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1767. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Jouffroy, après l’avoir porté dans la morale, lui impose par contre-coup sa morale. […] L’enthousiasme public porta les esprits vers l’étude de la nature extérieure, et M. 

1768. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cela même portait le jeune poëte de Thèbes à prendre pour unique objet de ses chants ce qui pouvait surtout animer et servir la Grèce entière, le culte de ses Dieux protecteurs et l’émulation fortifiante de ses jeux guerriers. […] C’était, nous l’avons dit, cette satire effrénée d’Archiloque, ce dithyrambe de la haine, qui souvent portait une sorte d’enthousiasme dans les passions mauvaises, l’orgueil, la convoitise, l’envie ; pouvoir odieux, mais plus faible que la liberté, le talent et la vertu réunis.

1769. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Ainsi commençait la lumière dans le chaos du moyen âge ; ainsi l’esprit de Dieu, la science et la poésie étaient portées sur les grandes eaux de la barbarie. […] Lui qui tenait dans ses mains la malédiction des prophètes et la lançait au gré de sa haine ou de sa justice, il trouvera les accents les plus purs qui jamais aient retenti sur la lyre, pour porter jusqu’à Dieu la prière et l’espérance humaines.

1770. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

La parole et l’accent sont là pour déterminer le sens quand on a affaire à l’orateur ; mais un écrivain, c’est autre chose, et je cours risque de me noyer dans ces grandes flaques d’eau douce qui ne me portent plus en aucun sens. — Après tout, c’est un bon et méritant ouvrage, qui dispense de beaucoup d’autres et qu’il faut conseiller aux gens du métier.

1771. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

L’ancienne Université y tenait pourtant par principes ; lorsque des amateurs instruits, comme Guys dans ses Lettres sur la Grèce, protestaient contre cette routine si pleine de cacophonie, les savants de profession, comme Larcher, s’efforçaient de démontrer que ce n’était pas routine, mais raison, et ils répondaient, sans se déconcerter, aux exemples tirés de la tradition, qu’après la prise de Constantinople par les Turcs, les savants grecs qui s’étaient réfugiés en Italie y avaient porté leur prononciation vicieuse.

1772. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Bien des gens trouveront même qu’il est trop porté à absoudre le malheur, et reprocheront à sa compassion vaste et désintéressée de ne pas faire assez acception des personnes.

1773. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Que j’eusse alors, tout fier, porté comme au martyre, Après Roland, Charlotte et le poète André, Ma tête radieuse à l’échafaud sacré !

1774. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Brieux, d’indiquer moi-même, à mon acteur, le geste caractéristique des “angoreux” et lui recommandai de porter la main à la poitrine au moment des crises. » C’était son droit.

1775. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.

1776. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Nous avons encore, piqués sur le papier et classés par dates, les échantillons des robes que la reine Marie-Antoinette a portées et, d’autre part, nous pouvons nous figurer l’habillement d’un paysan, décrire son pain, nommer les farines dont il le composait, marquer en sous et deniers ce que lui en coûtait une livre.

1777. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre premier. Des signes en général et de la substitution » pp. 25-32

Lisez cette phrase : « Londres, la capitale de l’Angleterre, renferme plusieurs beaux jardins, Hyde Park, Regent’s Park et les Tuileries. » — Vous éprouvez une sorte de heurt et d’étonnement ; vous portez involontairement la main de deux côtés, vers Paris et bien loin vers une autre ville.

1778. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Je me rappelle les longues fuites de Maupassant hors de la société des hommes, ses solitudes de plusieurs mois, en mer ou dans les champs, ses tentatives de retour à une vie simplifiée, toute physique et tout animale, où il pût oublier l’ennemi sourd, l’ennemi patient qu’il portait en lui ; puis, quand il rentrait parmi nous, cette fièvre d’amusement, et de plaisanteries, et de jeux presque enfantins, qui était encore comme une fuite, une évasion hors de soi… Vains efforts !

1779. (1890) L’avenir de la science « VII »

L’impression profondément triste que produit l’entrée dans une bibliothèque vient en grande partie de la pensée que les neuf dixièmes des livres qui sont là entassés ont porté à faux, et, soit par la faute de l’auteur, soit par celle des circonstances, n’ont eu et n’auront jamais aucune action directe sur la marche de l’humanité.

1780. (1890) L’avenir de la science « XX »

On lisait sur le fronton de telle école antique : « Que nul n’entre ici s’il ne sait la géométrie. » L’école philosophique des modernes porterait pour devise : « Que nul n’entre ici s’il ne sait l’esprit humain, l’histoire, les littératures, etc. » La science perd toute sa dignité quand elle s’abaisse à ces cadres enfantins et à ce langage qui n’est pas le sien.

1781. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

portera-t-il des cornes, sauvera-t-il son liront de la maligne influence ?

1782. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

5° Par le caractère exagérant des mots, c’est-à-dire par le fait que le mot contient les caractères principaux d’une classe de choses portés à leur plus haut degré : L’effet exaltant.

1783. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Milton porta d’autres coups à l’autorité royale, fit d’autres ouvrages si séditieux & si terribles, que Cromwel lui-même en appréhenda les suites, & le pria d’écrire plus modérément.

1784. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Ainsi les ouvrages de ces hommes célèbres portent, en bien et en mal, l’empreinte de ce qu’ils ont choisi et de ce qu’ils ont rejeté eux-mêmes de la religion.

1785. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

A Monsieur Naigeon9 Cet essai, que les mêmes, lectures multipliées ont porté successivement d’un très-petit nombre de pages à l’étendue de ce volume, est le fruit de mon travail, ou, pour mieux dire, de mon loisir pendant un des plus doux intervalles de ma vie.

1786. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Portez-vous bien.

1787. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Lorsque le bon goût a été porté chez une nation à son plus haut point de perfection, on dispute sur le mérite des anciens, qu’on lit moins que jamais.

1788. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

De la difference des génies, naît la diversité des inclinations des hommes, que la nature a pris la précaution de porter aux emplois, pour lesquels elles les destine, avec plus ou moins d’impétuosité, suivant qu’ils doivent avoir plus ou moins d’obstacles à surmonter, pour se rendre capables de remplir cette vocation.

1789. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

La premiere profession d’Horace, fut de porter les armes.

1790. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Si l’on peut leur appliquer le vers de Juvenal : ne portons pas d’envie à un poëte qui vit du théatre.

1791. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Répondrait-on au médecin qui vous conseille l’exercice : « Pardon, vous me dites de marcher pour bien me porter ; mais, pour marcher, il faut d’abord que je me porte bien ; me voilà enfermé dans une piste de cirque ! 

1792. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Et cette occasion éclatante fut la béatification de Christophe Colomb, dans laquelle il a montré, contre les vils chicaneurs de cette grande mesure, projetée par Pie IX, la toute-puissance des coups qu’il pouvait leur porter et qu’on lui connaissait, mais encore une autre toute-puissance qu’on ne lui connaissait pas !

1793. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Des réimpressions d’œuvres anciennes — comme, par exemple, le Théâtre complet d’Alexandre Dumas, qui se met en mesure avec la postérité parce qu’il se sent fini pour le temps présent, — ne sont pas des livres de 1863, quoiqu’elles en portent le millésime.

1794. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Voilà pourquoi les hommes d’aujourd’hui sont portés naturellement à considérer les choses d’après les circonstances les plus particulières qui peuvent rapprocher les intérêts privés d’une justice égale ; c’est l’æquum bonum, l’intérêt égal, que cherche la troisième espèce de raison, la raison naturelle, æquitas naturalis chez les jurisconsultes.

1795. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Lancelot, selon eux, portait en tout temps, hiver et été, sur la tête, un chapelet de rosés fraîches, excepté le vendredi et les vigiles des grandes fêtes. […] Il portait dans cette utopie bienveillante autant de persévérance qu’en eut jamais son célèbre homonyme l’abbé de Saint-Pierre, celui qu’on a appelé le plus maladroit des bons citoyens. […] Lemontey, en sa dissertation sur le naufrage du Saint-Géran, excellent littérateur, à l’affectation près, a fort bien jugé au fond, bien que d’un ton de sécheresse ingénieuse, ce chef-d’œuvre tout savoureux : « M. de Saint-Pierre, dit-il, eut la bonne fortune qu’un auteur doit le plus envier : il rencontra un sujet constitué de telle sorte qu’il n’y pouvait ni porter ses défauts, ni abuser de ses talents.

1796. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

. — Les regards se portent sur le général Mellinet, qui prend part lui-même à l’hilarité. […] Tantôt ce sont des dénonciations et des émotions d’un autre genre qui ont pour résultat d’éliminer et de bannir de la chaire d’une de nos grandes Écoles (du Collège de France) un savant éloquent qui y avait été régulièrement porté et nommé. […] ratifiées par le Pontife romain dans un bref que tout le monde a pu lire, accusations portées à propos d’une institution utile contre l’un des plus louables ministres de l’Empereur et contre son secrétaire général, qui s’est vu qualifié, à cette occasion, de sectaire.

1797. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Non pas que ce qu’il écrivait portât les signes de la démence, bien que ses actes fussent déjà souvent d’un insensé ! […] On accuse la fortune d’être hostile aux grands génies littéraires, poétiques, artistiques : nous n’admettons pas qu’un grand don de l’esprit soit une hostilité ou une malédiction de la fortune ; nous conviendrons plutôt que les grandes imaginations, quand elles ne sont pas en équilibre parfait avec les autres facultés du bon sens et du raisonnement, portent leur malheur en elles-mêmes. […] Quelques expressions attestent déjà, dans ces lettres, que le Tasse portait son mal en lui-même, et ne l’attribuait pas encore à la famille d’Este, qui le comblait d’égards, d’amitié, et peut-être d’amour.

1798. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Son génie ambitieux de tous les succès le porta au théâtre, il fit représenter Œdipe, sa première tragédie. […] Voltaire s’offrit pour porter au jeune roi des paroles secrètes de paix. […] M. de Chateaubriand, cet Esdras du temple rebâti par Bonaparte, porta par son livre du Génie du Christianisme un coup éclatant à la philosophie et à l’influence de Voltaire.

1799. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort. […] Enfin, s’il est une vérité reçue dans le monde, c’est que le monde a raison, c’est qu’il fait bien et pense excellemment, mieux que tous les individus qui le composent, et surtout mieux que tous les êtres qui n’en sont pas ou n’en ont pas été : d’où la raison, cette souveraine dominatrice du siècle qui commence, s’étrique, s’amincit, se creuse, et devient le préjugé mondain, qui investit momentanément tous ses caprices et toutes ses ignorances d’un titre d’absolue et universelle vérité ; et voilà surtout ce qui porta grand dommage à la littérature du xviie  siècle. Car tous les écrivains durent compter avec le goût mondain, que la plupart au reste portaient en eux-mêmes.

1800. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

L’engagement en est consigné dans cette prière enflammée que Pascal depuis porta toujours sur lui, cousue dans la doublure de son habit. […] Cependant on ne peut dire que Pascal ait eu le dessous même dans l’Eglise : tandis que son parti était vaincu, son livre triomphait, et jamais depuis, la Compagnie de Jésus ne s’est remise du coup qu’il lui a porté. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique.

1801. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le siècle qui portait ainsi l’empreinte des créations du génie de Descartes devait assister à d’autres créations non moins étonnantes, mais plus aimables et plus populaires. […] Il me suffit, pour faire apprécier, par la bassesse des commencements de cet art, la hauteur où l’a porté le génie de Corneille, de déterminer le caractère des pièces qui s’y jouaient. […] Il avait en effet plus de tendresse pour l’intrigue, où portait le plus fort de son travail ; et telle était son illusion à cet égard, qu’il égalait à ses chefs-d’œuvre ses pièces les plus défectueuses, pour y avoir mis, pensait-il, la même quantité d’esprit.

1802. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Elle veut trop nous revêtir des costumes moraux qu’ont portés nos pères, et que, même en loques, elle conserve et vénère encore. […] Les vérités premières portent avec elles leur raison d’être. […] Il convient de se méfier des « vérités » qui « portent avec elles leur raison d’être ».

1803. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

C’est lui qui a porté le drapeau et la langue de la France en des pays lointains, restés dès lors de petites Frances exotiques d’où nous arrivent à certains moments des œuvres originales d’une saveur pénétrante. […] Ce n’est pas en vain que l’instruction s’est répandue : le nombre des gens capables de goûter et de payer un plaisir littéraire s’est accru immensément et les écrivains ont aujourd’hui ce double avantage de gagner plus qu’autrefois et d’avoir une dette moins lourde à porter envers la foule inconnue qui leur fournit leurs ressources. […] Des poètes ont été portés à la direction des affaires publiques par l’admiration de la foule : Lamartine fut un instant le membre le plus en vue du gouvernement provisoire dans la République de 1848.

1804. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Reyert : Mon cher monsieur Meyer, la haine que Berlioz lui portait et mon affectueuse admiration pour Berlioz ne m’ont pas empêché d’aller à Lui. […] Le coupon détachable portait : Répétition générale de Lohengrin. […] A cause de maladies de peau (en particulier un érésipèle) Wagner portait des vêtements de soie et l’on aimait à dire qu’il s’habillait en femme.

1805. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Pour se changer en une « idée » véritable et distincte, le sentiment de ressemblance n’a besoin que d’être renforcé, porté au point visuel de la conscience, érigé ainsi en force dominante qui entraine à sa suite les mouvements appropriés. […] Avec cet être, porté au-dessus des autres par la sélection naturelle, commencera la science proprement dite. […] Comme les intellectualistes, les sensualistes sont portés à négliger le caractère moteur des états de conscience, le point de vue de la volonté.

1806. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Un d’eux porta son jugement sur toutes les Electres anciennes & modernes. […] Mithridate ; point de ce retour éternel & rebutant des mots crime, forfaits, vertu, amour, jalousie, désespoir, fureur, vengeance, tendresse, poison, fer & poignard ; point de ces vers boursoufflés & vuides de sens, tels que ceux-ci : Tu ne sçaurois penser jusqu’où ma barbarie, De ma jalouse erreur, a porté la folie. […] Cette fureur de burlesque étoit venue si avant, que les libraires ne vouloient rien qui ne portât ce nom ».

1807. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Nous apercevons le sens réel de la situation, parce qu’on a eu soin de nous en montrer toutes les faces ; mais les acteurs ne connaissent chacun que l’une d’elles : de là leur méprise, de là le jugement faux qu’ils portent sur ce qu’on fait autour d’eux comme aussi sur ce qu’ils font eux-mêmes. […] Il ne nous reste plus alors, pour compléter notre analyse, qu’à chercher ce qu’il y a de comique dans l’idée de porter un diagnostic sur l’enfant après auscultation du père ou de la mère. […] C’est donc sur l’autre, et sur l’autre seulement, que portera l’effort d’invention comique.

1808. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Que si au contraire c’est le Dieu révélé par le sens intime, le mysticisme prend alors un tout autre caractère, et, au lieu d’annuler les facultés propres de l’âme humaine, il ne fait que les porter à leur plus haute puissance. […] Nous n’aimerons plus en faibles créatures et d’un cœur resserré dans d’étroites bornes : l’amour infini aimera en nous, notre amour portera le caractère de Dieu même41. » Le philosophe religieux, Maine de Biran, n’a point une autre manière d’entendre l’union mystique de l’âme avec Dieu, sauf les exagérations de langage qu’il laisse aux théologiens. […] Charles Renouvier, vient de porter, à propos des écoles de Saint-Simon, de Fourier et d’Auguste Comte, un jugement aussi juste que sévère sur ce prétendu esprit historique qui tend à fausser les sciences morales et à énerver les âmes humaines.

1809. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

L’homme qui, dans le Cid, avait porté si haut les devoirs que l’honneur impose aux braves, ne se croyait point obligé de l’être et regardait son courage en ce genre comme tout-à-fait étranger à la question. […] Le fils Oui, plutôt que de déshonorer le sein qui m’a porté! […] Pendant le quatrième acte, assez traînant comme les deux précédents, toutes les idées se portent sur Carlos : on pressent que c’est lui qui est Don Sanche. […] Ces circonstances et d’autres nous expliquent comment le public du temps se porta en foule aux représentations de Nicomède, y trouvant des allusions auxquelles l’auteur n’avait pas songé. […] Genès se présente habillé de vêtements blancs, monte sur un socle qui avait servi à porter une statue de Vénus, et fait le discours suivant : « Écoute, Empereur, et vous tous, écoutez, armée, sages et peuple de cette ville.

1810. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais d’abord nos erreurs sont sans conséquence ; elles ne sont pas liées entre elles ; elles ne portent que sur des cas particuliers ; au lieu que si, d’aventure, M.  […] La jeune fille ne portera pas de bijoux ; elle ne se parfumera pas ; elle n’aura que des robes de simple drap, et tout unies, comme en portait la sainte Vierge… Car les filles de Denys de Syracuse refusèrent les bijoux que leur envoyait leur père ; car la vestale Claudia fit parler d’elle parce qu’elle aimait trop la toilette ; car les Romains, après la seconde guerre punique, défendirent aux femmes de porter des bijoux et des robes de couleur ; car Aristote et Caton l’Ancien…, etc. […] Il s’emporte ; il devient excessif et grossier : « Je ne puis entendre, dit-il, la raison de ce désir de porter enfans. […] Il faut d’abord laisser de côté les critiques qui portent sur certaines invraisemblances de l’action ; car on y peut toujours répondre, et il n’y a pas une pièce de théâtre au monde qui ne prête à des critiques de ce genre. […] Et, frémissant de colère, — et de dégoût, — Bourbon porterait aussitôt son épée à Charles-Quint, s’il n’était arrêté, cette fois, par l’héroïque intervention de Bayard et la magnanimité du roi.

1811. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Cependant, une politesse en vaut une autre, — et quand je saurai son adresse, j’irai lui porter ma carte. […] Une combinaison fournie par le hasard lui permit de se montrer généreux sans porter atteinte aux traditions de l’économie. […] Il était accompagné d’un jeune homme qui ne portait rien. […] Il pensa que c’était un enfant qui était tombé dans l’eau ; et il se disposait à lui porter secours, lorsqu’il s’aperçut que les plaintes qu’il croyait être poussées par un mineur en péril sortaient de la gueule d’un crocodile […] En villégiature, les relations se nouent vite, surtout entre personnes qui portent un nom connu.

1812. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Nous n’aimons pas les tours de force et nous pensons qu’ils ne portent profit à personne. […] Mais le poème et le voyage sont également inanimés, c’est-à-dire également infidèles au titre qu’ils portent. […] Vers lequel des trois doivent se porter nos espérances ? […] Mais la gloire, d’abord si sérieuse et si difficile à porter, se métamorphose et devient plus indulgente. […] Il lui suffit de porter sa pensée sur un sujet quel qu’il soit pour l’éclairer d’une subite lumière, pour en pénétrer toute la profondeur.

1813. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

. — Elles disparaissaient plus vite lorsque je portais les yeux sur un papier blanc que lorsque je les tournais ou les portais sur ma table d’acajou foncé. — Je les voyais grisâtres comme sont les images des objets vus au microscope. […] « Je l’ai laissée jeûner à plusieurs reprises jusqu’à trois jours entiers, puis j’ai porté de la nourriture sous ses narines, j’ai enfoui son bec dans le grain, j’ai mis du grain dans le bout de son bec, j’ai plongé son bec dans l’eau, je l’ai placée sur un tas de blé. […] Les effets qui résultent de la lésion du cerveau ont quelque analogie avec ceux qu’amène le progrès de l’âge ; le malade ne conserve que le souvenir des impressions récentes, et oublie celles qui sont d’une date plus ancienne… Parmi les malades, les uns ont toujours par la suite la mémoire imparfaite… Dans certains cas particuliers, les malades ne peuvent plus se servir du mot propre pour exprimer leurs idées ; souvent le jugement est affaibli ». — D’autres atteintes portées au cerveau par un intermédiaire produisent des effets semblables ; on connaît l’évanouissement qui suit les grandes pertes de sang, le désordre d’idées qu’entraîne l’ivresse, la stupeur qu’engendrent les narcotiques, les hallucinations qu’amène le haschich, l’excitation d’esprit que développe le café, l’insensibilité que provoquent le chloroforme et l’éther130. — En résumé, l’altération des lobes cérébraux a pour contrecoup l’altération proportionnée de nos images. […] Ces plaies avaient été faites par des coups de sabre portés horizontalement.

1814. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — L’analyse doit donc porter sur les éléments primitifs. — Éléments primitifs de la ligne. — Découverte d’un caractère commun à tous les éléments ou points d’une ligne. — Définition d’une ligne par le rapport constant de ses coordonnées. — La géométrie analytique. — Éléments primitifs d’une grandeur. — Le calcul infinitésimal. — Dans toute loi énoncée par une science de construction, — la dernière raison de la loi est un caractère général inclus dans les éléments de la première donnée de la loi. […] C’est donc sur les facteurs primitifs que doit se porter le principal effort de la méthode. — De là une nouvelle façon de considérer les grandeurs, et notamment les grandeurs géométriques. […] Ce sont donc ces éléments qu’il faut surtout dégager, et ce sont leurs propriétés sur lesquelles nous devons porter toute notre attention. […] En ce cas, les couches successives des facteurs de plus en plus simples seraient semblables au-delà d’une certaine limite, comme le sont au-delà d’une certaine limite les chiffres successifs d’une fraction périodique mixte. — Mais, que les propriétés du composé et de ses facteurs soient semblables ou différentes, il n’importe ; c’est toujours sur les propriétés des facteurs que nous portons nos observations ou nos conjectures. […] III Ce sont là des vraisemblances considérables, et on peut les résumer en disant que nulle analogie ne nous autorise à supposer dans aucun cas l’absence de la raison explicative, tandis que beaucoup d’analogies nous portent à supposer sa présence dans tous les cas.

1815. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Quant à sa femme, elle portait dans son regard et dans les traits de sa bouche tout le cœur à la fois si tendre et si sublime de son premier mari, et tout le bonheur qu’elle devait au second. […] Molière, qui était incommodé, n’avait pu voir le petit Baron les deux premiers jours ; mais tout le monde lui en dit tant de bien, qu’il se fit porter au Palais-Royal à la troisième représentation, tout malade qu’il était. […] Après la représentation, le roi, qui n’avait point encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Molière : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. » Molière reprit haleine au jugement de Sa Majesté ; et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tout d’une voix répétaient, tant bien que mal, ce que le roi venait de dire à l’avantage de cette pièce. « Cet homme-là est inimitable, disait le même duc de… ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui. » Quel malheur pour ces messieurs que Sa Majesté n’eût point dit son sentiment la première fois ! […] Baron lui répondit que ses ouvrages avait toujours une heureuse réussite à les examiner de près, et que plus on les représentait, plus on les goûtait. « Mais, ajouta-t-il, vous me paraissez plus mal que tantôt. — Cela est vrai, lui répondit Molière ; j’ai un froid qui me tue. » Baron, après lui avoir touché les mains, qu’il trouva glacées, les lui mit dans son manchon pour les réchauffer ; il envoya chercher ses porteurs pour le porter promptement chez lui, et il ne quitta point sa chaise, de peur qu’il ne lui arrivât quelque accident, du Palais-Royal dans la rue de Richelieu, où il logeait. […] Tous deux se portent bien enfin ; Et je vais à madame annoncer, par avance, La part que vous prenez à sa convalescence.

1816. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Jeudi 19 janvier Je ne sais comment, aujourd’hui, mes mains se sont portées sur une petite glace de toilette de ma mère, en ont fait glisser le couvercle, et la glace entrouverte, devant sa lumière comme usée, et d’un autre monde, j’ai pensé à la nouvelle délicatement fantastique, qu’on pourrait faire d’un être nerveux, qui dans de certaines dispositions d’âme, aurait l’illusion de retrouver dans une glace, au sortir de sa nuit, la vision, pendant une seconde, de l’image reflétée du visage aimé, restée fixée dans l’obscurité. […] Il retire l’article de la cheminée, le lit, le trouve très bien, va réveiller Villemessant, chez lequel il demeurait. — Il faut dire, pour le bonheur de l’auteur de l’article, que dans le moment Saint-Genest absent manquait à la rédaction, et que l’article était un article politique sur un de Broglie quelconque. — Villemessant de lui commander de porter l’article à l’imprimerie et de le faire composer de suite. […] Car quel que soit le succès d’une pièce, son idée serait qu’elle ne fût jouée que quinze jours, quinze jours au bout desquels, l’auteur serait libre de la porter sur une autre scène. […] À ce sujet, Daudet conte, qu’il était en sixième à neuf ans, et si petit, si petit, qu’il portait encore un pantalon fendu, et se tenait toujours le derrière contre les murs, afin que les grands ne lui tirassent pas dehors son pan de chemise, mais tout petit qu’il était, il se trouvait toujours dans les trois ou quatre premiers. […] Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m’étais faite du normalien, car je dois vous l’avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux œuvres d’hommes, s’efforçant d’apporter, autant qu’il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d’abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l’art dramatique.

