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374. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

La beauté, la vertu, le génie garderont à jamais leur secret. […] Chacune de ces deux plantes avait pour âme et pour génie une femme d’une exquise beauté. […] Il est impie de plaindre ceux qui ont possédé la beauté. […] Le recueil qu’il a intitulé Contes cruels contient des pages de toute beauté. […] Son âpre monotonie n’est pas sans beauté.

375. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

La Didon de Virgile passe avec raison pour la création la plus touchante que nous ait léguée l’antiquité ; elle en est à la fois la beauté le plus en vue. […] Le fils d’Éson resplendissait divinement entre tous les autres par la beauté et par les grâces. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits. […] e Nemours acheva de lui donner une rougeur qui ne diminuait pas sa beauté. […] » — Elle dit, et des larmes de pitié ruisselaient le long de ses joues… » Il me semble qu’il n’y a rien à ajouter après de telles beautés, après un tel élan de passion et ce premier cri qui, dans sa violence, renferme déjà toute la tragique destinée.

376. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

La première ne contenait que des jeunes gens sur le siége et de jeunes personnes dans la voiture ; elles étaient charmantes, mais ce n’était pas de la beauté que je cherchais ; dans la seconde, deux femmes d’un âge plus mûr étaient assises seules et causaient ensemble avec animation. […] Je serais resté confondu et muet, car, pétrifié doublement par la beauté de l’une et par la gloire de l’autre, je ressemblais à un dieu terme qui voit passer sans parole le bruit et l’éclat du temps. […] Cette fille unique de madame de Staël, douée par la nature d’une beauté pour ainsi immatérielle, du génie de l’âme, supérieur au génie de l’imagination, et d’une vertu mûre au printemps, que la religion devait accomplir et couronner par une mort jeune, aurait fait l’orgueil de toutes les mères. […] Sa rare beauté, la mélancolie de ses traits, la sombre et courte perspective de sa destinée avaient attendri sur lui le cœur de madame de Staël. L’enthousiasme et la reconnaissance avaient rajeuni et embelli de l’éternelle beauté madame de Staël aux yeux de son amant.

377. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Ni goût, ni composition, ni mesure, ni netteté, ni correction, aucune des qualités où commençait précisément à consister toute la beauté des œuvres. En revanche, dans les sentiments et dans la forme, toutes les sortes d’énergie et de beauté que le génie raisonnable et éloquent du xviie  siècle ne pouvait admirer. […] Comme la sociabilité a formé et lie toujours le monde, la distinction est un art de plaire ; tout ce qu’on a en soi et sur soi, réalité solide ou surface, il faut l’avoir pour les autres, ou s’en donner l’air : cette coquetterie de parure par laquelle la beauté semble faire don de soi au public, et prendre intérêt à son plaisir, quand il s’agit de la pensée et de l’expression de la pensée, c’est l’esprit. […] L’Italie, d’abord, cette fois encore, fut notre institutrice : mais l’Italie dégénérée, folle de l’artificielle beauté des concetti, dépensant tout son génie en inventions monstrueuses d’hyperboles, d’antithèses et de métaphores, l’Italie de Guarini et de Marino. […] Ces beautés spirituelles faisaient fureur chez nous, et asservissaient tout, jusqu’au vieux Malherbe, grognant et cédant.

378. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Il lui doit ses plus grandes beautés et ses défauts les plus saillants. […] La beauté idéale de la conception et la perfection des vers absolvaient le poète ; et, certes, la grandeur du tableau qui termine le premier acte des Burgraves aurait fait battre des mains à tout le peuple d’Athènes. […] … ôtez à Hugo trente gros adjectifs, et toute sa poésie s’effondre comme un plafond auquel on enlève ses étais… Les femmes, il ne les aime pas ; les enfants, il ne les comprend pas ; la nature il ne la sent pas… Il dit d’une femme : « Elle me regarda de ce regard suprême qui reste à la beauté quand nous en triomphons ». […] Nazare-Aga Voici ce que dit le poète Hafez pour vanter la beauté de la bien-aimée : « La beauté de la bien-aimée se passe de notre admiration imparfaite. Un beau visage n’a pas besoin du fard ou des grains de beauté ».

379. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

En littérature, elle a suivi les créations ; les règles ne sont que les raisons du plaisir que nous prenons aux beautés des lettres. […] Des enfants, des artistes presque sans lettres, se sont passionnés pour ce qui perce des beautés homériques à travers les traductions les plus infidèles. […] Ce n’est là qu’une sorte de mérite ; il en est un autre plus rare, qui consiste à admirer les beautés partout où elles sont. […] Pour lui les beautés des lettres ne sont que de froides notions. […] Dans un Cicéron doublé d’un Sénèque, il se serait résigné aux beautés pour avoir les vues, et il aurait volontiers passé par le vieux pour arriver au neuf.

380. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Louise Labé, qui a très-bien pu, même avant son mariage avec le cordier Ennemond Perrin, s’être appelée la Belle Cordière, prit rang de bonne heure, et, dès l’âge de seize ans, sa beauté et son esprit la produisirent. […] Il est à croire qu’elle suivit en effet à ce siége ou son père ou son frère, fournisseurs peut-être à l’armée, et de là à ses exploits chevaleresques, un peu exagérés sans doute par les poëtes et les admirateurs de sa beauté, il n’y a qu’un pas. […] … Et quant à ce qui est des jeunes filles poëtes qui parlent aussi tout haut de la beauté des jeunes inconnus, nous aurions à invoquer plus d’un brillant et harmonieux témoignage, que personne n’a oublié, et où l’on n’a pas entendu malice apparemment8. […] … » Il règne dans tout ce passage une éloquence vive et comme une expression d’après nature ; le mouvement de comparaison soudaine avec Orphée : « Combien en vois-je… » est d’une véritable beauté. — Mercure a donc mis dans tout son jour la vieille ligue qui existe entre Folie et Amour, bien que celui-ci n’en ait rien su jusqu’ici. […] Ce dernier vers pourra sembler un peu serré, un peu dur, mais le sentiment général, mais l’expression vive du morceau, ces yeux qui tarissent, montrer signe d’amante, ce sont là des beautés qui percent sous les rides et qui ne vieillissent pas.

381. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Sully-Prudhomme est austère et beau, d’une beauté toute spirituelle, et qui se sent mieux à la réflexion. […] Car, que pouvons-nous rêver de supérieur à la beauté de l’homme et de la femme, à celle de la nature ou à l’éclat du soleil  ? […] Mais il reste ceci que le poète, cherchant la manifestation suprême de la beauté plastique, n’a rien trouvé de mieux que le musée du Louvre ou les Offices de Florence. […] gloire à toi, le vrai père, Source de joie et de beauté, D’énergie et de nouveauté, Par qui tout s’engendre et prospère ! […] Si elles ne peuvent en augmenter beaucoup la beauté poétique et plastique, elles lui restituent du moins toute sa beauté logique et de construction, si je puis dire.

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