Il y faut joindre un volume de Poésies inédites, publié en 1873 ; et d’assez nombreuses poésies de jeunesse, éparses dans le premier volume de sa Correspondance ; 2º Ses Romans : Raphaël, 1849 ; — Geneviève, 1850 ; — Le Tailleur de pierres de Saint-Point, 1851 ; — Graziella, 1852 ; et [quoique d’ailleurs il s’y rencontre beaucoup de vérité mêlée à beaucoup d’imagination]. — Les Confidences, 1849 ; — et Les Nouvelles Confidences, 1851 ; 3º Son Voyage en Orient, 1832-1833 ; 4º Son Histoire des Girondins, 1847 ; — et son Histoire de la Restauration, 1852, etc. […] 2º Le rôle de Baudelaire ; — et qu’il est tout à fait posthume. — Les Fleurs du mal elles-mêmes auraient passé presque inaperçues, — sans l’espèce de condamnation qui leur valut dans leur nouveauté une popularité de mauvais aloi. — Mais sa mort, en 1867, ayant ramené l’attention sur Baudelaire, — et levé le scrupule que beaucoup de gens eussent eu de son vivant à se dire son admirateur ou son disciple, — c’est à partir de ce moment qu’il a exercé, — et qu’il exerce encore une influence réelle, — dont on peut réduire l’action à trois points. — Il a réalisé cette poésie morbide, — qu’avait rêvée Sainte-Beuve au temps de sa jeunesse, — et dont le principe est l’orgueil d’avoir quelque maladie plus rare ou plus monstrueuse. — Il a découvert ainsi et exprimé quelques rapports, — dont le caractère maladif est relevé par l’acuité des sensations qu’ils procurent ; — et aussi par la brutalité même des mots dont on a besoin pour les exprimer. — Et enfin, en s’attachant à l’expression de ces rapports, — il a inauguré le symbolisme contemporain ; — si ce symbolisme consiste essentiellement dans le mélange confus du mysticisme et de la sensualité. — La question qui se pose d’ailleurs sur ces « innovations » — est de savoir jusqu’à quel point l’auteur en fut sincère — et si toute une école n’a pas été la dupe d’un dangereux mystificateur.
Il échouera s’il ne s’est rendu compte des difficultés nombreuses de bâtir sur un plan régulier une fable ridicule et morale ; et son premier succès obtenu, sans beaucoup de peine et avec peu d’art, ne lui méritera pas aux yeux des connaisseurs le nom de savant auteur comique. […] Entendons-nous ; j’avoue que ce peu de règles suffit pour les grands maîtres qui savent tout ce que renferme leur application : mais il n’est pas beaucoup de gens qui les conçoivent comme eux, et qui puissent tirer de ces principes généraux toutes les lois particulières qui en dérivent ; on les interprète à sa guise ; et c’est faute de les comprendre entièrement que les avis ne sont jamais d’accord sur les ouvrages de goût.
Il y a deux créatures que j’envie : un cheval sauvage qui traverse une forêt d’Asie, ou une huître sur quelque côte déserte de l’Europe ; l’un n’a pas un désir qu’il ne satisfasse, l’autre n’a ni désir ni crainte1179. » Il était toujours dans les extrêmes, au plus haut, au plus bas, le matin prêt à pleurer, le soir à table ou sous la table, épris de Jeanne Armour, puis, sur son refus, s’engageant à une autre, puis retournant à Jeanne, puis la quittant, puis la reprenant encore, parmi beaucoup de scandales, de souillures et encore plus de dégoûts.
L’observation et l’expérience sont sans doute nécessaires ici pour arriver au principe, c’est-à-dire pour découvrir l’aspect sous lequel il fallait envisager les choses ; mais, à la rigueur, avec beaucoup de chance, on eût pu le trouver tout de suite ; et, dès qu’on possède ce principe, on en tire assez loin des conséquences que l’expérience vérifiera toujours.
Cette nuit, par exemple, la pauvrette a fait un mauvais rêve, et Adam, en bonnet carré, lui administre cette docte potion psychologique508 : « Sache que dans l’âme il y a beaucoup de facultés inférieures qui servent la Raison comme leur souveraine.
Mais il y a encore beaucoup de catholiques en France, — et un fond catholique permanent.
Beaucoup de vers, dans ces recueils, gagneraient à être ainsi séparés de leurs compagnons de rimes ; celui-ci : Car j’ai, vivant malgré les cailloux destructeurs, Un grand oiseau de mer enfermé dans le cœur.
C’est déjà beaucoup de suivre quelques rhéteurs, sans m’engager encore à vous dérouler la liste des pédants. […] Il est de beaux sujets où l’on ne la peut éviter, et un auteur scrupuleux se priverait d’une telle occasion de gloire, et le public de beaucoup de satisfaction, s’il n’osait s’enhardir à les mettre sur le théâtre, de peur de se voir forcé à les faire aller plus vite que la vraisemblance ne le permet. » On ne niera pas que cette indulgence, sollicitée par le vieux fondateur de notre scène tragique et comique, est bien contraire à la rigueur des lois que prétendent nous imposer les aristarques du jour.