/ 1669
983. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Certes, si ce grand parti avait eu une autre attitude pendant les quinze ans que la Providence lui accorda pour se reconstituer, il eût apparu à la France avec une bien autre importance en 1848, et le nom de sa dynastie, restauré par le temps et prononcé dans la tempête, aurait eu des millions d’échos dans le suffrage universel. […] Une révolution à courte échéance m’apparaît à travers ces actes de défi à la France. […] « Messieurs, dit-il, j’avoue que j’ai été ému jusqu’au renversement de mes propres pensées par les raisons toutes neuves et, selon moi, toutes-puissantes, que M. de Lamartine vient de nous faire apparaître.

984. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Tous ces phénomènes simultanés et successifs étaient parfaitement coordonnés ; Jeanne communiquait avec un véritable monde surnaturel composé de quatre personnages : saint Michel, le premier apparu et le garant des trois autres, saint Gabriel, sainte Catherine et sainte Marguerite. […] Socrate ne croyait guère à des dieux personnels ; s’il eut eu pareille croyance, sans doute il eût identifié la voix du divin avec celle d’Apollon, qui avait, par l’organe de la Pythie, garanti sa sagesse et encouragé son apostolat207, et, sous l’influence d’une telle conviction, la voix eût sans doute pris une autre allure : Socrate eût eu de véritables révélations, en belle et bonne prose, ou même en vers ; l’oracle se fût nommé ; peut-être même le dieu eût apparu sous une forme visible. […] 5° Enfin il est vraisemblable que ces pressentiments fâcheux, que ces répulsions obscures, plus ou moins confusément exprimées dans la succession de ses états internes, n’étaient pas sans rapports avec la sagesse profonde dont il avait, dans toute autre circonstance, pleine coscience ; souvent, la voix démonique ne fut pour Socrate que l’intuition synthétique d’une vérité qui lui apparaissait ensuite sous forme dialectique et développée, et qu’un peu plus tard il eût trouvée tout d’abord sous cette forme si le brusque signal n’eût devancé la marche régulière de la pensée214.

985. (1881) Le roman expérimental

Mais une fois le fait constaté et le phénomène bien observé, l’idée arrive, le raisonnement intervient, et l’expérimentateur apparaît pour interpréter le phénomène. […] Aujourd’hui, quand on étudie le mouvement littéraire depuis le commencement du siècle, le romantisme apparaît comme le début logique de la grande évolution naturaliste. […] C’est ici que la théorie du personnage sympathique apparaît. […] Ils apparaissent comme le produit du siècle où ils vivent. […] L’homme apparaît, se mêle aux choses, les anime par la vibration nerveuse de son émotion.

986. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ce que la veille encore on prenait pour de la poésie n’en apparaissait plus que comme la caricature ou la contrefaçon. […] Il apparaîtra manifestement alors qu’à eux trois, Littré, Taine et Renan, quelque différence de talent qu’il y ait entre eux, — et on peut bien dire que cet honnête homme de Littré n’en a pas eu du tout, — ils ont constitué la critique naturaliste, ou plutôt, et mieux encore, leur critique a donné au « naturalisme » cette cohésion, cette consistance, et cette solidité doctrinales qui avaient toujours fait défaut au romantisme. […] ] ; — mais combien surtout ils sont peu romantiques. — Le roman de Cinq-Mars, 1826 ; — et le Moïse, 1826. — Liaisons de Vigny avec les romantiques ; — et sa part dans la lutte contre le classicisme ; — avec son Othello, 1829 ; — son drame de La Maréchale d’Ancre, 1831 ; — et son roman « symbolique » de Stello, 1832. — Rencontre et fusion dans Chatterton, 1835, — de trois au moins des caractères du romantisme — recherche de la « couleur locale » ; revendication de la « souveraineté du poète », et du « droit de l’individu ». — Mais déjà, dans les récits qu’il donne en 1835, sous le titre de Grandeur et servitude militaires — Vigny nous apparaît détaché de l’égoïsme romantique ; — comme aussi dans les fragments de son Journal sous cette date ; — et, puisque c’est là le principe et la nature de sa véritable originalité, — c’est ce qui rend bien oiseuse la question de savoir quel est exactement son rang parmi les romantiques. […] C’est ainsi qu’apparaissent et se déclarent ouvertement en lui [Cf.  […] Publication de la Vie de Jésus ; — émotion soulevée par ce livre ; — et raisons de cette émotion, 1863. — Les résultats de la critique biblique y apparaissaient pour la première fois dégagés de tout le pédantisme dont on les enveloppait en Allemagne ; — l’histoire « sainte » s’y trouvait ramenée au caractère purement humain de toutes les histoires ; — et à la personne du Dieu des évangiles une autre personne était substituée ; — réelle, et non plus symbolique, ou « mythique » comme le Jésus de Strauss et des théologiens allemands. — Que ces caractères se retrouvent dans la suite entière des Origines du christianisme, 1863-1881 ; — mais qu’à mesure que l’ouvrage avance vers son terme, — la critique de Renan y ressemble davantage à celle de Voltaire ; — par une certaine déloyauté qui s’y mêle à l’interprétation des faits ; — un réel mépris d’une humanité qu’on ne conduirait même à son bien qu’en la trompant ; — et une affectation de légèreté tout à fait discordante à la gravité du sujet. — Quelques-unes des qualités de l’auteur des Études d’histoire religieuse y persistent ; — son art d’éveiller d’un mot tout un monde d’idées ; — la clarté de son style ; — et une aisance qu’il ne faut pour en sentir tout le prix, que comparer au dur éclat de la prose de Taine. — Mais déjà, dans les derniers volumes, le dilettantisme commence, d’apparaître ; — c’est-à-dire la disposition d’esprit la plus fâcheuse qui soit pour un historien ; — en tant qu’elle consiste à ne voir dans son sujet qu’une occasion d’en jouir soi-même ; — et d’y faire briller les grâces de son esprit.

987. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Une réunion des Anciens et des dignitaires de l’Église est convoquée pour délibérer sur la démission du ministre, et là, au grand étonnement de tous, apparaît Robert Blackwood, qui avoue le crime dont Hepburn est accusé. […] L’état primitif lui apparaît comme se réduisant à une simple « sensation de plein air ». […] Le Professeur Veitch est sur un terrain plus ferme quand il en vient à traiter du développement et des manifestations de ce sentiment, tel qu’il apparaît dans la poésie écossaise. […] La jeune école ne le goûte guère, mais l’école plus ancienne l’accepte, et quand il apparaît sur les murs de l’Académie Royal, on l’appelle l’Enfance de Samuel. […] Son étrange mode d’expression apparaît en ces pages, comme le résultat d’un choix délibéré en pleine conscience.

988. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Cette faculté-là, cette vue se déclare dès la jeunesse en ceux qui en sont doués : Vauvenargues nous apparaît de bonne heure un sage. […] Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir.

989. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse. […] Bientôt apparut, sous les franges des rideaux qui la recouvraient, un homme pâle, Ruthven, qui tremblait encore de la fièvre, et qui, malgré son extrême affaiblissement, avait voulu être de l’expédition.

990. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Plus tard apparaîtront Saint-Evremond, Mme de la Fayette, la toute jeune et riante marquise de Sévigné.

/ 1669