1817. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Un moment de houle dans cette foule pressée, tassée, devant un bouquet monstre aux rubans tricolores, qu’une députation pénétrant de force dans la salle, veut porter à la mariée. […] Je prenais congé de la gracieuse femme, au moment où elle me disait qu’elle me porterait un jour un volume d’histoires, racontées par sa petite fille à l’âge de cinq ans, pendant qu’elle était à sa toilette : histoires d’un caractère très original, inventées par l’enfant, au moment où elle ne savait ni lire ni écrire et qu’elle a fait copier dans un volume par un homme de ce temps, qui a l’écriture de Jarry. […] Il se mettait à boxer, et il avait heureusement affaire à un Anglais, ne sachant pas boxer, ne sachant pas porter un coup droit. […] Tout en me montrant la malle de voyage de je ne sais quel antique shogun, contenant les armoiries des grands feudataires du Japon, et le nombre de sacs de riz que produit chacune de leurs provinces : malle qui était pour lui un mémento pour l’établissement de l’impôt, le fondateur du Musée me conte ceci : Il avait fait venir un bonze de Ceylan, qui du moment qu’il n’a plus porté le vêtement de prêtre, ne s’est plus senti un pratiquant, n’a plus prié, et dans le vide de l’occupation de ses prières, a été pris d’un ennui formidable, si formidable, qu’un jour voyant passer une procession, et étant témoin de la vénération, dont était entouré le porteur du Saint-Sacrement, il avait été repris du désir des pratiques religieuses, du désir de prier, si bien qu’il s’était fait catholique, et s’il vous plaît, un catholique exalté, passant toute sa vie dans les églises, en sorte que M.  […] » Tout démonté qu’il était, le jeune homme continuait à exposer son affaire dans l’inattention du banquier, dont il voyait les regards se porter rapides, à droite, à gauche, quand tout à coup, dans un ramassement de main, il attrapa une mouche, qui rentra dans le sucrier.

1818. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Une vieille femme portait dans sa main droite une écuelle pleine de feu, et dans sa gauche une fiole pleine d’eau. — Que veux-tu faire de cela ? […] Les prix scolaires sont la juste récompense du travail et un moyen habile de l’encourager ; mais je ne fonderais pas de grandes espérances sur l’avenir d’un enfant qui, sans porter le moindre intérêt aux études elles-mêmes, n’aurait de goût que pour les couronnes en papier peint et les volumes dorés. […] Rabelais, Sterne, Balzac ont avancé, d’une façon plus ou moins explicite, l’idée paradoxale d’une influence des noms de famille ou de baptême sur l’esprit, le caractère, le génie, la destinée des individus qui les portent. […] On ne saurait sérieusement blâmer la curiosité d’un Sainte-Beuve voulant porter une pénétrante lumière dans tous les coins et recoins des augustes ténèbres qu’une sorte de convention superstitieuse amoncelle autour des grands hommes. […] Ce que la France demandait alors et rêvait sur les ruines amoncelées, ce n’était plus l’austère religion d’un Pascal ; c’était un catholicisme consolant, décoratif et poétique, que Chateaubriand portait dans son imagination brillante et que sur l’heure il servit à ses lecteurs émerveillés.

1819. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Noble façon, et humaine, de porter la victoire. […] Un critique prétendu européen n’arrivera jamais qu’à porter, sur les œuvres particulières des écrivains étrangers à son pays, des jugements sans finesse, à la fois outrés et incomplets. […] D’un sujet que notre scepticisme banal et nos chétives habitudes de raillerie nous portaient à considérer comme vaudevillesque, M.  […] Au petit monde fragile et chatoyant qu’il portait partout avec lui dans sa tête ronde d’ironique et taciturne Bouddha. […] Une critique un peu vive de nos écrits nous fait souffrir davantage, nous ulcère plus à fond que ne ferait un jugement défavorable porté sur notre caractère, et se pardonne bien plus malaisément.

1820. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Cela me portera bonheur. […] Je suis extrêmement fâché du malheur où s’est porté M. le Comte. […] Mais ce calepin, miraculeusement sauvé du naufrage, ne portait point de date. […] Il a porté un costume russe. […] Alfred et Maurice Croiset ne portent pas de lunettes.

1821. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il n’est donc pas juste de porter dans la critique spontanée, dans la critique journaliste ou plutôt journalière, l’esprit de la critique classique. […] Ne portez pas au compte du monologue ce que je dis du dialogue. […] Lui, le mieux doué et le plus grand de tous, il n’a pu porter le poids des deux tâches, éclairer à la fois le présent et le passé. […] Hugo invite à son banquet colossal treize statues des Commandeurs, mais elles ne sauraient, sans porter malheur, rester treize à table. […] Montaigne, dans la vie, entre les tablettes qui portent ses livres et le papier blanc qui sur sa table est prêt aux jeux de la plume d’oie, c’est un lecteur, un admirable lecteur, mais nous ne pensons pas, nous Français, que ce soit un critique.

1822. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Enfin, « ayant été ballotté et roulé trois ans, dit Burns avec sa verve amère, dans le tourbillon de la procédure, il fut sauvé tout juste des horreurs de la prison par une maladie de poitrine qui, après deux ans de promesses, eut l’obligeance d’intervenir1139. » Afin d’arracher quelque chose aux griffes des gens de loi, les deux fils et les deux filles aînés furent obligés de se porter comme créanciers de la succession pour l’arriéré de leurs gages. […] Il était déclassé de naissance, et se portait de tout son effort hors de son état1144. […] Par malheur, il y portait, comme eux, les vices de son état et de son génie. […] Lord Byron s’exila sous la même contrainte, et quand il partit, ses amis craignirent que la foule assemblée autour de sa voiture ne portât les mains sur lui. […] Ses premiers souvenirs s’étaient imprimés en lui à l’âge de trois ans, dans une ferme où on l’avait porté pour essayer l’effet du grand air sur sa petite jambe paralysée.

1823. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Je réponds que cette distinction serait encore très facile, par le moyen d’une espèce d’accent qu’on ferait porter à l’f dans ces sortes de mots : ce qui serait d’autant plus raisonnable, que dans philosophie, par exemple, nous n’aspirons certainement aucune des deux h, et que nous prononçons filosofie ; au lieu que le φ des Grecs, dont nous avons formé notre ph, était aspiré. […] serait-ce qu’à mesure que les hommes se sont corrompus, l’expression des sentiments tendres et vrais est devenue moins commune et moins touchante ; et qu’en conséquence la forme des vers consacrés à la tristesse, a été employée par les poètes, bien ou mal à propos, à exprimer un sentiment contraire, par une bizarrerie à peu près semblable à celle qui a porté nos musiciens modernes à composer des sonates pour la flûte, instrument dont le caractère semblait être d’exprimer la tendresse et la tristesse ? […] Un autre motif a porté les anciens rhéteurs à s’étendre beaucoup sur les règles de l’élocution : leur langue était une espèce de musique susceptible d’une mélodie à laquelle le peuple même était très sensible ; des préceptes sur ce sujet étaient aussi nécessaires dans les traités des anciens sur l’éloquence, que le sont parmi nous les règles de la composition musicale dans un traité complet de musique. […] Ô Marcus Drusus (c’est au père que je m’adresse), tu avais coutume de dire que la patrie était un dépôt sacré ; que tout citoyen qui l’avait violé en avait porté la peine : la témérité du fils a prouvé la sagesse des discours du père. […] Cicéron blâme avec raison Théopompe, pour avoir porté jusqu’à l’excès le soin minutieux d’éviter le concours des voyelles ; c’est à l’usage, dit ce grand orateur, à procurer seul cet avantage sans qu’on le cherche avec fatigue.

1824. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Le père Theiner, dans son Histoire du pontificat de Clément XIV, est l’écrivain qui, ayant eu sous les yeux la plus grande partie des dépêches de Bernis, probablement d’après les minutes mêmes recueillies après sa mort et déposées au Vatican, et qui, en ayant fait un usage et un extrait continuel, nous permet d’en porter aujourd’hui le jugement le plus motivé et le plus complet. […] Il comprit la question posée par la Constituante dans toute son étendue, et, devançant dès novembre 1790 l’heure du Concordat, il disait : Si l’on aimait le bien, la paix et l’ordre ; si l’on était de bonne foi ; si l’on était attaché à la religion qui seule est l’appui de toute autorité et de toute forme de gouvernement, jamais pape n’a été plus porté à la conciliation que celui-ci… Mais, si l’on veut tout détruire et faire une religion nouvelle, on y rencontrera des difficultés plus grandes qu’on ne croit.

1825. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Le Médecin charitable de Guybert, publié en français, et qui se composait d’une suite de petits traités simples et d’indications à l’usage de tous, commença de porter la lumière dans le labyrinthe et l’économie dans le laboratoire. […] Mais il portait dans cette réforme sa passion même, et autant de désir peut-être de nuire aux apothicaires que d’aider à ses malades.

1826. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Au commencement du règne de Louis XVI, un des premiers objets qui fixèrent l’attention de ce roi fut la liberté du citoyen : Il avait dans son Conseil, dit M. de Meilhan, deux ministres (Turgot et Malesherbes) portés par sentiment et par principes à seconder ses équitables dispositions. […] Je laisse perdre le temps, et ensuite je veux tout forcer : voilà la clef de ma conduite… Mon amour-propre est extrême ; mais dans les petits objets, dans la société, il n’est que sur la défensive, il ne demande qu’à n’être pas blessé, sans désir d’être flatté ; dans les grands, il ne me porterait qu’à la gloire la plus éclatante ; mais le dégoût suivrait de près, et le mépris de mon siècle ne me permettrait pas de mettre longtemps du prix à son approbation… Mon amour-propre s’irrite quelquefois dans le tourbillon du monde : il se tait dans la solitude… Je n’aime point à me montrer à mes amis sous un côté défavorable ; je souffre de les voir malheureux de mon malheur, et je suis convaincu que les sentiments diminuent par la perte des avantages… Il faut donc cacher ses plaies, dissimuler les grandes impuissances de la vie : la pauvreté, les infirmités, les malheurs, les mauvais succès… Il ne faut confier que les malheurs éclatants, qui flattent l’amour-propre de ceux qui les partagent et s’y associent.

1827. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il y prend position contre la philosophie du jour : « J’ai été moins l’ami de Dieu, dit-il, que l’ennemi de ses ennemis, et c’est ce mouvement d’indignation contre les ennemis de Dieu qui m’a fait faire mon premier ouvrage. » Mais ce livre qui allait à défendre la Providence et les premiers principes ne porta point et fut comme non avenu. […] Lorsqu’en 1791 l’Assemblée nationale dressa une liste de noms, parmi lesquels on devait choisir un gouverneur au Prince royal, Saint-Martin fut fort étonné de se voir porté sur cette liste ; il y était à côté de Sieyès, de Condorcet, de Bernardin de Saint-Pierre, de Berquin : véritable image de l’amalgame et de la confusion d’idées du siècle.

1828. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Folie, citée à comparaître, demande qu’un dieu plaide pour elle : elle craindrait, si elle plaidait en personne, les murmures de la cabale des jeunes dieux, toujours portés « du côté d’Amour. » La Folie n’est pas si folle. […] Non seulement les malheureux et les accablés qui ont rejeté d’eux-mêmes le fardeau de la vie, mais tant d’autres qui l’ont subi et porté jusqu’à la fin, les poètes délicats et tendres, les esprits souffrants et douloureux, les timides et les effarouchés qui ont traversé le chemin en tremblant, qui s’y sont blessés, ou ceux même qui, sans trop s’y blesser, sont trop heureux d’avoir effleuré et rasé rochers et précipices, d’avoir éludé le plus fort de l’épreuve, tous ceux-là ne voudraient plus jamais rentrer dans le circuit des chances inconnues et dans le tourbillonnement des êtres.

1829. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Don Diègue reste seul, exhale son désespoir, déplore son infamie qui fait contraste à sa gloire passée, et, s’adressant à cette épée devenue inutile, il la rejette par ces beaux vers que chacun sait : « Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d’un corps tout de glace inutile ornement, Fer, jadis tant à craindre…… » Dans la pièce espagnole, c’est lorsqu’il est rentré dans sa maison où ses fils remarquent sa douleur sans en savoir d’abord le motif, que don Diègue, leur ayant dit de sortir, essaye s’il pourra encore manier le fer ; car devant le comte il n’avait pas d’épée et ne portait que son bâton qu’il a brisé de rage. […] Dans la pièce espagnole, scène correspondante, Diègue raconte que, voyant son ennemi étendu sans vie, il a porté la main à sa blessure et a lavé (à la lettre) avec le sang la place du soufflet sur sa joue ; et il arrive la joue encore teinte de ce sang.

1830. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Commencez, monsieur, par le faire marcher à pied du rendez-vous jusqu’en Flandre. » La proposition ne laissa pas de m’étonner, mais je n’osai rien dire. » A un moment toutefois, le jeune homme insinue qu’il lui semblerait plus joli d’être dans la cavalerie ; sur quoi il se voit rembarré de la bonne manière, et le roi s’adressant de nouveau à M. de Schulenburg : « Au moins, monsieur, je ne veux absolument pas que vous souffriez que dans la marche l’on porte ses armes ; il a les épaules assez larges pour les porter lui-même, et surtout qu’il ne paye point de garde, à moins qu’il ne soit malade et bien malade. » — J’ouvris les oreilles, et je trouvai que le roi, que j’avais toujours trouvé si doux, parlait comme un Arabe ce jour-là ; mais quand je songeai que je n’avais plus de gouverneur, j’oubliai tout, et j’étais persuadé qu’il n’y avait rien au-dessus. » L’indépendance ! […] La scène ne se passait pas dans une tente, mais sous le ciel, à la revue, et la colonelle n’est autre que la première compagnie du premier bataillon, celle qui portait le drapeau.

1831. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

La Renaissance avait été d’abord exclusivement érudite et bornée à son objet principal d’exhumation et de restauration ; on avait porté dans la découverte et la mise en lumière des anciens manuscrits une passion sans partage. […] Tout d’abord Du Bellay a sur l’origine des langues une idée fausse, abstraite, rationnelle : « Les langues, dit-il, ne sont nées d’elles-mêmes en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infirmes et débiles en leurs espèces, les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faix des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortels. » On voit l’erreur ; c’est déjà la doctrine du rationalisme appliquée aux langues.

1832. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Doux Zéphirs, qui régniez alors dans ces beaux lieux, N’en portâtes-vous rien aux oreilles des Dieux ? […] qu’il devrait donc bien y avoir, à chaque biographie de poëte, un petit chapitre secret et réservé, à l’usage des seuls bons esprits capables de porter la vérité, toute la vérité, sans la prendre de travers ni en abuser !

1833. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Je n’ai donc pas à me plaindre, et vous pouvez porter très-haute et très-fière votre tête toujours charmante. […] Tout cela se suit, s’enchâsse, tout cela brille et remue à merveille, diamants ou verroteries, mais bien portés par une femme vive et mouvante : on y est pris.

1834. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On y verra, en une situation simple, toute l’ardeur et toute la subtilité de ce sentiment éternel ; on y verra surtout la force de vie et d’immortalité qui convient à l’amour vrai, cette impuissance à mourir, cette faculté de renaître, et cette jeunesse de là passion recommençante avec toutes ses fleurs, comme on nous le dit des rosiers de Pœstum qui portent en un an deux moissons. […] Sa vue avait porté du premier coup d’œil sur Mme de Pontivy : il contint mal son émotion.

1835. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Il portait dans la critique non écrite, mais parlée, à cette fin du xviiie  siècle, quelque chose de l’école première d’Athènes ; l’abbé Arnaud ne lui suffisait pas et lui semblait malgré tout son esprit et son savoir en contre-sens perpétuel avec les anciens. […] Au sein de l’orthodoxie la plus fervente, il portait de singuliers restes de ses anciennes audaces philosophiques.

1836. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

A-t-on réfléchi que lorsque Boileau rejette le fatras des rimes banales, chères aux copistes maladroits de Malherbe, et déclare Qu’il ne saurait souffrir qu’une phrase insipide vienne à la fin du vers remplir la place vide, c’est la preuve qu’il ne comprend pas le rôle de la rime autrement que M. de Banville et tous nos Parnassiens, qui en font l’élément constitutif du vers, et s’efforcent de la faire porter sur les mots caractéristiques de la phrase ? […] Mais surtout ces jouissances étaient des jouissances égoïstes ; il portait son moi au milieu de la nature, et ne demandait à l’exquise douceur des choses champêtres que le délassement, le rafraîchissement de son moi, et certaines commodités propres à faciliter l’exercice de sa pensée.

1837. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Paris a donné l’appui de son autorité — on a soutenu que nombre de récits dont s’égayaient nos pères avaient une origine plus lointaine et plus singulière : ils seraient venus de l’Inde, et par toute sorte d’intermédiaires, portés de leur patrie bouddhique dans le monde musulman, de là dans l’Occident chrétien, ils se seraient infiltrés jusque dans nos communes picardes et françaises, déversant dans le large courant de la tradition populaire un torrent d’obscénités et de gravelures. […] Ailleurs le vilain et sa femme, parfois le chevalier et sa femme : entre eux c’est l’éternelle question, qui portera la culotte ?

1838. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Heureusement, si son éducation le rattachait aux Molinet et, aux Crétin, son tempérament le tournait vers les Jean de Meung, les Villon, les Coquillart : il porta dans la poésie aristocratique les meilleurs dons de la poésie bourgeoise. […] Il n’eût point si aisément réalisé l’idéal poétique d’une cour mondaine et galante, si déjà en lui-même il n’eût porté cet idéal.

1839. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Comme nous aimons à voir un grand nombre d’objets, nous voudrions étendre notre vue, être en plusieurs lieux, parcourir plus d’espace : enfin notre ame fuit les bornes, & elle voudroit, pour ainsi dire, étendre la sphere de sa présence ; ainsi c’est un grand plaisir pour elle de porter sa vûe au loin. […] C’est pour cela que dans la Peinture nous aimons mieux un paysage que le plan du plus beau jardin du monde ; c’est que la Peinture ne prend la nature que là où elle est belle, là où la vûe se peut porter au loin & dans toute son étendue, là où elle est variée, là où elle peut être vûe avec plaisir.

1840. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

C’est moins de la critique que de la guerre, et je n’affirmerais pas que ces prophètes de malheur et ces éplucheurs de mots aient été purs du péché d’envie ; cependant, ne sont-ils pas plus près de la vérité dernière sur la Henriade que la Harpe, qui ne trouve à porter au compte des fautes qu’un seul exemple de « vérités communes exprimées en vers communs ? […] Les premiers goûts poétiques d’André Chénier furent pour le bucolique : Vous savez si toujours, dès mes plus jeunes ans, Mes rustiques souhaits m’ont porté vers les champs.

1841. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Il est presque banal de rappeler les aspects multiples de ce triomphe : le roman s’efforçant d’être impersonnel, documenté et de calquer le langage parlé ; le théâtre s’ingéniant à réduire au minimum la part de la convention et à porter au maximum l’exactitude de la mise en scène ; l’histoire se confinant dans les travaux d’érudition et dans les recherches minutieuses ; la critique se faisant scientifique, analytique, aussi impartiale qu’elle peut l’être ; la poésie même s’inspirant de la science ou de la vie familière. […] Ce qu’on a moins remarqué, c’est la nature des appréciations portées le plus souvent par la littérature sur les usages et le personnel des tribunaux.

1842. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Renaud de Montauban termine une vie d’aventures par une pénitence étrange qu’il s’inflige ; il se fait maçon pour travailler à bâtir la cathédrale de Cologne et il meurt martyr, assassiné par des ouvriers jaloux qui ne lui pardonnent pas de porter à lui seul des pierres que quatre d’entre eux ne pourraient soulever. […] La littérature reflète toujours ces fluctuations des opinions religieuses, et les sujets traités, les tendances, le ton, le style des œuvres littéraires en portent la marque ineffaçable.

1843. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Ils avaient à se venger du coup que Pascal leur avait porté dans l’esprit de tous les hommes sincèrement pieux. […] « Le courtisan autrefois avait des cheveux, était en haut-de-chausses, portait de larges canons, et était libertin.

1844. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

refusez vos tendres airs À ces nobles qui, d’âge en âge, Pour en donner portent des fers. […] Le champion brillant du trône et de l’autel voyait le monde se porter ailleurs, et plus d’une moitié de la jeunesse lui échapper ; son calcul alors a été prompt et direct.

1845. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Il y eut des règlements dressés, des statuts ; une médaille fut frappée à cette occasion : tous ceux de l’ordre devaient la porter avec un ruban citron, quand ils seraient à Sceaux. […] Elle nous la montre et se montre à côté d’elle conspirant toute la nuit avec la plume, et essayant, à force de mémoires et d’écritures, de susciter contre le Régent une fronde qui portait encore le cachet du bel esprit.

1846. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle grandissait sous l’œil d’une mère femme d’esprit, toute au monde, qui portait de la verve et une sorte d’imagination dans la plaisanterie, qui a eu de la finesse et de la sensibilité dans le roman, et qui a compté à son heure, comme dirait notre vieux Brantôme, à la tête de l’escadron des plus belles femmes de son temps. […] Il devrait porter pour épigraphe ces vers de Bérénice : En quelque obscurité que le sort l’eût fait naître, Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître.

1847. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Dans tous les états où il parut successivement, on le vit d’ailleurs porter le même esprit de légèreté, de grâce, d’étourderie spirituelle. […] Un jour, à l’Opéra, il se trouvait dans la loge du jeune Dauphin, fils de Louis XIV, quand M. de Montausier entra : « J’étais à la joie de mon cœur, dit-il ; Rabat-Joie arriva. » Le chancelier de L’Hôpital en personne, voyant en cet état son indigne descendant, n’aurait pas ressenti plus de mépris : Madame ou mademoiselle, car je ne sais comment vous appeler, lui dit M. de Montausier en le saluant ironiquement, J’avoue que vous êtes belle, mais, en vérité, n’avez-vous point de honte de porter un pareil habillement, et de faire la femme, puisque vous êtes assez heureux pour ne l’être pas ?

1848. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Mme de La Vallière s’y portait de son côté avec tout le zèle d’une femme de chambre, dont la fortune dépendrait des agréments qu’elle prêterait à sa maîtresse. […] Ce qu’il voulait avant tout, en prêchant devant elle, c’était de porter à cette âme une bonne parole, et non de briller aux yeux des mondains par un de ces miracles d’éloquence qui lui étaient si faciles et si familiers : Mais prenez bien garde, messieurs, qu’il faut ici observer plus que jamais le précepte que nous donne l’Ecclésiastique : « Le sage qui entend, dit-il, une parole sensée, la loue et se l’applique à lui-même. » Il ne regarde pas à droite et à gauche, à qui elle peut convenir ; il se l’applique à lui-même, et il en fait son profit.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

L’aigle lui-même, habitué à porter la foudre, la laisse s’éteindre cette fois et s’échapper. […] La pitié, le sentiment fraternel porté jusqu’au culte, la compassion féminine la plus exquise, respirent dans Le Gui de chêne.

1850. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Il portait un habit de ville dont les boutons, en pierre de couleur, étaient d’une grandeur démesurée, des boucles de souliers également très grandes. […] — À travers toutes ses déclamations et le mépris qu’il répandait sur les ministres, il se montrait monarchique, et répétait que ce n’était pas sa faute si on le repoussait et si on le forçait, pour sa sûreté personnelle, à se faire le chef du parti populaire : « Le temps est venu, dit-il, où il faut estimer les hommes d’après ce qu’ils portent dans ce petit espace, là, sous le front, entre les deux sourcils. » Ceci se passait à la fin du mois de juin 1789.

1851. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Si vous étiez à Paris, je ferais sur votre âme sensible et délicate l’épreuve de ma verve oratoire, et votre goût fixerait le jugement que je dois en porter. […] » — Et à un homme qui le menaçait de l’envoyer dire la messe à tous les diables, il tira de sa poche deux pistolets qu’il portait par précaution, en lui disant : « Tiens, voilà deux burettes pour la servir ! 

