Sur un portrait Les nouvelles générations de poètes et d’artistes s’engagent dans une voie esthétique où il va être bien difficile de les suivre. […] La couverture porte : « Avec un portrait de l’auteur par Pablo Picasso. » On tourne et voici une épure géométrique fort belle où l’on distingue au bout d’un moment un œil en haut et l’autre plus bas, quelques cheveux jetés dans un coin vers le sommet, une oreille aussi, en somme rien de ce qu’on appelle vulgairement un portrait et cependant on sent que l’artiste sait dessiner, qu’il n’a nullement fait un gribouillis de hasard, qu’il obéit à une méthode. […] Depuis quelques années, après la période ibsénienne, nous sommes sous la domination russe et, pour ne parler que du théâtre et s’en tenir même à l’aspect extérieur, qui pourrait nier que le décor et la mise en scène des artistes russes ne soient en train de démoder jusqu’au ridicule la manière française ?
« Ôtez la pauvreté de ce monde, laissez le monde à Plutus… soudain, plus de poètes, plus d’artisans, plus d’artistes ! […] Parmi les danseuses du divertissement, les mêmes noms se retrouvent, mêlés aux noms des artistes suivant la cour ; ceux-là, danseurs et danseuses par métier, restaient chargés des grands rôles, des railleries, des bruits, des chansons et des belles danses en dehors de la danse noble. […] Et quand on songe que lui seul, Molière, parmi tous les artistes du monde français, se trouve entouré de ces souvenirs perpétuels, on se prend à se demander si la postérité a été juste, quand elle n’a accordé qu’à celui-là, cette louange éternelle ? […] Le roi est absent, mademoiselle de La Vallière, assise sur les marches de ce trône adultère, semble gouverner à la royale, et ses fidèles sujets les poètes, les musiciens, les artistes, composent pour la jeune duchesse, un de ces divertissements qui amusaient tant cette jeune cour. […] « pour sa science et pour son génie, qui peuvent enseigner aux artistes, quelle que soit leur profession, que : l’art et la poésie de la nature expriment le vrai au travers du prisme de l’idéal ».
C’est là qu’il convoquait tous les poètes et tous les artistes de l’Italie à jouir des magnificences et à concourir à la gloire de la maison d’Este. […] Tels furent les véritables grands hommes dans l’antiquité et dans tous les temps, les Homère, les Aristote, les Socrate, les Cicéron, les Solon, les Virgile, les Raphaël, les Michel-Ange, les Shakespeare, les Racine, les Fénelon, les poètes, philosophes, législateurs, hommes d’État, orateurs, artistes, chez lesquels une imagination grandiose était en rapport exact avec une infaillible raison.
Quant à ces salons où la royale comtesse était si impatiente d’avoir sa cour et que la sauvagerie d’Alfieri tenait si obstinément fermés, ils vont enfin s’ouvrir : grands seigneurs et grandes dames, hommes de guerre et hommes d’État, écrivains et artistes, y affluent bientôt de toutes parts ; c’est le foyer littéraire de l’Italie du nord, c’est un des rendez-vous de la haute société européenne. […] « Ici les défenseurs de la comtesse d’Albany, qui ne peuvent nier son attachement pour le jeune artiste de Montpellier, essayent de soutenir qu’ils étaient secrètement mariés.
Le français, l’italien, le grec, le latin, l’histoire, la théologie, la poésie, la musique, la danse se partageaient, sous les plus savants maîtres et sous les plus grands artistes, ses études. […] L’amour pour l’artiste n’avait pas tardé à naître de l’attrait pour l’art.
Il est arrêté par le bruit artiste d’un marteau, un marteau qui reprenait, se taisait, avait l’air de causer avec l’homme, le maniant : un marteau qui était comme une intelligence, et qui n’était pas le marteau bête d’un ouvrier européen. […] C’est là tout le motif de la ciselure, et ces deux feuilles, qui font tout le décor imaginé par l’artiste, composeraient également tout le libretto d’un poème de là-bas.
Les entrailles de ce faible, qui ne fut qu’un artiste, furent plus fortes que l’intelligence, et depuis lui, personne, parmi nous, n’a osé toucher sans épouvante à ce sujet, qui fait dire tant de sottises aux adversaires de l’Église et tant de lâchetés à ses défenseurs ! […] Son fils Henri, dont Forneron, souvent très artiste (voir son portrait d’Élisabeth et surtout sa mort de Marie Stuart), écrit qu’il avait le charme et la témérité de Borgia, — un Borgia blond, « plus Italien que Lorrain, malgré ses cheveux d’or, plus paladin que général, plus conspirateur qu’homme d’État, et qui mourut d’une conspiration », — eut, par un hasard inouï de guerre, le bonheur de prendre à son père, par une blessure reçue à la même place, son fier surnom de Balafré.
Il y avait antipathie entre eux : La Bruyère était philosophe, mais encore plus artiste ; l’abbé de Saint-Pierre écrivait aussi peu et aussi mal que La Bruyère écrivait bien.