/ 2082
311. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le style court à travers un essaim de visions ; il s’emporte jusqu’aux plus étranges bizarreries. […] à travers fossés et broussailles, sur la terre unie et sur le champ labouré, sur le flanc roide de la colline, sur le flanc plus roide encore de la muraille, comme si c’était un spectre chasseur ! […] à travers des tours et détours sans fin, dans le labyrinthe des rues sans nombre, jusqu’à ce qu’on atteigne une vieille cour d’hôtellerie, et que Tom Pinch descendu, tout assourdi et tout étourdi, se trouve à Londres1338 ! […] Ils le portèrent très-doucement, à travers les champs et le long des sentiers, dans la large campagne, Rachel tenant toujours sa main dans les siennes. […] La lumière flamboyante du gaz brûle les yeux, ruisselle à travers les vitres des boutiques, rejaillit sur les figures qui passent, et sa clarté crue, s’enfonçant dans leurs traits contractés, met en relief, avec un détail infini et une énergie blessante, leurs rides, leurs difformités, leur expression tourmentée.

312. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Ce fut pour lui comme un rayon de lumière saisi au passage à travers des barreaux. […] J’aime à les voir percer vitres et jalousies ; Chaque oblique sillon trace à ma fantaisie                  Un flot d’atomes d’or ; Puis, m’arrivant dans l’âme à travers la prunelle, Ils redorent aussi mille pensers en elle,                  Mille atomes encor. […] non pas, Mais bien moins ; mais un champ, un peu d’eau qui murmure, Un vent frais agitant une grêle ramure ; L’étang sous la bruyère avec le jonc qui dort ; Voir couler en un pré la rivière à plein bord ; Quelque jeune arbre au loin, dans un air immobile, Découpant sur l’azur son feuillage débile ; À travers l’épaisseur d’une herbe qui reluit, Quelque sentier poudreux qui rampe et qui s’enfuit ; Ou si, levant les yeux, j’ai cru voir disparaître Au détour d’une haie un pied blanc qui fait naître Tout d’un coup en mon âme un long roman d’amour…, C’est assez de bonheur, c’est assez pour un jour. […] Le coude à la fenêtre, oubliant son ouvrage, Jamais on ne la vit suivre à travers l’ombrage Le vol interrompu des nuages du soir, Puis cacher tout d’un coup son front dans son mouchoir. […] Pour moi, qui suis encore nouveau venu à la lumière, et qui n’ai, pour me sauver, qu’un peu d’amour, je n’ose m’aventurer si loin à travers l’immense nature, et je ne m’inquiète que d’atteindre aux plus humbles, aux plus prochaines consolations qui nous sont enseignées.

313. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Car, encore une fois, la vie est la sincérité même ; elle consiste dans le rayonnement régulier et continu de l’activité centrale à travers les organes : elle a la véracité de la lumière. […] Le peintre voit son passé à travers des couleurs et des formes, des couchers de soleil, des aurores, des teintes de verdure. […] Donc tout ce qui arrive à nous à travers l’histoire nous apparaît dans sa simplicité ; au contraire, l’utile de chaque jour, avec sa surcharge de trivialité, reste prosaïque ; et voilà pourquoi l’utile devenu historique devient beau. […] Les murs, les lambris sont teints de sang ; cette salle, ce vestibule sont pleins de larves qui descendent dans l’Erèbe, à travers l’ombre. […] Tout aurait été silence et repos sans la chute de quelques feuilles, le passage d’un vent subit, le gémissement de la hulotte ; au loin, par intervalle, on entendait les sourds mugissements du Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires.

314. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Beauvoir, Roger de (1809-1866) »

Auguste Desplaces L’auteur de la Cape et l’Épée est un de ces charmants esprits qui ont pour lyre une mandoline et dont la voix n’a jamais plus de fraîcheur que les soirs de printemps, sous les balcons, lorsque des yeux très éveillés luisent à travers la persienne.

315. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Voiriot »

La mère leur jette de l’argent sans les regarder ; elle tourne la tête vers son mari et cette tête ne dit mot non plus que celle du père ; de plus, ces deux figures muettes sans caractère, sans expression, sont encore lourdes, courtes et grises ; si le balcon était percé en dessous et qu’elles fussent achevées, leurs jambes passeraient de beaucoup à travers.

316. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais chacune des espèces, à travers lesquelles la vie passe, ne vise qu’à sa commodité. […] Ayant pour fonction primitive de fabriquer des instruments inorganisés, elle doit, à travers mille difficultés, choisir pour ce travail le Feu et le moment, la forme et la matière. […] Quand le petit poulet brise sa coquille d’un coup de bec, il agit par instinct, et pourtant il se borne à suivre le mouvement qui l’a porté à travers la vie embryonnaire. […] L’intention de la vie, le mouvement simple qui court à travers les lignes, qui les lie les unes aux autres et leur donne une signification, lui échappe. […] La vie, c’est-à-dire la conscience lancée à travers la matière, fixait son attention ou sur son propre mouvement, ou sur la matière qu’elle traversait.

317. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Auriac, Victor d’ (1858-1925) »

Il ne s’agit ici, en effet, que d’une grosse gerbe de fleurs de printemps, cueillies à deux dans une libre course à travers la campagne.

318. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Botrel, Théodore (1868-1925) »

Les épisodes de la vie paysanne et de la vie rustique se déroulent à travers son œuvre comme en une fresque naïve qui, pour ne point viser aux grands effets, n’en a pas moins son charme et, à tout prendre, sa beauté.

/ 2082