1852. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

il faut être époux, il faut devenir père, pour juger sainement de ces vices contagieux qui attaquent les mœurs dans leur source, de ces vices doux et perfides qui portent le trouble, la honte, la haine, la désolation, le désespoir dans le sein des familles. […] J’ai dit qu’au réveil de la société, les électeurs de l’Eure le portèrent au Conseil des Anciens ; le 18 Fructidor annula son élection, sans le frapper d’ailleurs.

1853. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

L’abbé de Cosnac, moins par scrupule que par un éloignement naturel, évite de se mêler à ces sortes d’intrigues, qui sont, au contraire, l’élément même et le triomphe de Sarasin : Pour moi, nous dit l’abbé, je ne cherchais à me mêler que des affaires du parti, non seulement dans la vue de me rendre utile et nécessaire, mais encore parce que je les trouvais plus conformes à mon inclination, qui me portait autant à l’ambition qu’elle m’éloignait de l’amour. […] Dès que Mme de Calvimont me vit, elle crut que je lui portais de bonnes nouvelles, me reçut avec un visage riant et me demanda avec empressement quand arriverait M. le prince de Conti.

1854. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

C’est un étrange honneur pour une terre d’avoir porté cet homme. […] Admiration universelle, un grand peuple entre en frénésie, une grande ville tombe en pâmoison, on loue un balcon sur le passage du jeune homme cinq cents guinées, on s’entasse, on se presse, on se foule aux roues de sa voiture, sept femmes sont écrasées par l’enthousiasme, leurs petits enfants sont ramassés morts sous les pieds, cent personnes, un peu étouffées, sont portées à l’hôpital, la joie est inexprimable.

1855. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Bien des gens vont jusques à sentir le mérite d’un manuscrit qu’on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur, jusques à ce qu’ils aient vu le cours qu’il aura dans le monde par l’impression, ou quel sera son sort parmi les habiles : ils ne hasardent point leurs suffrages, et ils veulent être portés par la foule et entraînés par la multitude. […] Arsène , du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loüé, exalté, et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire ; il n’y a point d’autre ouvrage d’esprit si bien reçu dans le monde, et si universellement goûté des honnêtes gens, je ne dis pas qu’il veuille approuver, mais qu’il daigne lire : incapable d’être corrigé par cette peinture qu’il ne lira point.

1856. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Ces succès sont éphémères et ne portent que sur un seul titre, non sur un auteur. […] Non, il ne s’attirera même pas la reconnaissance de celui qu’il conseilla — au contraire — mais il aura mis en garde une génération neuve contre les travers des aînés, travers que les jeunes sont le plus portés à chérir.

1857. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

L’étude, le goût acquis, la réflexion saisiront fort bien la place d’un vers spondaïque, l’habitude dictera le choix d’une expression, elle séchera des pleurs, elle laissera couler les larmes ; mais frapper mes yeux et mon oreille, porter à mon imagination, par le seul prestige des sons, le fracas d’un torrent qui se précipite, ses eaux gonflées, la plaine submergée, son mouvement majestueux et sa chûte dans un gouffre profond, cela ne se peut. […] D’ailleurs croit-on que la crainte de n’être que le second n’excitât pas de l’émulation entre les artistes, et ne les portât pas à quelques efforts de plus ?

1858. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Nous sommes portez par un mouvement naturel à dépeindre par ces sons inarticulez le fracas qu’une maison aura fait en tombant, le bruit confus d’une assemblée tumultueuse, la contenance et les discours d’un homme transporté de colere et plusieurs autres choses. […] Ceux qui seront curieux de voir dans quels détails les anciens étoient entrez sur cette matiere, et jusques à quel point ils avoient porté leurs vûës, peuvent lire le quatriéme chapitre du neuviéme livre de Quintilien, l’orateur de Ciceron et ce que Longin a écrit du choix des mots, du rithme et du métre dans son traité du sublime et dans ses prolégomenes sur l’enchiridion d’éphestion.

1859. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Le Feu avait alors quelques mois de carrière ; Kœnigsmarkm insoupçonné remuait à peine dans le ventre qui le portait. […] Tandis que les gazettes du camp opposé ne cessaient de le porter aux nues.

1860. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Ce n’est pas, en effet, seulement dans l’éclat du nom qu’il a l’honneur de porter, ce n’est pas seulement dans la magnifique récompense qui vient de l’atteindre, à travers la mémoire de son frère5, qu’on aperçoit le bénéfice pour M.  […] Mais, quoique en se fermant, l’œil de son esprit ait vu probablement l’aurore du jour qui lui avait, toute sa vie, manqué, ses œuvres et son talent portèrent la peine de cette indigence.

1861. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Sa conscience lui a porté bonheur, et ses principes religieux, cette lampe éternellement allumée au fond de nos âmes, ont donné à sa pensée la lumière et la flamme que naturellement elle n’avait pas. […] Les hommes qui ont planté le rationalisme dans le cerveau faussé de ce pays, tous les écrivains plus ou moins aveugles qui nous ont inoculé cette fièvre de liberté dont nous étions malades, il y a quelques jours encore, défilent presque impunément devant l’historien, et il ne rejette pas sur leurs têtes, jeunes et brillantes alors, ce poids effroyable du mal commis qu’ils porteront pourtant devant la postérité.

1862. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Jamais il n’en fut de plus frivoles que ceux-ci, de plus aériens, de plus osés, de plus fantaisie, de plus rien du tout parmi ces riens que des têtes couronnées ou des filles de millionnaire peuvent seules porter ! […] Il est de la glorieuse ventrée de poètes qu’avait portés 1830.

1863. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Les souvenirs qui s’harmonisent le mieux avec lui sont les souvenirs de distraction, qui ne portent pas la marque de l’effort. […] Encore ne portent-elles que sur les rêves que nous connaissons aujourd’hui, sur ceux dont on se souvient et qui appartiennent plutôt au sommeil léger.

1864. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Elle en est un aussi, pour le dire en passant, de l’affection qu’il portait à l’abbé de Fénelon, et dont le défenseur de Mme Guyon devait le récompenser si mal. […] Enfin, bien malgré lui, sur les instances réitérées de Fénelon et des amis de Fénelon, il était intervenu dans la querelle du quiétisme, dont au bout d’un an il s’était trouvé seul à porter tout le poids. […] Assurément, « jamais homme ne fut plus éloigné de l’athéisme » que ce conquérant des Indes ; et cependant et combien de fois à quels excès, et en tout genre ne s’est-il pas porté ? […] « Cette proposition : “l’homme est incomparablement plus porté au mal qu’au bien…” est aussi certaine qu’aucun principe de métaphysique. » […] L’auteur de Zaïre et de l’Alzire devait lui porter le dernier coup, en achevant de réduire le Dieu de l’Évangile à la condition de ressort dramatique, et en l’égalant de la sorte à ceux qui remplissent un office analogue dans sa Sémiramis, ou dans son Orphelin de la Chine.

1865. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Hugo, en me répondant à l’instant, et en louant mes vers, sut très-bien indiquer, par les points mêmes sur lesquels portait son éloge, quelles étaient tout à côté mes faiblesses.

1866. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Il n’aurait point sans doute, comme le fit plus tard l’illustre auteur du Génie du Christianisme, porté ses principales couleurs sur le côté magnifique ou touchant du catholicisme, considéré surtout dans ses rapports avec la société ; il n’aurait pas cependant négligé les grandeurs et les beautés aimables de la religion.

1867. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Au tourment du langage et à l’impuissance d’expression, on aurait dit des prêtres sur le trépied ; et, à ce sujet, l’on se rappelle peut-être encore avec quelle loyauté, assurément bien méritoire, l’auteur du Clocher de Saint-Marc a porté sentence contre lui-même dans le Mercure.

1868. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

« Des ânes », dit il avec un tour particulier d’atticisme que nous ne pensions pas de mise dans l’illustre Édimbourg, « des ânes, seules bêtes de somme qu’on puisse se procurer facilement en Égypte, servaient de monture  aux savants attachés à l’expédition, et portaient leurs  instruments scientifiques.

1869. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Or, sans ces garanties et ces libertés pour lesquelles il nous faut encore combattre tous les jours, l’organisation industrielle la mieux entendue ne saurait ni s’établir ni porter ses fruits.

1870. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Les nouvelles diverses, qu’il a recueillies dans son Nœud Gordien et son Gerfaut, permettent déjà de porter sur lui, sur l’ensemble de son talent et de son rôle possible, un jugement ou au moins un pronostic général.

1871. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

L’impression de ce genre de style pourrait se comparer à l’effet que produit la révélation d’un grand secret ; il vous semble aussi que beaucoup de pensées ont précédé la pensée qu’on vous exprime, que chaque idée se rapporte à des méditations profondes, et qu’un mot vous permet tout à coup de porter vos regards dans les régions immenses que le génie a parcourues.

1872. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Il fallait qu’ils conservassent, dans leurs rapports avec leur maître, une sorte d’esprit de chevalerie, qu’ils écrivissent sur leur bouclier pour ma dame et pour mon roi, afin de se donner l’air de choisir le joug qu’ils portaient ; et mêlant ainsi l’honneur avec la servitude, ils essayaient de se courber sans s’avilir.

1873. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il envoie Spacca, déguisé en courrier, porter à Mezzetin une prétendue lettre du père de Celia, dans laquelle il annonce au marchand qu’il est sur le point de venir la chercher et le prie de la garder chez lui au moins une semaine.

1874. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

L’homme de génie, représentant d’une époque privilégiée, est le seul, d’un groupe nombreux, qui atteigne au sommet de la montagne ; mais ceux qui le précèdent, qui le soulèvent et le portent dans cette laborieuse ascension, et qui demeurent en route, concourent à son succès et associent leur mémoire à la sienne.

1875. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Quand les qualités d’ordonnance qui forment la base du caractère français (cela apparaît assez dans notre architecture, la symétrie de nos jardins taillés et les lois de notre équilibre, auxquelles se sont toujours soumis nos grands écrivains classiques) ; quand ces qualités d’ordonnance semblaient tout à fait détruites, au contact de poètes allemands si incohérents dans leur frénésie, Zola en garda le goût, et ses romans en portent l’empreinte.

1876. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Mais, que résulte-t-il des coups qu’ils se portent ?

1877. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Tandis que certains physiologistes portaient leurs études jusque sur les confins de la philosophie, il est juste de dire que les philosophes de leur côté essayaient une marche en sens inverse.

1878. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Le plus terrible des enfans Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

1879. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Il y a la géographie ancienne et la géographie moderne : il n’en faut point faire des études séparées : il en coûterait si peu pour joindre au nom d’une ville ou d’une rivière celui qu’elle portait autrefois.

1880. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Voilà même, suivant mon opinion, pourquoi ceux qui n’ont fait que lire une tragédie, et ceux qui ont entendu réciter la piece sur le théatre, sont quelquefois d’un sentiment opposé dans le jugement qu’ils en portent.

1881. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

On a observé dans la capitale de ce roïaume, où l’on tient un registre mortuaire, qui fait mention du genre de mort d’un chacun, que de soixante personnes qui se défont elles-mêmes dans le cours d’une année, cinquante se sont portées à cet excès de fureur vers le commencement ou bien à la fin de l’hyver.

1882. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Aujourd’hui les habitans de la province de Hollande, laquelle comprend l’isle des Bataves et une partie du païs des anciens Frisons, sont portez au commerce et aux arts.

1883. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Acceptant pour mon compte les principes fondamentaux de cette philosophie, tels que je viens de les exposer, je suis naturellement porté à apprécier favorablement l’œuvre de Taine.

1884. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

il faut une idée à porter.

1885. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Le temps n’est plus où, même après Byron, un charmant poète écrivait avec tant de mélancolie : « Les Orientaux portent le deuil en bleu : voilà pourquoi le ciel et les mers de cette pauvre Grèce sont d’un si magnifique azur. » Des railleurs sont venus, comme Stendhal et comme beaucoup d’autres, qui ont pris les poètes et la poésie philhellènes à rebours.

1886. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

La gent trotte-menu des livres médiocres s’est multipliée, voilà tout, mais rien dans le mouvement de l’esprit n’a trahi de ces bouillonnements qui portent avec eux les promesses de l’avenir : la Nouveauté, la Fécondité, la Puissance !

1887. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Sommes-nous donc placés pour porter sur l’ordre social un de ces regards à la Burke, qui plongent jusqu’au cœur des choses et font dire le mot : Où en sommes-nous ?

1888. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Quoique publiés à des époques distantes, leurs recueils portent le même millésime.

1889. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Quel que fût le poète, en effet, nous ne pouvions laisser passer, sans le signaler, un livre qui portait sur sa première page un titre à la hauteur duquel ce serait assez, pour la gloire d’un homme, de monter et de se maintenir !

1890. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Ce secret, nous eussions eu quelque malaise à le vouloir surprendre au lendemain de cette mort dont nous portons le deuil, mais après deux semaines, rapprochons-nous, osons interroger notre maître vénéré.‌

1891. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

À l’égard des jugements que, dans le cours de cet essai, nous porterons sur certains hommes, s’il y en a qui puissent déplaire, nous ne répondrons qu’un mot ; nous croyons avoir été justes ; la justice est le premier de nos sentiments, elle sera le dernier.

1892. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie.

1893. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Faut-il rappeler quelques-uns des jugements extrêmes portés sur ce produit singulier : La Femme de Lettres ? […] Qu’il y ait correspondance entre la vie vécue et l’art créé, c’est alors un rythme magnifique, donnant satisfaction à l’Idéal que nous portons en nous. […] Quand ils furent mariés l’un et l’autre, pour que leur femme ne s’y pût tromper — ce qui aurait eu plus de conséquence — chacun portait une cravate de couleur déterminée. […] Condensation des effets, sobriété de l’accent : vertus rares que nous admirons d’autant plus qu’elles portent ici la signature d’un sexe ayant tendance à se distinguer par les défauts contraires. […] Vert sombre ou clair, ou grisâtre, selon l’humeur de Grâce ou le temps, ils contrastaient si bien avec sa chevelure foncée, toujours abondante et ondée, qu’elle portait ce soir tordue sur le cou en un lourd chignon !

1894. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Une proposition affirmative traduit un jugement porté sur un objet ; une proposition négative traduit un jugement porté sur un jugement. […] Les formes sensibles sont devant nous, toujours prêtes à ressaisir leur idéalité, toujours empêchées par la matière qu’elles portent en elles, c’est-à-dire par leur vide intérieur, par l’intervalle qu’elles laissent entre ce qu’elles sont et ce qu’elles devraient être. […] C’est pourquoi l’on a encore eu raison de dire que la science antique portait sur des concepts, tandis que la science moderne cherche des lois, des relations constantes entre des grandeurs variables. […] Pour les anciens, en effet, la science portait sur des concepts, c’est-à-dire sur des espèces de choses. […] Sa doctrine portait bien le nom d’évolutionnisme ; elle prétendait remonter et redescendre le cours de l’universel devenir.

1895. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Et cette réclame, savante, raffinée, ne portera pas directement sur les livres, ce qui serait grossier et ne contenterait personne ; elle englobera les choses étrangères au travail littéraire et se diffusera, de préférence, sur les sports à la mode, et qu’un homme bien né est susceptible de pratiquer. […] Un jeune homme qui n’avait pas de smoking, qui ne portait aucune décoration, pas même celle de la reine de Roumanie, et qui n’avait pas encore ouvert la bouche, déclara : — Vous êtes sévères, Messieurs, envers un homme qu’estima et aima Barbey d’Aurevilly. […] … Ai-je de la déveine, moi si pur, de porter un nom aussi fâcheusement synonyme de celui que porta cet isthme maudit ! […] — Et je ne cesserai l’agitation, m’a-t-elle dit avec une violente énergie, que le jour où les femmes pourront, enfin, porter non seulement les culottes viriles, mais ce qu’il y a dedans. […] … Il y avait, ce soir-là, dans la salle, une trentaine de personnes, toutes différentes de sensibilité et d’idées… quelques-unes, même, facilement portées à l’ironie, et qui considèrent volontiers l’émotion comme une tare, ou comme une faiblesse… Eh bien !

1896. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Pourquoi ce soin n’a-t-il pas été porté jusque sur un Saint-Amand ou sur un Théophile  ? […] Ainsi la physiologie a été longtemps ignorée, tandis que la curiosité se portait aux monstres ; le phénomène continu disparaît pour nos sens. […] Les autres apprennent à guérir les âmes par des austérités pénibles ; mais vous montrez que celles qu’on aurait crues le plus désespérément malades se portent bien. […] Une image portait au verso cet alléchant prospectus. […] Ses questions, au nombre de soixante, portent sur des sujets fort variés, les parfums aussi bien que la religion, le bal aussi bien que la littérature.

1897. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Toutes ces dénominations péchent en ce qu’elles portent sur un rapport qui ne tient point directement à la signification du génitif, & qui d’ailleurs est accidentel. […] Ceux-ci au contraire portent en eux-mêmes leurs fruits comme des meres ; leurs noms dûrent être féminins. […] Les Arts n’ont pas été portés du premier coup à leur perfection ; ils n’y sont parvenus que par degrés, & après bien des changemens. […] Mais il n’a pas encore porté la réforme aussi loin qu’elle pouvoit & qu’elle devoit aller, quoiqu’il en ait exposé nettement le principe. […] Il est assez surprenant que M. du Marsais n’en ait pas porté le même jugement, après avoir posé des principes dont il est la conclusion nécessaire.

1898. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Et quel significatif hasard que cette sombre garde-malade du siècle mourant ait porté le nom du plus bouffon des poëtes ! […] Ce grand souci du passé décèle une impuissance à porter le présent, à préparer l’avenir. […] Les formules accomplies obtiennent notre respect dans la mesure où elles portent et nourrissent en elles les germes d’une formule nouvelle. […] Pourquoi se laisse-t-on offusquer par la livrée chrétienne qu’ils portent, ces hommes de bonnes raisons et de bonne foi ? […] Des gens qui vont, viennent, pressés, empressés, avec un sourire qu’ils portent comme un masque.

1899. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

A est aussi une préposition inséparable qui entre dans la composition des mots ; donner, s’adonner, porter, apporter, mener, amener, &c. ce qui sert ou à l’énergie, ou à marquer d’autres points de vûe ajoûtés à la premiere signification du mot. […] L’usage où nous sommes tous les jours de donner des noms aux objets des idées qui nous représentent des êtres réels, nous a porté à en donner aussi par imitation aux objets métaphysiques des idées abstraites dont nous avons connoissance : ainsi nous en parlons comme nous faisons des objets réels. […] Dès que l’art d’écrire fut porté à un certain point, on représenta en chaque langue dans une table separée les sons particuliers qui entrent dans la formation des mots de cette langue, & cette table ou liste est ce qu’on appelle l’alphabet d’une langue. […] Les Livres de controverse & ceux de disputes littéraires portent souvent le nom d’anti M.  […] Ces êtres qui végetent, c’est-à dire qui prennent nourriture & accroissement par leurs racines, qui ont un tronc, qui poussent des branches & des feuilles, & qui portent des fruits ; chacun de ces êtres, dis-je, est appellé d’un nom commun arbre, ainsi arbre est un nom appellatif.

1900. (1893) Alfred de Musset

Lui-même marchait le jarret tendu et les pointes en dehors, en homme qui avait porté la culotte courte. […] Il représente Musset aux environs de la vingtième année, dans un costume de page qui lui plaisait et qu’il a porté plusieurs fois. […] Le poète y est revenu plus d’une fois, et cela lui a toujours porté bonheur. […] Non, ma belle fiancée, tu ne te coucheras pas dans cette froide terre sans qu’elle sache qui elle a porté. […] Où donc étaient les étudiants, et comment laissèrent-ils le corbillard qui portait leur cher poète s’acheminer presque seul au cimetière ?

1901. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On ne peut porter l’œil sur une page des Mémoires sans qu’il en sorte une physionomie. […] La mort subite du duc de Bourgogne vint porter le plus rude coup à Saint-Simon et briser la perspective la plus flatteuse qu’un homme de sa nature et de sa trempe pût envisager, moins encore d’être au pouvoir par lui-même que de voir se réaliser ses idées et ses vues, cette chimère du bien public qu’il confondait avec ses propres satisfactions d’orgueil. […] Pour être un politique, indépendamment des vues et des idées justes qui sont nécessaires, mais qu’il ne faut avoir encore qu’à propos et modérément, sans une fertilité trop confuse, il ne convient pas de porter avec soi de ces humeurs brusques qui gâtent tout, et de ces antipathies des hommes qui créent à chaque pas des incompatibilités.

1902. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Théologie, droit public, sciences, philosophie et philologie, morale, toutes ces branches sont admirablement représentées et portent des fruits comme disproportionnés à l’œil avec le peu d’apparence du tronc ; c’est un poirier nain qui est, à lui seul, tout un verger. […] Cette arme véritable prend une physionomie, un caractère ; elle devient un personnage qui a sa bonne part dans l’intérêt que nous portons au vieux chasseur des prairies… » Puis revenant à son bâton d’encre de Chine : « Ceci, dit-il, tient à notre vie privée ; aussi éprouvé-je quelque répugnance à en entretenir le public. […] Or, les âmes fières, on l’a justement remarqué, aiment encore moins l’amour et son bonheur pour, ce qu’elles y trouvent que pour ce qu’elles y portent ; et l’infirmité inévitable qu’il y porte, et qui l’a humilié si longtemps, devrait lui coûter à rappeler, à nommer, — à moins pourtant qu’il ne soit devenu tout à fait américain, ce qui est très-possible, mais ce qui n’en serait pas plus aimable.

1903. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Nous dire cela ne peut être réservé qu’à des poètes sortis directement des trois grands peuples qui se pressent l’un contre l’autre au centre de l’Humanité, la France, l’Allemagne et l’Angleterre ; qu’à des poètes qui auront porté avec douleur les graves pensées de notre âge ; qu’à des poètes qui auront senti l’impulsion des philosophes du Dix-Huitième Siècle, ces prédécesseurs des poètes actuels ; qu’à des poètes, enfin, qui nous montreront leur ligne de parenté avec Rousseau, Diderot et Voltaire, la Révolution Française et Napoléon, soit qu’ils se soient mis en lutte ouverte ou qu’ils vivent en harmonie avec tous ou quelques-uns de ces grands colosses qui avaient dernièrement en eux la vie du monde, et qui, glacés dans leur tombeau, tiennent encore en main le sceptre de l’avenir. Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Plus jeune, d’ailleurs, élevé au bruit des batailles, admirateur de Napoléon, amant de la liberté, il sentit un nouveau culte s’élever dans son cœur ; et, dans son indépendance, il porta de rudes coups à ce fantôme du passé qu’il avait d’abord encensé.

1904. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Chacun restait libre de suivre son génie particulier, et de se porter vers les genres qui l’attiraient ; mais ce génie devait se régler sur l’image qu’ils s’étaient faite du génie de la nation ; ces genres devaient s’accommoder des convenances générales au nom desquelles Malherbe avait condamné presque tous ses devanciers. […] On avait poussé le devoir de l’abnégation jusqu’à effacer des ouvrages le nom de l’auteur, et l’œuvre n’y portait pas la marque de l’ouvrier. […] S’il s’agissait de la thèse opposée, et d’un auteur qui fit voir l’impossibilité d’établir la paix parmi les hommes, on s’y porterait avec plus de penchant ; on y serait préparé par un commencement de conviction.

1905. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Au début de la carrière scientifique, on est porté à se figurer les lois du monde psychologique et physique comme des formules d’une rigueur absolue : mais le progrès de l’esprit scientifique ne tarde pas à modifier ce premier concept. […] Mais, au fond, c’est l’armée qui les a portés où ils sont et qui les pousse en avant : c’est l’armée qui les soutient et leur donne la confiance ; c’est l’armée qui en eux se devance elle-même, et la conquête n’est faite que quand le grand corps, dans sa marche plus lente mais plus assurée, vient creuser de ses millions de pas le sentier qu’ils ont à peine effleuré et camper avec ses lourdes masses sur le sol où ils avaient d’abord paru en téméraires aventuriers. […] Le grand progrès que l’histoire littéraire a fait de nos jours a été de porter l’attention principale sur les origines et les décadences.

