Frappé des beautés frustes, mais dramatiques, de la pièce des Brigands, et des beautés littéraires de Fiesque et de la tragédie de Don Carlos, il songeait déjà à appeler Schiller d’Iéna à Weimar, pour y faire écrire et représenter ses chefs-d’œuvre sur la scène du palais. […] La jeune fille, à peine entrée dans son printemps, avait la candeur et la fleur de beauté de Marguerite dans le jardin de la voisine. […] Sa mâle beauté, sa tendre déférence, le prestige de son nom, plus grand que nature dans l’esprit de la jeune fille, enlevèrent le cœur et le consentement de la jeune messagère. […] Sa beauté portait l’empreinte du climat, son esprit avait la flamme de son ciel. […] La beauté est la tentation de l’homme, la gloire est la séduction de la femme.
Il a le sentiment de la beauté des choses. […] Elle découvrit la beauté des misérables. […] C’était une beauté grecque ou une beauté française, suivant qu’il lui convenait ; seulement il lui manquait l’éclat du teint. […] Zola ignore la beauté des mots comme il ignore la beauté des choses. […] Sa beauté ne la rassurait point.
En général, les hommes gagnent à cette reproduction par le trait, tandis qu’avec les femmes il faut quelque effort d’imagination pour y ressaisir leur délicatesse et leur fleur de beauté. […] On ne sait pas bien la date de sa naissance, ni par conséquent l’âge qu’elle avait lorsqu’elle mourut si subitement à la fleur encore de la jeunesse et dans tout l’éclat de sa beauté. […] Le genre de beauté de Gabrielle une fois attesté par l’impression générale, on peut s’en rendre compte d’après ses portraits et le conclure encore plus que l’y voir à travers la raideur qui n’est que dans l’image, et sous la parure qui de loin la surcharge un peu. […] Que si l’on obtenait des femmes par souhait, afin de ne me repentir point d’un si hasardeux marché, ajoute-t-il, j’en aurais une, laquelle aurait, entre autres bonnes parties, sept conditions principales, à savoir : beauté en la personne, pudicité en la vie, complaisance en l’humeur, habileté en esprit, fécondité en génération, éminence en extraction, et grands États en possession. […] C’est une merveille, confesse le satirique d’Aubigné lui-même, comment cette femme, « de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif », a pu vivre plutôt en reine qu’en maîtresse tant d’années et avec si peu d’ennemis.
Mais il est vrai que ces œuvres lui sont un peu supérieures, et ce que nous y voyons aujourd’hui de défectueux et de mort, fut nécessaire alors pour établir la communication entre elles et le public : c’est par ces formes passagères et fragiles que le monde abordait, par exemple, Bajazet, ou Phèdre, et s’élevait de là aux essentielles et solides beautés du poème. […] La doctrine de Boileau fut amputée précisément de ce qu’elle avait de plus éminent et caractéristique, de ce double caractère naturaliste et esthétique, où s’exprimait, avec le génie même de l’auteur, la spéciale beauté du grand art classique. […] Au lieu de les employer comme moyens d’où résulte la forme expressive et belle, l’idée d’agrément et de beauté s’attache à leur observance même ; un sec formalisme s’impose à la littérature, par une méprise analogue à celle de certains dévots qui croient gagner le ciel par des formules verbales et des actes physiques, sans l’élan du cœur et sans l’amour. […] À la fin du xviiie siècle, en vérité, on se trouve si loin du vrai Boileau et des grands artistes auxquels la haute partie de sa doctrine s’appliquait, que quand nous y rencontrons un classique, mais un pur classique au grand et beau sens du mot, selon l’esprit profond de l’Art poétique, un artiste capable de sentir la nature et de créer la beauté, nous sommes tentés d’en faire un révolutionnaire et le précurseur d’un art nouveau. […] Les littératures étrangères et populaires ont présenté des types inconnus de beauté ; les sciences ont fourni leurs méthodes et leurs systèmes pour fonder de nouvelles doctrines esthétiques et critiques.
