/ 2831
474. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est la lutte qui se livre dans le cœur entre deux formes de l’amour, l’amour charnel et passionné, l’amour pur et idéal ; Tannhäuser ne peut longtemps, même aux bras de Vénus, se contenter du premier, mais quand il l’entend dénigrer par des gens qui ne sauraient en comprendre les ivresses, il proteste avec toute l’ardeur de son imagination et de ses souvenirs. […] Du même coup, il a mis au premier plan le problème qu’il voulait traiter, l’opposition de l’amour idéal à l’amour charnel. […] Il répondit : « Oui bien, pour l’amour de Dieu !  […] La singulière et charmante doctrine dans laquelle l’oiseau unit si intimement le dieu d’Amour et l’amour de Dieu, convient aussi, à ce qu’il me semble, bien qu’elle ait une forme de sermon, à un prédicateur laïque plus qu’ecclésiastique. […] Dans notre poème aussi l’oiseau môle dans son petit discours l’amour céleste et l’amour terrestre, mais il ne les confond pas.

475. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

C’est ainsi que nous contribuons au salut les uns des autres… Ne croyez pas qu’il suffise d’être pauvre et souffrant pour être sauvé ; il faut supporter patiemment cet état pour l’amour de Dieu. […] n’avons-nous pas dit que l’amour, un amour comme le nôtre, n’était point fait pour passer comme l’haleine d’une rose, pour s’évanouir comme un chant d’un bosquet de fête ? […] si ton amour enseveli ne me dit pas qu’il m’entend, quelle voix puis-je attendre de la terre ? […] — « Ton âme a-t-elle été loyale et sincère envers son premier amour ? […] Je me suis écarté de mon premier et pur amour, ô brillant et heureux ruisseau.

476. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Ainsi le début du chapitre IV : « Charme de l’amour, qui pourrait vous peindre, etc… » et toute l’apostrophe qui suit. […] L’amour supplée aux longs souvenirs par une sorte de magie. » Mais il ne nous indique aucun de ces détails qui lui ont paru si charmants, ou il ne les indique que d’une façon très générale ; il aime mieux s’écrier : « L’amour n’est qu’un point lumineux, et néanmoins il semble s’emparer du temps, etc. » — Un jour il écrit à Ellénore, pour lui donner idée de ce qu’il souffre pendant les heures qu’il vit séparé d’elle : « … J’erre au hasard courbé sous le fardeau d’une existence que je ne sais comment supporter. […] Et c’était un charme nouveau ajouté à tant d’autres que celui des accords assoupis tremblant dans l’air, en même temps que les mélodies secrètes de l’amour, plus mélodieuses encore, chantaient en nous. […] Les plus délicats, et qui entrent d’ailleurs dans la donnée du livre, se demandent : Est-ce bien une preuve d’amour que cette jalousie tardive et soudaine qui vient un matin à Roger ? Si c’est de l’amour, pourquoi pas plus tôt ?

477. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Et je suis encore plein de respect pour les érudits parce que leur manie implique l’amour du passé, et que cet amour est une piété et une vertu. […] Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté. Qu’est-ce que cet amour de la vérité, poursuivie en dehors de tout intérêt matériel ou moral, à plus forte raison en dehors de toutes les théologies et dans l’oubli de toutes les explications qu’on a pu tenter de l’univers et de sa destinée  qu’est-ce que cet amour, sinon une religion encore ? […] Est-ce sa faute, à lui, si ce qui fait un peuple, l’amour du sol et le sentiment de l’honneur national, est déjà dans la Chanson de Roland ? […] Mais, de ce que cette irruption de l’antiquité a été, voilà trois siècles et demi, soudaine (autant que peuvent l’être ces choses), irrésistible et telle qu’elle a fait perdre à nos aïeux l’amour et presque le souvenir de leur passé, il s’ensuit qu’aujourd’hui, bien que plus éloignés de la foi religieuse du moyen âge que les hommes d’il y a trois cents ans, nous sommes cependant beaucoup plus capables de goûter et de comprendre son art et sa littérature et nous nous en sentons même beaucoup plus près.

478. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Raphaël est un livre d’amour écrit avec de prodigieux défauts, mais aussi avec des qualités rares, par la plume de ce temps-ci la plus riche, la plus abondante et la plus flexible. […] Pourtant elle n’est pas épuisée encore, et il y a dans cette destinée du poète, séducteur à la fois des pères et des fils, sur un même thème d’amour, quelque chose qui rappelle véritablement la destinée de Ninon. […] Le poète descriptif intervient indiscrètement, avec ses artifices et ses jeux de pinceau, au milieu des sentiments bien autrement personnels et égoïstes d’un amour naissant. […] Une riche nature sans doute les sert mieux et les enchante ; la grande nature admirée ensemble est le plus bel accompagnement d’un noble amour. […] Et encore : Il y avait dans nos âmes assez de vie et assez d’amour pour animer toute cette nature, eaux, ciel, terre, rochers, arbres, cèdre et hysope, et pour leur faire rendre des soupirs, des ardeurs, des étreintes, des voix, des cris, des parfums, des flammes, etc., etc.

479. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

On estime ses Maximes d’amour & ses épigrammes imitées de Martial : Boursault. […] Ceux-ci sont les vrais enfans de l’Amour & des Graces. […] Nous n’étions que nous trois, elle, l’amour & moi,         Et l’amour fut d’intelligence. […] En rendant compte, en 1703, d’une édition des œuvres de Despréaux, ils se permirent quelques réflexions sur la Satyre contre les femmes, & sur l’Epitre de l’amour de Dieu. […] Nennida, mon père , répondit maître Antoine, c’est celle de l’Amour de Dieu.

480. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

. — Armand, ou les tourments de l’imagination et de l’amour (1802) […] — Étrenne aux sots (1802). — Satire des romans du jour (1803). — L’Amour maternel, poème (1805). — L’Indépendance de l’homme de lettres (1805). — La Bataille d’Austerlitz, poème (1806). — L’Invention poétique (1806). — Le Voyageur (1807). — Belzunce ou la Peste de Marseille, suivi de poèmes (1808). — Les Bucoliques, trad. du latin (1809). — Hermann et Thusnelda, poésie lyrique (1810). — Les Embellissements de Paris (1811). — La Mort de Rotrou (1811). — Charlemagne, poème en dix chants (1812). — Élégies, suivies d’Emma et Eginard (1812). — Goffin, ou le Héros liégeois (1812). — Poésies diverses (1812). — Alfred, poème (1815). […] Chaque mère dans l’Amour maternel ne croit-elle pas entendre le cri de son propre cœur !

481. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Songes riants, projets de bonheur et d’amour, Fraîches illusions du matin de la vie, Pourquoi ne pas durer jusqu’à la fin du jour ? […] Et ce sont ensuite des amours d’enfant, des paysages riants et doux, un chemin qui serpente en ruban dans le vallon, un sentier le long de la haie et du ruisseau, et qu’on préfère à tous les autres tout pareils et où il y a également une haie, une source et des fleurs, parce qu’il conduit directement à la petite grille du parc et qu’il s’y rattache un tendre souvenir. […] Mais l’explication ne me suffit pas tout à fait ; et dans Albertus, après une série d’apostrophes à l’amour, je trouve une suite de stances (de 50 à 58) qui me paraissent, jusque dans leur ironie, trahir une sensibilité véritable : Moi, ce fut l’an passé que cette frénésie Me vint d’être amoureux. — Adieu la poésie ! […] — la vie est une chose étrange ; En ce temps-là j’aimais, et maintenant j’arrange   Mes beaux amours en méchants vers. […] Ainsi germa l’amour dans mon âme surprise ; Je croyais ne semer qu’une fleur de printemps : C’est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.

/ 2831