1906. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il ne mangeait que des herbes sauvages et portait le vase de vin à sa bouche de telle façon qu’on aurait dit que c’était seulement pour l’effleurer. […] Naturellement, le dernier saint que je viens de citer était celui qui me préoccupait le plus ; puisque son nom était celui que je portais 8. […] Le commissaire de police, appelé à l’ouvrir, n’y a trouvé que quelques pauvres effets, parmi lesquels un bouquet fané, enveloppé avec soin dans un papier sur lequel était écrit : Bouquet que je portai à la fête de l’Être suprême, 20 prairial, an II.

1907. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Nous y avons porté autant de discernement qu’il est possible dans l’état actuel de ces études. […] On peut dire que nous avons encore ces deux documents, mêlés à des renseignements d’autre provenance, dans les deux premiers évangiles, qui portent non sans raison le nom d’« Évangile selon Matthieu » et d’« Évangile selon Marc. » Ce qui est indubitable, en tous cas, c’est que de très bonne heure on mit par écrit les discours de Jésus en langue araméenne, que de bonne heure aussi on écrivit ses actions remarquables. […] Plusieurs autres endroits portent la trace de ratures et de corrections 51.

1908. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Mais il a donné lieu à tous les faux jugements portés par des amis, et par des ennemis également aveugles. […] Ce drame doit, nécessairement, porter l’empreinte d’une époque, être, pour ainsi dire, historique ; par contre, le drame musical est bien « l’œuvre d’art de l’avenir », étant l’expression de l’idéal absolu, il est de toutes les époques. […] Camille Chevillard, (1859-1923) est un chef d’orchestre français qui succède à Charles Lamoureux (dont il est le beau-fils) en 1897 à la tête des concerts qui portent le même nom, et défend les compositeurs allemands.

1909. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Mais, pour me porter ensuite à telle action déterminée, il faudra quelque raison positive et particulière. […] Cette idée est en harmonie avec toutes les tendances de notre être ; celles qui nous portent à nous concentrer comme celles qui nous portent à nous répandre ont également besoin de trouver dans le moi une puissance de spontanéité toujours à leur disposition et constituant de l’énergie accumulée.

1910. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Tout fier des faveurs du roi, ce misérable, à peine réchappé de la potence, n’a-t-il pas l’air de se pavaner, comme s’il était porté en triomphe sur les épaules d’un superbe éléphant ? […] Oui, quelques années encore, et, porté sur un char si rapide que, volant sur les mers, il toucherait à peine la sommité de leurs flots, ce héros invincible conquerra les sept îles dont se compose la terre ; il sera connu sous le nom de Bharata, nom à jamais célèbre que lui décerneront les peuples reconnaissants de la protection dont ils jouiront sous son empire. […] Les chars se précipitent avec un bruit horrible que grossit encore le tintement des sonnettes qui les décorent ; les éléphants monstrueux s’avancent, semblables aux nuages qui portent la foudre, enveloppés de l’obscurité orageuse de la bataille.

1911. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Se laisser porter. […] En termes symboliques, elle pourrait porter les titres suivants : l’Espérance, — l’Échec, — l’Effondrement. […] On était tout naturellement porté, malgré les vœux formés et exprimés par Célestin, vers la jeunesse et la verdeur. […] Cela lui portera malheur. […] Elles deviennent immenses aussitôt qu’on fait porter la comparaison sur les éléments les plus élevés de chaque race.

1912. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Quel romancier, je vous le demande, eût osé inventer la circonstance improbable qui fit porter les soupçons sur lui ? […] Dès ses débuts on a porté M.  […] About me semble s’être porté à lui-même un toast à peu près semblable dans sa préface, tout en vidant le calice que lui ont présenté les étudiants du quartier Latin. […] Cependant, je l’avoue, je suis moins sûr de ce qu’elle a porté en Chine que de ce qu’elle en a rapporté, car ceci, je l’ai vu. […] C’est une succursale de la cassette particulière, à laquelle le public sera admis à porter son offrande.

1913. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Je serais porté à en conclure « que la grande majorité des hommes doit avoir des rêves épouvantables ». […] Porterai-je un faux témoignage ? […] Les hommes de bien de toutes les époques ont été ceux qui ont approfondi les vieilles idées pour leur faire porter des fruits, les cultivateurs de l’esprit. […] Un jugement général sur Nietzsche doit porter sur tout ce que nous avons vu de lui, sans tenir compte, autrement que par ce que nous venons d’en dire, de cette dernière phase, ou, pour mieux dire, de ce dernier degré. […] Il est cependant indéniable que cette culture allemande a dupé les Européens et qu’elle n’était digne ni d’être imitée, ni de l’intérêt qu’on lui a porté et moins encore des emprunts qu’on rivalisait à lui faire.

1914. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Scribe ne portaient cette fois qu’une seule signature, et n’avaient pas été endossés par ses nombreux et complaisants collaborateurs : c’est une bravoure positive, mais que nous déplorons. […] Delavigne plusieurs personnages qui portent des noms célèbres : don Juan d’Autriche, Philippe II et Charles-Quint. […] Pour peu que don Juan connaisse sa langue, il doit prendre le nouveau venu pour un étranger, car il ne peut soupçonner le roi d’Espagne de porter un nom aussi barbare à Madrid qu’à Florence. […] Toute l’activité de l’esprit français se portait vers des conquêtes plus pacifiques et plus durables, ou le croyait du moins, que celles du général d’Italie, Que faire alors ? […] Après avoir écouté seconde par seconde les pulsations de sa pensée, après avoir porté si haut l’adoration et le culte de soi-même, il ne reste plus qu’une chose à faire : c’est de prendre à toutes les heures de la journée la silhouette de son ombre.

1915. (1896) Études et portraits littéraires

Car les œuvres imprimées de ce temps portaient à ses yeux, presque toutes, la salissure des « goujats maîtres du monde ». […] Aristocrate de manières, « duc par l’esprit et par l’impertinence, et même grand-duc », lui du moins savait porter les fourrures que Catherine II lui jetait sur les épaules. […] D’abord, les cuirassés qui le portent le mènent plus loin que le poète son yacht. […] Gil Blas a toujours porté dans son fond des « germes vivaces d’honnêteté ». […] Ces notes portaient leurs dates ; elles constituaient un ensemble, un journal ; celui qui les avait écrites, Gaspard Roze, était le collègue de Joseph au parquet du Sénat de Savoie, et son intime.

1916. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Moi, j’aurai porté une Société entière dans ma tête… » Traduisons cette phrase. […] Personne n’a déploré davantage la contradiction intérieure qui veut que sans cesse notre volonté se pervertisse et que nos plus nobles efforts portent en eux un élément de corruption. […] Nous portons en nous des besoins de croire, d’espérer, de nous émouvoir dans une communion. […] « Les gens de qualité portent les fleurs en bas ?  […] C’est, à mon sens, le livre, non pas le meilleur, — il est toujours hasardeux de porter de pareils jugements, — mais le plus caractéristique de la manière de l’auteur, celui aussi où son idée maîtresse est le plus fortement précisée.

1917. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

J’ai quelque lieu de croire qu’il y portait aussi d’abord une flamme démocratique, depuis comprimée162. […] Fidèle aux habitudes de mon esprit, je me prépare surtout à déterminer et à juger l’impression morale produite par ses drames, grande question qui me tourmente à mesure que j’avance, et sur laquelle je suis très préoccupé de dire assez, de ne pas dire trop166… » En dehors d’ailleurs du cadre et de l’appareil enseignant, l’admiration de Gandar pour Shakespeare ne l’aveuglait pas, et il restait à cet égard dans une mesure que les derniers venus, toujours portés à renchérir, ont trop souvent dépassée. […] En vérité, ma pusillanimité me causait bien un peu de honte ; mais elle ne m’a pas porté malheur ; car j’ai gagné ma troisième bataille devant un auditoire à faire envie aux plus gâtés, et le plus nombreux que j’aie jamais eu. » La seconde bataille avait été Bossuet, et la première Pascal. […] Il le rappelait assez ingénument lorsque, présentant le premier de ces deux volumes au concours de l’Académie et ayant cru devoir faire visite à quelques-uns de ses juges, il écrivait : « (31 décembre 1866.)… J’ai profité de l’intervalle de mes leçons pour aller frapper aux portes ; mais Bossuet m’a jusqu’à présent porté bonheur.

1918. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Addison revêtit ce costume et le porta avec correction et avec aisance, passant sans difficulté d’une habitude à une habitude semblable et des vers latins aux vers anglais. […] Comme je le regardais, il porta l’instrument à ses lèvres et se mit à en jouer. […] Il y avait des multitudes affairées à la poursuite de babioles qui brillaient et dansaient devant leurs yeux ; mais souvent, au moment où ils croyaient les saisir, le pied leur manquait, et ils étaient précipités… Je poussai un profond soupir, et le Génie, touché de compassion, me dit de regarder vers cet épais brouillard dans lequel le courant portait les diverses générations de mortels engloutis. […] Je souhaitai les ailes d’un aigle pour m’envoler jusqu’à ces demeures fortunées ; mais le Génie me dit qu’on n’y pénétrait que par les portes de la mort que je voyais s’ouvrir à chaque instant sur le pont. —  Ces îles, me dit-il, que tu vois si fraîches et si vertes et dont la face de l’Océan semble bigarrée aussi loin que tes regards portent, sont plus nombreuses que les grains de sable sur le rivage de la mer ; il y en a des myriades derrière celles que tu découvres, au-delà de ce que ton œil, et même de ce que ton imagination peut atteindre.

1919. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

S’enfoncer dans une idée, s’y absorber, ne plus voir qu’elle, la répéter sous cent formes, la grossir, la porter, ainsi agrandie, jusque dans l’œil du spectateur, l’en éblouir, l’en accabler, l’imprimer en lui si tenace et si pénétrante, qu’il ne puisse plus l’arracher de son souvenir, ce sont là les grands traits de cette imagination et de ce style. […] On y trouve, si l’on veut, un éclat de rire discordant ; mais on y découvre mieux encore un gémissement et une plainte, et l’on s’effraye en mesurant la lucidité, l’étrangeté, l’exaltation, la violence de l’imagination qui a enfanté de telles créatures, qui les a portées et soutenues jusqu’au bout sans fléchir, et qui s’est trouvée dans son vrai monde en imitant et en produisant leur déraison. […] Ils le portèrent très-doucement, à travers les champs et le long des sentiers, dans la large campagne, Rachel tenant toujours sa main dans les siennes. […] Dans ce pays, où il y a tant de sectes et où tout le monde choisit la sienne, chacun croit à la religion qu’il s’est faite, et ce sentiment si noble élève encore le trône où la droiture de leur volonté et la délicatesse de leur cœur les ont portés.

1920. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

À la fin mon nom est prononcé, au milieu de faibles applaudissements, et j’ai le sentiment que la chose n’a pas porté, comme je l’aurais cru. […] Un jour, où j’étais réduit aux derniers expédients, ce tableau que j’avais acheté quelques années auparavant, je le portais à votre père, en lui disant : J’ai besoin de 600 francs…. […] « Je n’ai pas commencé ma pièce, je ne sais pas si mon état de santé me permettra de la faire, mais si elle est jouée, j’ai l’honneur de vous prévenir en dépit de votre interdiction qu’elle portera le nom de mon livre, que je ne changerai pas le nom de mon héroïne, tout prêt en mon nom et au nom de la littérature, à courir les risques d’un procès, parce que, si des prétentions semblables devaient prévaloir, le roman et le théâtre de nos jours seraient, dans un temps prochain, contraints de baptiser leurs personnages, féminins et masculins, des noms de Célimène, Dorine, Oronte, Valère, Éraste, etc., etc., ce qui vraiment n’est pas admissible. » « Agréez, monsieur, l’assurance de ma considération distinguée. […] La mode pour les femmes est ici de porter deux ou trois roses thé, à la ceinture, et pour les hommes un numéro de la Revue des Deux Mondes, sous le bras.

1921. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Ce serait le rendre malsain par un dérangement de l’équilibre naturel auquel l’art n’est déjà que trop porté de lui-même. […] Il fallait qu’une telle épopée fût écrite : mais cette épopée ne doit pas se donner comme égale à la réalité, et, s’il ne faut pas placer le cœur de l’homme dans le cerveau, il n’est pas non plus scientifiquement exact de le localiser dans l’abdomen. « Le propre de la vérité, a dit Hugo, c’est de n’être jamais excessive. » Toutes les fois qu’on a réagi contre un abus, on est porté à tomber dans l’abus contraire ; c’est une nécessité de psychologie et même plus généralement de mécanique : on ne corrige une erreur que par une erreur de sens contraire. […] Le souvenir est ainsi comme un jugement porté sur nos émotions ; c’est lui qui permet le mieux d’apprécier leur force comparative : les plus faibles se condamnent ellesmêmes, en s’oubliant. […] Rousseau, par tempérament, comme beaucoup de détraqués, est insociable, sauvage, porté à la vie solitaire ; mais il n’a eu nulle conscience dès causes pathologiques de cette insociabilité, et ses contemporains, pas davantage.

1922. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Est-ce que la réalité la plus haute n’appartient pas toujours aux sentiments capables de nous porter en avant, ne fût-ce qu’un seul instant, d’élever au-dessus de nos têtes ne fût-ce qu’un seul d’entre nous ? […] C’est au nom de la science que nos romanciers se disent pessimistes, mais la science n’est pessimiste que par les inductions qu’on en tire ; et peut-être bien que l’étude du cœur humain est, de toutes, celle qui doit encore le moins porter au pessimisme. « As-tu réfléchi, écrit Flaubert jeune, as-tu réfléchi combien nous sommes organisés pour le malheur ? […] Je voudrais avoir des ailes, une une carapace, écorce, souffler de la fumée, porter une trompe, tordre mon corps, me diviser partout, être en tout, m’émaner avec les odeurs, me développer comme les plantes, couler comme l’eau, vibrer comme le son, briller comme la lumière, me blottir sous toutes les formes, pénétrer chaque atome, descendre jusqu’au fond de la nature, — être la matière !  […] Malheureusement les œuvres de ces romanciers portent trop souvent sur des conventions et sur des niaiseries.La vie mondaine est celle où le cœur et la pensée ont assurément le moins de part.

1923. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Les courants, vu leur direction, ne transporteront jamais des graines du nord de l’Amérique en Angleterre, bien qu’ils puissent en porter et en portent en effet des Antilles aux côtés occidentales des îles Britanniques dont elles ne peuvent supporter le climat, lors même qu’une trop longue immersion dans l’eau de mer n’aurait pas détruit leur vitalité. […] Notre première édition portait ici, d’après la troisième édition anglaise : « Nous avons aussi quelques raisons de croire à une ancienne action glaciaire dans la Nouvelle-Zélande, et les mêmes plantes…, etc. » Et plus loin, après « même histoire » on lisait : « Enfin si l’on peut se fier à la description qui en a été publiée, nous aurions des preuves évidentes de l’action glaciaire dans la partie sud-est de l’Australie. » 152. […] La première édition portait : « Quelque chose de semblable dut avoir lieu à l’égard des montagnes intertropicales.

1924. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La librairie Hachette m’avait envoyé, avant le siège, pour en rendre compte dans un journal, la traduction de ses Œuvres complètes, et, entre deux gardes, je les étudiais, revenant, pour les affermir ou pour les jeter bas en moi, à des opinions que j’avais déjà exprimées, çà et là, avec des formes trop rapides et trop brèves, sur cet homme qui vaut bien qu’on s’arrête pour lui porter des coups plus droits, 1 plus plongeants, plus à fond… Eh bien, le croirez-vous ? […] Et quand on songe que Gœthe, cet arrangeur, avait derrière lui, pour s’en inspirer, cette ribambelle et cette ribaudaille de démons : lago, Lovelace, Tartufe, don Juan, Valmont, le Satan de Milton et celui de Byron dans la Vision du Jugement, tous les dandies de la terre, Voltaire dans Candide et Talleyrand pendant quatre-vingts ans d’existence, on est tout étonné que Gœthe, ce tondeur sur tous les œufs pour en rapporter quelque chose, n’ait pas tondu sur ces œufs-là, qui sont des œufs d’autruche, et ne nous ait pas donné mieux que son grand diable, déhanché et maigre, qui ne paraît à l’imagination éveillée, pour peu qu’elle ait une conception juste du diable, qu’un Crispin, — un Crispin de l’Enfer, écrasé par ce nom de Méphistophélès que le polisson ose porter ! […] Selon nous, qui voulons rester juste, même envers Gœthe, l’histoire méprisée lui a porté plus de bonheur dans Egmont que dans Berlichingen. […] Eh bien, disons-le hardiment, — car je suis plus hardi à mesure que j’avance dans cette thèse à tout faire cabrer, malgré mes précautions, parmi les admirateurs qui portent au vent du grand Gœthe !

1925. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Je les ai vus traverser ainsi, silencieux, tenaces, invincibles, cette énorme vague de désastre du phylloxéra, que nul autre peuple n’eût porté. […] C’est ce défi qu’il a porté, c’est cette gageure qu’il a emportée d’un coup. […] Je plains celui qui ne sentirait pas le coup, qui ne recevrait pas en creux le coup porté par ce poème. […] Que tout ce qui venait de Fénelon portait malheur. […] Nos amis, je sens que nos amis n’hésiteraient pas à aller jusqu’à se porter aux dernières extrémités.

1926. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

» — Le grand mouvement que les philosophes déchaînèrent sur la France n’échappe pas à sa sympathie : il aime la Révolution ; mais elle n’a pas porté tous ses fruits. […] Des disciples porteront son évangile à des néophytes qui sauront y trouver bien des choses dont il serait le premier étonné. […] Mais le bonheur ou le malheur ne dépendent pas des événements extérieurs : nous les portons en nous-mêmes (voir le quatrième livre du Monde comme volonté. […] Nos écrivains la portent trop comme nos comédiens portent dans leurs rôles des croix du Saint-Esprit et des colliers de la Toison d’or. […] Dumas, je veux bien le croire, sont justes, tant qu’elles portent sur une certaine catégorie d’êtres.

1927. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

47 ; il associait tout cela, rimait comme un ouvrier à la journée, et la seule différence, c’est qu’on ne parlait plus de lui et qu’on ne le lisait pas : son talent n’étant plus porté par des sujets actuels était retombé dans le vulgaire du métier.

1928. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

C’est à d’autres qu’il appartiendrait de dire les qualités essentielles qu’il porta dans cette profession délicate et sacrée.

1929. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Qu’on lise les belles pages de Volney, de Bernardin de Saint-Pierre et de M. de Chateaubriand, et qu’on voie si elles ne portent pas le caractère des lieux où elles furent écrites, et si, pour ainsi dire, le ciel qui les inspira ne s’y réfléchit pas tout entier.

1930. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Il le surpasse de beaucoup par le ton et la couleur, lorsque, parlant d’une femme de sa connaissance que mademoiselle Voland jugeait coquette, il dit : « Vous vous trompez ; elle n’est point coquette ; mais elle s’est aperçue que cet intérêt vrai ou simulé que les hommes portent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus affectionnés, plus gais ; que les heures se passent ainsi plus rapides et plus amusées ; elle se prête seulement : c’est un essaim de papillons qu’elle assemble autour de sa tête, le soir elle secoue la poussière qui s’est détachée de leurs ailes, et il n’y paraît plus. » C’est avec madame Legendre surtout que notre philosophe aime à marivauder, comme il dit, à l’égal de la fée Taupe de Crébillon.

1931. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Sainte-Beuve a porté un dernier jugement sur Turquety dans les Notes et Pensées qui ont remplacé la Table analytique à la fin du tome XI des Causeries du Lundi, page 517. — On peut lire aussi une note sur ce poète dans le tome XIII et dernier des Nouveaux Lundis, page 398 (article Malherbe).

1932. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Les Grecs vivaient dans l’avenir, et les Romains aimaient déjà, comme nous, à porter leurs regards sur le passé.

1933. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

l’être qui fut, ou serait aussi malheureux que vous, peut seul porter du secours au plus intime, au plus amer de la douleur.

1934. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Issus tous les deux de la Renaissance, le rationalisme et le goût esthétique étaient pourtant deux courants qui portaient en sens contraire.

1935. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Paul Bourget était depuis longtemps pour lui un protecteur dévoué ; mais son mal de poitrine, qu’il portait en germe à son départ pour Berlin, ne s’est pas amélioré sous les brouillards de la Sprée.

1936. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

« L’hôtel de Rambouillet », dit-il dans une note sur Dangeau (10 mai 1690), « était dans Paris une espèce d’académie de beaux esprits, de galanterie (galanterie est là pour élégance), de vertu et de science, car toutes ces choses s’accordaient alors merveilleusement et le rendez-vous de tout ce qui était le plus distingué en condition et en mérite, un tribunal avec qui fallait compter et dont sa décision avait un grand poids dans le monde, sur la conduite et sur la réputation des personnes de la cour et du grand monde, au tant pour le moins que sur les ouvrages qui s’y portaient à l’examen37. » 35.

1937. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Clément, dont les Critiques sont ordinairement si justes, a été beaucoup trop sévere, ou, pour mieux dire, injuste, dans le jugement qu’il a porté sur le dernier de ces Ouvrages.

1938. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Seulement, avec toute cette noblesse, elle n’est pas fatigante pour nous, elle n’est pas trop lourde à porter, elle ne nous accable point comme ce que prêchent Michelet, Lamartine, et Hugo.

1939. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Voyons, dans cet écrivain, rival des tragiques Grecs & de Corneille pour l’intelligence des passions, une élégance toujours soutenue, une correction admirable, la vérité la plus frappante, point ou presque point de déclamation ; partout le langage du cœur & du sentiment, l’art de la versification avec l’harmonie & les graces de la poësie porté au plus haut dégré.

1940. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Et que serait-ce Si vous portiez une maison ?

1941. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

le Seigneur est avec vous. » Marie s’en va dans les montagnes de Judée  ; elle rencontre Élisabeth, et l’enfant que celle-ci portait dans son sein tressaille à la voix de la vierge qui devait mettre au jour le Sauveur du monde.

1942. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Dans les commencemens, on se contentoit d’indiquer l’usage des livres modernes, & d’en porter des jugemens sans aucun extrait ; mais peu à peu le Journal est devenu annalitique.

1943. (1865) Du sentiment de l’admiration

Pourquoi ne portez-vous pas les progrès de votre esprit au point où vos devanciers à plusieurs reprises ont su s’élever et se maintenir ?

1944. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

La tête s’est renversée ; les mains se sont redressées à l’articulation du poignet ; les coudes se sont portés en arrière : tous les membres ont cherché le centre de gravité commun qui convenait le mieux à ce système hétéroclite.

1945. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Alors sa bouche se serait entrouverte, ses regards distraits se seroient portés au loin, le travail de sa tête fortement occupée se seroit peint sur son visage, et Michel eût fait une belle chose.

1946. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Un seigneur de la grande Brétagne étant à Rome, où il avoit porté ce tableau, le fit voir à Carle-Maratte.

1947. (1762) Réflexions sur l’ode

C’est sans doute parce qu’il portait au plus haut degré le mérite de l’expression et du nombre ; deux choses dont l’effet devait être très grand dans une langue riche et musicale comme celle des Grecs, mais dont le prix est fort affaibli pour nous dans une langue morte, que nous ne savons pas prononcer et que nous entendons mal.

1948. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Si après renseignement préalable, quelqu’un, — n’importe qui, — avait osé publier sur Mme de Saman, qui n’a pas, je crois, toujours porté ce nom-là en littérature, le livre qu’elle vient de publier sur elle et eût dit à la troisième personne ce qu’elle dit, elle, à la première, à quel effroyable procès en diffamation ne serait-il pas exposé ?

1949. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Le mouvement insurrectionnel du fédéralisme se résuma donc tout entier dans la ville du Refuge pour les Girondins, dans la déclaration anonyme de l’insurrection (ce fut Vaultier qui, en raison de ses bouillants vingt-deux ans, prit sur lui le dangereux honneur de signer cette déclaration qu’il n’avait pas écrite), et, dans l’expédition panique de Brécourt, un seul coup de canon qui ne porta pas et mit en fuite deux braves corps d’armée.

1950. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Rien, en ces deux derniers volumes, n’a modifié le jugement que j’ai déjà porté sur l’auteur des deux premiers et sur sa manière de considérer les choses historiques59.

