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482. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Arrivée à quinze ans en France, la jeune Dauphine n’en avait pas dix-neuf lorsqu’elle se trouva reine à côté de Louis XVI. […] Mais, en France, elle ne put l’essayer de même impunément, et son Petit Trianon avec ses laiteries, ses bergeries et ses comédies, était trop près de Versailles. […] Le prince de Ligne en ce temps-là venait souvent en France, et c’était un de ces étrangers tout français et tout aimables avec lesquels se plaisait particulièrement la reine. […] Ces deux personnes qu’elle a particulièrement distinguées en des temps différents, paraissent avoir été le duc de Coigny d’abord, homme prudent et déjà mûr, et en dernier lieu M. de Fersen, celui-ci colonel du régiment Royal-Suédois au service de France, caractère élevé, chevaleresque, et qui, aux jours du malheur, ne s’est trahi que par son dévouement absolu. […] Nous ne sommes pas ici des puristes constitutionnels : ce qu’elle voulait, ce n’était pas la Constitution de 91 assurément, c’était le salut du trône, celui de la France comme elle l’entendait, l’honneur du roi et le sien, et celui de sa noblesse, l’intégrité de l’héritage à léguer à ses enfants ; ne lui demandez pas autre chose.

483. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

En effet les métamorphoses qui se répresentent sur la scene dans les opera de France et d’Italie y font rire presque toujours, quoique l’évenement soit tragique par lui-même. […] Saint Martin coupant son manteau, action dans laquelle les peintres et les sculpteurs le répresentent ordinairement, n’est pas d’un autre côté une figure aussi connuë en Italie qu’elle l’est en France. Les françois sçavent communement l’histoire de France depuis deux siecles. […] Mais une tête de Henri IV ne feroit pas deviner le sujet d’un tableau en Italie comme elle le feroit deviner en France. Chaque peuple a même ses fables particulieres et ses heros imaginaires les heros du Tasse et de L’Arioste ne sont pas aussi connus en France qu’en Italie.

484. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Royou, en 1819, une Histoire de France depuis Pharamond jusqu’à la vingt-cinquième année du règne de Louis XVIII. […] Et enfin la réimpression par Rabelais d’un antique ouvrage, très célèbre dans la vieille France, et schéma du chef-d’œuvre futur : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua (Lyon, 1532). […] Lorsque les célèbres romans de Grandisson pénétrèrent en France, grâce à l’adaptation de Prévost (Mémoires pour servir à l’histoire de la vertu, extrait du journal d’une jeune dame, traduit de l’anglais), ils obtinrent en très peu de temps auprès du public français un succès étourdissant. […] De là sortirent : Paméla en France ou la vertu mieux éprouvée, comédie de Boissy ; Anne Bell et Clary ou le retour à la vertu récompensé, par Baculard d’Arnaud ; Lettres de Juliette Catesby par Mme Riccoboni ; sans compter bien d’autres Lettres de Milady Linsay et de Mémoires de Clarence Wildonne par des inconnus. […] À l’exemple du célèbre Voyage en France et en Italie, le récit de la moindre Excursion dans les provinces occidentales de France par Brune, ou même d’une simple Promenade de Lausanne à Yverdun par Vernes était tenu d’être Sentimental.

485. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Ces derniers livres sont d’une lecture difficile, toute spéciale, toute destinée aux gens du métier ; la France n’a plus rien à envier aux travaux des Allemands en ce genre. […] Rousseau ; c’est un hommage à la France. — Guillaume de Schlegel, qui vient de mourir, lui avait rendu souvent ce genre d’hommage, même lorsqu’il était le plus sévère contre les admirations exclusives si ordinaires au goût et à l’esprit français. […] Cela constitue en France un genre nouveau de littérature : l’Essai historique dans tout son sérieux et tout son développement.

486. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France 9 septembre 1884 Quelle fatalité, Messieurs, que la mort soit venue prendre parmi nous le plus jeune, le plus désigné pour les grandes œuvres, le plus aimé ! Six mois à peine se sont écoulés depuis que Stanislas Guyard remplaçait, dans la chaire d’arabe, au Collège de France, le regretté Defrémery, et voilà que le coup le plus imprévu nous l’enlève, au milieu d’une féconde activité ! […] Guyard se chargea d’un volume, et c’est grâce à lui que la France a été représentée dans cette entreprise monumentale.

487. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Une pièce sans date, mais qui doit être de cette époque environ, nous montre Mézeray en voie de fonder le premier journal littéraire et scientifique qui eût paru en France. […] L’Histoire de France de Mézeray (je parle toujours de la grande Histoire et non de l’Abrégé), depuis le règne de François II notamment jusqu’à la paix de Vervins (1559-1598), est une lecture des plus fertiles et des plus nourrissantes pour l’esprit ; on y apprend chemin faisant mille choses de l’ancienne France, de l’ancien monde, que les meilleures histoires modernes ne sauraient suppléer. On y apprend cette vieille France racontée dans son propre langage, avec ses propres images, ses plaisanteries de circonstance ou ses énergies naïves, et toutes ses couleurs familières, et non traduite dans un style modernisé. L’Histoire du père Daniel, qui parut cinquante ans après, est bien autrement approfondie et savante : celle de Mézeray, pour les derniers règnes, mérite de rester comme une représentation et une reproduction naturelle de la France et de la langue du xvie  siècle, avant que le régime de Louis XIV et les règles de l’Académie y aient mis fin et que tout ait passé sous le niveau. […] [NdA] Ce curieux projet de privilège se trouve également aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale dans les papiers de Mézeray, au milieu du volume intitulé Dictionnaire historique, géographique, étymologique, particulièrement pour l’histoire de France et pour la langue française ; c’est le même ouvrage que Camusat a publié sous le titre de Mémoires historiques et critiques, etc., par Mézeray.

488. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

C’est ce texte qu’on retrouve dans le 20e volume du Recueil des historiens de France, publié par MM.  […] Mais l’esprit de routine est si difficile à vaincre, que Petitot, dans sa collection, d’ailleurs estimable, des mémoires relatifs à l’histoire de France, entreprise vers 1819, n’osa se décider à mettre le bon texte de Joinville, qui était en lumière depuis 1761. […] On revenait en France de cette croisade malheureuse ; on s’était embarqué à Acre, on était en vue de l’île de Chypre (1er mai 1254), et plus près qu’on ne pensait. […] Se tournant vers son chambellan, vers le connétable de France et autres seigneurs présents, le roi leur demanda ce qui leur en semblait, et chacun opinait pour faire selon le conseil des gens du métier et pour quitter le bord. […] [NdA] Voir au tome III, p. 239, de la Vie de saint Louis, par Tillemont, publiée seulement de nos jours par M. de Gaulle pour la Société de l’histoire de France (1847-1851).

489. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Pour s’en rendre compte, il faut avant tout remonter en arrière et se former une juste idée de l’état de la France pendant les campagnes précédentes. […] Cependant le prince Eugène, n’ayant pu déterminer le duc d’Ormond à un engagement général, se résolut à faire un siège ; il assiégea d’abord Le Quesnoi qui se rendit le 3 juillet après douze jours de tranchée ouverte et d’une défense jugée insuffisante ; puis il porta ses vues sur Landrecies qu’il investit avec le gros de ses forces, et dont la prise lui eût ouvert le Soissonnais : il se passait ainsi d’Arras et de Cambrai, et forçait par une autre clef le cœur de la France. […] Le maréchal de Villars sauva la France à Denain !  […] Denain, le salut de la France, les beaux sièges qui suivent, tout cela est d’un homme heureux, trop heureux pour ne pas être digne des faveurs de la fortune. […] Tome XI des Mémoires militaires relatifs à la Succession d’Espagne sous Louis XIV, dans la Collection des documens inédits sur l’Histoire de France. — Tome XIV du Journal de Dangeau, publié par MM. 

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