Mercredi 1er février Un Anglais chez Renan : « M. […] — Moâ, bien content — reprend l’Anglais qui parle très mal le français — je ne suis pas un astronome, je ne suis pas un géologue… les choses que je ne sais pas, ne me regardent pas… je suis un naturaliste… Donc, puisque la Bible dit que c’est un ruminant, et que c’est une erreur… la Bible n’est pas un livre révélé… Moâ bien content… » Et il repasse la porte là-dessus, débarrassé tout à coup de sa religiosité. C’est bien anglais. […] Il est accompagné d’une jeune femme, d’une nationalité interlope, avec un bout de nez rouge de clown anglais, dans une figure toute blême. […] Il vient peindre Alma, l’admirable épagneul anglais : les amours de la châtelaine.
Mais il avait encore d’autres maîtres, Beaumont, Fletcher, Burton, Drummond, Ben Jonson, Shakspeare, toute la splendide Renaissance anglaise, et par derrière elle la poésie italienne, l’antiquité latine, la belle littérature grecque, et toutes les sources d’où la Renaissance anglaise avait jailli. […] J’écoute, et j’entends un ménage anglais, deux raisonneurs du temps, le colonel Hutchinson et sa femme. […] Voilà de la vertu et de la morale anglaises, et chaque famille, le soir, pourra la lire en guise de Bible à ses enfants. […] Les dames anglaises apprendront par son exemple à reconnaître sur le visage de leur mari « quand il va aborder d’abstruses pensées studieuses. » Leur sexe ne monte pas si haut. […] Le mot anglais est plus vrai et plus frappant : peasantly regard.
Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait. […] Remarquez qu’on a également traduit en anglais ces Entretiens 47 et que là aussi on a cru devoir les abréger. […] N’oublions pas sa belle-fille, Mme de Gœthe, Ottilie : elle lui sert volontiers de lectrice ; elle a fondé un Journal polyglotte à Weimar, le Chaos, où toute la société weimarienne écrit ; les jeunes gens anglais ou français qui y séjournent, surtout les dames, tout ce monde collabore et babille dans cette Babel, chacun dans sa langue. […] Les Anglais, depuis William Cowper, le savent bien, eux à qui nous devons tant de recueils vrais, variés, autant d’âmes ! […] La traduction anglaise est de miss Fuller, qui fut depuis marquise Ossoli, et qui périt si malheureusement dans le naufrage du Pacifique.
Il n’est pas possible qu’une langue littérairement aussi vivante ait perdu sa vieille puissance verbale ; il suffira sans doute que l’on proscrive à l’avenir tout mot grec, tout mot anglais, toutes syllabes étrangères à l’idiome, pour que, convaincu par la nécessité, le français retrouve sa virilité, son orgueil et même son insolence. […] Et quand même la vraie origine d’écope serait la forme anglaise scoope, le mot n’en serait pas plus mauvais.
Encore aujourd’hui, les critiques anglais, à son endroit, sont injustes. […] Combien impossible pour un Anglais ! […] Ce que la civilisation tout entière a développé uniquement chez l’Anglais, c’est la volonté énergique et les facultés pratiques. […] D’un côté la contrainte, de l’autre l’hypocrisie, voilà les deux vices de la civilisation anglaise, et c’est à eux que Byron, avec sa clairvoyance de poëte et ses instincts de combattant, s’est attaqué. […] Par-delà le cant britannique, il y a l’hypocrisie universelle ; par-delà la pédanterie anglaise, Byron fait la guerre à la coquinerie humaine.
Le plus beau château dans un site agréable est un affreux « désert » ; on n’y peut voir personne, sauf des grotesques de petite ville ou des rustres de village76. « L’exil seul, dit Arthur Young, force la noblesse de France à faire ce que les Anglais font par préférence : résider sur leurs domaines pour les embellir. » Dix fois Saint-Simon et les autres historiens de la cour disent en parlant d’une cérémonie : « Toute la France était là » ; en effet, tout ce qui compte en France est là, et ils se reconnaissent à cette marque. […] Ailleurs, près de Saint-Girons, il note qu’en deux cent cinquante milles il a rencontré en tout « deux cabriolets et trois misérables choses semblables à notre vieille chaise de poste anglaise à un cheval, pas un gentilhomme ». […] Je ne vois pour y prendre part que trois ou quatre grands seigneurs, philanthropes pratiques et guidés par l’exemple des nobles anglais, le duc d’Harcourt qui arrange les procès de ses paysans, le duc de La Rochefoucault-Liancourt qui a fondé dans ses terres une ferme modèle et une école des arts et métiers pour les enfants des militaires pauvres, le comte de Brienne dont trente villages viendront demander la liberté à la Convention84. […] Jamais conducteurs d’hommes n’ont tellement désappris l’art de conduire les hommes, art qui consiste à marcher sur la même route, mais en tête, et à guider leur travail en y prenant part Notre Anglais, témoin oculaire et compétent, écrit encore : « Un grand seigneur eût-il des millions de revenu, vous êtes sûr de trouver ses terres en friches. […] Un jour, le cardinal, montrant à des hôtes son palais qu’il venait d’achever, les conduisit au fond d’un corridor où il avait installé des lieux à l’anglaise, chose nouvelle alors.
Le vers qu’il a choisi est de tous les vers anglais le plus sérieux et le plus difficile. […] L’ouvrage anglais est un drame bourgeois qui ne prétend nous offrir ni l’aurore, ni le déclin d’une monarchie. […] Les opinions accréditées aujourd’hui sur le théâtre anglais sont presque toutes puisées dans son travail. […] Le poète anglais a transformé Luigi da Porta, comme il avait transformé Giraldi Cintio. […] Ainsi la révolution anglaise ne peut se confondre avec la révolution française.
On sait l’éclat de son expédition d’Écosse en 1745, ses premiers succès, ses aventures, ses malheurs : l’histoire s’en est émue comme le roman. » Le Prétendant, a dit encore de lui Chateaubriand, aborda en Écosse au mois d’août 1745 ; un lambeau de taffetas apporté de France lui servit de drapeau ; il rassembla sous ce drapeau dix mille montagnards, s’empara d’Édimbourg, passa sur le ventre de quatre mille Anglais à Preston et s’avança jusqu’à quatorze lieues de Londres. […] Ilme témoignait de l’amitié parce que j’étais à peu près le seul homme, reçu chez lui, qui entendît bien l’anglais et le parlât au besoin. […] … « La petite Cour allait tous les soirs au spectacle et voyait peu de monde ; aucun Anglais n’y allait, et les Romains sont rarement amusants. […] « La Reine des cœurs, que j’avais vue à Rome, était de moyenne taille, blonde, aux yeux bleu foncé, le nez un peu retroussé, blanche comme une Anglaise, l’air gai, malin et sensible à faire tourner toutes les têtes.