Ce Voyage ne vaut pas, à beaucoup près, celui de M. de Choiseul-Gouffier, intitulé Voyage pittoresque de la Grece, qui annonce un amateur profondément versé dans la Littérature ancienne, & un Ecrivain aussi ingénieux & poli, qu’élégant & correct.
Il a su, malgré ces obstacles, la traiter de la maniere la plus intéressante, en la rapprochant, en quelque sorte, de nous ; en y développant les révolutions de nos mœurs ; en opposant, avec autant de justesse que de précision, les usages actuels à ceux de l'ancien temps ; en donnant aux matieres qu'il présente, une netteté, un ordre, un souffle de chaleur & de vie qui subjuguent l'attention & gravent profondément les objets dans la mémoire.
Histoire ancienne, 97 §.
Il n’y a rien parmi les anciens que l’on puisse comparer à Lucien qui nous a laissé sur ce sujet intéressant un petit traité, qu’on trouve dans ses œuvres, de la traduction d’Ablancourt.
J’aime mieux l’ancien médaillon ; il y a plus d’élégance, plus de noblesse, plus de finesse et plus de vie.
Le réel, il l’a, en un très ancien brouillon de page afférant à l’Ève future, peut-être, ainsi défini : «… Maintenant je dis que le Réel a ses degrés d’être. […] Au contraire, il fait dire à un protagoniste (sans doute Edison), dans un court fragment d’un ancien manuscrit de l’Ève future : « Nous en sommes à l’âge mûr de l’Humanité, voilà tout. […] Seul, l’ancien cadre peut encore servir ; il est quelquefois nécessaire, pour amorcer le public à des sujets très ardus, de simuler de vagues intrigues romanesques, que l’on dénoue selon son propre gré, quand on a dit tout ce que l’on voulait dire. […] Chaque époque de pensée, d’art et de sentiment devrait jouir de soi-même, profondément, et se coucher sur le monde avec l’égoïsme et la langueur d’un lac superbe qui, souriant aux ruisseaux anciens, les reçoit, les calme, et les boit. […] La beauté de cet aède rappelle, non sans mélancolie, les figurations compliquées dont se voulaient ornementés les anciens chefs australiens, mais en vérité il se pare avec un art moins ingénu ; il y a même un raffinement singulier dans les nuances et dans le dessin et des hardiesses amusantes de ton et de lignes.
Les anciens négligeaient trop souvent la gradation d’intérêt. […] La double confidence de Jocaste et d’Œdipe, dans Sophocle ; les pleurs d’Électre sur l’urne de son frère, qu’elle embrasse devant ce frère qu’elle croit mort, sont ce que la tragédie ancienne offre de plus beau en ce genre. […] Les anciens n’ont presque pas mis d’amour dans leurs tragédies. […] On ne peut trop appuyer sur les beautés de ce qu’on appelle terreur dans le tragique : c’est pourquoi nous ne pouvons manquer d’avoir une grande opinion de la tragédie des anciens. […] Il n’a pas été tout à fait inconnu aux anciens ; on peut s’en convaincre par quelques traits du Philoctecte de Sophocle ; mais les anciens tragiques paraissent en avoir fait peu d’usage, et lui ont préféré, avec raison, les deux grands ressorts de la tragédie, la terreur et la pitié.
Les pensées suggérées par l’aspect de ce Salon sont d’un ordre si simple, si ancien, si classique, que peu de pages me suffiront sans doute pour les développer. […] Il est aussi grand que les anciens, dans un siècle et dans un pays où les anciens n’auraient pas pu vivre. […] Les peintres anciens aimaient aussi à avoir le pied dans deux domaines et à se servir de deux outils pour exprimer leur pensée. […] Ses ouvrages sont travaillés comme les armes et les meubles des temps anciens. […] Brute hyperboréenne des anciens jours, éternel Esquimau porte-lunettes, ou plutôt porte-écailles, que toutes les visions de Damas, tous les tonnerres et les éclairs ne sauraient éclairer !