Il faut donc nous demander en quoi a consisté son action, quelle est sa part dans l’œuvre de démolition de l’ancien régime, dans la reconstruction de la société moderne. […] Il n’a pas jeté à bas l’ancien régime, il l’a livré à ceux qui l’ont jeté à bas. […] Sault (1763) ; Examen important de milord Bolingbroke (1767) ; Collection d’ancien évangiles (1769) ; Dieu et les hommes (1769) ; La Bible enfin expliquée (1776) ; Un chrétien contre six juifs (1776), etc.
Les modernes syndicats admettent l’idée d’une discipline plus tyrannique et plus unitaire encore que celle des anciennes corporations. […] Un idéal nouveau : celui de l’accroissement de la puissance collective de l’humanité sur la nature se substitue à l’idéal ancien de la volonté de puissance individuelle s’exerçant sur autrui et contre autrui. […] Mais l’idéal nouveau fera-t-il disparaître entièrement l’ancien idéal du gain égoïste et de la puissance égoïste ?
L’histoire, elle aussi, se fait alors au profit et sous la direction de l’Église : c’est Bossuet qui, dans son Discours sur l’histoire universelle montre le catholicisme comme le terme triomphal où aboutissent toutes les civilisations de l’ancien monde ; ce sont les Bénédictins qui débrouillent patiemment le chaos de notre passé national. […] Il faut relever le caractère spécial qu’a revêtu alors le catholicisme ; quelle secte, quel ordre y dominait ; quel saint, quel grand homme du passé y était pris pour modèle ; quelle face du dogme y était exposée en plein jour et quelle laissée dans l’ombre ; si la première place y était donnée à l’Ancien ou au Nouveau Testament ; s’il s’adressait de préférence au peuple ou bien à telle ou telle classe privilégiée ; s’il voulait parler à la raison, au cœur, à l’imagination, aux sens ; quels étaient les ; sujets de controverse où il se complaisait, etc. […] Il faut bon gré mal gré se contenter d’approximations, et il en est de même lorsqu’on veut se rendre compte des sympathies plus ou moins déclarées que les hommes de certains temps ont eues pour des religions anciennes ou lointaines.
Le roi imputait à l’ancienne religion qu’elle avait professée tout ce qu’elle pouvait dire ou insinuer contre le système de persécution : « Cela m’engage », écrit-elle à la comtesse de Frontenac, « à approuver des choses fort contraires à mes sentiments. » Approuver est là pour ne pas désapprouver. […] Madame de Maintenon jetait souvent ses regards vers ses anciennes amies ; elles avaient toujours les yeux sur madame de Maintenon. […] En 1680, il ne restait des anciens habitués de l’hôtel Rambouillet que Chapelain, âgé de 85 ans ; Cottin, âgé de 70 ; tous deux finissant leur vie entre la caducité et la décrépitude.
L’échec dut lui être d’autant plus amer que, par harsard, il avait, ce jour-là, les dix généraux de Marathon pour juges, et que le soldat qu’il était resté put se croire dégradé par la main de ses anciens chefs. […] C’est justement que les anciens avaient donné à Eschyle le grand nom de « Père de la tragédie ». […] Il y avait, dans le vestiaire du théâtre ancien, un masque aux dents serrées, aux lèvres crispées, destiné à l’acteur muet de la pièce ; Eschyle se servait souvent de ce masque-là.
C’est avec une mauvaise humeur presque haineuse qu’il refuse son entremise à Beaubourg ; c’est avec des sourires méprisants qu’il conte l’équipée de son ancienne maîtresse à son père. […] Une ancienne maîtresse peut se résigner à voir son amant lui échapper par la tangente d’un mariage, mais on ne se la figure guère poussant à la noce qui doit l’évincer. […] Ce n’est pas le jésuite cruellement mais sérieusement combattu par Quinet et par Michelet ; c’est celui que les journalistes prêtrophobes de la Restauration servaient, chaque matin, au gros appétit des abonnés de l’ancien Constitutionnel.
Doué d’une grande facilité de travail, d’une vaste mémoire, en possession des langues anciennes et de la plupart des langues modernes, il lit les auteurs et les livres d’un bout à l’autre ; il s’instruit en les contrôlant ; il est impartial pour ceux mêmes envers qui il se montre sévère. […] À part toutefois ces quelques circonstances où il s’est passionné, le genre d’éloquence particulier à M. de Broglie est en général celui que Cicéron avait en vue, quand il disait : « On doit s’énoncer avec moins d’appareil dans les délibérations du Sénat, car on parle devant une assemblée de sages. » Sa parole était bien celle, en tout, qui convenait en présence de l’ancienne Chambre des pairs. […] La révolution de Février a dû porter un dernier coup aux théories chères à M. de Broglie ; car enfin, si jusque-là il avait dû sacrifier plus d’une de ses anciennes et premières idées à la conservation de la monarchie constitutionnelle, cette monarchie subsistait et vivait.
À considérer les soins extrêmes que prenaient les anciens pour donner à leurs enfants, dès le sein de la nourrice, ce tact fin et ce sens exquis, on est frappé de la différence avec l’éducation moderne. […] À comparer sur ce point l’éducation de nos jours à celle des anciens, on est tout surpris qu’il reste encore chez nous quelque peu du mot et de la chose. […] C’est chez elles, parmi celles qui ont écrit, qu’on trouverait le plus sûrement des témoignages de cette familiarité décente, de cette moquerie fine, et de cette aisance à tout dire, qui remplit d’autant plus les conditions des anciens, qu’elles-mêmes n’y songeaient pas.