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1076. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Villehardouin apparaît en tête avec sa grave et mâle allure ; et voici qu’un Hérodote militaire, Joinville, le suit à peu de distance pour témoigner aussi des glorieuses croisades.

1077. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Je me permettrai quelquefois d’évoquer l’esprit des traditions anciennes ; mais je suis loin, en cela comme en tout le reste, d’exiger une confiance aveugle ; car je n’ai point laborieusement étudié ces traditions : elles me sont apparues bien plus que je ne les ai cherchées ; je pourrais presque dire qu’elles se sont trouvées en moi.

1078. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Cette poésie qui roule dans son flot, sans pureté, des paillettes prises à tous les Pactoles, quand ce n’est pas à tous les oripeaux, a cependant une manière de rouler ces bavures et toutes ses impudentes réminiscences, qui ne pouvait pas manquer de faire illusion aux culs-de-jatte de l’Académie, à qui le moindre mouvement défendu, le moindre signe de vie élémentaire, apparaissent comme des phénomènes !

1079. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Même l’amour… y a-t-il un couple amoureux, si parfait, si génial soit-il, dans lequel-sans aller jusqu’à l’imprécation de Samson — le malentendu foncier des sexes n’apparaisse ou n’affleure ?

1080. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Nul doute que, dans les combats et dans les fêtes triomphales de Rome, il n’ait ainsi de bonne heure apparu quelque reflet éclatant de poésie, comme l’étincelle jaillit des cailloux du sol sous le pied ferré du coursier.

1081. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Au plus haut du ciel, l’ange est apparu dans sa robe étincelante, guidant les cavalcades effrénées, les épées tournoyantes, les flèches inévitables des vengeurs qui viennent fouler et punir la terre ; les hommes s’abattent sous leur galop, et la gueule du monstre infernal mâche déjà la tête des prélats iniques. […] La préface elle-même appelait les gens à l’étude indépendante, disant que « l’évêque de Rome a tâché longtemps de priver le peuple de la Bible…, pour l’empêcher de découvrir ses tours et ses mensonges…, sachant bien que si le clair soleil de la parole de Dieu apparaissait dans la chaleur du jour, il dissiperait le brouillard pestilentiel de ses diaboliques doctrines. » Même de l’avis des gens officiels, c’est donc la vérité pure et tout entière qui est là, non pas la simple vérité spéculative, mais la vérité morale sans laquelle nous ne pouvons bien vivre ni être sauvés […] Toujours le redoutable visage et la voix grondante du dominateur irrésistible apparaissent derrière ses instruments. […] Quand l’homme est malade et que sa chair défaille, le prêtre s’avance et lui dit : « Notre cher bien-aimé, sachez ceci : que le Dieu tout-puissant est le Seigneur de la vie et de la mort et de toutes les choses qui s’y rapportent, comme la jeunesse, la force, la santé, la vieillesse, la débilité, la maladie ; c’est pourquoi, quel que soit votre mal, sachez avec certitude qu’il est une visitation de Dieu ; et quelle que soit la cause pour laquelle cette maladie vous est envoyée, que ce soit pour éprouver votre patience ou servir d’exemple à autrui…, ou pour corriger et amender en vous quelque chose qui offense les yeux de votre Père céleste ; sachez avec certitude que si vous vous repentez véritablement de vos péchés et si vous portez patiemment votre maladie, vous confiant à la miséricorde de Dieu et vous soumettant entièrement à sa volonté…, elle tournera à votre profit et vous aidera dans la droite voie qui conduit à la vie éternelle353. » Un grand sentiment mystérieux, une sorte d’épopée sublime et sans images apparaît obscurément parmi ces examens de la conscience, je veux dire la divination du gouvernement divin et du monde invisible, seuls subsistants, seuls véritables en dépit des apparences corporelles et du hasard brutal qui semble entre-choquer les choses. […] Le monde ineffable garde ainsi tout son mystère ; avertis par l’allégorie, nous supposons des splendeurs au-delà de toutes les splendeurs qu’on nous offre ; nous sentons derrière les beautés qu’on nous ouvre l’infini qu’on nous cache, et la cité idéale, évanouie aussitôt qu’apparue, cesse de ressembler au White-Hall grossier, édifié pour Dieu par Milton.

1082. (1929) Amiel ou la part du rêve

Le vautour apparaît. […] Quand la durée d’une vie d’homme ou d’un peuple nous apparaît aussi microscopique que celle d’un moucheron, et, en revanche, la vie d’un éphémère aussi infinie que celle d’un corps céleste avec sa poussière de nations, on se sent bien petit et bien grand, et l’on domine de toute la hauteur des sphères sa propre existence et les petits tourbillons qui agitent notre petite Europe. […] L’image qui apparaît le plus volontiers dans les rêves ou la rêverie d’Amiel est celle de la jeune veuve. […] Cela, notons-le, n’apparaît point chez Amiel comme une trouvaille, une révélation extraordinaire, mais émane, naturellement, de sa pensée vraie, de sa manière d’être, de son mouvement staélien, de sa culture cosmopolite, de son esprit de bienveillance et de justice, de son statut et de sa conscience de citoyen, de ce paisible impérialisme qui voit dans la Confédération Helvétique le type et le noyau de la fédération européenne. […] Toute la dramaturgie sémitique m’est apparue comme une œuvre d’imagination… Il me semble que ce qui me reste de toutes mes études, c’est une nouvelle phénoménologie de l’esprit, l’intuition de l’universelle métamorphose… Toute croyance spéciale est une raideur et une obtusité, mais cette consistance est nécessaire à son heure.

1083. (1864) Le roman contemporain

Un jour enfin il ouvrit les yeux, et je vis qu’ils étaient bleus comme ceux de l’esprit qui m’était apparu en rêve… Il se mit à parler, me nommant, me tutoyant et m’appelant frère. — Pourquoi, lui dis-je, ne veux-tu pas manger et boire comme les autres ? […] Voici un spécimen du premier morceau : « Ils arrachèrent ce qui lui restait de vêtements et l’horreur de sa personne apparut. […] Il y a dix ans qu’il a fait ce tableau, et déjà la jeune littérature qui lui apparaissait comme pleine d’avenir sonne le vide et sent le vieux. […] La première épreuve est celle qui révéla le courage d’Alexandre à la Grèce, lorsqu’elle vit apparaître le fils de Philippe sur Bucéphale dompté. […] Mais ces tendresses mystiques du cœur qu’expliquent la nature poétique et contemplative de cette âme, et la vie errante et solitaire que menait le saint, et sans doute aussi l’idée symbolique de l’agneau divin qui lui apparaissait à la vue de ce type de la douceur et de l’innocence, se trouvent de bien loin dépassées dans les exagérations ridicules que M. 

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