1951. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

, ni Guizot, qui a vu les mélanges du bien et du mal, mais qui n’a pu les expliquer, ni personne, enfin, parmi les gloires modernes, n’a porté la lumière et la main sur le nœud gordien de ce temps et son implication formidable, tandis que quelques vers de Shakespeare, quelques pages de Walter Scott, en font du moins passer l’âme dans nos esprits, comme une vision trop tôt évanouie !

1952. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Je sais bien que l’Histoire des Français de la décadence est un titre plus grand que le livre qui ose le porter, mais, en somme, il y a dans ce livre un aigu de regard et un nerveux de poignet que rien n’a faussé ni fait faiblir.

1953. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

C’est sur le nez coupé dans le front de Condillac, par le procédé rhinoplastique, appliqué à la philosophie, que Taine porte, comme les équilibristes portent leur perche ou leur échelle, la masse des faits scientifiques qu’il a ramassés dans tous les bouquins de la science moderne sans exception.

1954. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Malgré la force d’un esprit qu’il finira par énerver, et sur laquelle nous avons assez insisté, l’auteur de l’Individu et l’État a prouvé une fois de plus, et pour son compte, à quel degré la manie des théories vagues et l’idéologie philosophique portait malheur à la netteté de la pensée.

1955. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Je serais bien capable de porter à l’auteur d’À Rebours le même défi : « Après les Fleurs du mal, dis-je à Baudelaire, — il ne vous reste plus, logiquement, que la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix. » Baudelaire choisit les pieds de la croix.

1956. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

L’étendue des cieux, la profondeur des forêts, l’immensité des mers, la richesse et la variété des campagnes, cette multitude innombrable d’êtres en mouvement, destinés à servir d’ornement au globe qu’il habite, tout ce vaste assemblage dut porter à son esprit une impression de grandeur.

1957. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus.

1958. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Ceux qui ont reçu de la nature une âme forte, ceux qui ont le bonheur ou le malheur de sentir tout avec énergie, ceux qui admirent avec transport et qui s’indignent de même, ceux qui voient tous les objets de très haut, qui les mesurent avec rapidité et s’élancent ensuite ailleurs, qui s’occupent beaucoup plus de l’ensemble des choses que de leurs détails, ceux dont les idées naissent en foule, tombent et se précipitent les unes sur les autres, et qui veulent un genre d’éloquence fait pour leur manière de sentir et de voir, ceux-là sans doute ne seront pas contents de l’ouvrage de Pline ; ils y trouveront peut-être peu d’élévation, peu de chaleur, peu de rapidité, presqu’aucun de ces traits qui vont chercher l’âme et y laissent une impression forte et profonde ; mais aussi il y a des hommes dont l’imagination est douce et l’âme tranquille, qui sont plus sensibles à la grâce qu’à la force, qui veulent des mouvements légers et point de secousses, que l’esprit amuse, et qu’un sentiment trop vif fatigue ; ceux-là ne manqueront pas de porter un jugement différent.

1959. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

« Ô toi, dit-il, soit que, porté à travers les cieux sur le char de la gloire, à la hauteur où montent les grandes âmes, tu dédaignes la terre et te ries des tombeaux, soit que tu habites, aux bords élyséens, le bocage de paix où s’assemblent les guerriers de Pharsale, et que les Pompée et les Caton accompagnent ton noble chant ; soit que, fière et sacrée, ton ombre ignore le Tartare, et que tu entendes de loin les supplices des méchants, et n’aperçoives que derrière toi Néron, pâle sous le regard irrité de sa mère, apparais-nous dans ton éclat !

1960. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

J’ai visité la ferme où naquit et vécut l’animal qui porta ce jambon. […] Habituellement elles portent sur la beauté d’un vers, d’un morceau, sur les proportions régulières d’un acte, sur l’inopportunité du récit de Théramène, sur l’inconvenance des calembours de Shakespeare, sur le charme adorable du style d’Amphitryon. […] On se donne de grands coups de sabre ; on se jette des montagnes à la tête avec les arbres qu’elles portent, et les neiges qui couvrent leurs cimes, et les rivières qui coulent à leurs pieds. […] elle se grise facilement, cette imagination romantique, et alors elle voit trouble, et tombe dans des jugements exactement inverses, mais exactement aussi faux, injustes, étroits et bornés qu’aucun de ceux que porta jamais la froide raison du dix-huitième siècle. […] Le philosophe L’autre jour, j’avais l’esprit porté à la méditation philosophique.

1961. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

L’inégalité des conditions, la rigueur incessante du sort pour le grand nombre, le scandale de la richesse avec tous les vices chez quelques-uns, l’iniquité, la tyrannie des gouvernants et des maîtres, tout ce chaos enfin qui pèse si atrocement sur nos âmes et sur notre imagination, à nous que la Philosophie du Dix-Huitième Siècle et la Révolution ont émancipés du passé en esprit, mais non pas en fait ; ce chaos, dis-je, n’existait pas pour l’homme qui portait gravée dans son cœur, dès ses premiers pas dans la vie, la solution chrétienne. […] Et cette Église encore n’était que le vestibule et l’image de la véritable Église, de l’Église céleste, vers laquelle se portaient mes regards et mes espérances. […] Ou souffrir, Seigneur, ou mourir , était l’aphorisme de cette femme qui porta l’amour divin au plus haut degré dont le cœur humain soit capable. […] Que fut la Régence, que fut le règne de Louis XV, sinon une bacchanale antique, où la femme, la bacchante, portait le flambeau ? […] C’est sur l’arbre de la vie, dit la Genèse, qu’il faut mettre la main quand on a porté la main sur l’arbre de la science.

1962. (1904) Zangwill pp. 7-90

Or l’idée moderne, la méthode moderne revient essentiellement à ceci : étant donnée une œuvre, étant donné un texte, comment le connaissons-nous ; commençons par ne point saisir le texte ; surtout gardons-nous bien de porter la main sur le texte ; et d’y jeter les yeux ; cela, c’est la fin ; si jamais on y arrive ; commençons par le commencement, ou plutôt, car il faut être complet, commençons par le commencement du commencement ; le commencement du commencement, c’est, dans l’immense, dans la mouvante, dans l’universelle, dans la totale réalité très exactement le point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte ; que si même on peut commencer par un point de connaissance totalement étranger au texte, absolument incommunicable, pour de là passer par le chemin le plus long possible au point de connaissance ayant quelque rapport au texte qui est le plus éloigné du texte, alors nous obtenons le couronnement même de la méthode scientifique, nous fabriquons un chef-d’œuvre de l’esprit moderne ; et tant plus le point de départ du commencement du commencement du travail sera éloigné, si possible étranger, tant plus l’acheminement sera venu de loin, et bizarre ; — de tant plus nous serons des scientifiques, des historiens, et des savants modernes. […] Par de tels retours suivies historiens antérieurs, notre ami Pierre Deloire croyait bien signifier que les historiens d’aujourd’hui, dont il est, sont devenus modestes ; et peut-être a-t-il raison ; peut-être les historiens, personnellement et comme historiens, sont-ils devenus modestes ; mais je me demande justement si tout l’ancien orgueil ne s’est pas réfugié dans la méthode, agrandi, porté à la limite, à l’infini ; je demande s’il n’est pas vrai que les méthodes scientifiques modernes, transportées en vrac dans l’histoire et devenues les méthodes historiques, exigent de l’historien des facultés qui dépassent les facultés de l’homme. […] Ceux-ci n’iront pas. à leur exemple, s’emplir de viandes et de boissons brûlantes pour inonder leurs veines par un afflux soudain de sang grossier, pour porter dans leur cerveau la stupeur ou la violence ; on les voit à la porte de leur chaumière, qui mangent debout un peu de pain et leur soupe ; leur vin ne met dans leurs têtes que la vivacité et la belle humeur. […] En fait de vertu, chacun trouve la certitude en consultant son propre cœur. » On ne me pardonnera pas une aussi longue citation ; mais on m’en louera ; et on la portera sans doute à mon actif ; car c’est un plaisir toujours nouveau que de retrouver ces vieux textes pleins, et perpétuellement inquiétants de nouveauté ; et quand dans un cahier on met d’aussi importantes citations de Renan, on est toujours sûr au moins qu’il y aura des bons morceaux dans le cahier ; — je ne dis point cela pour Zangwill, qui supporte toute comparaison ; — je sais tous les reproches que l’on peut faire au texte que je viens de citer ; il est perpétuellement nouveau ; et il est vieux déjà ; il est dépassé ; phénomène particulièrement intéressant, il est surtout dépassé justement par les sciences sur lesquelles Renan croyait trouver son plus solide appui, par les sciences physiques, chimiques, particulièrement par les sciences naturelles ; — mais ici que dirions-nous de Taine qui faisait aux sciences mathématiques, physiques, chimiques, naturelles, une incessante référence ; — c’est justement par le progrès des sciences naturelles que nous sommes aujourd’hui reconduits à des conceptions plus humaines, et, le mot le dit, plus naturelles ; je n’ignore pas toutes les précautions qu’il y aurait à prendre si l’on voulait saisir, commenter et critiquer tout ce texte ; mais telle n’est pas aujourd’hui la tâche que nous nous sommes assignée ; je n’ignore pas qu’il y a dans cet énorme texte religieux des morceaux entiers qui aujourd’hui nous soulèvent d’indignation ; et des morceaux entiers qui aujourd’hui nous paraissent extraordinairement faibles ; je n’ignore pas qu’il y a dans ce monument énorme des corps de bâtiments entiers qu’un mot, un seul mot de Pascal, par la simple confrontation, anéantirait ; je connais les proportions  à garder ; je sais mesurer un Pascal et un Renan ; et je n’offenserai personne en disant que je ne confonds point avec un grand historien celui qui est le penseur même ; si j’avais à saisir et à commenter et à critiquer le texte que nous avons reproduit, je sais qu’il faudrait commencer par distinguer dans le texte premièrement la pensée de Renan ; deuxièmement l’arrière-pensée de Renan ; troisièmement, et ceci est particulièrement regrettable à trouver, à constater, des fausses fenêtres, des fragments, à peine habillés, d’un cours de philosophie de l’enseignement secondaire, comme était l’enseignement secondaire de la philosophie au temps où Renan le recevait, des morceaux de cours, digérés à peine, sur Kant et les antinomies, sur le moi et le non-moi, tant d’autres morceaux qui surviennent inattendus pour faire l’appoint, pour jointurer, pour boucher un trou ; combien ces plates reproductions de vieux enseignements universitaires, ces morceaux de concours, de l’ancien concours, du concours de ce temps-là, combien ces réminiscences pédagogiques, survenant tout à coup, et au moment même que l’on s’y attendait le moins, au point culminant du dialogue, détonnent auprès du véritable Renan, auprès de sa pensée propre, et surtout de son arrière-pensée ; comme elles sont inférieures au véritable texte ; et dans le véritable texte comme la pensée même est inférieure à l’arrière-pensée, ou, si l’on veut, comme l’arrière-pensée est supérieure à la pensée, à la pensée de premier abord ; quel travail que de commencer par discerner ces trois plans ; mais comme on en serait récompensé ; comme la partie qui reste est pleine et lourde ; comme la domination de l’arrière-pensée est impérieuse. […] Altier, entier, droit, Taine a eu cette audace ; il a commis cet excès ; il a eu ce courage ; il a fait cet outrepassement ; et c’est pour cela, c’est pour cet audacieux dépassement que c’est par lui, et non par son illustre contemporain, qu’enfin nous connaissons, dans le domaine de l’histoire, tout l’orgueil et toute la prétention de la pensée moderne ; avec Renan, il ne s’agissait encore, en un langage merveilleux de complaisance audacieuse, que de constituer une lointaine surhumanité en un Dieu tout connaissant par une totalisation de la mémoire historique ; avec Taine au contraire, ou plutôt au-delà, nous avons épuisé nettement des indéfinités, des infinités, et des infinités d’infinités du détail dans l’ordre de la connaissance, et de la connaissance présente ; désormais transportés dans l’ordre de l’action, et de l’action présente, nous épuisons toute l’infinité de la création même ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, toute sa foi et tout son zèle, — vraiment religieux, — toute sa passion de grand travailleur consciencieux, de grand abatteur de besogne, et de bourreau de travail, tout son passé, toute sa carrière, toute sa vie de labeur sans mesure, sans air, sans loisir, sans repos, sans rien de faiblesse heureuse, toute sa vie sans aisance et sans respiration, toute sa vie de science et la raideur de son esprit ferme et son caractère et la valeur de son âme et la droiture de sa conscience le portaient aux achèvements de la pensée, le contraignaient, avant la lettre, à dépasser la pensée de Renan, à vider le contenu de la pensée moderne, le poussaient aux outrances, et à ces couronnements de hardiesse qui seuls achèvent la satisfaction de ces consciences ; il devait avoir un système, bâti, comme Renan devait ne pas en avoir ; il devait avoir un système, comme Renan devait nous rapporter seulement des certitudes, des probabilités et des rêves ; mais, sachons-le, son système était le système même de Renan, étant le système de tout le monde moderne ; et ce commun système engage Renan au même titre que Taine ; il fallait que Taine ajoutât, au bâtiment, à l’édifice de son système ce faîte, ce surfaite orgueilleux, parce que ce que nous nommons orgueil était en lui un défi à l’infortune, à la paresse, aux mauvaises méthodes et au malheur, non une insulte à l’humilité, parce que ce que nous croyons être un sentiment de l’orgueil était pour lui le sentiment de la conscience même, du devoir le plus sévère, de la méthode la plus stricte ; et c’est pour cela que nous lui devons, à lui et non à son illustre compatriote, la révélation que nous avons enfin du dernier mot de la pensée moderne dans le domaine de l’histoire et de l’humanité.

1963. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Mettons que, précisément, il en soit ainsi, et portons exclusivement notre attention sur la seconde de ces études. […] Brunetière a toujours porté avec une facilité allègre qui ressemble beaucoup plus à un plaisir qu’à un effort. […] Il doit être plus : pour lui l’impression première n’est qu’une occasion de réfléchir sur les principes d’esthétique qu’il s’est faits, une impulsion qui met en jeu son intelligence et sa raison, lesquelles pourront porter un jugement tout autre que celui que sa sensibilité toute seule aurait porté. […] Quand on se fait porter malade, le colonel le sait bien, c’est qu’on ne veut pas faire son métier. […] Caractère généreux ; mais porté à l’ironie. — Sarcey n’a ni les qualités, ni les défauts d’About.

1964. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Notre attention se fixe sur eux parce qu’ils l’intéressent davantage, mais chacun d’eux est porté par la masse fluide de notre existence psychologique tout entière. […] Le métaphysicien que nous portons inconsciemment en nous, et dont la présence s’explique, comme on le verra plus loin, par la place même que l’homme occupe dans l’ensemble des êtres vivants, a ses exigences arrêtées, ses explications faites, ses thèses irréductibles : toutes se ramènent à la négation de la durée concrète. […] La différence qui surgit accidentellement sur un point de l’appareil visuel, étant très légère, ne gênera pas le fonctionnement de l’organe ; et, dès lors, cette première variation accidentelle peut attendre, en quelque sorte, que des variations complémentaires viennent s’y ajouter et porter la vision à un degré de perfection supérieur. […] C’est un véritable centre nerveux, qui se serait porté vers la périphérie. […] Un changement héréditaire et de sens défini, qui va s’accumulant et se composant avec lui-même de manière à construire une machine de plus en plus compliquée, doit sans doute se rapporter à quelque espèce d’effort, mais à un effort autrement profond que l’effort individuel, autrement indépendant des circonstances, commun à la plupart des représentants d’une même espèce, inhérent aux germes qu’ils portent plutôt qu’à leur seule substance, assuré par là de se transmettre à leurs descendants.

1965. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

On y voyait Paul Léautaud-Boissard qui, pour la circonstance, portait un pantalon de velours beige, une capote bleu marin et coiffait son chef d’un képi rouge. […] » La semaine où il rencontra Barrès, Henri Bremond prêchait alors le carême à la cathédrale, et son hellénisme chrétien ne s’en exaltait pas moins des promenades qui le portaient, au matin, vers les Panathénées. […] Sur les routes de son pays, à travers la Grèce, la Turquie, la Syrie et jusqu’en Égypte, il a porté sa faim et sa fatigue. […] Au contact des amis que j’ai cités, comme un cadet parmi des aînés, il perdit un peu de sa spontanéité ; et une myopie qui lui faisait porter monocle, ce qui ne lui donnait pas un air bien cavalier, ajoutait encore à la défiance qui devenait, chez Radiguet, de plus en plus naturelle. […] Et, dans le Bal du comte d’Orgel, il mettra, avec la rapide expérience qu’il a du monde, tous les jugements qu’il porta sur les oisifs, sur le temps présent.

1966. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Pareils à des corneilles, autour du vaisseau noir, ils étaient portés sur les vagues, et un dieu leur enlevait le retour. […] C’est là certainement un des beaux passages descriptifs d’Homère, un de ceux qui portent le plus irréfutablement le caractère homérique. […] Balancés en palanquins, portés sur le dos des éléphants, nous traverserions des forêts de cocotiers pleines de paons et de colibris. […] Ils se sont portés les uns sur les autres par un cercle sans fin, étant certains qu’à mesure que les hommes ont de la lumière, ils trouvent et grandeur et misère en l’homme. […] Victor Cousin a résumé le jugement qu’on doit porter sur lui : « Rousseau, dit-il, n’en est pas moins, comme Tacite, un grand écrivain.

1967. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il fut porté, en quelque sorte, par la solennité d’une diction qui lui permit d’amplifier son débit, et personne ne s’aperçut qu’il était bègue. […] Et quel orgueil de porter l’habit de Racine ou de Corneille !  […] Son ami Gavarry lui conseilla de le porter à la Revue des Deux Mondes. […] Cet athénien portait en lui une rumeur toujours chantante, qui s’éveillait au moindre écho. […] Craignant qu’un pareil oubli lui portât malheur, il se leva, s’habilla, et revint donner le coup de canne sur le coffre du palier.

1968. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Non, les prêtresses légères ne portent pas à Cérès de l’eau de tout fleuve ; mais celle qui, pure et transparente, coule en petite veine de la source sacrée, celle-là lui est chère101. » — Le poëme des Argonautes ne roule pas cependant beaucoup de limon ; Quintilien l’a loué, tout au contraire, pour un certain courant égal, pour une certaine mesure qui ne s’abaisse jamais : æquali quadam mediocritate. […] Minerve donne les mains à l’expédient de Junon : « Je n’entends rien, dit-elle, à tous ces traits ni à tous ces foments de l’amour ; mais puisque le moyen te paraît bon, j’y consens, et je suis prête à te suivre : seulement ce sera à toi de porter la parole. » Les deux déesses s’envolent aussitôt et arrivent au palais bâti à Vénus par son boiteux époux. […] Ses pieds la portaient au hasard çà et là.

1969. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

J’en dirai autant de la conscience, cette preuve sans preuve que nous portons en nous-mêmes du bien ou du mal moral : ses jugements, pour être certains, n’ont pas besoin d’autres témoignages qu’elle-même ; ce qu’elle condamne est mal, ce qu’elle approuve est bien ; que nous le voulions ou que nous ne le voulions pas, elle prononce en nous, pour nous ou contre nous, des arrêts contre lesquels il nous est impossible de protester. […] Ce sont les idées innées, les révélations préexistantes à toute révélation des sens ; c’est eu vertu de ces idées typiques, coexistantes avec l’âme et préexistantes à nos sens, que nous portons en nous les notions innées du bien, du bon, du beau, des qualités, des vertus, des saintetés des choses. […] … » Après avoir dit cela, il porta la coupe à ses lèvres, et la but avec une tranquillité et une douceur incomparables.

1970. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Grandet, qui passait pour avoir porté le bonnet rouge, par un grand propriétaire, un homme à particule, un futur baron de l’Empire. […] Ses forts souliers se nouaient avec des cordons de cuir ; il portait en tout temps des bas de laine drapés, une culotte courte de gros drap marron à boucles d’argent, un gilet de velours à raies alternativement jaunes et puce, boutonné carrément, un large habit marron à grands pans, une cravate noire et un chapeau de quaker. […] Nanon vous y portera du pain et de l’eau.

1971. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La loi qu’on devrait poser à la nature humaine ne serait plus alors de porter à l’absolu toutes ses puissances ; la civilisation aurait son maximum, atteint par un balancement de contraires, et la sagesse serait de l’y retenir. […] Étaient-ce de tremblants rhéteurs que ces philosophes, ces Girondins, qui portaient si fièrement leur tête à l’échafaud ? […] Est-ce trop de critique qui a desséché les vaisseaux qui lui portaient la vie ?

1972. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

En quelque matière que ce soit, si l’on a porté la conviction jusqu’à un certain point, on s’écrie : Cela est démontré géométriquement. […] Mais lorsque je considère qu’il ne s’agit point d’un objet entièrement nouveau, que nous possédons tous une langue maternelle, que le long exercice de la parole nous dispose dès notre enfance à l’étude de ces principes, ou à leur application à l’idiome qui nous est familier, et dont nous avons appris les éléments de nos parents, lorsqu’ils environnaient notre berceau, ou qu’ils nous portaient dans leurs bras ; lorsque je vois la liaison étroite de cette science avec la logique, je la laisse où je l’ai placée. […] Si je ne suis pas d’accord avec l’usage sur le temps de l’enseignement des langues anciennes, je ne le suis pas davantage avec les philosophes, tels que Dumarsais et d’autres qui ont porté l’esprit de la logique dans la grammaire, sur la manière de les étudier toutes.

1973. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Il arrive aussi qu’un malheur, la perte d’un ami, la mort d’une maîtresse, coupe le fil qui tenait le ressort tendu ; alors l’être part et va tant que ses pieds le peuvent porter : tout coin de la terre lui est égal. […] Portez vos yeux au-dessus de ce second pont, et dites-moi, si vous le savez, quelle est l’étendue que vous découvrez. […] N’y a-t-il aucun antre, aucune forêt, aucun lieu secret, écarté, où tu puisses porter tes pas et perdre aussi ta mélancolie ?

1974. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Le fait est que j’ai rencontré, en revenant ici, le lieutenant G…, et que j’ai fait la sottise de lui prêter l’insecte, qu’il a porté au fort ; impossible donc de le voir avant demain matin. […] Mais cette septième branche est morte et ne pourra porter Jupiter. […] Sur ce corps, dont on ignorait le nom, on ne trouva ni papiers ni argent, et on le porta dans un hôpital.

1975. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Redemandant cette même faveur d’être aide de camp du roi pour la campagne qui suivit celle de Namur, et qui fut la dernière que fit Louis XIV, Lassay savait bien qu’il allait au cœur de Mme de Maintenon lorsqu’il insistait sur la prudence et qu’il disait bien plus en courtisan qu’en soldat : Si je ne regardais que mon intérêt particulier, par toutes sortes de raisons je souhaiterais ardemment qu’il (le roi) allât commander ses armées, mais je crois qu’il n’y a pas de bon Français qui doive souhaiter qu’il y aille : quand je songe à Namur, je tremble encore ; sans compter les autres périls, le roi passait tous les jours au milieu des bois qui pouvaient être pleins de petits partis ennemis ; on n’oserait seulement porter sa pensée à ce qui pouvait arriver : que serait devenu l’État, et que serions-nous devenus ? […] Ennuyée de la longueur de la dispute et du ton qu’y portait M. de Lassay, elle lui dit avec un sang-froid admirable : « Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ? 

1976. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

De ce poste élevé il porta son investigation sur toutes les régions de la cité, sur tous les cantons de l’agro romano, cette ceinture lugubre et splendide qui l’entoure. […] quatre voyages dans le Latium, sur quatre points principaux de cet antique et éternel pays, quatre pavillons dressés, n’eussent-ils pas été en pierre ni en marbre, mais portés sur le ciment romain, lui eussent fait un monument.

1977. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Laissons d’autres s’exalter dans des admirations exagérées qui portent à la tête et qui tiennent d’une légère ivresse : je ne sais pas de plaisir plus divin qu’une admiration nette, distincte et sentie. […] J’ai souvent remarqué que, quand deux bons esprits portent un jugement tout à fait différent sur le même auteur, il y a fort à parier que c’est qu’ils ne pensent pas en effet, pour le moment, au même objet, aux mêmes ouvrages de l’auteur en question, aux mêmes endroits de ses œuvres ; que c’est qu’ils ne l’ont pas tout entier présent, qu’ils ne le comprennent pas actuellement tout entier.