Un coin du voile est levé, l’œuvre de Dieu est mieux connue ; de nouvelles idées d’ordre, de beauté, d’harmonie, entrent dans nos esprits charmés, à la suite de ces vérités qui guident désormais les naturalistes, en brillant pour tout le monde. […] Son cygne, je dis le sien, « est fier de sa noblesse et de sa beauté. » Il ôte au cygne de la nature le mérite de sa grâce, qui est de s’ignorer elle-même. […] De là ses descriptions passionnées, et parmi des erreurs que la science a redressées avec son aide, un sentiment de la vie, de la beauté, de la force dans les animaux, de la convenance de leur organisation à leurs besoins, de leurs mœurs à leurs destinées, qui rachète le tort du grand naturaliste en nous rendant plus sensible le Dieu dont il s’est passé. […] Les fleurs de l’Esprit des lois s’excusent comme les enjolivements de l’Histoire naturelle des animaux ; c’était l’appât nécessaire pour attirer à leurs beautés fécondes la foule qui ne regarde qu’où il y a du spectacle, et n’écoute que ce qui fait du bruit. […] Il avait sous la plume le mot nature ; s’il écrit « l’auteur de la nature », c’est qu’à ce moment-là, l’explication des beautés de l’ordre suprême par une force aveugle et impersonnelle ne satisfait pas son esprit.
Je dis l’illusion, Messieurs, car si vous examinez le mouvement littéraire, artistique et intellectuel du Moyen-Âge, vous reconnaîtrez bientôt que cette nuit n’était pas aussi obscure qu’on a voulu le dire et que, si le courant était tout autre que celui qui devait triompher par la suite, il avait sa force, sa grandeur et sa beauté. […] Comment ce mot de beauté, que je viens d’employer, peut-il s’appliquer également aux tragédies de Sophocle, d’un dessin si net, d’un plan si parfait, et aux drames informes que des confréries représentaient pendant des journées entières sur des tréteaux dressés en plein vent ? […] Firenzuola trace le code de la beauté féminine. […] Maintenant, dans l’œuvre que je viens de citer : « Dieu a créé l’homme afin qu’il connaisse les lois qui régissent l’univers qu’il en aime la beauté, qu’il en admire la grandeur ». […] Par des œuvres comme la Mort de César et Iphigénie, Shakespeare et Goethe ont montré qu’ils connaissaient l’antiquité, qu’ils en avaient compris les beautés et pénétré le sens.
Quoi qu’il fasse, il reste épris de la beauté, même humaine. […] Ses lettres à son ami Boileau, à son fils Jean-Baptiste, d’une simplicité si vraie, respirent la plus rare beauté morale ; et quelle tendresse on devine sous cette forme prudente et contenue, imposée par la « politesse » du temps et par la pudeur chrétienne ! […] C’est dans cette fiction qu’il voit la beauté : « De la fiction, il en faut partout. […] Pareillement, « la faculté maîtresse » explique tout dans l’œuvre d’un artiste, excepté la beauté. […] La beauté même du siècle de Périclès, si Taine avait pu dépouiller les archives athéniennes, n’eût pas résisté à cette opération.
Or il est vrai que l’art n’a qu’un seul but : la beauté ; l’art n’a pas à se préoccuper de la morale ; c’est une vérité qu’il faut proclamer bien haut ; pour ma part je la défends depuis vingt ans. […] Et tout se tient : l’artiste qui réalise une œuvre de beauté, atteint par là même au Bien, sans y avoir visé ; et inversement : une œuvre qui contredit aux notions les plus élémentaires de la morale ne saurait être une œuvre de beauté sincère ; elle peut s’imposer un temps, par la réclame, par ses défauts autant que par ses qualités ; elle ne durera pas. […] — La beauté de certains fragments est indéniable ; ce ne sont que des fragments. […] Artistes sincères, artistes avant tout, ils ont fait œuvre de beauté. Le drame moderne, grâce à une compréhension plus large de l’humanité, et grâce aux libertés conquises, mènera sans doute à une beauté nouvelle.