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24. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

De tous les moyens qui peuvent déconcerter l’émulation des caractères élevés, le plus puissant est l’arme de la moquerie. […] En effet, l’esprit moqueur essaie rarement de l’attaquer ; il est même tenté d’avoir de la considération pour le caractère qu’il n’a pas la puissance d’affliger. […] L’on est assez généralement convaincu que l’esprit républicain exige un changement dans le caractère de la littérature. […] Cette honorable mission dont on est revêtu par sa propre conscience, c’est la noblesse du caractère qui peut seule lui donner quelque force. […] Les formes varient sans doute suivant les caractères, et la même bienveillance peut s’exprimer avec douceur ou avec brusquerie ; mais pour discuter philosophiquement l’importance de la politesse, c’est dans son acception la plus étendue qu’il faut considérer le sens général de ce mot, sans vouloir s’arrêter à toutes les diversités que peut faire naître chaque caractère.

25. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Les Allemands, dans les leurs, peignent une vie entière et un caractère entier. […] Il en est de même du caractère. […] Son amour pour Hippolyte, mais nullement son caractère personnel, indépendamment de cet amour. […] Les caractères sont innombrables. […] Mais en France je ne crois pas que ce caractère eût obtenu l’approbation du public.

26. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Caractères et règles du roman psychologique. […] En d’autres termes, le roman idéal, en ce genre, est celui qui fait ressortir les actions et réactions des événements sur le caractère, du caractère sur les événements, tout en liant ces événements entre eux au moyen du caractère ; ce qui forme une sorte de triple déterminisme. […] Werther est le modèle du développement continu et progressif d’un caractère donné. […] Le caractère de Gaud se dessinera le premier. […] Quoi qu’il en soit, ce caractère étrange, indéfinissable de Yann rejaillira même sur Gand, caractère qui pourtant en lui-même n’a rien d’obscur.

27. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

De ce dernier ou de Corneille lequel des deux représente les caractères physiques et pittoresques de Rouen ? […] Certains auteurs sont particuliers à certains âges et en présentent les caractères. […] Ribot, Hérédité, éd. 1882 : les lois : « Les caractères individuels sont-ils héréditaires ? […] Il expose au § 16, les faits de permanence des caractères de race en dépit du temps et du changement d’habitat. […] Voir aussi plus loin : « une âme dont le caractère n’est ni national, ni actuel » (p. 157).

28. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Elles ne peuvent donc guère manquer d’être à peu près intermédiaires en caractères entre les formes organiques des formations inférieures et supérieures. […] Avec ces restrictions, la faune de chaque période géologique est assurément intermédiaire en caractères entre les faunes qui l’ont précédée et celles qui l’ont suivie. […] Les espèces les plus extrêmes en caractères ne sont ni les plus anciennes ni les plus récentes ; et celles qui sont intermédiaires en caractères ne sont pas intermédiaires en âge. […] Nous pouvons comprendre encore pourquoi, une fois qu’une espèce a disparu, elle ne saurait plus reparaître avec des caractères identiques. […] Le caractère de notre nature tempérée, c’est une vitalité persistante, mais dénuée de grandeur et de beauté.

29. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Le caractère romain ne s’est montré tout entier que pendant le temps qu’a duré la république. Une nation n’a de caractère que lorsqu’elle est libre. […] Cette qualité est le lien de patrie, le caractère distinctif des citoyens d’un même pays. […] L’austérité romaine donne un grand caractère aux affections qu’elle permet. […] Le caractère romain avait certainement la grandeur tragique ; mais il était trop contenu pour être théâtral.

30. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Remettez la bouche dans son premier état, et relevez les sourcils ; le caractère devient orgueilleux, et il vous plaira moins. […] Le visage accoutumé à prendre le caractère de la passion dominante, le garde. […] Chaque état de la vie a son caractère propre et son expression. […] Voilà pour les caractères et leurs diverses physionomies ; mais ce n’est pas tout. […] Que votre tête soit d’abord d’un beau caractère.

31. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Son caractère avait cette espèce de physionomie antique que nous ne connaissons plus. […] Il n’est pas mutile d’observer que c’était alors dans la Grèce le caractère général des arts. […] Parrhasius avait commencé, ses successeurs l’avaient suivi ; et le plus célèbre de tous, Praxitèle, répandait alors sur ses ouvrages, sur le Cupidon de Thespis, sur la Vénus de Gnide, cette grâce inimitable qui faisait le caractère de son génie. […] Il a fait comme Platon une apologie de Socrate, et de plus quatre livres sur l’esprit, le caractère et les principes de son maître. […] Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit.

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