Par nature, par instinct et par vocation il n’était nullement un homme politique : il aimait avant tout la retraite, l’étude, la méditation, une société d’amis intimes, une tendre et amoureuse rêverie. […] De tous côtés on s’accuse de conspirations, de complots, sans voir qu’à la fin il y a danger « que notre inquiétude errante et nos soupçons indéterminés, dit-il, ne nous jettent dans un de ces combats de nuit où l’on frappe amis et ennemis ». […] S’ils triomphent, ce sont gens par qui il vaut mieux être pendu que regardé comme ami. […] Quand des brouillons tout-puissants, ivres d’avarice et d’orgueil, tombent détruits par leurs propres excès, alors leurs complices, leurs amis, leurs pareils, les foulent aux pieds ; et l’homme de bien, en applaudissant à leur chute, ne se mêle point à la foule qui les outrage. […] Dans ces temps de violence, ils osèrent parler de justice ; dans ces temps de démence, ils osèrent examiner ; dans ces temps de la plus abjecte hypocrisie, ils ne feignirent point d’être des scélérats pour acheter leur repos aux dépens de l’innocence opprimée ; ils ne cachèrent point leur haine à des bourreaux qui, pour payer leurs amis et punir leurs ennemis, n’épargnaient rien, car il ne leur en coûtait que des crimes ; et un nommé A.
On s’inquiétait de l’influence qu’il exerçait, non plus comme maître, mais comme ami, sur son élève. […] Madame Guyon n’avait pas tardé d’y suivre son ami spirituel. […] Il se refusa à condamner, comme théologien, ce qu’il admirait comme homme, comme poëte et comme ami. […] Fénelon, alors à Cambrai, apprit avec douleur que son amie venait d’être transférée à Vincennes. […] On se vengea de cette déception de l’animosité par l’expulsion de tous les amis de Fénelon de la cour du duc de Bourgogne.
Les Pensées de Pascal, recueillies et mises en ordre par ses amis, étaient pour la première fois livrées au public, et ravivaient ce souvenir des Provinciales, qui était la blessure toujours saignante de la Société de Jésus. […] Cette méthode de cénacle était certes la plus opposée à celle de l’homme qui semait le pur froment à pleines mains, et de qui l’on a dit : « Tout est pratique dans les idées du judicieux Bourdaloue. » M. de Tréville était un oracle dans le cercle intime où on l’admirait ; ses amis lui trouvaient plus d’esprit qu’à Pascal même. […] Il y avait, parmi les partisans et les amis de la cause dite janséniste et au nombre de ses patrons les plus déclarés, plus d’un prélat et d’un abbé qui savaient très bien concilier un reste de facilité et de relâchement dans la discipline (un cumul de bénéfices, par exemple), avec le zèle pour le parti ostensiblement austère qu’ils épousaient. […] La princesse de Conti, présente au sermon et ayant cru reconnaître ses amis « dans ces hommes zélés, mais d’un zèle qui n’est pas selon la science, dans ces esprits toujours portés aux extrémités, qui, pour ne pas rendre la pénitence trop facile, la réduisent à l’impossible et n’en parlent jamais que dans des termes capables d’effrayer », témoigna par quelque geste qu’elle était blessée de l’allusion : ce que Bourdaloue ayant remarqué, il alla après le sermon voir la princesse, qui s’en expliqua avec lui et qui lui dit très nettement que la seconde partie l’avait fort scandalisée. […] Je recommande surtout la belle pensée qui commence par ces mots : « Je veux un ami véritable et, autant qu’il se peut, un ami sincère, etc. » Bourdaloue, dans ces endroits, se rapproche de La Bruyère ; il a du tour et quelque imprévu.
Son père, homme riche, amateur de philosophie et de savoir, grand et intime ami de Gassendi, au point qu’on pouvait dire à celui-ci que M. […] Une lettre très curieuse à lui adressée par son ami le médecin Bernier, alors voyageant en Perse, et datée de Chiras, le 10 juin 1668, fait foi de ces résolutions ou de ces velléités philosophiques de Chapelle, qui ne tinrent pas : Mon très cher, lui écrit Bernier, j’avais toujours bien cru ce que disait M. L’Huillier, que ce ne serait qu’un emportement de jeunesse, que vous laisseriez cette vie qui déplaisait tant à vos amis, et que vous retourneriez enfin à l’étude avec plus de vigueur que jamais. […] Ce sont toujours les précieuses de Montpellier qui sont censées parler au rebours du bon sens et du goût : « Dans l’Alaric et dans le Moïse, on ne loua que le jugement et la conduite ; et dans la Pucelle rien du tout. » Ici il y a une politesse et une faiblesse pour Chapelain, ami des auteurs, ancien ami surtout de M. […] etc. » C’était un de leurs amis, M.
