombeau !
Comme on va voir, celui-ci se compose de courtes pièces, prose exquise ou vers délicieusement faux exprès. […] En principe il admettait le Parnasse Contemporain et les poèmes qui le composaient pour la plus plupart, mais il objectait fortement contre ce qu’il appelait, peut-être avec raison, les « véritables barbarismes » que constituait dans nombre des poèmes de Leconte de Lisle et de poèmes imités de ce maître l’orthographe du nom des dieux de la Grèce antique. […] Son œuvre toujours jouée, lue, commentée, avait été composée dans son exil et son agonie.
Mazel considère ses premiers drames comme des études plutôt que comme des pièces de théâtre ; il ne les avait que peu destinés au plaisir des foules ; il les composa en manière d’exercices pour coordonner les divers éléments d’un talent scénique. […] En d’autres termes, c’est le génie qui compose une œuvre et c’est le talent qui la corrige et l’achève ; chez M. […] Fontainas garde une grande netteté de vision une lucidité parfaite ; voici des songes composés comme ceux de Racine avec logique et clairvoyance, où les sensations et les images soigneusement enchaînées se déroulent selon d’impérieuses concordances. […] Il n’abuse pas de son adresse à emmêler les sons et les images, peut-être par dédain, mais on voit qu’il serait très capable de composer en perfection les poèmes à forme fixe les plus compliqués et les plus décourageants.
Devant un auditoire choisi, composé de colonels en retraite, traducteurs d’Horace, de diplomates ensevelis dans d’opulentes redingotes pareilles à des linceuls, de professeurs tournant le petit vers, de philosophes éclectiques, intimement liés avec Dieu, et de bas-bleus quinquagénaires rêvant tout bas, soit l’œillet de Clémence Isaure, soit l’opprobre d’un prix de vertu, un jeune homme pâle, amaigri et se boutonnant avec désespoir comme s’il eût collectionné dans sa poitrine tous les renards de Lacédémone, s’avançait hagard, s’adossait à la cheminée, et commençait d’une voix caverneuse la lecture d’un long poème où il était prouvé que le Ciel est une patrie et la terre un lieu d’exil, le tout en vers de douze ou quinze pieds ; ou bien encore, quelque vieillard chargé de crimes, usurier peut-être à ses heures, en tout cas ayant pignon sur rue, femme et maîtresse en ville, chantait les joies de la mansarde, les vingt ans, la misère heureuse, l’amour pur, le bouquet de violettes, le travail, Babet, Lisette, Frétillon, et finalement, tutoyait « le bon Dieu » et lui tapait sur le ventre dans des couplets genre Béranger. […] Incomplet encore en ce temps-là, composé de quelques jeunes hommes, presque des enfants, non soumis à la grave direction des maîtres, le groupe des poètes nouveaux se distinguait surtout par la témérité des opinions, et par impertinence aussi de l’attitude. […] Je ne dirai pas les souriantes douceurs d’une familiarité dont nous étions si fiers, les cordialités de camarade qu’avait pour nous le grand poète, ni les bavardages au coin du feu, — car on était très sérieux, mais on était très gai, — ni toute la belle humeur presque enfantine de nos paisibles consciences d’artistes, dans le cher salon peu luxueux, mais si net et toujours en ordre comme une strophe bien composée, pendant que la présence d’une jeune femme, au milieu de notre respect ami, ajoutait sa grâce à la poésie éparse. […] Et autour de cette resplendissante demeure, s’étendront à perte de vue, des forêts composées des essences les plus précieuses, d’immenses champs de roses, et aussi des plaines fécondes, blés, maïs, vergers, si démesurément spacieuses que leurs seuls produits suffiraient à l’alimentation d’une ville de plus d’un million d’âmes. […] Acharné à la rude besogne, il a réalisé en très grand nombre des poèmes savamment et clairement composés, solidement construits, nets, aux contours robustes.