1978. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

En voici un qui « depuis des années fait son capital, comme disait d’Olivet, des petites nouvelles courantes » et en parlant de Montesquieu, en concevant l’idée de se porter un moment contre lui, il paraît tout à fait ignorer de quelle grandeur vraiment nouvelle et imminente il s’agit, à quelle originalité il a affaire, à quel esprit du premier ordre. […] Il me resterait un devoir désagréable à remplir : ce serait de me plaindre, au nom de tous les lecteurs, des nombreuses fautes d’impression qui sautent aux yeux dans ces volumes sortis d’une imprimerie célèbre ou qui du moins en portent le nom.

1979. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

… Aussi je vous bénis tous de l’amitié que vous me portez, et qui m’aide à subir ces blessures de l’âme… « Je comble de vœux et de bénédictions tous ceux qui dans le passé et dans le présent ont mis au moins tes chers jours et nuits à l’abri des mauvais hasards du sort. […] … » — Et à ce seul point de vue du talent littéraire et poétique, qui se révèle en tout ce qui s’échappait de sa plume, vers ou prose, qu’on me permette de joindre encore un dernier témoignage, comme appréciation de cet art exquis et naturel qu’elle portait en elle.

1980. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

« Il n’est pas permis de venir ici faire l’éloge de ces hommes qui portent l’incendie dans la société, en répandant dans les masses des doctrines d’athéisme et d’irréligion. […] « L’immoralité coule à pleins bords, et c’est à nous plus particulièrement qu’il appartient de signaler au Gouvernement les moyens d’y porter remède.

1981. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

La Réforme leur porta un coup mortel : n’ayant pas su s’élever à l’art, ils excitèrent, par la plate familiarité ou le réalisme bouffon de leurs drames, la raillerie scandalisée des protestants, la défiance et l’hostilité des catholiques. […] Par malheur ils rencontrent la châsse où elles sont portées, et, malgré eux, ils sont guéris, à leur grand dépit.

1982. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Pour étudier le grand ensemble que forment les œuvres de la seconde partie du xviie  siècle, il conviendra de porter d’abord notre attention sur celles qui, appartenant plutôt à des mondains qu’à des artistes, nous font ainsi connaître à la fois le milieu où se formèrent et le public auquel s’adressèrent les artistes. […] IL n’était pas causeur ; une pointe d’amertume passait dans la gravité souriante de ses propos ; il portait avec une grâce héroïque l’incurable blessure que la trahison de la vie lui avait faite.

1983. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

La Bruyère est un bourgeois de Paris : un libre esprit, sans préjugé de caste ni respect traditionnel, très peu révolutionnaire, mais satirique et frondeur, peu porté à l’indulgence envers les puissants et les puissances : un esprit indépendant, ayant horreur de tous les engagements, qui, pour ne pas diminuer sa liberté, a renoncé à tous les biens, à la fortune, aux emplois, même à la famille ; car une femme, des enfants, rendent le renoncement difficile : a-t-on le droit de se passer de tout pour eux, comme pour soi ? […] Dès qu’une âme a l’air de se libérer, ou simplement de se retrancher, il s’échappe de cette douceur une dureté écrasante, qui se dissimule aussitôt le coup porté.

1984. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Des ânes dans leurs paniers portent des enfants qui se jouent. […] Elles vont porter la destruction à ses voisins, sur la frontière. » Le cadre est étroit, mais le tableau est achevé et, si je ne me trompe, la composition a sa grandeur.

1985. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Vielé-Griffin va jusqu’au bout de ce qu’il croit ; mais ses pères ont passé par ces Amériques où tout enseigne l’âpre bataille, où se forge plus dure la lame d’un personnel vouloir ; il a appris la lutte encore par d’autres ancêtres dont les mains portèrent des armes34, et il s’en est enfin venu habiter la plantureuse Touraine. […] Ceux-là se sont appelés Eschyle et Dante, Michel-Ange et Phidias, Christian von Gluck, Sébastien Bach, Léonard de Vinci, mais ils ont porté aussi d’autres noms qui sont plus près de nous.

1986. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il y a là encore des portraits, ceux de nos pères par l’esprit, de ces beaux génies qui, selon les paroles de Voltaire, « ont préparé des plaisirs purs et durables aux hommes qui ne sont point encore nés. » Rien n’a vieilli des jugements sommaires et pourtant si pleins qu’il en a portés ; la critique la plus profonde ne réussit qu’à nous en donner les motifs. […] Parlant du voyage de guerre que fit ce prince, en 1670, en Flandre pour y préparer la ruine de la Hollande, le carrosse à glaces, d’invention récente, où est assise à côté du roi et de la reine Mme de Montespan, les plus beaux meubles de la couronne, portés dans les villes où le roi devait coucher, les tables envoyées en avant et servies, à chaque étape, comme à Saint-Germain, les présents aux dames, les bals parés ou masqués, les feux d’artifice, tout cela dérobe à Voltaire l’indignité de la maîtresse en titre, étalée, à l’armée et à l’Europe, « et pour qui sont tous les honneurs, dit-il, excepté ce que le devoir donnait à la reine », comme si le moins que dût Louis XIV à sa femme n’était pas tout d’abord le renvoi de sa maîtresse.

1987. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Seulement cette solution est incomplète et artificielle, j’ai expliqué pourquoi, et ce n’est pas sur l’espace visuel, mais sur l’espace moteur qu’il faut faire porter notre effort. […] Quoi qu’il en soit de cette hypothèse, et bien que je sois porté à en préférer d’autres notablement plus compliquées, il est certain que nous sommes avertis de quelque façon qu’il y a quelque chose de commun entre ces sensations a + a′ et b + b′, sans quoi nous n’aurions aucun moyen de reconnaître que l’objet B a pris la place de l’objet A.

1988. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

À mon arrivée à Saint-Sulpice, on m’apprend que je ne fais plus partie du séminaire, mais bien de la maison des Carmes que l’archevêque vient enfin de fonder définitivement, et l’on m’intime l’ordre d’aller dans la journée lui porter moi-même ma réponse. […] Nous ne nous abordâmes point de front ; nous ne fîmes qu’exposer, moi, la nature de mes doutes lui, le jugement qu’il devait en porter comme orthodoxe. fut extrêmement sévère et me déclara nettement 1ºqu’il n’était nullement question de tentations contre la foi, terme dont je m’étais servi dans ma lettre, par l’habitude que j’avais contractée de me conformer à la terminologie sulpicienne pour me faire entendre, mais bien d’une perte totale de la foi ; 2º que j’étais hors de l’Église ; 3º qu’en conséquence je ne pouvais approcher d’aucun sacrement, et qu’il ne m’engageait pas à pratiquer l’extérieur de la religion ; 4º que je ne pouvais sans mensonge continuer un jour de plus à paraître ecclésiastique, etc.

1989. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

J’ai témoigné, je l’avoue, de l’indignation contre la Philosophie ; mais cette indignation n’a jamais porté que le caractere du zele, & n’est jamais sortie des bornes de l’honnêteté. […] Jusqu’où n’ont-ils pas porté eux mêmes cette ardeur inquiete & obstinée qui tend à tout détruire ?

1990. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Tous les arts de ce temps portent son cachet ; le grand peintre Watteau, venu trop tôt pour elle, créant un monde pastoral enchanté, semble ne l’avoir décoré et embelli que pour qu’elle en prenne possession un jour et qu’elle puisse s’y épanouir et y régner. […] Un autre que vous ne pourrait croire à quel point les choses sont portées.

1991. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Pourtant Mme de Monnier, de retour de la campagne, désira avoir un catalogue du libraire Fauche de Neuchâtel, et Mirabeau saisit ce prétexte pour le lui porter lui-même. […] Parce que vous ne portez point une épaulette comme moi, je ne vous obligerai pas ?

1992. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

De nos jours, nous restituant les modes des mentalités anciennes, tel roi nègre de la côte africaine fait immoler aux fêtes qui commémorent le souvenir de l’aïeul un cortège de messagers ; du sommet d’un rocher on les précipite dans un abîme, munis de présents, de souhaits et de nouvelles qu’ils ont mission de porter à l’ancêtre. […] Mu par ce sentiment de malaise qui fait partie de sa constitution la plus intime, l’homme se croit propre à y porter remède en modifiant l’univers : de là tout son effort scientifique pour comprendre et utiliser les lois, son effort philosophique pour les interpréter à son profit, son effort artistique pour se créer des jouissances nouvelles.

1993. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

La mère, jusqu’à présent, était sacrée, la mère jusqu’à présent, avait été épargnée par l’enfant, qu’elle avait porté dans ses flancs. […] Il avait épousé par principe une femme quelconque, mais comme exutoire de la papillonne, nourrissait une passion platonique pour une Mme D… Or cette Mme D… mourut, et tous les jours Auguste Comte portait des fleurs sur sa tombe.

1994. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Chose remarquable, Tocqueville, qui avait un esprit si philosophique, si porté à rechercher le comment et le pourquoi des choses historiques et politiques, n’avait aucun goût pour la philosophie elle-même. […] L’un aimait à se replier sur lui-même et à surprendre dans l’intimité de la conscience les différences les plus subtiles des faits intérieurs ; l’autre portait un regard non moins attentif sur les faits du dehors : il les démêlait avec le même plaisir, avec la même finesse, avec la même sincérité.

1995. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Parce que ses croyances ne s’emprisonnent pas toujours dans la forme arrêtée d’un symbole, nous sommes portés à dire qu’il n’a point de croyances. […] D’abord, je suis très porté à simplifier le problème en le réduisant.

1996. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

II, § 7, 8, 9], a toujours un objet idéal ; les seuls jugements spontanés qui soient normalement et régulièrement portés sur elle sont ceux que le langage vulgaire réunit sous le nom de comprendre : quand je me parle, je me comprends, c’est-à-dire que je mets des idées sous les mots et des rapports d’idées sous leurs relations syntactiques. […] : Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam Viribus, et versate diu quid ferre recusent, Quid valeant humeri ; cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo ; [Horace, Art poétique, v. 38-41 (dans l’édition des Epîtres, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 204) : « Prenez, vous qui écrivez, un sujet égal à vos forces et pesez longuement ce que vos épaules refusent, ce qu’elles acceptent de porter.

1997. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Voici une armée de doigts trop uniformément allongés en fuseaux et dont les extrémités étroites oppriment les ongles, que Lavater, à l’inspection de cette poitrine large, de cet avant-bras musculeux, de cet ensemble un peu viril, aurait jugés devoir être carrés, symptôme d’un esprit porté aux occupations masculines, à la symétrie et aux ordonnances de l’art. […] On dirait qu’elles portent dans les yeux un secret douloureux, impossible à enfouir dans les profondeurs de la dissimulation.

1998. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Dans une telle nécessité, les héros devaient être portés à s’unir en corps politique, pour résister à la multitude de leurs serviteurs révoltés, en mettant à leur tête l’un d’entre eux distingué par son courage et par sa présence d’esprit ; de tels chefs furent appelés rois, du mot regere, diriger. […] Si cette dénomination avait eu pour origine la convention des Sabins et des Romains, si les seconds eussent tiré leur nom de Cure, capitale des premiers, ce nom eût été Cureti et non Quirites ; et si cette capitale des Sabins se fût appelée Cere, comme le veulent les grammairiens latins, le mot dérivé eût été Cerites, expression qui désignait les citoyens condamnés par les censeurs à porter les charges publiques sans participer aux honneurs.

1999. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas.

2000. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Lorsque Fouché, avec tous les égards qu’il portait d’ailleurs à Moreau, rendit compte de l’explication au premier Consul, celui-ci s’écria : « Il faut que cette lutte finisse.

2001. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Chaque flèche qu’il décochait de la sorte portait en même temps un message à notre louange ; nous devons aimer en lui un de nos alliés les plus compromis et les plus fervents.

2002. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

L’unité pratique du Globe parut résider en lui ; nul en effet ne porta plus constamment et ne soutint plus haut dans la lutte le drapeau de liberté, en ralliant alentour bien des défenseurs inégaux du principe, et en les maintenant jusqu’au bout dans une sorte d’harmonie, malgré les diversités profondes et croissantes.

2003. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Chez les Grecs, chez les Romains, chez les classiques français du dix-septième et du dix-huitième siècle, chez la plupart des écrivains, des causeurs qui, dans nos journaux, dans nos salons, portent sur les œuvres de l’art et de la poésie des jugements d’éloge ou de blâme, la critique littéraire n’a jamais douté d’elle-même.

2004. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Je me souviens parfaitement d’avoir dit à un ami que les objets me paraissaient changés d’aspect ; il y avait aussi de l’hyperesthésie de la vue, et je portais depuis quelque temps des lunettes légèrement colorées… Le 25 novembre, aussitôt après avoir eu la sensation de cette bouffée chaude, je fus pris de bourdonnements d’oreille, et j’eus de l’obnubilation intellectuelle.

2005. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Et je n’en veux pour preuve que le jugement porté par l’auteur sur les actes de ses personnages : il s’en faut que nous en estimions comme lui la valeur morale ; l’écart est précisément d’autant plus grand que nous les prenons davantage comme individus réels, astreints aux infirmités, aux incertitudes, aux délicatesses des réelles consciences.

2006. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais il se portait très bien, un peu haut en couleur, l’air d’un robuste bourgeois campagnard.

2007. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Quoique bien des strophes soient baudelairiennes, et ces vers mêmes du genre Auguste Barbier : Elle portait une loque de manteau roux Avec de grands boutons de veste militaire, Un bicorne piqué d’un plumet réfractaire     Et des bottes jusqu’aux genoux, les Campagnes hallucinées sont, mieux que tous les Rollinats, d’originaux poèmes de nerfs, de compassion et de révolte.

2008. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Un esprit porté à ne juger, à ne sentir qu’en fonction de la beauté est naturellement compréhensif.

2009. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

L’artiste a porté quatre ans son œuvre, avec amour, avec peine.

2010. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Si nous n’avions pas connu les astres, quelques esprits hardis auraient peut-être cherché à prévoir les phénomènes physiques ; mais leurs insuccès auraient été fréquents et ils n’auraient excité que la risée du vulgaire ; ne voyons-nous pas que, même de nos jours, les météorologistes se trompent quelquefois, et que certaines personnes sont portées à en rire.

2011. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

En ses yeux le reflet d’une tristesse dort, Et sur sa robe où sont des fleurs bizarres d’or, Elle laisse dormir son autre main si froide Que dans un sombre jour de chapelle qui dort De moins rigides mains portent la palme roide.

2012. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Cette femme qui, malgré la flamme qu’elle portait au côté, ne se mit ni en dehors, ni au-dessus de la vie, qui accepta simplement sa destinée et fit simplement ses devoirs de jeune fille, d’épouse, de mère et de grand-mère, cette femme réalisait bien la vie que concevait Paul Verlaine. « Toujours le pardon, toujours le sacrifice. » Tel il s’était conçu, lui, surtout « né pour plaire à toute âme un peu fière », « tout prière et tout sourire, sorte d’homme en rêve et capable du mieux », comme il dit de lui-même quelque part.

2013. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Les Parnassiens, qui n’acceptent pas leur défaite, relèvent la tête en 1900 et lui notifient par la voix de Mendès que « sa poétique est déjà surannée et vieillissante35 » Mais le coup le plus droit porté à son influence sera le triomphe de Cyrano de Bergerac où Rostand se gausse des petits esthètes du « Mercure françois ».

2014. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

. — Toutefois les causes extérieures à l’homme me paraissent être à la fois les plus importantes pour l’histoire et les plus faciles à pénétrer : au lieu, en effet, d’être particulières à un individu, elles portent le plus souvent sur un grand nombre ; elles peuvent par là même être mieux contrôlées et conduire à des résultats généraux.

2015. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On réputait précieux ce vers de Corneille concernant le crime de Laïus, et la peine que les dieux en ont porter à ses enfants : Et s’il faut après tout qu’un grand crime s’efface Par le sang que Laïus a transmis à sa race… Sans doute il aurait fallu dire : par le châtiment des enfants de Laïus !

2016. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Il annonce même une plus grande étendue de lumieres, plus de profondeur dans les pensées, une éloquence plus nerveuse ; mais il est aisé d’y reconnoître un Philosophe sombre, trop ardent à profiter de la dextérité de son esprit, pour invectiver la Nature humaine, trop ennemi de la Société, trop porté à n’en voir que les vices, & trop empirique dans les remedes qu’il propose.

2017. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Ensuite David est porté sur son char par des femmes dont une prosternée embrasse ses jambes, d’autres l’élèvent, une troisième sur le fond le couronne.

2018. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Les conseils de ses amis ne peuvent-ils pas l’élever où les forces de son génie n’auroient pû le porter.

2019. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

« Tué — disait-il au Journal — deux cents hirondelles… » Cela n’a pas porté tant de bonheur à sa maison !

2020. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Car nous sommes sortis du moule des anciens et nous en portons la marque : or, les anciens, excepté au théâtre, ne savaient pas rire.

2021. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Elle comptait, dans ce temps de scandales, sur des scandales de plus, et sur ceux-là qui avaient des noms illustres pour les faire mieux retentir et pour les porter plus loin… Il ne fallait rien moins que l’espérance de ces ignominies, auxquelles on sacrifie tout, pour leur sacrifier Madame Sand, le plus grand Préjugé contemporain, la plus grande Routine dans l’admiration de ce siècle.

2022. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

ce n’est pas même un livre… Ce sont des esquisses jetées d’une main vibrante et rapide sur les feuillets d’un album emporté à la chasse, et qu’on en rapporte tout parfumé de la senteur des fleurs sauvages cueillies dans les bois, des fumets du gibier et de l’odeur de cuir du carnier au fond duquel l’auteur a l’habitude de le porter.

2023. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Orgueilleux, mobile, fantasque et farouche, qui de bonne heure avait porté au pouvoir, pour lequel il n’était pas fait, une instabilité d’opinion qui était comme la nostalgie de son génie même, ce prieur de Florence qui ne devait être que le poète de Florence, ce Guelfe devenu Gibelin sans motif que puisse articuler l’Histoire, ce sombre déserteur qui passa à l’ennemi et mérita bien l’exil contre lequel il a rugi comme il aurait rugi contre toute autre chose, ce lion inévitable, s’il n’avait pas été exilé, enfin ce majestueux Dante, idéalisé par son poème, était au fond une assez insupportable réalité.

2024. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saint-René Taillandier n’est pas le plus mauvais écrivain du groupe littéraire dont il fait partie, de ce groupe obscur, sans couleur, sans sonorité, de peu de nerf, qui s’en va laissant sa critique sur les écrits contemporains et qu’on pourrait appeler très bien « les colimaçons de la littérature », car ils portent aussi leur maison sur le dos et ils la traînent partout, comme les écrivains de la Revue des Deux-Mondes, qui ne sont jamais nulle part que des écrivains de la Revue des Deux-Mondes !

2025. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfin il finit par cet idiotisme de toutes les sectes du progrès, quelque nom qu’elles portent, l’affirmation de l’actualité ou de l’éventualité du royaume des deux sur la terre.

2026. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Sur une cinquantaine de pièces formant la totalité du recueil, vous ne devineriez jamais combien il y en a qui pourraient porter la date de la préface, ce chiffre de 1862 !

2027. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il se fait, autant qu’il le peut, l’âme indienne, et devient, de parti pris et travaillé, métaphysicien et mystique à la façon de ces grands peuples fous, qui portent, comme la peine des races favorisées, et par conséquent plus coupables, le poids sur leur intelligence de quelque colossale insanité !

2028. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Et toujours dans la même gamme : Donnez l’essor à votre âme, Elle aspire aux grands sommets : Et des grands il alterne aux chastes : Ton souffle m’a porté vers les chastes sommets !

2029. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Jeunes et même vigoureux, nous sommes fascinés par l’esprit de nos maîtres et nous gardons longtemps à l’épaule la marque des pavois que nous avons portés.

2030. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Ils étaient les chefs d’une société dite des Frères bleus, qui voulurent reprendre la conspiration de Malet et porter à l’Empereur Napoléon et à l’Empire le coup que ce général avait manqué.

2031. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Et sans doute, dans la civilisation gréco-romaine, tous ces caractères sont singulièrement moins marqués qu’ils ne le seront dans la civilisation contemporaine : quand ils reparaissent après le moyen âge, ils sont portés à de bien plus hautes puissances.

2032. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Je voudrais que sur la pierre noire et brute on eût gravé : « Ici il prit la coupe ; là, il bénit l’esclave qui la lui portait ; voici le lieu où il expira. » On irait en foule visiter ce monument sacré ; on n’y entrerait pas sans une sorte de respect religieux, et toute âme courageuse et forte, à ce spectacle se sentirait encore plus élevée.

2033. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.

2034. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

D’abord sa brouille avec Molière, à qui il retira Alexandre et enleva la Du Parc, pour porter la pièce et la comédienne à l’Hôtel de Bourgogne. […] Peut-être portaient-ils des pantoufles au coin du feu. […] Et comment supposer que la construction puisse indéfiniment porter à faux ? […] Les familles selon le sang n’ont pas de droits valables sur la pensée des hommes éminents dont elles portent le nom. […] Les résultats pratiques sont des plus précieux et auraient désarmé les pessimistes, même ceux du romantisme, s’ils ne faisaient profession de les dédaigner et de porter plus haut leur idéal.

2035. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ces passions-là portent avec elles leur pardon. […] Puis, ce public de croyants éprouvait un malaise à voir porter sur la scène un drame essentiellement religieux. […] Et son suicide leur a-t-il uniquement suggéré cette réflexion sensée, que les passions déréglées portent leur peine avec soi ? […] Elle devait porter sous son bras le pot de giroflées de Jenny l’ouvrière. […] Madame elle-même lui portera son café au lait dans son lit, etc.

2036. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Mensonge ou vérité, peu leur importe, pourvu qu’on parle, pourvu qu’on écrive, pourvu que le journal, le matin, aille porter à plus de cent mille lecteurs leur héroïsme ou leur infamie, dansant au haut de leur nom, l’enragé cancan de la publicité. […] Il est de la forte race de ces écrivains qui ont choisi la littérature, non point comme un passe-temps dont on s’amuse, non point comme une profession dont on vit, mais comme une vocation d’instinct vers laquelle leur esprit les a portés par une irrésistible et naturelle pente. […] On dirait vraiment que notre siècle est trop faible pour porter le poids de plusieurs admirations. […] Caro qu’il s’agit — fut un homme champêtre, qu’il habita une chaumière et porta des sabots. […] Elle informe sur des bavardages de nouvellistes et des délations de concierges, repoussant le témoignage de ceux-là qui ont vécu avec le prisonnier, qui connaissent le fond de son âme, et se portent garants de son innocence.

2037. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Je crois bien qu’à des centaines de siècles en arrière, la nature et l’homme bâtissaient déjà les assises qui portent la nation. […] Ambiorix l’Éburon était à demi germanique, mais il portait un nom gaulois ; il convia les Celtes à la liberté, il fut le précurseur de Vercingétorix dans la cause de l’indépendance, et c’est au sud des Ardennes qu’il regardait pour contempler ses amitiés morales et ses alliances politiques. […] Au premier coup porté dans les reins, la victime supplia : Oh, Kees ! […] Souvenez-vous des Conquérants : Comme un vol de gerfauts hors du chemin natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. […] Manifestement Emerson apparaît partout dans l’œuvre philosophique de Maeterlinck qui pourrait porter en exergue ces phrases du moraliste américain : « D’où vient la sagesse ?

2038. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Le mythe portera d’ailleurs toujours la trace de ses origines ; jamais il ne distinguera complètement entre l’ordre physique et l’ordre moral ou social, entre la régularité voulue, qui vient de l’obéissance de tous à une loi, et celle que manifeste le cours de la nature. […] Sans elle, il ne compterait pas sur le courant de la rivière pour porter son canot, sur la tension de son arc pour lancer sa flèche, sur la hache pour entamer le tronc de l’arbre, sur ses dents pour mordre ou sur ses jambes pour marcher. […] Celle-ci portera un nom ; elle aura sa figure à elle, sa personnalité bien marquée, taudis que les mille esprits des bois ou des sources sont des exemplaires du même modèle et pourraient tout au plus dire avec Horace : Nos numerus sumus. […] Songeons au jugement qu’il porterait de son côté sur nous, sur nos facultés d’observation et de raisonnement, sur notre bon sens, s’il savait que le plus grand de nos moralistes a dit : « L’homme est un roseau pensant !  […] Un instinct, que des habitudes toutes différentes recouvrent dès qu’il a cessé d’être utile, portera donc la tribu à se scinder en clans à l’intérieur desquels le mariage sera interdit.

