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1307. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

C’est qu’on a cru sans doute que, dégagés de l’image ou de l’idée qu’ils contiennent, les mots n’existeraient plus qu’à l’état d’articulations vaines.

1308. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

On est étonné que l’abbé Boileau, qu’un homme de son état & d’un genre de vie sévère, ait osé les mettre sous les yeux du lecteur.

1309. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Le coup d’œil le plus superficiel sur l’état du monde nous montre que, dans tous les domaines, nous sommes en pleine réaction. […] Ce n’est pas une pose, ce n’est pas une maladie, c’est un état naturel. […] Aussi bien, est-ce l’état présent de la littérature. […] Tout est réaction dans leur système ; ils se figurent qu’on bouleverse ainsi, de fond en comble, un état littéraire, sans plus de préambule et sans plus d’utilité. […] Ils disent que c’est une grâce d’état.

1310. (1914) Une année de critique

Enfin, me voyant relever Henriette, elle s’élance pour secourir Julie défaillante, et elle tombe sur elle dans le même état. […] Monsieur Bois exerce d’abord l’état de penseur. […] L’amour l’a conduit à un état d’exaltation et pour lui, bientôt, cette exaltation a plus de prix que l’amour. […] L’Écornifleur, dont le livre est la confession n’expose pas en de longues dissertations l’état de ses sentiments. […] Ces deux états successifs, nous n’en prenons pas une connaissance directe.

1311. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

ce n’est pas d’avoir raison, c’est de forcer l’auditeur bénévole de savoir ce qu’il dit. » Quant à l’auditeur non bénévole, il n’était pas fâché de le mettre hors d’état de savoir ce qu’il disait. […] Castelliser avec votre famille serait pour moi un état extrêmement doux, et puisque vous y seriez, il faudrait bien prendre patience ; mais, hélas ! […] « Plusieurs personnes m’ont fait l’honneur de m’adresser la même question que je lis dans votre lettre : Pourquoi n’écrivez-vous pas sur l’état actuel des choses ? […] D’ailleurs, messieurs, la vertu est une force constante, un état habituel de l’âme, tout à fait indépendant des circonstances. […] Il n’y a plus de religion sur la terre, le genre humain ne peut rester en cet état….

1312. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

En vain ces Marches et ces Gaus se groupent en états et finissent par former une société demi-réglée, pourvue d’assemblées, et régie par des lois, conduite par un roi unique ; sa structure même indique les besoins auxquels elle pourvoit. […] L’effort, l’effort tenace et douloureux, l’exaltation dans l’effort, voilà leur état préféré. […] On juge bien que, dans un tel état, l’ordre régulier des mots et des idées est à chaque pas brisé. […] L’enthousiasme est leur état naturel, et leur Dieu nouveau les remplit d’admiration comme leurs dieux anciens les pénétraient de fureur. […] La Germanie aux quatrième et cinquième siècles, le Danemark et la Norvége au septième et au huitième, l’Islande aux dixième et onzième siècles, offrent le même état, et les documents de chaque pays peuvent combler les lacunes qu’il y a dans l’histoire des autres.

1313. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

M. de La Mennais, en un récent écrit, d’où l’on tirerait des pensées assurément plus gracieuses, a dit : « Je n’ai jamais rencontré de femme en état de suivre un raisonnement pendant un demi-quart d’heure. » Voilà qui est bien dur, et qui sent la rancune. […] Son état de souffrance la reporta vers les idées religieuses dont son enfance n’avait jamais manqué, et qui depuis n’avaient été que distraites ; elle rêva, elle pria, surtout elle médita : « La méditation, a-t-elle dit, diffère de la rêverie en ce qu’elle est l’opération volontaire d’un esprit ordonné. » Des réflexions qu’elle écrivit vers le même temps, après avoir lu celles de Mme Du Châtelet sur le Bonheur, nous la montrent bien contraire à cette morale égoïste et sèchement calculée de l’amie de Voltaire, comme d’ailleurs elle eût été peu encline à la morale purement sentimentale que de plus tendres avaient puisée dans Rousseau. […] On se rappelle, dans les Mémoires de Silvio Pellico, le touchant roman ébauché avec cette Madeleine repentie, dont il n’entend que la voix et les cantiques à travers le mur ; mais le roman reste, pour ainsi dire, dans l’air, à l’état de fil de la Vierge, et flotte en pur rêve.

1314. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Par eux, les aptitudes poétiques de la race celtique, engourdies sous la domination romaine par l’élégant rationalisme de la littérature savante, comme par la pression monotone de la protection administrative, furent réveillées : les âmes, préparées déjà par le christianisme, violemment secouées par l’instabilité du nouvel état social, recouvrèrent le sens et le don des symboles merveilleux ; et dans la famine intellectuelle que produisit la ruine des écoles, l’aristocratie gallo-romaine, sujette des rois francs et compagne de leurs leudes, associée aux fêtes comme aux affaires, quitta sa délicatesse et ses procédés raffinés de pensée et de langage : elle retourna à l’ignorance, au peuple ; elle se refit peuple, avec toute la rudesse, mais avec toute la spontanéité du génie populaire. […] Chaque état de la matière épique est le résultat d’un intime renouvellement, d’une refonte intégrale. […] Nous n’avons rien que des remaniements : la Chanson de Roland même en est au moins au second état.

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