C’est l’Allemagne moderne qui a élevé à Molière le monument le plus digne de lui. […] Un murmure d’indignation s’est élevé : Jeter du fromage ! […] Au reste, Cotin, à l’époque où parurent Les Femmes savantes, était un vieillard réputé pour sa science, qui n’avait donné que comme des plaisanteries les deux pièces débitées par Trissotin sur la scène, qui, pour me servir des expressions de l’abbé d’Olivet, « avait traduit certains passages de Lucrèce en vers assez beaux pour faire honneur à un poète qui n’aurait été que poète ; dont la prose a je ne sais quoi d’aisé, de naïf et de noble qui sent son Parisien élevé avec soin, et qui, en somme, méritait d’avoir eu le sort tranquille de tant d’autres écrivains qui ne valent pas mieux que lui, et qui peut-être valent moins. » Molière, et c’est un tort grave, avait donc fait allusion à Cotin ; mais il ne l’avait pas personnellement traduit sur la scène. […] L’autre est tout l’opposé ; il a été élevé dans une petite ville : il en a l’honnêteté compacte, les manières brusques, le parler brutal.
Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie ! […] « Dès l’an 652, dit Warton, l’usage commun des Anglo-Saxons était d’envoyer leurs enfants dans les monastères de France pour y être élevés ; et l’on regardait non-seulement la langue, mais encore les manières françaises, comme un mérite et comme le signe d’une bonne éducation. » 99.
Sindolt, le guerrier choisi, était échanson, Hûnolt, camérier ; ils étaient dignes de remplir les emplois les plus élevés. […] Elle vit le faucon sauvage, qu’elle avait élevé pendant tant de jours, étranglé par deux aigles, et jamais rien en ce monde ne pouvait lui causer plus de douleur.
Là-dessus, le voilà qui me lit dans un cahier manuscrit, son livre tout plein de Dieu, dans lequel il est devenu un métaphysicien, disant des choses plus élevées, que dans ses autres livres, et où il cite cette originale phrase de l’Allemand Bohme : « La matière est comme le portrait d’une personne absente. » Vendredi 8 juillet Seconde pose pour un médaillon, qu’exécute d’après moi, Alexandre Charpentier. […] Samedi 4 août Les jeunes gens, élevés à la campagne, et passant des heures à contempler le paysage, ou à regarder le bouchon flottant d’une ligne, gagnent à ce trop long contact avec la nature, un lazzaronisme, une torpeur, une paresse de l’esprit, qui les empêchent de faire quelque chose dans la vie.
— Atteindre au plus de Beauté expressive possible, par le moyen lyrique, subordonnant le cadre aux exigences imprévues de l’image, et rechercher assidûment la surprise de style comme dans la libre prose avec, de plus, le souci d’un rythme particulier qui doit déterminer le caractère poétique déjà établi par le ton ou pour mieux dire le diapason élevé du langage… en somme, tout poème doit inclure d’abord l’idée, puis le rythme, ensuite l’harmonie de la cadence, la musique des mots, la magie de la forme. […] » Mais non, mais non, il y a, parmi les nouveaux, de fort aimables jeunes hommes, fort bien élevés, et qui, tout en réservant leur opinion personnelle, ne vous traitent pas de vieilles bêtes parce que vous n’êtes pas, ou pas encore, de leur avis.
C’est justement en cela qu’ils ont cru que consistait le progrès, dans l’appauvrissement du vocabulaire, dans une contrainte plus rigoureuse de la syntaxe, dans l’abus des « termes généraux », dans la subordination de l’originalité de chacun aux exigences de tout le monde ; et aussi bien Condorcet l’a-t-il textuellement déclaré : « On a senti que le style devait être plus élevé et plus soutenu que la conversation… La conversation même a pris un ton plus noble… et c’est peut-être à elle que nous devons l’avantage d’avoir, à cette époque de notre littérature, — il écrit en 1776, — un plus grand nombre de gens de lettres qui écrivent avec agrément et avec élégance » [Cf. […] « Dans l’ordre naturel, les hommes étant tous égaux, leur vocation commune est l’état d’homme, et quiconque est bien élevé pour celui-là, ne peut mal remplir ceux qui s’y rapportent… En sortant de nos mains notre élève ne sera ni magistrat, ni soldat, ni prêtre, il sera premièrement homme : tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin tout aussi bien que qui que ce soit » [Émile, I, 1]. […] Ils l’ont élevé au rang de cette « douzaine d’hommes » dont Diderot disait encore en 1762, que « sans s’élever sur la pointe du pied, ils le passeraient toujours de toute la tête » [Cf.
Je trouve une lettre de Mlle de Vertus à Mme de Sablé, ainsi conçue (car, selon moi, tous les détails ont du prix touchant des personnes si élevées, si délicates, et finalement si respectables) : « Enfin, je reçus hier au soir un billet de la dame (Mme de Longueville).
La voici : Il existait un homme naturel, on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie… Si vous vous proposez d’être son tyran…, empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire à la nature, faites-lui des entraves de toute espèce, embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantômes qui l’effrayent… Le voulez-vous heureux et libre, ne vous mêlez pas de ses affaires… Et demeurez à jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux que ces sages législateurs vous ont pétri et maniéré comme vous l’êtes.