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1115. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Gil Blas est respecté non-seulement comme le chef-d’œuvre du roman et le génie du roman au dix-huitième siècle, mais comme un chef-d’œuvre de l’esprit humain, et une telle opinion ne m’étonne pas, venant, comme elle en vient, du dix-huitième siècle… Pour mon compte, cela ne m’étonne nullement que le siècle qui admira cette brillante canaille de Casanova, d’Aventuros Casanova, comme l’appelait le prince de Ligne, ait trouvé Gil Blas une œuvre charmante et sublime.

1116. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

» et qui n’ait pas sur le cœur un vautour comme Prométhée, mais une colombe ; après avoir donné une si magistrale saillie à ce Marius Tirard, le maire de Lamanoc, une tête qu’aurait admirée Walter Scott ; après nous avoir épinglé cette vieille Mlle Blandine, travaillée comme les dentelles rousses de son corsage, Mlle Blandine, un type de vieille fille nouveau, quand ils sont tous usés, les types de vieilles filles !

1117. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

On a souvent parlé de la vérité de Cécile de Volange, dans un roman affreusement puissant, et on a admiré, en frémissant, la force d’impersonnalité qui l’a créée.

1118. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

On peut y joindre, quoique dans un ordre un peu inférieur, ceux de Tournefort, de Boherhaave, de Malebranche, du marquis de L’Hôpital, du grand Cassini, de Renau, qui eut le mérite ou le malheur d’inventer les galiotes à bombes ; de Homberg, premier médecin et chimiste du duc d’Orléans, régent ; du fameux géographe de Lisle, qui raccourcit la mer Méditerranée de 300 lieues, et l’Asie de 500 ; et de Ruisch, célèbre anatomiste hollandais, avec qui le czar Pierre passait des jours entiers pour admirer ou pour s’instruire, et dont le cabinet fut transporté de La Haye à Pétersbourg.

1119. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ils se donnaient ainsi les gants d’être libéraux et de goût très large, puisqu’ils admiraient autre chose que Corneille et Racine ; et, en même temps, ils crossaient Victor Hugo, qui était leur bête noire. […] Et de cette façon Shakespeare, de 1830 à 1860, fut poussé au pinacle par tout le monde : par les romantiques, parce qu’ils l’admiraient pour lui-même, et par les classiques parce qu’ils l’admiraient contre Hugo, par tactique et avec une pensée de derrière la tête. […] Or, elle ne contient ni Montaigne (si admiré, du reste, en Angleterre) ni Renan. […] Pourtant la pièce a réussi : elle a été applaudie et admirée à outrance. […] Il y allait un peu, dans sa jeunesse, pendant la période du « charme », pour faire des efforts violents à dessein d’admirer les drames d’Hugo.

1120. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère, en mai 1827, allait avoir vingt-sept ans ; mais, frais et imberbe, il n’en paraissait pas plus de vingt, et Goethe apprit de lui, non sans étonnement, que tous ses collaborateurs du Globe, dont « il avait souvent admiré la sagesse, la modération et le haut développement », n’étaient guère plus âgés que lui. […] Mérimée, si admiré de Goethe dès ses productions premières, pour son Théâtre de Clara Gazul, pour sa Guzla, considéré par lui au début comme un des plus francs et des plus originaux talents de la France, certes M.  […] Je le regardais, je l’écoutais avec recueillement ; j’admirais en silence la vivacité de ses souvenirs, les grâces de son esprit, la sérénité de son âme ; il me montrait les grands arbres qui s’élevaient au-dessus de nos têtes. « On est bien hardi de planter un arbre », disait-il en souriant. […] J’admire qu’Ampère, connaisseur de tout temps assez incertain en matière de beaux-arts, se trouve ainsi avoir aiguisé ses sens au point d’être subitement doué de seconde vue et de dépasser Lavater, et en général je ne saurais me faire à cette méthode qui me paraît bien hasardeuse et qu’il affectionne avant tout, de prétendre juger du caractère des hommes d’État par des portraits et des bustes plus ou moins ressemblants et quelquefois douteux ; mais, cela dit, ce voyage à travers l’histoire romaine qu’on refait avec Ampère est plein d’agrément et d’instruction ; la contradiction même y est profitable : on y remue, on y ravive, bon gré, mal gré, ses notions et ses jugements.

1121. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou, à qui on ne pouvait guère reprocher pour toute inexactitude que d’avoir confondu Charles Perrault avec son frère le médecin : on lui imputait de plus (ce qui était faux) d’avoir appelé écrivains obscurs, littérateurs subalternes, tous ceux qui n’avaient pas admiré Boileau. « Cette manière de s’exprimer, disait-on, peut avoir cours à l’Oratoire ou dans les colléges de l’Oratoire, mais à Paris on parle plus poliment. » M. […] On y admire, à la réflexion, la rare puissance qu’il a fallu pour rassembler, pour coordonner et maintenir tant de faits et de rapports divers si prudemment et si nettement exprimés, sans que la plume ou le compas (je ne sais comment dire) ait dévié ni fléchi un seul instant durant tout ce long travail. […] Dans sa notice sur Rulhière, il ne se lasse pas d’admirer que le discours de réception de cet académicien se puisse relire. […] En prose, il était un arbitre consommé et souverain, mais encore très-armé de distinctions ; il estimait, on l’a vu, la prose du xviie  siècle au moins égale à celle du xviie  ; s’il parlait magnifiquement de Bossuet et le comblait d’éloges sentis, il s’attachait pour son ordinaire à Jean-Jacques, et ne cessait pas de l’admirer de près.

1122. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Si on les regarde, on admire la réussite de l’ouvrage, l’effet d’un mot, d’une voyelle qui, placée là, sonne à ravir et vous alarme. […] Notons qu’il admire Tolstoï et l’aime. […] Vigny connaît d’abord et admire « l’attitude de ses ancêtres » : on l’invite à la garder. […] Je n’ai connu, de cette espèce, que Tolstoï : je l’admirais ; et il me déroutait. […] Dans son génie même, il y a peu d’âme ; et comment ne pas l’admirer par-dessus tous les poètes de son temps ?

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