III J’attendais, je l’avoue, avec impatience le moment où un hasard quelconque, mais un hasard certain, quoique tardif, ramènerait le nom du cardinal Consalvi dans la discussion des grands noms de mon époque pour lui rendre témoignage. […] Il attendit patiemment, n’ayant alors pour tout emploi salarié que sa pension de deux cents écus romains (1 200 F.). […] J’étais jeune encore, — j’avais environ trente-cinq ans, — et mon âge me permettait d’attendre le décanat, quelque lenteur qu’il mît à venir. […] Comme j’étais bien résolu de mourir auditeur ou d’attendre le cours naturel des choses, afin d’en être le doyen et d’arriver au cardinalat par cette voie, je crus que visiter la famille Braschi, ce serait alors gratitude et non plus intérêt. […] Chiaramonti en fut ému et troublé souverainement, d’autant plus qu’il s’y attendait moins et qu’il n’aurait jamais pu le croire.
Ce fut le trou de la bombe, — et de la bombe qu’on n’attend pas ! […] personne n’attendait de M. […] Ne vous attendez pas à quelque chose de grandiose dans le mal, qui jamais, jamais, n’est grandiose et qui rapetisse toujours l’homme ; car l’homme n’est grand que dans le bien. […] Qui donc, parmi les admirateurs de la Révolution française ou parmi ses haïsseurs éternels et implacables, s’attendait à un tel livre, venant d’une telle main ? […] Au premier coup terrible contre la Révolution, qui a été une si effroyable surprise parmi les révolutionnaires, succéda le second, aussi terrible, tout aussi à fond… Mais celui-là, on s’y attendait, et on n’a pas crié.
J’ai aussi une passion particulière pour Scaliger, des œuvres duquel j’aime et chéris les Épîtres et les Poèmes particulièrement ; j’honore aussi extrêmement ses autres œuvres, mais je ne les entends point… Ici se décèle plus naïvement qu’on n’aurait pu l’attendre la part de superstition et de croyance sur parole qui se mêlait à ces cultes et à ces admirations ultra-classiques de Gui Patin. […] … Dieu ne manque jamais de punir ces brutaux épicuriens, et l’on ne saurait manquer d’attendre de lui telle justice. […] Il a vu Spon en 1642, et, des années après, il pourrait, s’il était peintre, tracer son portrait tel qu’il était alors : « Je pense si souvent à vous que je vous vois à toute heure. » Dans les interruptions de la Fronde, il attend les lettres de Spon aussi impatiemment que les créanciers du roi d’Espagne attendent les galions.
Puis, plus tard, au milieu de tous ses mécomptes et de ses découragements moroses, il eut encore le sentiment net des situations diverses et des principaux moments de la Révolution : il comprit les temps où il fallait attendre et se taire (1794), ceux où il n’était possible que de marchander et de biaiser (1795), ceux enfin où il était bon de reparaître et où le nœud ne devait être résolument tranché que par l’épée (1799). […] Pendant ces années 1798-1799, où se fit l’expédition d’Égypte, Roederer, comme s’il eût compris qu’il n’y avait qu’à attendre, s’occupa moins de discussions politiques ; il écrivit de préférence sur la littérature ; il s’attacha à réfuter l’ouvrage de Rivarol contre la philosophie moderne ; car, en fait de doctrines philosophiques et autres, la pensée de Roederer était de rectifier le xviiie siècle sans l’abjurer. […] Quand il s’était assuré que Sieyès n’avait ou n’attendait chez lui personne d’étranger (car, pour ne pas donner d’ombrage à ses quatre collègues logés comme lui dans le petit hôtel du Luxembourg, il ne fermait jamais sa porte), on m’avertissait dans la voiture où j’étais resté, et la conférence avait lieu entre Sieyès, Talleyrand et moi. […] » (Les Œuvres littéraires de Lebrun ne consistaient qu’en des traductions d’Homère et du Tasse.) — Bonaparte : « Je verrai ses épîtres dédicatoires. » — Moi, en riant : « Pour le coup, voilà une curiosité à laquelle je ne m’attendais pas.
