/ 2110
23. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Casimir a été proprement le poëte de la classe moyenne, il lui allait en tout ; elle ne laissa jamais rien échapper de ses mérites, car rien chez lui ne la dépasse, tandis que Béranger, le poëte du peuple ou des malins, et Lamartine, le poëte des âmes d’élite, échappent aux classes moyennes à chaque coup d’aile.

24. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Rapportant tout à l’action des dieux, ils se tenaient pour fils de Jupiter ; c’est-à-dire pour engendrés sous les auspices de Jupiter, et ce n’était pas sans raison, qu’ils se regardaient comme supérieurs par cette noblesse naturelle à ceux qui pour échapper aux querelles sans cesse renouvelées par la promiscuité infâme de l’état bestial se réfugiaient dans leurs asiles, et qui, arrivant sans religion, sans dieux, étaient regardés par les héros comme de vils animaux. […] Trois sortes de mœurs Les premières mœurs eurent ce caractère de piété et de religion que l’on attribue à Deucalion et Pyrrha, à peine échappés aux eaux du déluge. — Les secondes furent celles d’hommes irritables et susceptibles sur le point d’honneur, tels qu’on nous représente Achille. — Les troisièmes furent réglées par le devoir ; elles appartiennent à l’époque où l’on fait consister l’honneur dans l’accomplissement des devoirs civils.

25. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Il seroit également injuste de se récrier contre certains traits de critique, où la plaisanterie nous échappe comme d’elle-même, à la vue du ridicule : si nous savions d’autres moyens plus propres à le faire sentir, nous les aurions employés. […] Dès-lors, il a été facile de voir que ce qui avoit pu échapper à leur plume, & être regardé comme les effets d’un délire momentané, de la démangeaison d’écrire, du desir de la singularité, étoit assez souvent réalisé dans leurs démarches. […]   Les Auteurs vivans, si nous en avons passé quelques-uns sous silence (comme cela est très-vraisemblable), ne doivent pas nous savoir mauvais gré de cet oubli : leur nom ou leurs Ouvrages ont échappé à nos recherches.

26. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Comme le Fabrice de la Chartreuse qui s’échappe de sa prison, il échappa à la vaste prison qui s’étendait alors sur toute la France. […] De toutes les fautes des pouvoirs d’alors égarés, pas une ne lui échappe ; et même celles de son propre parti n’ont jamais eu de juge plus sévère et plus franc.

27. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Elles étaient fières de lui avoir échappé. […] Sur ma foi, il me peine fort que vous vous soyez aujourd’hui échappé de mes mains. […] Ils allèrent aux varlets, — il devait en être ainsi, — et de toute la suite n’en laissèrent pas échapper un seul. […] que d’amis chéris furent tués sous ses yeux, — et lui-même échappa, à grand’peine, à ses ennemis. […] On dit à Kriemhilt que beaucoup d’entre eux avaient échappé.

28. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Deux familles avaient échappé : elles fondent un nouveau peuple dont la prospérité sera assise sur les vertus domestiques et militaires, et sur la religion. […] Le principe intérieur de la religion lui échappe, comme au reste le principe de l’art et de la poésie. […] Ses propres études, une fois qu’il aura échappé au collège, l’affermiront dans sa passion pour l’histoire ancienne, et particulièrement pour l’histoire romaine : car, peu touché de l’art, c’est des mœurs, des caractères, des actions, de l’histoire par conséquent, qu’il s’éprend. […] Par les généralisations aussi, Montesquieu donnait du piquant à son ouvrage : il se ménageait la liberté des allusions, la possibilité de faire entrer dans ses types autant d’accidents caractéristiques qu’il fallait pour faire deviner l’individu qui en avait fourni le modèle ; il échappait aux sévérités du pouvoir, et donnait au lecteur le plaisir d’entendre à demi-mot. […] Au point de vue politique, notre démocratie échappe de plus en plus à ses cadres et à ses formules, et le réduit à n’être que le théoricien d’un passé médiocrement aimé.

29. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

Un caractère généreux, poétique et chevaleresque, voilà ce qui le distinguait à nos yeux : le philosophe nous échappait d’autant plus qu’il n’existait pas même de classe de philosophie au collège de Lons-le-Saulnier. […] Je ne pense pas que Jouffroy ait échappé à la contagion commune ; sa foi devait être bien ébranlée avant la fameuse nuit qui décida de sa conversion.

30. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Si celle-ci ne les surprend et ne les enchaîne, en quelque sorte, par une expression rapide et flexible, qui leur donne à l’instant de la couleur et du corps, tout lui échappe aussitôt, et il ne lui reste plus qu’à combiner ensemble des syllabes et des rimes pour se consoler ou du moins s’étourdir. […] Quel autre qu’un poète en effet aurait pu, dans un mot échappé à l’histoire, retrouver le chant de Néron à la vue de Rome en flammes ? […] Mais, sensible et ardent comme il est, la vue d’une belle conception le met hors de lui ; il s’élance pour la saisir, et s’il ne l’a pas enlevée du premier coup à son gré, il revient sur ses traces, s’agite en tous sens et se fatigue longuement autour de la même pensée, comme autour d’une proie qui lui échappe.

/ 2110