J’entends tout éternel humain. […] Les chrétiens la considèrent généralement du côté de l’éternel, du lieu de l’éternel, venant de l’éternel, se plaçant de l’éternel, (et mon Dieu c’est bien un peu leur office). […] L’éternel a été fait, est devenu temporel. […] Du temps à l’éternel. […] Dans le piège éternel.
Daudet À une époque où les littérateurs se préoccupent tellement de l’art de peindre qu’ils lui empruntent des procédés, des termes particuliers, il est curieux de voir les peintres entrer dans le domaine de la poésie avec cet éternel souci de la couleur qui peut leur devenir en littérature une qualité ou un écueil. […] On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.
Tous chantaient exclusivement l’amour, cette éternelle inspiration du cœur. […] L’âme humaine, que le christianisme avait détachée, dans les monastères surtout, des intérêts terrestres, s’était absorbée dans l’intérêt de son salut éternel. […] J’étais monté sur le siège de ma calèche pour contempler de plus haut et de plus près une plus large part de ce magique horizon, délices de Cicéron, de Mécène, de Virgile et d’Horace ; ils y ont incorporé leurs noms comme des illustrations éternelles de l’homme sur ces pages de la nature. […] Le tableau est étroit, la peinture est sobre de couleurs ; l’impression est éternelle ! […] La poésie est, en effet, comme un corps glorieux sous lequel la pensée demeure incorruptible et éternelle.
Michel-Ange avoit apparemment travaillé durant long temps avant que de parvenir à peindre la majesté du pere éternel avec ce caractere de fierté divine qu’il a sçû lui donner. […] Mais Raphaël voit un moment le pere éternel peint par Michel-Ange : frappé par la noblesse de l’idée de ce puissant génie, que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent. […] Frappé de la majesté divine, et de la fierté noble que Michel-Ange faisoit sentir dans le caractere de tête du pere éternel, qu’on voit en differens endroits de la chapelle de Sixte, faisant l’ouvrage de la création : il condamna sa maniere sur ce point, et il prit celle de son concurrent. Raphaël a représenté le pere éternel dans le dernier tableau de la premiere loge, avec une majesté au-dessus de l’humain.
Dans notre étude sur la Littérature et la Critique littéraire au xixe siècle nous avons rencontré le problème si difficile, et d’un intérêt si général, de la conciliation de l’autorité et de la liberté, de la tradition et du changement, des lois du goût et des droits du génie ; et tout en restant fidèle à notre admiration pour les principes éternels de l’art classique, nous avons défendu la liberté de l’invention en littérature ; car ces lois éternelles elles-mêmes ne sont que l’expression des grandes inventions du génie. […] En un mot, sous des formes très-diverses, nous avons presque partout rencontré le même problème : comment l’esprit de critique et d’examen, l’esprit de nouveauté et de changement peut-il se concilier avec les principes de l’éternelle vérité ?
Ce nouvel ordre de choses sera éternel. […] Plus souvent, cependant, Jésus veut que la résurrection s’applique aux méchants pour leur éternelle confusion 808. […] Sa chimère n’a pas eu le sort de tant d’autres qui ont traversé l’esprit humain, parce qu’elle recelait un germe de vie qui, introduit, grâce à une enveloppe fabuleuse, dans le sein de l’humanité, y a porté des fruits éternels. […] Cela est si vrai que cette morale prétendue des derniers jours s’est trouvée être la morale éternelle, celle qui a sauvé l’humanité. […] Le mot favori de Jésus reste donc plein d’une éternelle beauté.
C’est qu’en effet, comme devait le dire admirablement Newton, Dieu n’est pas l’éternité plus qu’il n’est l’infinitude ; mais il est éternel et infini. […] Une fois ces objections écartées, Aristote revient à son sujet, et il recherche comment on peut concevoir qu’un mouvement soit éternel. […] Le mouvement étant éternel selon Aristote, le premier moteur doit être éternel comme le mouvement même qu’il produit éternellement. […] En quel lieu réside-t-il, si toutefois on peut, sur l’infini et l’éternel, élever une telle question ? […] Dieu est donc éternel, infini, parfait, vivant, tout-puissant ; il sait tout ; il est partout.
Ce n’est pas que vous refusiez une adhésion respectueuse à ces chefs-d’œuvre des âges favorisés où nous cherchons avec vous les modèles de la raison élégante et les secrets de l’éternelle beauté. […] le premier degré où doit viser la connaissance humaine, un échelon tout au plus au-dessus duquel il faut gravir pour vous conformer à ces lois éternelles entrevues par Platon, fixées par une théodicée plus sublime, et qui sollicitent l’essor de notre intelligence vers un idéal qui n’est pas de ce monde. […] Mais de nos jours combien d’hommes, tristes fanfarons de scepticisme, se font un jeu cruel d’ébranler toutes les convictions, « Ubi soliludinem faciunt sapientiam appellant. » Le mot terrible de Tacite suffit à les définir ces artisans de ruines qui ne s’arrêtant devant aucun objet de croyance se gardent bien de ménager le culte du génie : race éternelle des iconoclastes en qui je reconnais ces soldats d’Alarik qui, violents contemplateurs des Phidias et des Praxitèle, trouvaient leurs plus doux plaisirs à décapiter les marbres des dieux. […] Tout modeste aveu du peu que nous sommes, toute soumission devant les supériorités éternelles, tout acte de foi sincère agrandit le cœur en même temps que l’esprit se développe.