/ 1746
1628. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ainsi compris, le monde change d’aspect : ce n’est plus une machine de rouages engrenés, comme le dit le savant, ni une magnifique plante florissante, comme le sent l’artiste : c’est l’œuvre d’un être moral étalée en spectacle devant des êtres moraux. […] Le propre de l’artiste est de couler les grandes idées dans des moules aussi grands qu’elles ; ceux de Wordsworth sont en mauvaise glaise vulgaire, ébréchés, incapables de garder le noble métal qu’ils doivent contenir.

1629. (1925) Dissociations

Mais, comme j’ai trempé, au temps de ma jeunesse dans ladite Renaissance, il ne m’a jamais été possible de m’en désintéresser complètement et il me plaît de voir considérer comme de grands artistes et même de grands penseurs catholiques des écrivains auxquels des œuvres d’un moment n’ont pas toujours été inutiles ; j’ai découvert la littérature latine du moyen âge, ou du moins sa valeur esthétique, et j’ai vu en même temps que ce qui fait encore sa beauté, c’est la naïveté de la foi qui y est incluse. […] Est-ce que c’est un souci digne d’un « artiste », d’un homme aux cheveux longs ?

1630. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Tout art d’imitation est fondé sur un mensonge : ce mensonge est une espèce d’hypothèse établie et admise en vertu d’une convention tacite entre l’artiste et ses juges. Passez-moi ce premier mensonge, a dit l’artiste, et je vous mentirai avec tant de vérité que vous y serez trompés.

1631. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Dans la composition d’une oeuvre géniale comme dans une simple décision libre, nous avons beau tendre au plus haut point le ressort de notre activité et créer ainsi ce qu’aucun assemblage pur et simple de matériaux n’aurait pu donner (quelle juxtaposition de courbes connues équivaudra jamais au trait de crayon d’un grand artiste ?) […] Mais si un simple arrêt de l’action génératrice de la forme pouvait en constituer la matière (les lignes originales dessinées par l’artiste ne sont-elles pas déjà, elles-mêmes, la fixation et comme la congélation d’un mouvement ?)

1632. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La Renaissance finit, l’âge classique s’ouvre, et l’artiste fait place à l’écrivain. […] Chez Shakspeare, les entretiens ressemblent à des assauts ; vous croiriez voir des artistes qui s’escriment de mots et de gestes dans une salle d’armes. […] comme nous savons gré au grand artiste d’avoir si bien transformé les choses !

1633. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Leur exacte et minutieuse description des sentiments aboutit toujours à une approbation ou à un blâme ; ils ne sont pas artistes, mais moralistes ; c’est seulement en pays protestant que vous trouverez un roman employé tout entier à décrire les progrès du sentiment moral dans une enfant de douze ans1332.

1634. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

En effet, le problème de ses origines est identique à celui des origines de l’esprit humain, et, grâce à lui, nous sommes vis-à-vis des âges primitifs comme l’artiste qui devrait rétablir une statue antique d’après le moule où se dessinèrent ses formes.

1635. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Là est l’explication de cette singularité que, ayant eu quelquefois à émettre des conseils pratiques dans l’intérêt de mon pays, ces conseils ont été au rebours de mes opinions d’artiste.

/ 1746