*** À l’époque où M. […] Bovary avait vécu à cette époque, le poëme des Osanores aurait pu lui fournir une magnifique clientèle. […] À l’époque où il parut au théâtre, il se présentait— par modestie, sans doute— à la suite d’un écrivain dont les tendances dramatiques avaient un but rétrograde. […] Mais ne serait-il pas temps d’en finir avec ce reproche banal qu’on jette à toutes les œuvres qui s’inspirent un peu vivement des mœurs de leur époque ? […] Mais on ne peut nier que nous traversons une époque de décadence morale, et que le temps est mauvais pour faire de la scène comique un pâturage où brouterait le troupeau des blancs moutons de madame Deshoulières.
À défaut de jeux d’esprit, j’ai cherché avec amour la vérité et des raisons de croire en notre époque. […] Par là Griffin est bien de son époque. […] D’où le retour conscient, à notre époque, à cette chanson populaire si riche d’âme. […] Elles s’épanouissent à nouveau d’époque en époque, mais les unes après les autres et non plus tendues dans un seul équilibre, tant qu’elles finissent par se tourner les unes contre les autres. […] Elles seules intéressent un historien de la littérature, décidé à étudier l’ambiance intellectuelle d’une époque.
Mais il n’en est pas ainsi, et quoi qu’on puisse dire contre notre siècle, la littérature élevée peut y montrer des noms comme Béranger, Lamennais, George Sand, Hugo, Lamartine : avec de telles gloires, une époque peut s’égarer ; mais on ne saurait dire sans injustice qu’elle a perdu le sens des choses de l’art. […] De cet épuisement subit il est résulté que notre époque si vivante, si intelligente, si passionnée pour les œuvres de l’imagination ne sait plus à qui porter des couronnes, et que, malgré les vociférations tumultueuses du roman de journal, l’arène littéraire est à peu près vide de combattants. […] Que peut valoir en effet à une époque laborieuse comme la nôtre, un idéal dont le dernier mot est l’impuissance, un personnage qui tire toute sa valeur de sa nullité, et dont le suprême mérite est de n’être propre à rien ! […] Le public, il est vrai, se hâta de protester contre une vanité qui gâtait les livres futurs, mais on était à l’époque où les héros incompris rencontraient encore des admirateurs. […] On veut absolument avoir avec son livre en mains, le moyen de soulever tous les voiles qui nous cachent les grâces attiques, et lui n’a jamais prétendu qu’à nous donner le secret de quelques perfections perdues dans ce qu’on a appelé, bien sottement du reste, des époques de décadence.
On admettra même les applications à notre époque et à notre pays. […] « L’homme, dit-il, est d’une belle époque, et qui n’a pas encore appris l’obéissance. […] Était-ce inévitable à cette époque ? […] Presque tous les Mélanges et les Contes datent de cette époque. […] Ce n’est pas si mal, pour l’époque.
Le prince de Kaunitz était à cette époque chancelier de l’empire. […] Tout est relatif ; on reconnaît une réelle décence extérieure dans la société de la comtesse de Rochefort, lorsqu’on la compare à d’autres sociétés de la même époque. […] C’est une tentative intéressante qui mériterait une étude à part ; mais, quoi qu’il en soit de sa valeur, elle est en avance ou en retard sur l’époque, elle ne traduit pas exactement l’état de la conscience contemporaine. […] Nous sommes loin de l’époque où deux autres sonnets, l’un de Voiture, l’autre de Benserade, divisaient la France entière en deux factions. […] C’est au christianisme que le moyen âge a dû la chevalerie, l’institution qui, au milieu de l’anarchie et de la barbarie de cette époque, a fait sa beauté poétique et morale.
Je ne veux pourtant pas rester trop incomplet et sans conclusion sur un homme qui fut considérable dans la société de son époque, et qui unit bien des contraires ; qui se fit agréer de Rousseau, et eut de lui une dédicace ; qui se fit craindre et respecter de Voltaire ; qui fut bien à Versailles avec la maîtresse favorite, eut de l’importance administrative et parlementaire dans sa Bretagne, et figura à la tête de l’Académie. […] Le degré de considération avec lequel il fut traité à l’étranger lorsqu’il y alla, fait partie de l’honneur des lettres à cette époque. […] Indépendamment de ce qu’il avait de singulier et d’original dans l’humeur et dans le ton, un tel homme, dans la littérature d’une époque, est ce qu’on peut appeler une spirituelle et essentielle activité, une utilité de premier ordre.
Napoléon ici hésita, eut des égards pour l’Europe, pour l’empereur Alexandre, alors son ami et son allié intime, celui qui, en 1808, disait au roi de Saxe à Erfurt « qu’il se sentait meilleur après chaque conversation avec l’Empereur Napoléon, et qu’une heure d’entretien avec ce grand homme l’enrichissait plus que dix années d’expérience. » Mais, depuis cette époque, les dispositions de la Russie et de son souverain avaient bien changé ; les exigences de Napoléon au sujet du blocus continental, l’intérêt qu’avait Saint-Pétersbourg à ne pas s’y prêter, les griefs et les passions de sa Cour et de son peuple, avaient influé sur l’esprit mobile d’Alexandre et l’avaient désenchanté peu à peu et finalement aliéné de son grand ami. […] M. de Senfft fut avec lui à Berlin, et depuis à Paris, sur un pied d’amitié et de confiance, auquel il dut, en 1809, la satisfaction de soustraire le fils aîné de Mmc la duchesse d’Esclignac, fait prisonnier en Espagne, à la rigueur des lois portées contre les Français pris les armes à la main. » On peut le remarquer, les parfaites liaisons de M. de Senfft à cette époque ne furent jamais qu’avec ceux qui, tout en servant alors la politique de Napoléon, avaient des restes d’ancien régime ou des avant-goûts et des prédispositions de régime futur différent. […] La politique était sa passion ; il avait publié, à différentes époques, des ouvrages qui en traitaient.
Vague et chimérique dans ses plans et ses velléités personnelles, il jugeait cependant avec vérité de l’état de l’esprit public en Allemagne, surtout à la suite du dernier décret dit de Trianon, qui portait à l’extrême l’application du blocus continental, et il pronostiquait exactement comme le roi Jérôme, quoique en vertu de désirs et de sentiments tout opposés : « Le système continental, introduit en Allemagne, y marqua, disait-il, une époque décisive pour l’esprit public de cette contrée. […] Un Français, un ancien ecclésiastique, d’abord attaché au maréchal Davout et qui se trouvait à cette époque à Varsovie, l’abbé Gley, en prenant spontanément la défense de M. […] Je le vois encore avec sa petite taille, sa tête portée en arrière, son geste pétulant, cette figure dont on a dit « qu’elle ressemblait à celle du péché mortel vieilli. » J’eus beau faire, je n’avais encore rien rabattu en moi, à cette époque, des hauts dégoûts et des dédains superbes de la jeunesse ; on l’entourait, on faisait cercle, on l’appelait Monseigneur à tour de bras : pour moi, je ne pus parvenir à rattacher à la figure du personnage rien qui ressemblât à de la considération et à du respect.