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179. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

S’appuyant solidement sur la configuration géographique du pays, et sur l’histoire des colonies anglaises, il recherche les origines de l’esprit démocratique en Amérique : il expose l’organisation des États de l’Union et de l’Etat fédéral, leurs relations et leurs attributions ; il montre comment le peuple gouverne, et tous les effets de la souveraineté de la majorité. […] Quand il abordait l’histoire de France, il voyait dans l’affranchissement des communes « une véritable révolution sociale, prélude de toutes celles qui ont élevé graduellement la condition du Tiers État » : remontant plus haut, il crut trouver dans l’invasion franque « la racine de quelques-uns des maux de la société moderne : il lui sembla que, malgré la distance des temps, quelque chose de la conquête des barbares pesait encore sur notre pays, et que des souffrances du présent on pouvait remonter, de degré en degré, jusqu’à l’intrusion d’une race étrangère au sein de la Gaule, et à sa domination violente sur la race indigène ». […] Jamais Augustin Thierry n’a su s’affranchir assez de cette philosophie par trop orléaniste et bourgeoise : elle éclate surtout par son exposition de la révolution communale, dans ses Lettres sur l’Histoire de France (1827) et ses Dix Ans d’études historiques (1834), plus sensiblement encore d’un bout à l’autre de son Histoire du Tiers Etat (1833). […] Dans la dernière période de sa vie, Michelet, chassé du Collège de France, chassé de ses chères Archives, pour refus de serment après le coup d’État de 1851, se retire aux environs de Paris, puis près de Nantes, puis, pour sa santé, près de Gênes. […] Éditions : Hist. de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 18-25, 3 vol. in-8. dern. éd. préparée par l’auteur, 1858 ; Lettres sur l’Histoire de France (10 publiées en 1820 dans le Courrier Français), 1827, in-8 ; Dix Ans d’études historiques (presque tout a paru dans le Censeur Européen, le Courier Français et ailleurs, de 1817 à 1827), 1831, in-8 ; Récits des Temps mérovingiens, 9 vol. in-8, 1840 ; Essai sur l’Histoire de la formation et des progrès du Tiers État, 1853, in-8.

180. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

On lit dans Le Moniteur de cette date : La commission des primes à décerner aux ouvrages dramatiques, nommée cette année conjointement par M. le ministre d’État et de la Maison de l’Empereur et par M. le ministre de l’Intérieur, était composée de MM.  […] Baroche, président du Conseil d’État. […] M. le ministre d’État et de la Maison de l’Empereur et M. le Ministre de l’Intérieur de désigner les ouvrages dramatiques, dont les auteurs lui paraîtraient dignes des primes instituées par l’arrêté ministériel du 12 octobre 1851, vient vous prier de vouloir bien transmettre à MM. les ministres qui l’ont conjointement nommée le résultat des travaux auxquels elle s’est livrée et que vous avez si bien dirigés vous-même.

181. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Le vaisseau de l’État vogua quelque temps avec bonheur sous l’impulsion de la main puissante, qui l’avait reconstruit et lancé. […] Celui-ci conservait pourtant sa majorité conventionnelle ; il en fit usage au 18 fructidor contre lui-même et contre les Conseils pour sauver la Constitution ; mais il ne la sauva qu’en la violant, et, après cette première violation, aussi nécessaire que funeste, il ne sut plus prolonger son existence qu’à force de coup d’État, M.  […] On regardait ces restes d’agitation comme la vie même d’un État libre.

182. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

C’est ce Frédéric Masson qui publia un livre sur le cardinal de Bernis, qui, tout simplement, nous apprenait le cardinal de Bernis, que nous ne savions qu’à moitié, et nous entr’ouvrait cette robe rouge de cardinal qui paraissait rose aux clartés décomposantes du xviiie  siècle, et qui avait bien le droit d’être rouge, et du rouge le plus grave et le plus éclatant, puisqu’il y avait par-dessous un homme qui n’était plus le poète badin des marquises, mais le dernier et douloureux ministre d’État d’un gouvernement devenu lamentablement impossible… Bernis était un méconnu. […] … Sans la marquise de Sévigné et sa passion incompréhensiblement folle pour sa maussade fille, qui donc se douterait seulement de l’existence de ce Grignan, qui ne fut qu’une bouture assez mal venue de sa mère, et dont la possession d’État — comme on dit en droit — vient de deux femmes, deux cents ans avant que ce bâtard de Girardin demandât que la femme fît la possession d’État de l’enfant légitime !

183. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Or, depuis le décret du 6 janvier 1864, qui a accordé la liberté des théâtres, il n’y a plus de directeur privilégié, si l’on excepte à Paris les directeurs des théâtres impériaux subventionnés par l’État. […] La demande d’un tarif à fixer par l’État est contraire aux idées généralement admises aujourd’hui en bonne économie politique.

184. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

L’abbé Galiani disait : « Il y a des États qui ne sont jolis que dans leur décadence. » Le petit médaillon historique de Law, peint par Cochut, est un livre de ces sortes d’États à leur déclin, ce qui ne veut pas dire, du reste, que nous soyons le moins du monde « jolis » en tombant comme nous le faisons.

185. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Mais ici la rapidité n’est plus la même : c’est le complet auquel aspire l’historien dorénavant formé par la connaissance des affaires, et devenu à son tour homme d’État. […] Elle n’avait pas manqué de généraux en 1702, on était certain qu’elle ne manquerait ni d’hommes d’État ni d’orateurs en 1814 ! […] Thiers fait énergiquement ressortir, c’est le triste et fort laid spectacle que présentent ces vainqueurs, coalisés la veille contre l’ambition d’un seul, à ce qu’ils disaient, et qui, le lendemain, se montrent les plus ambitieux et les plus avides à se partager ses dépouilles ; c’est cette politique de Vae victis, impitoyablement dirigée à la fois contre la France et contre ceux des États et des souverains secondaires qui lui étaient restés attachés dans la lutte, c’est cette curée de sang-froid, où quelques commissaires d’élite attablés autour d’un tapis vert se disputent, jusqu’à en venir (ou peu s’en faut) aux menaces, des morceaux de territoire et des lots de quelques centaines de mille âmes, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu à peu près le chiffre rond qu’ils revendiquent pour le leur.

186. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

L’œuvre d’Étienne Boileau, chargé par le roi de la réorganisation de l’État populaire, est regardée, avec raison, par F.  […] On y trouve tout ce qui tient aux jurandes, aux maîtrises, aux rapports des travailleurs avec l’État et la religion. […] Louis Blanc veut remplacer la concurrence d’un petit nombre par la solidarité de toutes les industries, substituer aux fabriques particulières une association universelle des travailleurs réunis dans des ateliers sociaux, où les bénéfices de l’exploitation générale seront également répartis entre les ouvriers, et supprimer de la sorte les successions collatérales, puisqu’au lieu de familles il n’y aura plus dans l’État, selon sa pensée, que divers groupes industriels… » « C’est réfuter de telles doctrines que de les exposer », ajoute F. 

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