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191. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Moréas avait gardé pour la littérature anglaise l’éblouissement de sa jeunesse et son admiration rejaillissait sur l’ensemble du peuple insulaire. […] Le mot juste ne lui venait pas toujours qu’il remplaçait soit par le terme anglais, soit par un équivalent français, hasardé au petit bonheur, et dont le choix n’était pas toujours heureux. […] Le dandysme est une chose anglaise. […] Pour affirmer cela aux Anglais il fallait de l’audace.

192. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

on trouverait plus aisément qu’autrefois sur le front des Edgar Poe et des Baudelaire le coin de la démence que les Anglais cherchaient sur le beau front de leur Byron, et qu’ils croyaient y voir pour l’y trouver. […] Seulement, en Angleterre, pays fortement hiérarchisé où l’orgueil supprime la vanité et où la supériorité n’est pas une insulte, tant l’orgueil doublant leur égoïsme fondamental rend les Anglais contents d’eux-mêmes, cela n’avait pas d’inconvénient et n’offensait personne, tandis qu’en France cela devait, en y pensant bien, blesser tout le monde. […] La seule différence entre eux (avec celle du génie dont il ne peut pas être question ici), c’est que l’Hamlet du théâtre anglais est un sceptique désespéré qui n’a que mépris pour la vie humaine et pour le néant de l’humanité, et que l’Hamlet des Névroses n’a pour l’humanité et la vie que l’horreur, mais l’horreur la plus épouvantée ! […] Nous, les décadents d’une race qui s’éteint dans les amollissements convulsifs et la pourriture de sa propre civilisation, nous avons été trempés dans un bien autre Érèbe que le grand poète anglais.

193. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Il y a un proverbe anglais, cité par lord Byron dans son extravagante et cependant admirable polémique en faveur de Pope contre Shakespeare, — et dans laquelle le grand poète de génie prouva qu’il avait sur son beau front ce coin de la démence, comme les Anglais l’appellent, et qu’ils y montrent, pour excuser leur infâme conduite à son égard, — il y a un proverbe anglais qui dit qu’on peut faire une bourse de soie avec une oreille de cochon.

194. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Comme pourtant Louis XVI était assez porté de lui-même à soutenir par les armes la Hollande, son alliée, contre les Anglais et les Prussiens, tout l’art de M. de Brienne, alors principal ministre, se tourna à éluder une délibération définitive et à temporiser jusqu’à l’issue des événements. […] On trouvera aussi une galerie variée de portraits originaux que nous ne pouvons qu’indiquer ici ; l’Espagnol Miranda, aventurier remuant, qui intriguait alors à Saint-Pétersbourg comme il intrigua plus tard en France, et qui fut en Amérique le précurseur de Bolivar ; l’Écossais Paul Jones, que l’animosité anglaise poursuivait d’infâmes calomnies jusqu’au milieu de ses triomphes sur la mer Noire ; le prince de Nassau, qui cherchait par toute l’Europe des périls à courir, des lances à briser, et qui semblait le dernier de ces paladins fabuleux rajeunis par Tressan.

195. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

Les cours qui ont façonné notre race, ne l’ont dotée à l’origine, ni de la roideur de passions des Anglais, ni du mysticisme allemand. […] Par une dénaturalisation périlleuse, nous pensons de plus en plus à l’anglaise, nous sentons de plus en plus à l’allemande.

196. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Les Anglais furent chassés. […] Ce n’est pas un Anglais que je contemple dans sa biographie, c’est un nombre infini d’Anglais. […] Mais l’Anglais est partout. […] Et, déjà, la colonie anglaise du Cap déborde ses anciennes limites. […] Le Transvaal héroïque n’est plus qu’une province anglaise !

197. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

« Le lendemain, l’agent de la Compagnie anglaise eut une pareille conférence avec le divan ou conseil, sur les affaires. […] Ensuite le peu d’égards qu’on avait pour les Anglais, depuis un certain temps, et les duretés qu’on leur faisait ressentir à certains péages, en visitant leurs valises et leurs meubles. […] Cette conférence fut longue et le grand vizir y fit de rudes reproches aux Anglais, de ce qu’ils faisaient passer sous leur nom des marchandises qui ne leur appartenaient pas. […] L’agent de la Compagnie anglaise venait après, conduit par un pareil officier. […] L’agent anglais s’avança ensuite à la même place ; il fit sa révérence à l’européenne, et son second aussi, et il se retira.

198. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ayant vécu jusque-là dans l’Amérique du Sud, il savait sans doute l’Anglais, car les assez nombreux clichés dont se tachent les Chants sont presque tous des clichés romantiques anglais, et les auteurs qui semblent avoir eu sur lui une influence : Milton, Lewis, Poe, Maturin (non par les romans dont parle Remy de Gourmontf mais par ses drames) Misckiewichzg et Byron, puis le marquis de Sade. […] Les poèmes qui composent ces chants (pour bien marquer qu’il ne s’agit pas d’un poème, Lautréamont écrit : « j’ai publié un volume de poésies ») sont d’un esthétique conforme à celle des poètes anglais de 1825i ; ce sont des anecdotes lyriques. […] o Personne, dans la littérature de l’Europe occidentale, n’a exprimé à la veille de la guerre, cette atmosphère spirituelle particulière dominée par des rêves religieux et mystiques, que l’écrivain anglais J. […] Son influence ne fut point négligeable : cet idiologuep nous frappe tout d’abord par sa maîtrise de casuiste et l’originalité de ses conceptions ; mais en même temps, il attire le lecteur par cet humour purement anglais dont se trouvent agrémentés ses romans et ses dissertations, tous empreints d’ailleurs, de sérénité. […] Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), journaliste, critique littéraire et romancier anglais, converti au catholicisme, auteur des enquêtes du père Brown.

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