Louis XI avait donné un grand avancement à ce dessein, et, s’il se fût trouvé de suite deux ou trois princes tels que lui (j’entends en conduite pour les affaires de dehors, non pas certes pour l’administration du peuple), ils l’auraient heureusement achevé. […] Dans la dédicace à elle adressée, où il est fait allusion à la victoire de Rocroi, Mézeray dit galamment : « Ces belles mains qui ont pris le gouvernail de l’État en ont charmé les tempêtes. » Dans la préface, après avoir payé un ample tribut à ses auxiliaires par le burin et à ses collaborateurs, il en vient à parler de sa composition même : Quand j’ai entrepris ce long et pénible ouvrage, ma première intention n’était pas de le faire si ample ni de si grande étendue qu’il est ; je ne le voulais composer que des pièces et des appartements les plus nécessaires ; mais il s’est trouvé qu’en travaillant j’ai insensiblement changé de dessein… Tant de rois et de grands seigneurs n’ont pas pu s’accommoder en un si étroit logement, et je n’ai point vu de raison pourquoi je dusse omettre une guerre ou une affaire plutôt qu’une autre. […] » C’est le même sentiment qui, au début du règne misérable et antipatriotique de Charles VI, lui fera dire : « Comme j’étais près d’entrer dans ce long et pénible règne, deux choses ont pensé m’en détourner : l’horreur que j’ai de repasser sur tant de massacres, de ruines et de désolations, et la peine incroyable qu’il y a à démêler tant d’affaires si embrouillées, etc. » Ces parties ingénues et naturelles plaisent chez Mézeray, en attendant qu’on en vienne avec lui aux parties étudiées et fortes. […] Ils étaient toujours de compagnie, et, quelques affaires qui pussent survenir, ne s’entrequittaient point de vue.
Prié un jour par un de ses amis de Paris ou de Versailles d’être son témoin dans une affaire d’honneur, et, de plus, de lui prêter pour le combat sa terre de Belœil à la frontière de France, il s’empressa d’y consentir, et il écrivit à son intendant : « Faites qu’il y ait à déjeuner pour quatre, et à dîner pour trois. » De tels billets s’adressent moins à l’intendant qu’à la galerie. […] Il faut voir chez le prince de Ligne avec quelle légèreté cette affaire fut entreprise. […] La littérature même du prince y trouve son compte ; lorsqu’il lira plus tard le Cours de La Harpe et qu’il y fera des annotations, souvent très fines et très justes, il reprendra le célèbre professeur sur le chapitre des Grecs : Si vous aviez vu, monsieur de La Harpe, et étudié les Grecs d’aujourd’hui comme moi, qui ai eu des affaires de politique à traiter avec eux, vous sauriez qu’ils ressemblent aux anciens. […] Les femmes, la Cour, la ville, les gens d’affaires ne m’avaient pas trompé.
Malgré l’immense supériorité du général en chef, tout ce qui se croyait quelque influence ou seulement quelque capacité, se jetait, même sans son aveu, dans les plus importantes affaires. […] Rien ne m’autorisait, en 1788, à penser que je pusse être jamais appelé à prendre quelque part aux affaires de mon pays. […] Lorsque les affaires sont venues, j’ai eu beaucoup à apprendre ; mais, cette seconde éducation une fois faite, j’ai pu sans effort rendre ma pensée. […] C’était une sorte de Raynouard, me dit-on, pour la vigueur et la simplicité, mais plus distingué et plus étendu, qui avait connu les cours et les camps, et qui avait participé aux plus grandes affaires.
Abandonnez-vous donc à la simplicité et à la folie de la croix. » Les lettres de Fénelon au duc de Chevreuse finirent par être plutôt de conseil moral et d’affaires intimes que de direction ; mais, au commencement, le caractère de lettres spirituelles y est assez marqué. […] Le vidame d’Amiens était un peu comme son père et avait du penchant à se perdre dans le détail, à s’ensevelir dans les papiers : « Prenez sobrement les affaires, lui dit sans cesse Fénelon ; embrassez-les avec ordre, sans vous noyer dans les détails, et coupant court avec une décision précise et tranchante sur chaque article. » Il le lui redit non moins vivement qu’à son père : « Point d’amusements de curiosité. Coupez court sur chaque affaire. […] Dans son exil, et malgré ses restes de relations confidentielles à la Cour, il n’était plus bien informé du fond ; il dit à tout moment qu’il est mal instruit de l’état général des affaires, et il a raison ; il n’en juge que comme le public et, selon qu’il le dit, par les morceaux du gouvernement qu’il entrevoit sur sa frontière.