2039. (1883) Le roman naturaliste

Mais le sens de ses paroles allait au-delà de sa pensée même, et portait plus loin, qu’il y visât ou non. […] Zola, s’il eût voulu vraiment écrire un livre qui justifiât les promesses de son titre, eût dû faire porter tout l’effort de sa démonstration. […] Nos pères avaient une belle expression, que nous sommes à la veille de perdre : ils louaient dans l’écrivain « sa connaissance du cœur humain », c’est-à-dire son expérience de la double nature que nous portons en nous. […] Et nous aimons tant en toutes choses la couleur locale que nous portons à l’auteur lui-même de Tragaldabas un défi de l’apprécier plus que nous. […] Cependant cette mort portait en elle « toute la mystérieuse puissance du destin pour plusieurs vies humaines » ; et « les joies ou les tristesses qui devaient être leur partage sur cette terre », ce fut cette mort qui les détermina.

2040. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Ces travailleurs-là sont plus nombreux que l’on serait porté à le croire, au premier abord. […] La plupart des documents modernes portent une indication précise de leur provenance : de nos jours, les livres, les articles de journal, les pièces officielles et même les écrits privés sont, en général, datés et signés. […] Le procédé n’est pas illégitime, mais à condition de le limiter par plusieurs restrictions qu’on est très porté à oublier. […] Pour être certain qu’elles se contredisent réellement il faut s’assurer qu’elles portent bien sur le même fait : deux affirmations en apparence contradictoires peuvent n’être que parallèles ; elles peuvent ne pas porter exactement sur les mêmes moments, les mêmes lieux, les mêmes personnes, les mêmes épisodes d’un événement, et elles peuvent être exactes toutes deux175. […] L’historien ne peut pas s’en délivrer, mais il peut savoir le compte des éléments réels qui entrent dans ses images et ne faire porter sa construction que sur ceux-là ; ces éléments, ce sont ceux qu’il a tirés des documents.

2041. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Celui qui fait la grosse voix est en colère. » — Au commencement, étant donné un individu ou événement d’une certaine classe, il ne portait sur lui qu’un de ces jugements généraux ; bientôt il en porte deux, trois, quatre, puis dix, vingt, cent, et ainsi de suite. […] Nos inconnues entraînent par leur présence la présence du caractère, et, à son endroit, elles sont influentes : reconnaissons-les à ce signe propre, et, pour cela, écartons d’abord les particularités qui ne le portent pas. […] Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue en l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et se changer en eau. […] Celles-ci sont autant d’anneaux qui font une ou plusieurs chaînes ; chaque anneau y est suspendu au précédent et soutient le suivant ; mais les points d’appui qui portent le tout sont deux, trois, quatre propositions expresses ou tacites, placées au sommet. […] Non seulement l’expérience faite avec les yeux ou avec l’imagination n’est qu’un indice, mais de plus cet indice, en certains cas, peut manquer ; tout à l’heure, ni avec l’œil externe, ni avec l’œil interne, je ne pouvais suivre le prolongement des deux parallèles au-delà d’une certaine distance ; pareillement, on peut citer telle figure, le myriagone régulier, que je n’ai jamais vue tracée, que par l’imagination je ne puis tracer, et sur laquelle pourtant je puis porter avec clarté des jugements certains.

2042. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

— sinon des rapports de bon voisinage, et il me serait impossible de porter sur Mistral un jugement ayant quelque compétence, parce que je ne sais pas le provençal. […] — Voici, comme vous me le demandez, une très courte pièce qui ne fut publiée dans aucun volume ; elle exprime assez bien ma manière de faire dans les petits genres : CHANSON Quand la belle s’en fut au bois,       Portait la rose       À l’aube éclose ; Quand la belle s’en fut au bois, Portait la rose au bout des doigts. […] Moréas n’a pas tardé de s’apercevoir que l’initiative de son génie l’avait porté plus loin qu’il ne le pensait, et que, si les plus anciens poèmes du Pèlerin passionné pouvaient être encore considérés comme émanant du symbolisme, les plus récents étaient véritablement la condamnation irrévocable de cette esthétique. […] Cependant son sens critique, son inquiète activité, et — disons le mot — son indécision, aussi le portèrent à exagérer, avec sa forme, ses tendances ; et le poète étrange qu’il était, transparent dans ses mots, trouble dans son concept, avec des enveloppements et des dérobements d’idées, sorte de beau ténébreux élégiaque, céda le pas au journaliste, au fureteur d’actualités au chroniqueur d’émotions furtives ; et c’est ainsi que, vainement, nous attendons, chaque année, le volume de vers de ce poète, vraiment poète, sinon dans la réalisation, du moins, dans le vouloir.

2043. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

. —  Ils le mirent sanglant sur un plat —  et le portèrent à Gunnar… —  Alors parla Gunnar, —  le chef des hommes : — « Ici est le cœur —  de Hjalli le lâche. —  Il ne ressemble pas au cœur de Högni le brave. —  Il tremble beaucoup — maintenant qu’il est sur le plat. —  Il tremblait davantage — quand il était dans sa poitrine. »  — …« Högni rit — lorsqu’on coupa jusqu’à son cœur,  — jusqu’au cœur vivant du guerrier qui savait arranger le panache des casques. —  Il ne pensa pas du tout à pleurer. —  Ils mirent le cœur sanglant dans un plat —  et le portèrent à Gunnar. —  Gunnar, d’un visage serein, parla ainsi, —  le vaillant Niflung ! […] Ils roulèrent ainsi jusqu’à ce que Beowulf aperçut près de lui, parmi les armes, une lame fortunée dans la victoire,  — une vieille épée gigantesque,  — fidèle de tranchant,  — bonne et prête à servir,  — ouvrage des géants. —  Il la saisit par la poignée,  — le guerrier des Scyldings ; — violent et terrible, tournoyait le glaive. —  Désespérant de sa vie,  — il frappa furieusement ; — il l’atteignit rudement — à l’endroit du col ; — il brisa les anneaux de l’échine,  — la lame pénétra à travers toute la chair maudite. —  Elle s’affaissa sur le sol,  — l’épée était sanglante. —  L’homme se réjouit dans son œuvre. —  La lumière entra. —  Il y avait une clarté dans la salle, comme lorsque du ciel,  — luit doucement — la lampe du firmament. » Alors il vit Grendel mort dans un coin de la salle, et quatre de ses compagnons, ayant soulevé avec peine la tête monstrueuse, la portèrent par les cheveux jusqu’à la maison du roi.C’est là sa première œuvre, et le reste de sa vie est pareil : lorsqu’il eut régné cinquante ans dans sa terre, un dragon dont on avait dérobé le trésor sortit de la colline et vint brûler les hommes et les maisons de l’île « avec des vagues de feu. » Alors le refuge des comtes — commanda qu’on lui fît — « un bouclier bigarré — tout de fer », sachant bien qu’un bouclier en bois de tilleul ne suffirait pas contre la flamme. « Le prince des anneaux — était trop fier — pour chercher la grande bête volante — avec une troupe,  — avec beaucoup d’hommes. —  Il ne craignait pas pour lui-même cette bataille. —  Il ne faisait point cas — de l’inimitié du ver,  — de son labeur, ni de sa valeur. » Et cependant il était triste et allait contre sa volonté, car « sa destinée était proche. » Il vit une caverne, « un enfoncement sous la terre — près de la vague de l’Océan,  — près du clapotement de l’eau,  — qui au dedans était pleine — d’ornements en relief et de bracelets. —  Il s’assit sur le promontoire,  — le roi rude à la guerre,  — et dit adieu — aux compagnons de son foyer  » ; car, quoique vieux, il voulait s’exposer pour eux, « être le gardien de son peuple. » Il cria, et le dragon vint jetant du feu ; la lame ne mordit point sur son corps, et le roi fut enveloppé dans la flamme. […] Un d’entre eux, dont le poëme est mutilé, a conté l’histoire de Judith ; avec quel souffle, on va le voir ; il n’y a qu’un barbare pour montrer en traits si forts l’orgie, le tumulte, le meurtre, la vengeance et le combat : « Alors and Holopherne — fut échauffé par le vin. —  Dans les salles de ses convives,  — il poussa des éclats de rire et des cris,  — il hurla et rugit,  — de sorte que les enfants des hommes — purent entendre de loin — quelle clameur, quelle tempête de cris — poussait le chef terrible,  — excité et enflammé par le vin. —  Les coupes profondes — furent souvent portées — derrière les bancs. —  De sorte que l’homme pervers,  — le farouche distributeur de richesses,  — lui et ses hommes,  — pendant tout le jour — s’enivrèrent de vin,  — jusqu’à ce qu’ils fussent tombés,  — gisants et soûlés ; — toute sa noblesse,  — comme s’ils étaient morts. » La nuit venue, il commande que l’on conduise dans sa tente « la vierge illustre, la jeune fille brillante comme une fée  » ; puis, étant allé la retrouver, il s’affaisse ivre au milieu de son lit.

2044. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Là-dessus un récit drolatique de la visite de Zola et de Daudet, au ministère, Zola voulant porter le chapeau de Daudet pour qu’il pût s’appuyer sur sa canne et sur son bras, et prononçant son speach, les deux chapeaux à la main. […] Jeudi 18 avril Ce soir, je fais la connaissance, chez Daudet, de Georges Lefèvre, un homme de lettres, à la vie accidentée, qui pendant quelque temps faisant en Afrique le commerce des plumes d’autruche, à la suite d’une querelle avec les autorités anglaises, est passé chez les Zoulous, l’avant-veille de la mort du prince impérial, et qui, averti par le courrier qui portait les dépêches, est arrivé sur les lieux, quatre heures après sa mort. […] Oui des chapeaux, qui ont le roux de la poudre des batailles historiques : le chapeau d’Austerlitz, le chapeau de Waterloo, et à côté de ces feutres légendaires, ce chapeau de paille, ce vieux panama, tout gondolé, au cordonnet noir, que le grand Empereur portait à Sainte-Hélène. […] Elle la faisait porter à un mage, qui l’avertissait de se défaire au plus tôt de cette pierre, sous peine de mort subite, ce qui était arrivé à lord Lytton.

2045. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Courbet manquait d’élévation dans les idées, et, naturellement, était porté à voir dans toute chose le côté prosaïque et trivial. […] Zola de porter à la quatrième puissance le système de Millet, et pour l’ouvrier des champs et pour l’ouvrier des villes. […] Il ne nous est donc pas permis de rester indifférents à la nature des écrits et des publications à la mode, non pas que nous prétendions porter atteinte à la liberté de parler et d’écrire, ce qui est loin de notre pensée, mais seulement pour éclairer le public en le mettant en demeure de discuter ses opinions et de nous rendre compte de ses engouements et de ses enthousiasmes parfois inexplicables. […] En parcourant récemment une revue, mes yeux se portèrent sur un article signé, je crois, par Jules Soury, et je m’arrêtai à un certain paragraphe ainsi conçu : « Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, en dépit des humanitaires et des sentimentalistes, gens fort honorables mais plus pourvus de sentiments que d’esprit scientifique, la sélection la plus efficace, celle qui peut conserver les races fortes, c’est la guerre. » Et ailleurs, le même écrivain ajoute : « Depuis longtemps, nous avons démontré que la poésie et les arts étaient appelés à disparaître dans un avenir relativement prochain.

2046. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Lanfrey, un jeune critique de mérite, a, dans une revue, porté un jugement des plus sévères sur l’ensemble de l’ouvrage, et il a particulièrement insisté sur l’absence d’un certain caractère, d’un certain cachet à la Tacite.

2047. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Nous tous qui portons des fardeaux, n’est-il pas naturel que le poids (fût-il le même) nous semble plus léger, si ce sont des roses ?

2048. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

« On écrirait un livre rien que pour vous faire écrire une page. » C’est le remercîment qu’adressait Victor Hugo à M. de Saint-Victor après avoir lu son article sur les Travailleurs de la mer, un de ces beaux morceaux qui portent avec eux leur flamme.

2049. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Indiana, dès l’abord, prend l’amour au sérieux ; elle choisit, elle désigne du cœur Raymon comme l’être idéal qu’elle a constamment attendu, comme celui qui doit porter le bonheur dans ses jours.

2050. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

C’est là sans doute ce qui a porté M. 

2051. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Dumas vient de le porter tout d’un coup, de l’élever au niveau du Théâtre-Français, de l'y lancer avec verve et largeur : cela a passé sans faire un pli.

2052. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Toutes mes impressions, toutes mes idées me portent de préférence vers la littérature du Nord ; mais ce dont il s’agit maintenant, c’est d’examiner ses caractères distinctifs.

2053. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Le goût n’existe donc ni dans une indépendance sauvage, ni dans une servitude logique ; il n’est ni absolument libre, ni esclave ; il est soumis à l’intelligence, comme à un joug nécessaire, si aisément porté qu’il n’en a point conscience.

2054. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

La moindre impression personnelle, qui nous fait sentir l’Âme d’un homme du passé comme nous sentons celle d’un vivant de notre connaissance, fût-ce de la même imparfaite et faible façon, vaut mieux que la servile répétition des plus complets jugements qu’on a portés sur lui.

2055. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Vous m’avez invité à entendre votre pièce en qualité de critique ; par là (soyons de bonne foi), vous avez sollicité mon jugement sur elle et m’avez signifié implicitement que vous m’autorisiez à le produire, quel qu’il fût, — à la seule condition qu’il ne portât que sur votre ouvrage et qu’il demeurât purement littéraire.

2056. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

On en parla tout aussitôt dans Paris comme de quelque chose de neuf et qui porterait coup.

2057. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Francis Vielé-Griffin, son compagnon de route et qu’il faut compter également parmi eux, fut aussi de « ces jeunes hommes qui, guidés par leur seule foi dans l’Art, s’en furent chercher Verlaine au fond de la cour Saint-François, blottie sous le chemin de fer de Vincennes, pour l’escorter de leurs acclamations vers la gloire haute que donne l’élite ; qui montèrent, chaque semaine, la rue de Rome, porter l’hommage de leur respect et de leur dévouement à Stéphane Mallarmé, hautainement isolé dans son rêve ; qui entourèrent Léon Dierx d’une déférence sans défaillance et firent à Villiers de l’Isle-Adam, courbe par la vie, une couronne de leurs enthousiasmes ».

2058. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Le Mascarille des deux premières pièces du comique français avait donc, à l’origine des deux œuvres, porté les masques divers des deux zanni italiens, ce qui explique comment il se ressemble si peu à lui-même.

2059. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

La douleur est un fruit ; Dieu ne la fait pas croître Sur la branche trop faible encor pour la porter.

2060. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Ils avaient à se défendre et, si porté que l’on fût à leur accorder des circonstances atténuantes, cette erreur judiciaire était de nature à les discréditer.

2061. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Et qui sont ceux à qui Despréaux a porté les plus rudes coups ?

2062. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Et quel temps choisit-on pour le décrier ; le temps où il devoit être à l’abri de toute médisance ; où il avoit souffert le dernier outrage pour un amant ; où le chanoine Fulbert avoir épuisé les rafinemens de sa vengeance ; où la tendre Héloïse, ce modèle des amantes, désespérée, & brûlant de plus de feux que jamais, avoir porté dans un cloître, avec tous les agrémens de sa jeunesse & de son esprit orné de mille connoissances, les charmes d’une figure adorable ; où ces amans n’avoient, contre leur fatale destinée, d’autre ressource que l’illusion, l’image de leur ivresse passée, le souvenir de ces transports dont ils étoient pénétrés, lorsque le prétexte de l’étude favorisoit l’intelligence du maître amoureux & de l’écolière passionnée*.

2063. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Les dévots cabalèrent, persécutèrent sourdement, portèrent même leurs plaintes aux pieds du trône.

2064. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Mais tous les coups qu’on se porta, tous les écrits qu’on publia, furent, ainsi que plusieurs démentis formels, donnés en pure perte.

2065. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Les Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, qui depuis un si grand nombre d’années portaient le titre de la seule Troupe Royale ont été réunis avec la troupe du Roi le 25 Août 1680 cela s’est fait suivant l’Ordre de sa Majesté donné à Charleville le 18 du même mois, par Monsieur le Duc de Créquy Gouverneur de Paris, premier Gentilhomme de la Chambre en année, et confirmé par une Lettre de Cachet, en date du 21 Octobre.

2066. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Le ton dominant de l’auteur est l’épigramme & le sarcasme ; il abonde en saillies qui portent le plus souvent à faux.

2067. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Peut-être n’en trouverait-on pas moins dans le jugement que je viens de porter de son livre ; je crois néanmoins pouvoir assurer que j’ai parlé d’après ce que j’ai senti.

2068. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Ceci expliquerait assez bien, au reste, comment plusieurs philosophes ont été portés à attribuer l’invention du langage à l’homme.

2069. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

IV Tel ce livre, si on peut appeler ces fragments un livre, qui se nomme les Deux Diplomates, titre pour le livre comme pour les hommes qui le portent, — un titre et rien dessous !

2070. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Ce caractère religieux a frappé Pierre Saliat, qui, ramenant tout à la préoccupation de son temps comme les vieux peintres au costume du leur, quels que soient les sujets qu’ils traitent, finit par appeler « chrétien » Hérodote, comme il rayait appelé « un gentilhomme grec ». « Une chose que je ne veux oublier, — dit-il en son style d’une senteur antique et exquise, — c’est que les vieux historiens (comme aussi les poètes)sont dignes véritablement d’être révérés et honorés, et principalement pour cette révérence qu’ils portent à leurs Dieux, quoique feints ils soient.

2071. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Sous ce modeste titre d’Études biographiques sur la Révolution d’Angleterre 6, Guizot a publié un volume d’histoire qui aurait bien eu le droit, à ce qu’il me semble, quand on pense au nom et au talent de l’auteur, de porter un titre plus orgueilleux.

2072. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

mais ce sont les bons sens ; ce ne sont pas les grands, mais ce sont les forts, ce sont ceux-là qui se sont mêlés vaillamment à la circonstance, mais qui n’ont pas été portés par elle.

2073. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Il n’est pas fait pour me tailler et me faire porter une telle croupière !

2074. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

… Il était, comme Galiani, de ceux-là qui portent une science énorme, qui leur semble naturelle tant ils se la sont assimilée vite !

2075. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Cette partie négative, d’ailleurs, est toujours la meilleure chez tous les philosophes, ce qui, par parenthèse, est un cruel arrêt, implicitement porté par les faits, contre la philosophie elle-même.

2076. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

La Chine a bien vu par-ci par-là quelques vestiges de ces inévitables religions, branches cassées et dispersées du Candélabre primitivement allumé, et qui brûlent encore dans les diverses poussières où les porta une tempête qui ne les éteignit pas.

2077. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

… La Philosophie dont il s’occupe dans son livre n’est pas cette philosophie générale — qui a seule le droit de porter ce nom absolu de Philosophie — et qui a pour prétention de donner la loi de tous les phénomènes.

2078. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

quand on a l’honneur de porter le nom de Bonald, on est trop profondément religieux pour ne pas croire aux mystères et aux réserves de la Providence ; seulement, si, comme l’a dit un historien réputé grand, « ce qui corrompt le plus les partis, c’est leur espérance », Maurice de Bonald a voulu, du moins, épargner au sien cette corruption-là.

2079. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Malgré la simplicité forcée de leur type, ces jeunes filles, ces cueilleuses de mûres et ces pâtres ne se répètent ni ne se ressemblent, et tous ils portent sur le front leur rayon d’individualité.

2080. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

On se dit bien que l’instrument a un défaut, qu’il est imparfait, près de se casser, près de se rompre, mais l’haleine pure qui passe dans les trous du misérable roseau semble mieux porter & l’âme le son de la poitrine inspirée…, et les plastiques, les acrobates et les funambules sont oubliés !

2081. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Auguste de Châtillon, et ici je touche au point vif de son Recueil… Il y a une influence et une influence terrible dont il n’est pas le seul parmi les poètes à porter le poids et que je voudrais lui voir repousser.

2082. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Que le Corneille des jeunes années eût aimé Marie Courant, comme Byron aima Marie Chaworth, et ne fût pas plus heureux que Byron, car Marie Courant épousa un je ne sais qui, comme Marie Chaworth, c’est un malheur que la jeunesse — cette belle Hercule de la jeunesse, qui porterait le ciel sur ses épaules, s’il y tombait ! 

2083. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Le sien et le leur manquent également de transparence, de couleurs fondues et de souffles dans la lumière ; et voilà comme tous trois ils portent jusque sur leur style, qui est pourtant le meilleur d’eux-mêmes, la peine d’avoir méprisé l’idéal.

2084. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

On dressait une tente où étaient portés les ossements des guerriers.

2085. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il s’est signalé par des œuvres de charité, il est mort plein de mérites, et sa veuve a voulu consacrer sa mémoire en construisant un asile qui portera le nom du défunt. […] A un moment, comme Engstrang vient encore de lui conter une histoire à dormir debout : « Vous voyez, dit le brave homme, comme il faut prendre garde de porter un jugement sur son prochain. […] Les hommes n’ont point coutume de porter une batte ni de se vêtir de losanges. […] Il n’y a que le silence qui puisse comprendre ce qui se passe en moi, et qui soit digne de le porter aux pieds de l’Éternel. […] Mettez ce bois à terre, et reposez-vous : quand il brûlera, il pleurera de vous avoir fatigué… Si vous voulez vous asseoir, moi, pendant ce temps, je vais porter ce bois.

2086. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Tout bon musicien éprouve à volonté cette impression quand il suit les portées couvertes de leurs signes noirs. […] L’halluciné est fou ; la perte d’équilibre locale a peu à peu entraîné une perte d’équilibre générale et croissante, comme la paralysie des muscles à droite, après avoir provoqué la rétraction et la difformité du visage à gauche, peut, par contagion, altérer les fonctions attenantes et porter la maladie dans tout le corps. […] Elle est la sensation elle-même, mais consécutive ou ressuscitante, et, à quelque point de vue qu’on la considère, on la voit coïncider avec la sensation. — Elle fournit aux mêmes combinaisons d’idées dérivées et supérieures : le joueur d’échecs qui joue les yeux fermés, le peintre qui copie un modèle absent, le musicien qui d’après son cahier entend une partition, portent les mêmes jugements, font les mêmes raisonnements, éprouvent les mêmes émotions que si l’échiquier, le modèle, la symphonie frappaient leurs sens.

2087. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Mais ce n’est point là le jugement primitif ni ordinaire ; il faut être devenu savant pour le porter ; l’explication est ultérieure et surajoutée. — D’ailleurs, la difficulté n’est que déplacée : munis de la théorie, nous disons que les molécules de l’air ou de l’éther ont le pouvoir, lorsqu’elles oscillent, de provoquer en nous les sensations de son ou de couleur. […] Nous portons nos sensations avec nous partout où nous allons, et elles n’existent jamais là où nous ne sommes pas. […] À propos de cette sensation surgissent les images de plusieurs sensations distinctes et liées entre elles, celle des sensations exactement semblables de contact, de résistance et de froid que j’éprouverais si je répétais la même épreuve, celle des sensations à peu près semblables de contact, de résistance et de froid que j’éprouverais si je portais la main au-delà de l’endroit touché, celle des sensations musculaires de locomotion pendant lesquelles ces sensations tactiles me seraient données et au terme desquelles elles ne me seraient plus données, celle des sensations de couleur et de forme visuelles qui naîtraient en moi, s’il y avait de la lumière et si mes yeux étaient ouverts, etc.

2088. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il avait dédaigné un trône offert au prix de la répudiation d’une épouse de son choix ; il élevait une belle et nombreuse famille de fils et de filles qui portent tous, dans un coin de leur nature, le sceau d’une étrange puissance d’originalité et de volonté. […] On voit se dessiner sur la ligne de la mer les profils de quelques vieilles glaneuses qui portent une gerbe sur leurs têtes, ou de quelques belles jeunes filles balançant à la cadence de leur pas, sur leurs épaules, une urne étrusque contenant l’eau pour les lieurs de blé mûr ; leur ombre lapidaire les suit sur la route comme un pli de leur lourde robe. […] Qui songerait à regretter l’arbre ou la source, une fois qu’on a porté ses regards sur le groupe humain ?

