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404. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru qu’un visage immuable, averti par un ami de ce dernier, se mit tout d’un coup à lui parler d’Horace, d’une traduction dont il était curieux et qu’il n’avait pu se procurer encore : ici l’administrateur général ne put s’empêcher de sourire ; il ne s’attendait pas à ce mot sur Horace, qui était la clef du cœur, et il redevint un moment ce qu’il était toujours et si aisément quand l’absolu devoir ne l’enchaînait pas. […] Il faut toujours que j’attende la paix pour payer mes dettes. […] Ce travail est ce qu’on pouvait attendre d’un esprit droit, ferme, solide, qui ne se paie point de prestiges brillants, de feux d’artifice, mais qui n’est point fermé non plus aux inspirations élevées et éloquentes, fussent-elles nouvelles et imprévues.

405. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Avec la permission du roi, il vendit donc cette charge au fils de Mme de Sévigné avant la fin de la campagne (mai 1677) ; la paix de Nimègue était près de se conclure : il n’eut pas la patience de l’attendre. […] Il y a souvent en l’homme un défaut dominant et profond, un vice caché qui se dissimule, qui est honteux de paraître ce qu’il est, qui aime à se déguiser dans la jeunesse sous d’autres formes séduisantes, à se donner des airs de noble et belle passion : attendez les années venirt, le vice caché va s’ennuyer des déguisements et des détours, ou si vous l’aimez mieux, il va hériter de ces autres passions plus faibles et éphémères qui se jouaient devant lui ; il va les dévorer et grossir en les absorbant en lui-même et les engloutissant : alors on le verra se démasquer tout à la fin et se montrer crûment sans plus de honte, laid, difforme, et, pour tout dire, monstrueux. […] C’est une rude gageure que de se dire : « Je passerai une grande partie de ma vie dans une époque sans en être, sans la servir comme elle veut être servie, et j’attendrai que l’heure propice et plus d’accord avec mon humeur soit revenue. » La Fare fît peut-être à certain moment cette gageure, mais il la perdit.

406. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

La forme est assez fine, ainsi qu’on doit l’attendre de Franklin ; le fond est d’une crudité et d’un radicalisme qui égale tout ce que nous avons pu entendre à ce sujet. […] Fortoul a présenté aux maîtres en chaque branche une idée nette du genre de services qu’on attend d’eux, et, qui plus est, comme un spécimen et un modèle de la classe même qu’ils ont à faire, avec tout ce qui doit y entrer. […] Il faut toutefois reconnaître que le genre d’ardeur qui animait les générations de ce temps-là est depuis longtemps épuisé, et que tout le bien ou même le mal qu’on en pouvait attendre en est sorti.

407. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Il n’apprenait que très difficilement, et on s’attendait qu’il aurait avec le temps plus de bon sens que d’esprit. […] Les sentiments qu’ils expriment l’un et l’autre sur ce roi redouté qui les a fait tant souffrir, et sur sa perte prochaine, sont ce qu’on peut attendre de natures sincères et dont le fonds n’est pas méchant. […] Alphonse François, dans une lettre à Moncrif, datée de Colmar le 24 avril 1754 (tome i, page 241) : Je fus tout ébahi hier quand on vint me dire dans ma solitude de Colmar que la sœur du roi de Prusse, Mme la margrave de Bareith, m’attendait à souper, et où ?

408. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

La Gloire et la Renommée sont en l’air, qui l’attendent avec des couronnes. […] Mais il temporise, il attend son heure et l’occasion : il se ménage aussi des prétextes pour ne point paraître l’agresseur. […] Louis XIV, en l’apprenant, s’en étonne comme s’il n’avait pas dû s’y attendre : il compte jusqu’au dernier moment sur un repentir.

409. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

La nuit est venue ; le comte Herman est dans son appartement ; il paraît calme, content de lui ; il a assez bien mené sa triple intrigue : il se flatte d’avoir louvoyé assez habilement tout le soir entre Emma et Pompéa, sans trop se trahir ; la Lisette, au moyen d’un signe convenu, vient de lui faire tenir une réponse favorable pour le rendez-vous de minuit ; enfin il a donné un rendez-vous à Pompéa pour ce soir même, tout à l’heure, dans son appartement, et il l’attend de pied ferme. […] Ici l’on a une éloquente et passionnée réponse où Pompéa, comme une prêtresse égarée, évoque et rassemblé dans une idéale image toute la poésie et l’âme de sa jeunesse : « Je te dois tout, s’écrie-t-elle, le bien comme le mal ; pour être, j’ai attendu un signe de ta volonté, et tu m’as faite semblable à toi. […] Je ne marche en ceci que d’accord avec tous les vrais moralistes : « La durée de nos passions, a dit le plus grand, ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie. » Ce même moraliste (La Rochefoucauld) a dit encore : « Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est toujours l’établissement d’une autre… On pourrait dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie, comme des hôtes chez lesquels il faut successivement loger. » Or ceci me devient une lumière, et je la propose humblement au comte Herman, afin de mieux assurer son bonheur et de fortifier sa constance ; car, comme tous les Almavivas convertis, il me paraît de sa nature un peu fragile.

410. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

A un certain endroit de son Don Quichotte que nous avons relevé en passant, il semblait dire : « Je raille ici les mauvais romans de chevalerie, mais attendez, patience ! […] Nous l’attendîmes ; et voilà que survint, monté sur une bourrique, un étudiant tout gris, car il était habillé de gris des pieds à la tête. […] On n’attendit même pas pour cela les traductions de Rosset et d’Oudin (1618, 1620).

411. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Ces amitiés, Messieurs, s’il m’est permis désormais de leur donner ce nom, ces amitiés précieuses et illustres, en voulant bien me tendre la main du milieu de vous, m’ont enhardi et comme porté ; elles m’ont rendu presque facile un succès que d’autres plus dignes ont attendu plus longtemps ; il se mêle malgré moi aujourd’hui un reste d’étonnement et de surprise jusque dans la reconnaissance. […] Vous n’attendez pas, Messieurs, que j’aille m’ériger ici en juge, discuter des genres, réveiller ou trancher de vieux débats. […] Nous ne craignons pas ici de soulever avec respect un voile pieux qui est désormais celui du deuil : le voyage d’Italie réalisa tout son rêve, il y vit tout ce qu’il attendait du passé, il trouva plus ; son cœur rencontra celle qui lui était destinée, et son avenir s’enchaîna.

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