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270. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Sully Prudhomme est distinction ; rien n’est bas ni commun chez lui. […] Mais ici la populace, personnage immense, a droit… La Commune a droit ; la Convention a raison. […] Dès lors, la Commune perd jusqu’à l’apparence d’un droit et d’une justice quelconque. […] La colonne Vendôme avait été renversée par ordre de la Commune. […] Toujours la Commune ou la Prusse !

271. (1864) Études sur Shakespeare

Attachée, par situation, aux doctrines des réformés, Élisabeth avait, en commun avec le clergé catholique, le goût de la pompe et de l’autorité. […] La reine imposait silence aux Communes qui la pressaient sur le choix d’un successeur ou sur quelque article de liberté religieuse ; mais les Communes s’étaient assemblées ; elles avaient parlé ; et la reine, malgré la hauteur de ses refus, prenait grand soin de ne pas donner sujet à des plaintes qui auraient pu augmenter l’autorité de leurs paroles. […] Une société de braconniers exerçait ses déprédations dans les environs de Stratford, et Shakespeare, éminemment sociable, ne se refusait guère à ce qui se faisait en commun. […] Le principe de la délibération commune sur les intérêts communs, fondement de toute liberté, prévalut dans les institutions de l’Angleterre et présida à toutes les coutumes du pays. […] Le temps de la confession, la Pâque, la Pentecôte, étaient encore, pour l’Église et le peuple, autant d’occasions périodiques de réjouissances communes.

272. (1900) La culture des idées

À quoi bon prétendre, par exemple, que ces articles divers sont étroitement reliés par une idée commune ? […] Et c’est aussi, malgré le dédain commun, l’opinion commune, puisque les livres de jadis qui vivent encore ne vivent que par le style. […] Peut-être même appartiennent-elles à tout le monde ; peut-être toutes les idées sont-elles communes à tous ? […] Il semble donc probable que Racine se tut parce qu’il n’avait presque plus rien à dire, tout simplement : c’est une aventure commune, et il trouva dans la religion la consolation commune. […] En approchant de notre époque on se demanderait à quel moment se rejoignirent, dans le commun des esprits, l’idée d’honneur et l’idée de militaire ?

273. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Tous ont un sujet commun, qui est le phénomène. […] En effet, pour comparer deux termes, il faut les rapporter à un terme commun. […] Ces qualités communes forment alors une idée générale. […] Elle est parfaite, si aucun d’eux n’est distrait de la fin commune. […] L’instinct est commun à l’espèce.

274. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est comme un livre qu’on lirait en commun et que l’on ne peut pas fermer et rouvrir à sa fantaisie, dont les pages tournent implacablement du premier chapitre au dernier. […] Les poètes tragiques ont été conviés à célébrer le plus dignement qu’il se peut la pensée commune, la foi commune, et les plus dignes présentent leur ouvrage au peuple qui donnera la couronne au meilleur — entendez à celui qui aura suscité en lui l’émotion qu’il attend de Prométhée, d’Œdipe, d’Agamemnon, d’Oreste réincarnés pour un jour devant lui. […] Soumis à la commune loi, il eut serré davantage l’intrigue et réduit la part de la poésie : ces deux bienfaits ne l’auraient-ils pas appauvri ? […] Multiplication et dispersion ; notre public ne se sent plus les coudes ; il ne participe plus à une réjouissance commune, religieuse, nationale ou même seulement locale. […] Je les invite, par ailleurs, à parler au « peuple fidèle » en se plaçant sur le terrain de la « fidélité » qui leur est commun à eux et à lui.

275. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

La généralité de l’une tient à l’universelle acceptation d’une loi, celle de l’autre la commune imitation d’un modèle. […] Il s’est transporté tout d’un coup a quelque chose qui paraît à la fois un et unique, qui cherchera ensuite à s’étaler tant bien que mal en concepts multiples et communs, donnés d’avance dans des mots. […] Bien-être, plaisirs, richesse, tout ce qui retient le commun des hommes les laisse indifférents. […] Entre le développement et la transformation il n’y a ici ni analogie, ni commune mesure. […] En creusant maintenant sous cette illusion commune à toutes les morales théoriques, voici ce qu’on trouverait.

276. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Bébé signifie donc pour elle quelque chose de général, ce qu’il y a de commun pour elle entre tous ces tableaux et gravures de figures et de paysages, c’est-à-dire, si je ne me trompe, quelque chose de bariolé dans un cadre luisant. […] Bien mieux, avant-hier, voyant un chevreau d’un mois qui bêlait, elle a dit oua-oua, le nommant d’après le chien, qui est la forme la plus voisine, et non d’après le cheval, qui est trop grand, ou d’après le chat, qui a une tout autre allure175. — Voilà le trait distinctif de l’homme ; deux perceptions successives fort dissemblables laissent néanmoins un résidu commun qui est une impression, une sollicitation, une impulsion distincte dont l’effet final est telle expression inventée ou suggérée, c’est-à-dire tel geste, tel cri, telle articulation, tel nom. […] En tout cas, ce qui maintenant constitue une bête pour lui, c’est une forme beaucoup plus délicate et plus compliquée que celle de la toupie, savoir la forme commune aux insectes, un corps à plusieurs articles et paires d’appendices, tantôt immobile, tantôt en mouvement de soi-même et sans impulsion du dehors. […] Selon lui, il y a deux sortes de langages, l’un qu’il appelle émotionnel et qui nous est commun avec les brutes, l’autre qu’il appelle rationnel et qui est propre à l’homme. […] Car, de même qu’il y a deux langues, l’une émotionnelle, commune à l’homme et aux animaux, l’autre rationnelle, particulière à l’homme, de même il y a deux modes de connaissance, l’un intuitif, commun à l’homme et aux animaux, l’autre conceptuel et particulier à l’homme.

277. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Le 10 août n’avait pas lieu ; les perfidies et la tyrannie de la commune de Paris, le massacre des gardes, l’assaut du palais, la fuite du roi à l’Assemblée, les outrages dont il y fut abreuvé, enfin son emprisonnement au Temple, étaient écartés. […] Je crois plutôt maintenant que le vrai crime de Danton, dans ces journées de la hache, a été une espèce de connivence forcée avec les scélérats obscurs et forcenés de la commune de Paris, et que, ne pouvant pas arrêter le crime résolu par ces municipes bourreaux, Danton a lâchement préféré être leur complice le doigt sur la bouche, gémissant en silence, mais laissant accomplir les horreurs qu’il détestait en les excusant. […] J’avais choisi dans ce général, qui m’était inconnu, le seul chef républicain de l’armée, afin que les républicains ne pussent pas l’inculper de royalisme, et ne se divisassent pas devant le danger commun le jour de la sédition prochaine. […] Le peuple s’aigrit, les provinces s’alarmèrent, les partisans des dynasties en expectative se groupèrent contre la république, l’ennemi commun ; la république s’exagéra sur sa montagne comme sur un mont Aventin, menaçant le civisme au lieu de le rassurer ; les élections furent extrêmes comme les partis ; la France oublia la liberté superflue des temps calmes pour ne penser qu’à son salut qu’elle crut compromis. […] Ce n’est pas à M. de Sèze que Louis XVI, n’ayant plus rien à offrir en signe de reconnaissance, offrit sa cravate comme une dernière relique de son cœur ; c’est à un brave commissaire de la commune de Paris, nommé Vincent.

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