mon ami, lui répliquai-je, vous pouvez retourner dans votre Chine demain, aujourd’hui, tout à l’heure, et quand il vous plaira. […] J’ai dit le meilleur ou le plus mauvais, s’empresse-t-il d’ajouter, mais il ne saurait être le plus mauvais, et je me repens de l’avoir dit ; car, d’après l’opinion de mes amis, il doit atteindre au plus haut degré d’excellence littéraire possible, humainement parlant. » On voit quelle était l’affection et la prédilection de Cervantes pour ce dernier-né de son intelligence. […] En vérité, je ne croyais pas que ma bête eût sa pareille pour voyager. » Sur quoi répondit un de mes amis : « La faute en est au roussin du seigneur Miguel Cervantes, qui allonge le pas. » À peine l’étudiant eut-il entendu mon nom, qu’il sauta brusquement à bas de sa monture, jetant d’un côté son coussinet, de l’autre son porte-manteau, car il voyageait avec tout cet appareil. […] Les amis vinrent ; on riait, on causait ; à neuf heures, on servait un souper fin, et au coup de onze heures sans faute, on se retirait. […] Cette petite réunion d’adieux, dont le maître seul, avec un ou deux amis, avait le secret, se renouvela dix jours durant : après quoi il mourut, le onzième, comme à jour fixe.
Ajoutez encore les inventeurs de la science et des grâces ; ajoutez les amis des Muses, entre lesquels Homère, unique souverain, est endormi du même sommeil que les autres. […] Fils d’un personnage consulaire, ami de César, il ne fut esclave ni de la puissance ni des vices du dictateur ; et il s’honora par sa fidélité à des amis malheureux, et par ses regrets pour un frère dont il alla, dans un long et dangereux voyage, honorer les restes ensevelis eu Asie. […] « Une palme facile, ô amis, ne se prépare point pour nous. […] « L’astre du soir, amies, a ravi l’une de nous. […] C’est presque le langage de Lucrèce, de l’ami de Memmius, retrouvant les fables et les monstres de l’enfer dans les crimes et les souffrances dont était affligée la terre.
On a la contrepartie du récit de Bonstetten, le témoignage de Gray lui-même sur ce jeune ami, et un témoignage tout vif donné dans le temps de son séjour. Sur une lettre de Bonstetten87, écrite de Cambridge le 6 janvier 1770 à son ami Nicholls qui l’avait lié avec Gray, celui-ci avait ajouté en post-scriptum : « Je n’ai jamais vu un tel enfant, les nôtres ne sont pas faits sur ce moule-là. […] Au moment du départ de son jeune ami pour la France, il écrit à leur ami commun Nicholls : C’est pour le coup que mes soirées solitaires vont me paraître moins légères à passer qu’avant de l’avoir connu. […] Il faut ou bien qu’il ait l’esprit dérangé (ce qui est trop possible), ou qu’il ait fait quelque étrange chose qui aura exaspéré toute sa famille et ses amis de là-bas, ce qui (je le crains) est également possible. […] [NdA] Dans une lettre écrite dans le même temps (6 janvier 1770), Bonstetten rendait compte ainsi de ses études à un ami : Je suis dans l’agitation du matin au soir.
À peine arrivée en ce lieu, dont on racontait tant de merveilles et de mystères, la curiosité féminine et l’indiscrétion l’emportent d’abord chez Mme de Graffigny sur les autres sentiments, et elle se met à écrire à ses amis de Lorraine tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle entend. […] Il demande des nouvelles de tous ses amis de Lorraine, y compris Saint-Lambert, qui, dix ans plus tard, devait le supplanter auprès de la dame du lieu ; mais alors ce n’était qu’une simple étoile qui se levait à peine à l’horizon. Les jours suivants, Mme de Graffigny écrit toutes ses impressions à un ami d’enfance, un M. […] J’ai dit que Mme de Graffigny, en vraie curieuse et caillette, écrivait tout ce qu’elle voyait et entendait à son ami Devaux, autre caillette, qui en parlait, de son côté, aux gens de Lorraine. […] Elle a deux qualités du moins : elle aime ses amis avec sincérité et effusion, et elle a cette sensibilité qui comprend le malheur pour l’avoir tant éprouvé.