Il avait charge de convertir les gens bon gré, mal-gré, et de justifier ce mot du roi répondant à M. de Croissy qui le proposait vers ce temps pour l’ambassade de Constantinople : « Il sera plus utile à mon service, dans la conjoncture des affaires de la religion, en France qu’à Constantinople. » II. […] Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés. […] Il est à observer que le roi n’avait pas envoyé des troupes en Béarn par rapport aux affaires de la religion, mais pour former le camp que Sa Majesté avait résolu d’établir sur la frontière d’Espagne. […] Il eut l’honneur, en juillet 1690, de recevoir et de régaler à son passage le roi Jacques détrôné et fugitif, qui avait pris sa route par Caen : il fut très-frappé de l’air indifférent, passif, de ce roi opiniâtre,« qui paraissait aussi insensible au mauvais état de ses affaires que si elles ne le regardaient point ; qui racontait ce qu’il en savait en riant et sans aucune altération. » Le roi Jacques se flattait à cette date, que « le peuple anglais était entièrement dans ses intérêts » ; et il imputait tout le mal au prince d’Orange et aux troupes étrangères que l’usurpateur avait fait passer en Angleterre.
. — Soyez tout, excepté Dieu. » Et mon ami continuait très-vivement ; il s’emportait contre cette philosophie de l’histoire qui est une si grosse et si mystérieuse affaire, une si merveilleuse production en même temps qu’un si commode instrument au sens et au gré des nouveaux doctrinaires : ils font de l’histoire quelque chose de sacré, et ils n’admettent pas cependant qu’il y ait un plan primitif tracé, et une Providence qui y ait l’œil et qui y tienne la main : c’est une inconséquence. […] Si j’avais affaire à un auteur dramatique, je dirais que son cinquième acte est le plus faible ; et il n’en pouvait être autrement d’après le sens même et l’esprit selon lequel il a mené toute l’action : le cinquième acte, humanisé comme il l’est, et dépouillé de son mystère, est nécessairement un peu découronné. […] A son nom se rattachent désormais des principes dont le triomphe n’est plus qu’une affaire de temps. […] Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire.
Guizot, dans le calme et la dignité de sa retraite, continue de régler sur tous les points les affaires de sa pensée et de sa conscience. […] c’est l’affaire de Dieu d’arranger tout cela ; sr les lois de la nature ne sont que sa volonté permanente et comme son souffle infus et continuel, il saura bien tout concilier, tout infléchir, s’il le faut, sans rien briser, tout faire arriver à bon port comme le plus habile des pilotes ; car il est à la fois le pilote et le constructeur du navire, et le maître des vents et celui des flots : il a tout prévu. […] Nous avons affaire à l’un de ces esprits qui dorment peu et qui, dans leurs veilles comme dans leurs songes, se passent d’être amusés et consolés. […] Il ne serait pas exact de penser, comme paraît l’avoir cru l’illustre écrivain, d’après une autre lettre de lui écrite à la même date et dont j’ai eu communication, que ce « philosophe critique, sans femme, sans enfants, sans affaires, spectateur curieux et douteur, ce soit moi-même », et que j’aie mis là mon portrait en regard du sien.
A ce prix, on brisait plus sûrement que par les armes le faisceau de la coalition récente, et l’on conjurait les chances des coalitions futures ; on n’avait plus affaire qu’à une seule ennemie, l’Angleterre ; enfin on divisait les difficultés, les périls. […] Lefebvre, a été reproduite et accentuée par lui à diverses reprises avec beaucoup d’énergie et en des pages très-heureuses : « Plus que jamais, dit-il dans son récit, au moment des complications qui surgirent en Italie par suite des résistances du Pape dès les premiers mois de 4806, — plus que jamais nous croyons qu’après les trophées de Marengo et de Hohenlinden il eût été d’une bonne politique pour le premier Consul de ne point s’engager à fond dans les affaires d’Italie, et que la tâche de réduire l’Angleterre, d’affermir nos conquêtes sur le Rhin et l’Escaut, suffisait pour remplir, pour glorifier la vie d’un grand homme et absorber les forces d’une génération. […] « C’est une affaire à recommencer », lui répondit tranquillement l’empereur, sans que la question eût été un instant douteuse dans son esprit ; et elle était tranchée en ces termes depuis plusieurs heures lorsque M. de Talleyrand reçut communication de la nouvelle. Cette affaire à recommencer, elle était commencée, entamée et nouée depuis 1812 et dès auparavant ; elle était écrite au cœur des souverains avant d’être réglée et formulée dans leurs stipulations.