C’est à ce point que les nègres de nos îles sont infiniment plus heureux ; car, en travaillant, ils sont nourris et habillés, avec leurs femmes et leurs enfants ; au lieu que nos paysans, les plus laborieux du royaume, ne peuvent, avec le travail le plus dur et le plus opiniâtre, avoir du pain pour eux et leur famille, et payer les subsides. » En 1740613, à Lille, à propos de la sortie des grains, le peuple se révolte. « Un intendant m’écrit que la misère augmente d’heure en heure ; le moindre risque pour la récolte fait cet effet depuis trois ans… La Flandre est surtout bien embarrassée ; on n’a pas de quoi attendre la récolte, qui ne sera que dans deux mois d’ici. […] Dans un canton reculé, les paysans coupent les blés encore verts et les font sécher au four, parce que leur faim ne peut attendre. […] Le paysan est trop pauvre pour devenir entrepreneur de culture ; il n’a point de capital agricole640. « Le propriétaire qui veut faire valoir sa terre ne trouve pour la cultiver que des malheureux qui n’ont que leurs bras ; il est obligé de faire à ses frais toutes les avances de la culture, bestiaux, instruments et semences, d’avancer même à ce métayer de quoi le nourrir jusqu’à la première récolte. » — « À Vatan, par exemple, dans le Berry, presque tous les ans les métayers empruntent du pain au propriétaire, afin de pouvoir attendre la moisson. » — « Il est très rare d’en trouver qui ne s’endettent pas envers leur maître d’au moins cent livres par an. » Plusieurs fois, celui-ci leur propose de leur laisser toute la récolte, à condition qu’ils ne lui demanderont rien de toute l’année ; « ces misérables » ont refusé ; livrés à eux seuls, ils ne seraient pas sûrs de vivre En Limousin et en Angoumois, leur pauvreté est telle641, « qu’ils n’ont pas, déduction faite des charges qu’ils supportent, plus de vingt-cinq à trente livres à dépenser par an et par personne, je ne dis pas en argent, mais en comptant tout ce qu’ils consomment en nature sur ce qu’ils ont récolté. […] De son côté, ce métayer ne songe qu’à vivre avec le moins de travail possible, à mettre le plus de terrain qu’il peut en dépaître ou pacages, attendu que le produit provenant du croît du bétail ne lui coûte aucun travail.
Après avoir préparé son âme à attendre avec calme ce grand et terrible événement, ses inquiétudes se portèrent sur le bonheur des personnes de sa famille qu’il laissait après lui ; il désirait leur communiquer d’une manière solennelle le résultat de l’expérience d’une vie longue et toujours active. […] Ne pouvant en même temps se dissimuler l’état d’infirmité où il était lui-même, il les exhortait à ne se plus considérer comme des enfants, mais comme des hommes ; car il prévoyait que les circonstances où ils allaient se trouver les réduiraient bientôt à la nécessité de mettre à l’épreuve leurs talents et leurs moyens personnels. « On attend à toute heure l’arrivée d’un médecin de Milan, leur dit-il ; mais pour moi, c’est en Dieu seul que je mets ma confiance. » Soit que le médecin ne fût pas arrivé, ou que le peu de confiance que Pierre avait dans ses secours fût bien fondé, environ six jours après, le premier jour d’août de l’année 1464, Côme mourut, à l’âge de soixante et quinze ans, profondément regretté du plus grand nombre des citoyens de Florence, qui s’étaient sincèrement attachés à ses intérêts, et qui craignaient que la tranquillité de la ville ne fût troublée par les dissensions qui allaient probablement être la suite de ce triste événement. […] « Les effets de cette passion sur le cœur de Laurent furent tels qu’on pouvait les attendre d’une âme jeune et sensible. […] Le signal qui devait être donné par eux est attendu par l’œil attentif des conjurés.
Le bénéfice attendu de cette entreprise doit porter sur les conditions matérielles, de luxe ou de bon marché, que dicte l’intérêt : élever un monument, divulguer. […] Peut-être, attendu que le privilège toléré par une législation incomplète tourne à l’abus. […] Si vous avez attendu un commentaire murmuré et brillant à votre piano ; ou encore me vîtes-vous, peut-être, incompétent sur le cas de volumes, romans, feuilletés par vos loisirs. […] Il importe que dans tout concours de la multitude quelque part vers l’intérêt, l’amusement, ou la commodité, de rares amateurs, respectueux du motif commun en tant que façon d’y montrer de l’indifférence, instituent par cet air à côté, une minorité ; attendu, quelle divergence que creuse le conflit furieux des citoyens, tous, sous l’œil souverain, font une unanimité — d’accord, au moins, que ce à propos de quoi on s’entre-dévore, compte : or, posé le besoin d’exception, comme de sel !
Si j’ai fait bien comprendre la pensée de ce livre, on ne doit pas s’attendre à y trouver une place pour l’Encyclopédie. […] Je ne suis pas si inquiet sur la gloire de Bernardin de Saint-Pierre que cet apologiste qui, trouvant sans doute Paul et Virginie un trop petit bagage, nous renvoie aux Études, « non pour y voir le grand peintre, dit-il, ce qui est n’y rien voir, mais pour y admirer la pensée supérieure qui unit l’homme aux nations, les nations au monde, et le monde à Dieu125. » Si Bernardin de Saint-Pierre avait à attendre sa gloire jusqu’au jour où le monde sera d’accord avec son apologiste sur « la pensée supérieure » des Études, il l’attendrait longtemps. […] On y pleure non seulement du pathétique de l’aventure, toujours poignante, quoique toujours attendue, mais de l’émotion du beau qui poétise toutes ces pages.