Étendu sur son lit de mort à l’hospice de la Charité, le caractère qui était le plus empreint sur sa face, me dit une personne qui ne l’a vu que ce jour-là, était une remarquable douceur. […] Pour s’élever au-dessus de ces circonstances en quelque sorte matérielles et physiques, deux choses sont nécessaires, et elles sont rares : du caractère et des principes. Hégésippe Moreau n’avait ni l’un ni l’autre ; il avait de l’âme et du talent, mais son caractère était faible, comme c’est trop souvent le cas des organisations d’artiste, et les impressions du dehors prenaient fortement et irrésistiblement sur lui. […] Mais, en général, le caractère des chants de M. […] Dans tout ce que j’ai touché là du caractère et de la vie intime de Moreau, j’ai été guidé de la manière la plus sûre par des lettres, par des renseignements directs provenant des personnes qui l’ont le mieux connu.
Je ferai une seule remarque qui touche au caractère général de l’homme. […] Ce caractère restrictif et négatif, à l’article de la poésie moderne, n’est point particulier à Carrel ; il le partageait avec la plupart des hommes de l’école historique et politique ; mais il faut qu’il l’ait ressenti bien vivement pour s’être complu si fort à l’exprimer. […] C’est par ce côté visible de son génie que Bonaparte, en tout ce qu’il a fait, s’est donné le peuple même pour juge… Il trouve particulièrement tous ces caractères de beauté soudaine et manifeste à la campagne de 1814. […] De l’humeur dont il était, j’en doute fort, à moins qu’il n’eût bientôt espéré d’imprimer de son propre caractère à ce gouvernement. […] Ajoutons que la nature de son caractère était, quand il avait fait une fois, et avec lenteur, un pas en avant, de ne s’en plus départir et de ne reculer jamais.
Les faits à l’appui de ces deux négations, qui gardent l’entrée de son livre, sont aussi péremptoires que nombreux, et non seulement ils enlèvent à la Révolution le caractère grandiose dont elle se trouvait revêtue quand on la croyait le résultat d’une gestation séculaire dans les entrailles de l’esprit humain, mais ils la privent encore de ses lettres de noblesse intellectuelle et lui interdisent la fastueuse prétention d’être une idée. […] Après l’avoir dépouillée de ces trois caractères différents : providentiel, fatal, philosophique, Cassagnac arrache à la Révolution son caractère populaire. […] En prouvant, comme il l’a fait pour la Révolution française, qu’elle n’avait aucun des caractères providentiel, fatal, philosophique qu’on lui donne, il ne restait plus pour elle qu’une origine : la volonté et l’intelligence humaines, l’une dépravée et l’autre aveugle. […] Armé d’une intelligence hardie, logique, inflexible, qui sait conclure, quand il a trouvé une turpitude dans un caractère ou une sottise dans un esprit, Cassagnac ne se laisse jamais imposer par l’opinion reçue sur cet esprit et sur ce caractère. […] Du reste, ce qui manque principalement à tous ces chefs de la Révolution française, à des degrés différents, il est vrai, mais ce qui manque profondément à tous, c’est le meilleur de la personnalité humaine : c’est le génie, c’est la foi, c’est le caractère.
Autour d’une vaste table ovale sont réunis des joueurs de différents caractères et de différents âges. […] C’est le caractère et non l’âge qui décide. […] Encore si l’idée est bonne, le dessin est insuffisant ; les têtes n’ont pas un caractère bien écrit. […] Les personnages ont un caractère réel. […] C’était le cahier des Caractères des passions de M.
Ainsi s’améliorent, en s’avançant dans la vie, les caractères moyens. […] L’enchaînement est logique entre les caractères qu’a peints M. […] Elles sont des créations sans être encore des caractères. […] Ce n’est pas le jeu qui le perd ; c’est une faiblesse de caractère et un manque de volonté. […] Et voici un second trait commun de caractère qui est l’effet de cette première éducation.
Toutefois si la poésie d’images et de description reste toujours à peu près la même, le développement nouveau de la sensibilité et la connaissance plus approfondie des caractères ajoutent à l’éloquence des passions, et donnent à nos chefs-d’œuvre en littérature un charme qu’on ne peut attribuer seulement à l’imagination poétique, et qui en augmente singulièrement l’effet. […] Les femmes ont découvert dans les caractères une foule de nuances que le besoin de dominer ou la crainte d’être asservies leur a fait apercevoir : elles ont fourni au talent dramatique de nouveaux secrets pour émouvoir. […] Le seul avantage des écrivains des derniers siècles sur les anciens, dans les ouvrages d’imagination, c’est le talent d’exprimer une sensibilité plus délicate, et de varier les situations et les caractères par la connaissance du cœur humain. […] L’éloquence enfin, quoiqu’elle manquât sans doute, chez la plupart des modernes, de l’émulation des pays libres, a néanmoins acquis, par la philosophie et par l’imagination mélancolique, un caractère nouveau dont l’effet est tout-puissant.
Cet homme n’avait ni dans sa nature, ni dans son âme, ni dans son caractère, l’enthousiasme, l’énergie, la vertu publique, faits pour justifier un tel attachement. […] On sait seulement que le premier consul, en sortant de cet entretien, témoigna son étonnement du vide d’idées qu’il avait reconnu sous l’emphase de ce caractère. […] Mon père aimait la gloire, et, quelque sage que fût son caractère, l’aventureux en tout genre ne lui déplaisait pas, quand il fallait s’y exposer pour mériter l’estime publique. […] C’est la paille dans son caractère ; c’est par là qu’il faiblit et qu’il se brisa plus d’une fois dans sa vie. […] J’acceptai, car je ne savais pas alors que je pouvais nuire à une personne si étrangère à la politique, je la croyais à l’abri de tout, malgré la générosité de son caractère.
Enfin, nous attribuons à nos lois la fixité, comme un caractère essentiel. […] Avec Descartes, la science, dans sein ensemble, prend un tout autre caractère. […] Déjà son principe de la subordination des caractères va plus loin que la simple description. […] Ces lois ont pour caractère de relier le présent au passé par voie de causalité efficiente. […] Ainsi la forme mathématique imprime aux sciences un caractère d’abstraction.