2089. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

» « Ô Magali, si tu t’en vas aux lointaines Indes, je me ferai, moi, le vent de mer ; je te porterai. » — « Si tu te fais le vent marin, je fuirai d’un autre côté ; je me ferai l’ardeur du grand soleil qui fond la glace. » « Ô Magali, si tu te fais l’ardeur du soleil, je me ferai, moi, le vert lézard, et te boirai. » — « Si tu te fais la salamandre qui se cache sous le hallier, je serai, moi, la lune pleine, qui éclaire les sorciers la nuit. » — « Ô Magali, si tu te fais lune sereine, je me ferai, moi, belle brume ; je t’envelopperai. » — « Mais si la belle brume m’enveloppe, pour cela tu ne me tiendras pas ; moi, belle rose virginale, je m’épanouirai dans le buisson. » « Ô Magali, si tu le fais la rose belle, je me ferai, moi, le papillon ; je m’enivrerai de toi. » — « Va, poursuivant, cours, cours ! […] « Je vous le donnerai, jeune homme, réplique Mireille ; mais, avant, ces orties porteront des grappes de raisins vermeils, votre bâton à trident de fer fleurira, ces collines de rocher s’amolliront comme de la cire, et l’on ira par mer au village des Beaux sur la roche au milieu des terres !  […] Au sixième chant, Vincent inanimé est rencontré par trois garçons de ferme, qui le portent au mas des Micocoules.

2090. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Le Journal des Débats, tribune quotidienne du matin, portait tous les jours l’injure à ses ennemis, l’espérance aux factieux, auxquels il promettait un Coriolan, le défi à la royauté de se tenir debout sans l’appui de sa plume. […] Deux de mes amis et moi nous fûmes recherchés par une de ces Anglaises ambulantes pour notre uniforme élégamment porté dans ses bals. […] Il fallait du bruit autour de cette manifestation en Europe ; M. de Chateaubriand traînait le bruit où il portait ses pas.

2091. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Il faut m’en permettre une courte analyse, pour en faire voir la différence, et motiver le jugement que j’en dois porter. […] S’ils sont à l’Hostel-Dieu portés Jà ne sont par moi confortés, Que d’une aumosne toute seule Ne me paistroient-ils la gueule Qu’ils n’ont pas vaillant une seche Que don’ra qui son couteau lèche ? […] Toutefois, il garda jusqu’à la fin les goûts délicats qu’il tenait de Valentine de Milan, sa mère, et ce tour d’esprit, plus léger que vif, qui le portait à rimer tous les incidents de sa vie.

2092. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Rapports de la population avec les gouvernements, les lois et la religion ; constitution économique du commerce ; proportion des peines aux délits ; réduction de toutes les lois françaises en un code unique ; la liberté, pour attirer les étrangers par l’opulence qui la suit toujours ; l’égalité, pour porter l’abondance et la vie dans tout le corps politique ; la tolérance religieuse, pour assurer l’autorité du prince et la stabilité de l’Etat : voilà quelques-unes des nouveautés que Montesquieu proclame avec l’air de n’y penser que par plaisir, répandant à la fois les doutes, les vœux de réforme, les critiques déguisées du temps présent, tout, excepté des craintes sur le prix dont la France devait payer un jour ces conquêtes. […] Ils en portent une marque plus certaine que l’invention de quelques tours ou le bonheur de quelques expressions nouvelles ; ils ont le génie de ce qu’ils ont entrepris et, ce qui n’a pas besoin des complaisances de l’apologie, la durée. […] Où Quintilien, parlant de l’affection que le maître doit porter à ses élèves, dit : « Qu’il prenne avant tout des sentiments de père pour ses disciples, et qu’il se regarde comme tenant la place de ceux qui lui ont confié leurs enfants31 », Rollin traduit : « Qu’il prenne avant tout et par-dessus tout la place de père », substituant le père aux personnes innommées de Quintilien, et ajoutant les mots par-dessus tout, qui transforment le conseil en un appel de cœur.

2093. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

On s’est cogné à l’église contre le convoi d’un amiral espagnol, dont la tenture portait un grand G, et la mariée cassait son verre. […] On ne sait si l’on a affaire à des femmes, à des hommes, en présence de ces androgynes, qui, par économie, portent des vêtements masculins et ne trahissent leur sexe, que par la largeur d’un fessier anormal dans une culotte. […] Il y a des chapeaux et des queues de grosse paille, qu’on faisait porter aux ribaudes ; des manteaux de punition, des sortes de tonneaux, sur le bois desquels était peint, d’une manière galante, par des Watteau de village, le crime qui y faisait enfermer le séducteur ; des cages pour immerger, pendant un temps fixé réglementairement, les boulangers, qui vendaient à faux poids ; des bonnets d’âne aux oreilles de fer, etc. — enfin, tout un magasin d’accessoires diaboliques, pour terrifier le prévenu, lorsque sa chair avait résisté à la torture.

2094. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Les petites filles pervertissent les petits garçons, les portent à l’onanisme, qu’ils pratiquent devenus plus grands, et beaucoup se trouvent impuissants à l’époque de leur mariage. […] » Dimanche 27 février Aujourd’hui, au Grenier, on parlait, du beau port de corps, du style des égoutiers, des vidangeurs, et en général de tous les gens qui portent de grandes et de lourdes bottes : le soulèvement des grandes bottes, amenant un noble soulèvement des épaules dans la poitrine rejetée en arrière. […] Il nous décrivait, au moment où avait été annoncé à Barré le rejet de son pourvoi, l’affaissement, pour ainsi dire, la mort physique de l’homme, qu’on était obligé d’habiller, de porter, de soulever, comme un être qui n’était plus vivant.

2095. (1926) L’esprit contre la raison

Cependant, lorsqu’il participe à ces « vagues de rêve » qui porteront la jeune revue Littérature après sa sortie de Dada vers la Révolution surréaliste, ce n’est pas sans récuser l’attraction de l’irrationnel et les prestiges de l’inconscient ; il n’est pas convaincu en 1924 que « l’activité inconsciente de l’esprit » puisse servir de fondation à une redéfinition de l’homme. […] Crevel prêche par l’exemple : se laisser porter par l’écriture plutôt que de cultiver l’illusion de maîtrise permet l’illustration en acte de la nouvelle définition de l’esprit qu’il entend poser.  […] Le premier qui leur fut porté fut celui de l’enquête menée au lendemain de la guerre, en 1919, par la revue Littérature qui osa demander aux pontifes : Pourquoi écrivez-vous ?

2096. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

La convention naturaliste (je le rappelle pour mémoire) portait que le roman serait impersonnel et documentaire, ou ne serait pas3. […] Ceux-là sont logiques avec eux-mêmes qui, pour ne point nier la conscience, font porter à l’homme éveillé la responsabilité des fautes qu’il a commises endormi. […] La plupart de ses livres se porteraient aisément à la scène, et au vrai ce sont des drames, avec un commencement, un milieu et une fin, je ne sais quoi de cursif dans l’écriture, de ramassé dans les sentiments, le dialogue souvent substitué au récit. […] Guillaume et trois autres matelots y avaient porté sur leurs épaules une miniature de frégate, pendue le reste de l’année en ex voto au plafond de l’église. […] Francisque Sarcey. — Portez les qualités précédentes au degré éminent qu’elles atteignent chez M. 

2097. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Les poètes et les romanciers n’en veulent pas convenir, parce qu’en effet, lorsqu’il leur arrive, à eux, l’auteur de Cromwell ou de Volupté, de faire de la critique, ils y portent cette conception d’art en vertu de laquelle ils sont romanciers et poètes. […] La sienne pourtant n’y périt point ; et l’on se trompe quand l’on croit, avec la plupart des historiens, que la publication de la Pucelle aurait porté le coup mortel à la gloire de son auteur. […] Ils n’avaient point de redingotes ni de pantalons, mais ils portaient la chlamyde ou la toge ; ils se chaussaient de sandales ou de cnémides, et nous portons des bottes. […] J’ajouterai, qu’indépendamment de certaines préventions ou de certains préjugés d’art, il a porté, dans la critique des contemporains, des préventions toutes personnelles, un vif chagrin du succès et de la croissante popularité de ceux dont il avait pu se croire un moment l’émule ou l’égal. Il y a porté aussi des préventions politiques ; et il n’a jamais pardonné tout à fait à ses anciens collaborateurs du Globe d’être, devenus ministres ou ambassadeurs, tandis qu’il continuait de peiner avec honneur dans son logis d’étudiant.

2098. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Adieu, portez-vous bien !  […] Mais sans presque en avoir l’air, il a déterminé le jugement que nous devions porter sur les uns et sur les autres, et c’est là toute la morale. […] comme aussi celui de se confesser publiquement ; et certes Dieu n’y gagnait rien, non plus que la morale, mais la poésie ne s’en portait pas mieux. […] Car, d’abord, il n’a point répondu qu’Henriette Scilly ne se marierait jamais, et, d’autre part, il s’est porté pour ainsi dire garant que Francis Nayrac élèverait Adèle Raffraye. […] On n’a pas plus besoin d’inviter les hommes à « aimer » qu’à « s’enrichir », et ils y sont toujours assez portés d’eux-mêmes.

2099. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Nos Welches n’ont jamais été trop sages ; mais du moins ils passaient pour galants, et je ne sais rien de si grossier que de porter les armes contre vous ; cela est contre toutes les lois de la chevalerie. […] Cette essence m’a quelquefois porté à la tête, et m’a mis de mauvaise humeur. […] Qui d’entre eux ne s’empressera pas de porter au trône les plaintes du peuple quand le peuple sera opprimé par les exacteurs ? […] Il refusa d’enregistrer l’édit de mai 1718 sur le marc d’argent ; il revint à la charge en allant jusqu’à interdire d’obéir à l’édit du Roi ; il fit défense aux receveurs des deniers royaux de porter l’argent à la banque de Law ; enfin il décréta l’ajouruement personnel de Law et sa prise de corps. […] Vous avez brisé une statue, je vous condamne à la rétablir ; vous n’avez pas ôté le chapeau devant le curé de la paroisse qui portait ce que vous savez je vous condamne à vous présenter quinze jours consécutifs sans chapeau à l’église ; vous avez lu les ouvrages de M. de Voltaire ; oh !

2100. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Les destins nous la devaient : nous avons accepté le cadeau fatal, formidablement lourd à porter. […]   Les quelques romans qui ont paru depuis le début de la guerre portent la marque de l’angoisse. […] Oui : nous ne sommes que trop portés à regarder seulement, dans la nature, les sites extraordinaires et, dans l’humanité, les destinées prodigieuses. […] Qui jadis te guidait pas à pas ; T’asseyait sur son sein ; te portait dans ses bras. […] En outre, il savait travailler, lire, méditer même : et il portait allègrement l’érudition d’un grand lettré.

2101. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

C’était cependant une entreprise digne du respect que nous portons à Molière, de remplacer les vers de Thomas Corneille par la prose de Molière, qui devait ainsi rentrer dans tous ses droits ; mais la mémoire des comédiens, ce singulier mécanisme que les plus habiles physiologistes n’ont pu expliquer, fut longue à se prêter à cette révolution. […] Quant au libertinage de l’esprit, ce Don Juan est le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté. […] Il s’est mis à cheval sur cet âne immortel que montait Sancho Pança de son vivant ; heureux âne qui porte dans sa besace cent fois plus de philosophie qu’Aristote n’en portait dans sa tête. […] Il savait très bien que c’était son œuvre et son chef-d’œuvre, que c’était là son grand coup à porter, et que, ceci fait, il allait se placer un peu plus haut que Pascal, et tout simplement à côté de Bossuet. […] Et tu penses que nous portons pour rien un bâton ferré ?

2102. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

On serait vraiment porté à le croire, à l’audition des grosses injures qui commencent à se faire entendre. […] Courbet, inconnu, des phrases qui annonçaient sa destinée : je ne les citerai pas, je ne tiens pas plus à avoir raison le premier que de porter les modes le jour de Longchamp. […] Ce n’étaient que de simples paysans ; ils ne portaient ni les jupes de satin ni les houlettes enrubannées de Florian ou de Watteau, mais ils étaient vrais comme la nature et beaux comme elle, car ils savaient admirablement lui emprunter tout ce qu’elle a de charme et de poésie. […] Courbet un talent d’exécution porté à un assez haut degré, quelques personnes, et j’avoue que jusqu’ici j’étais du nombre, espéraient qu’il arriverait un moment où M.  […] Cette seule distinction ne porterait-elle point par hasard dans ses flancs tout le secret de l’art de l’avenir ?

2103. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Bien des jugements faux, inexacts, légers et passionnés, outrageux pour d’anciens bienfaiteurs du genre humain, ont été portés par eux, et ont longtemps altéré l’opinion, qui s’en affranchit à peine d’aujourd’hui ; mais le but moral, bien que souvent poursuivi à faux, leur demeura toujours présent ; la commune pensée humaine, la sympathie fraternelle, fut religieusement maintenue. […] Cette pureté, cette douceur d’âme, cette élévation merveilleuse, où le christianisme porta son héros, qui nous la rendra ?

2104. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Presque tous ceux qui avaient porté les grands coups vivaient. […] Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire.

2105. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Elle se résume en un mot et un fait, lesquels n’ont besoin d’être expliqués, parce qu’ils portent en eux une évidence et une certitude. […] Il ne faut pas seulement reconnaître que Fiammette est le meilleur conte qu’un artiste ait porté à la scène, il faut dire que c’est le seul qu’on écoute avec un plaisir vrai et sans une minute d’effort.

2106. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Au contraire, l’esprit français est plus porté pour la discipline que pour la liberté. […] La science compare laborieusement l’original à ces divers portraits, et donne en détail les raisons du jugement souverain que la France en a porté d’instinct.

2107. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Quant pourras bonnement delaisser Ta tant aymée et cultivée estude, Et differer cette sollicitude De litiger et de patrociner, Sans plus tarder et sans plus cachinner, Apreste-toi promptement, et procure Les talonniers de ton patron Mercure, Et sur les vents te metz alegre et gent ; Car Eolus ne sera negligent De t’envoyer le doux et bon Zephire Pour te porter où plus on te désire Qui est ceans, je m’en puis bien vanter. […] Quant à sa prédilection pour le grec, un double attrait l’y portait.

2108. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Montaigne, qui mourut en 1592, lui permit, par une clause testamentaire, de porter les armes de sa maison. […] Il arrive souvent que la curiosité vient distraire et le doute tenter par ses complaisances un esprit enclin à se fixer et à croire, plus ferme qu’étendu, plus porté à affirmer qu’à douter, qui affirme avec autorité, mais qui doute sans grâce.

2109. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Duperron ne les avait vues qu’en manuscrit, quand il en porta le jugement que j’ai rappelé, et qu’il s’avoua surpassé par un jeune homme de vingt ans, dans la seule chose qu’il pensât posséder du consentement de tous. […] Pour comble, Richelieu prenait ombrage de sa gloire, et de la même main qui en 1624 l’avait loué d’un style si délicat, lui écrivait en 1627, au plus fort de ses succès : « Je n’ai point celé à un de vos amis que je trouvais quelque chose à désirer en vos lettres, en ce que vous y mettez d’autrui ; craignant que la liberté de votre plume ne fit croire qu’il y en eût en leur humeur et en leurs mœurs, et ne portât ceux qui les connaîtraient plus de nom que de conversation à en faire un autre jugement que vous ne souhaiteriez vous-même11. » Est-ce à cause de cette indépendance d’esprit, ou de cet éclat qui le rendait si visible, que Balzac manqua l’évêché dont Richelieu l’avait quelque temps flatté ?

2110. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il connaît nos plus secrets, nos plus immuables instincts ; il sait ce que nous pouvons porter de joie et de peine. […] Que ce goût lui fût naturel, cela n’est pas douteux ; son humeur le portait vers les champs ; sa première profession même76, car il en eut une, le mettait trop souvent en présence de la nature pour qu’il n’apprît pas à l’aimer.

2111. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Les caractères abaissés, les influences des cabinets secrets, la servitude des courtisans, les ministres portés au conseil par leur habileté au jeu de billard, les gens de guerre qui ont peur du feu187; une vieille femme qui se rend puissante auprès du maître le plus jaloux, en affectant de ne vouloir que ce qu’il veut ; les fortunes faites par les petits moyens, depuis que les grands sont devenus suspects ; les anecdotes innombrables, depuis que les grandes actions sont devenues rares ; voilà la matière où se plaît Saint-Simon et où il excelle. […] Il voyait même des nuances à l’infini ; il s’y portait en homme qui semblait recueillir des notes pour des Mémoires.

2112. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Celui qui, de nos jours, porterait dans la bataille de la vie une telle délicatesse serait victime sans profit ; son attention ne serait même pas remarquée. « Au premier occupant » est l’affreuse règle de l’égoïsme moderne. […] Ma part a été bonne et ne me sera pas enlevée ; car je m’imagine souvent que les jugements qui seront portés sur chacun de nous dans la vallée de Josaphat ne seront autres que les jugements des femmes, contresignés par l’Éternel.

2113. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Et longuement, il m’a fait remarquer la ressemblance qu’avaient sur l’allée, les ombres portées des branches, des ramures, des petites feuilles naissantes avec les dessins d’album japonais, en même temps qu’il s’étendait sur le peu de ressemblance que ces dessins, faits par le soleil, avaient avec les dessins français. […] Je le relevai, le portai sur son lit, l’interrogeant, lui demandant ce qu’il éprouvait, voulant le forcer à me répondre, anxieux de l’entendre parler.

2114. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Un jour donc qu’il regardait piteusement son maître fondre des sels dans l’écuelle habituelle de ses purgations, et qu’il voyait, la chose faite, tout-à-coup le marchand de journaux porter l’écuelle à sa bouche, alors cet animal éclatait de rire, du rire le plus humain. […] Jeudi 21 juin Toutes les fois, que je dîne chez un restaurateur du boulevard, sur les huit heures, je vois arriver, porté sur ses béquilles, un jeune étranger, dont la colonne vertébrale, molle comme celle d’un ver à soie, forme un S.

2115. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Des actes, des bêtes, des plantes portent des noms dont la signification radicale ne leur fut pas destinée primitivement ; et cependant ces noms métaphoriques ont été choisis, assez souvent sur toute la surface de l’Europe, comme d’un commun accord . […] En somme, trois fleurs : le souci, la verrucaire, le soleil, pour leur donner les seuls noms qu’elles puissent porter en français.

2116. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ce Wallstein, à la vérité, ne porta jamais les armes que pour la maison d’Autriche ; mais l’armée qu’il commandait était à lui, réunie en son nom, payée par ses ordres, et avec les contributions qu’il levait sur l’Allemagne, de sa propre autorité. […] Ces chœurs portaient un jugement sur les sentiments et les actions des rois et des héros, dont ils contemplaient les crimes et les misères.

2117. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Il faut que l’autorité dont jouit la conscience morale ne soit pas excessive ; autrement, nul n’oserait y porter la main et elle se figerait trop facilement sous une forme immuable. […] Si, en effet, le crime est une maladie, la peine en est le remède et ne peut être conçue autrement ; aussi toutes les discussions qu’elle soulève portent-elles sur le point de savoir ce qu’elle doit être pour remplir son rôle de remède.

2118. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Autant vaudrait dire que la parole intérieure est une hallucination qui n’a aucun des caractères de l’hallucination ; car l’hallucination proprement dite, si souvent décrite par les aliénistes, est un phénomène intermittent, toujours anormal, presque toujours morbide, et surtout elle implique toujours une illusion : son élément caractéristique est le jugement d’extériorité que nous portons à tort, trompés par les caractères anormaux de certains états de conscience purement internes237. […] L’école anglaise a porté son attention sur les mélanges hétérogènes que forment les images affaiblies par l’habitude, mélanges où la faiblesse et la complexité des éléments réunis par l’association rendent ceux-ci presque méconnaissables ; elle cherche à expliquer par de tels mélanges non seulement la partie matérielle, mais encore la partie formelle de ce que l’on appelle proprement les idées ; double thèse, dont la première moitié n’est pas contestable, dont la seconde n’a pas encore triomphé des objections qui lui ont été opposées.

2119. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

C’est alors qu’après six mois du règne de Pierre III éclata cette conspiration, cette insurrection du 8 juillet, si mystérieusement conduite et préparée, qui la porta au trône, non pas même comme régente, mais de son chef et en souveraine.

2120. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Cette première édition de Marie ne portait pas de nom d’auteur.

2121. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Tout ce qu’on en pourra découvrir et recueillir sera porté à l’information des personnes savantes qui se sont occupées plus particulièrement de cette branche de notre littérature, et qui sont désormais maîtres reconnus en pareille matière.

2122. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

En France, depuis la révolution romantique, on se pique de marcher sur les règles anciennes et de porter à tout propos des défis à Boileau.

2123. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Fontenelle465, qui n’a pas fondé de système, porta sans en avoir l’air un coup violent à la religion : son œuvre ne fut pas théorique, mais pratique.

2124. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Il sent autour de lui une affection fidèle et réchauffante… Un jour, il rencontre un de ses compagnons d’autrefois ; il s’applique à revivre, tout un soir, sa vie de bohème et de noctambule : mais cela ne lui dit plus rien, et il rentre avec joie dans son élégant foyer… Notez que nulle part il n’est question d’embarras ni de soucis d’argent, et que sa femme et lui ont l’air de se porter comme des charmes. … Et la description de toutes ces joies sonne comme un glas !

2125. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Le lien de l’idée est le seul que ces sortes de natures reconnaissent : « Voilà ma mère et mes frères, disait-il en étendant la main vers ses disciples ; celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère et ma sœur. » Les simples gens ne l’entendaient pas ainsi, et un jour une femme, passant près de lui, s’écria, dit-on : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés ! 

2126. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Puisqu'il paroît si disposé à profiter des leçons qu'on lui donne, nous l'inviterons à porter les derniers coups au vice radical, qui sera toujours l'ennemi de ses talens, c'est-à-dire, à se défaire de cette morgue philosophique dont il ne paroît pas encore sentir assez les travers ; à se persuader qu'il ne saura jamais bien écrire, que quand sa diction sera pleinement modeste & naturelle ; que ce n'est pas être lumineux, que de s'attacher à des pensées plus compliquées que nettes & animées ; que ce n'est pas être élégant, que d'employer des tours pénibles & des expressions étrangeres aux idées ; que c'est être bien loin de l'éloquence, que de n'avoir que cette espece de sentiment qui naît de l'imagination, & non celui dont la source est dans le cœur.

2127. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Le mauvais poëte, celui qui veut porter un poids au-dessus de ses forces, tombe seul dans cet inconvénient.

2128. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Assurément, s’ils avaient eu conscience de leur œuvre, s’ils l’avaient appelée du nom modeste qu’elle devait porter, nous n’eussions pas parlé si longtemps d’une production agréable à lire, mais sans valeur forte et déterminée.

2129. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Il a la bonne humeur d’un esprit qui se porte bien, lorsque les Job se portent mal.

2130. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

À qui peut la juger il est évident que cette œuvre, qui a demandé tant d’années, ce hardi et magnifique travail exécuté sur la cathédrale de France la plus effrayante de beauté et la plus désespérante pour qui oserait se charger d’y porter la main, peuvent faire pressentir à la critique un architecte créateur pour plus tard, un architecte, enfin, pour le propre compte de son génie !

2131. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Le roi de théâtre qu’il avait été trop fit payer l’autre roi qu’il était aussi, cet autre roi qui, le jour même de son coup d’État, avait su mettre si lestement par-dessus ses bas à jour, aux coins d’or, la botte que Charles XII portait à Bender, et qu’il voulut envoyer à la Suède révoltée, pour la gouverner pendant son absence !

2132. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Assurément, en présence de ce prodigieux ascendant qui déconcertait Saint-Simon, et qui étonna si longtemps la France et l’Europe, nous ne nierons pas qu’il y eût des manèges infinis, mêlés à des abnégations sublimes, mais, abnégations ou manèges, dévouements et effacements ou entente de situation et habileté, quelle autre femme pourtant que madame de Maintenon, et toute-puissante comme elle, aurait eu la force d’âme romaine de jouer le rôle anonyme qu’elle consentit à jouer dans l’Histoire, et à s’enfermer modestement sous ses coiffes de veuve au lieu de vaniteusement resplendir sous la couronne qu’elle aurait pu porter ?

2133. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Dieu lui a épargné de vieillir, de porter longtemps cette force désespérée et vaine qui n’a pas d’autre emploi que de nous peser sur le cœur.

2134. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

« En ces temps heureux, — continue Grenier, — le commerce obligatoire avec les classiques me portait à un excès d’intolérance. » (Comme si on n’était pas toujours intolérant, quand on croit à la vérité !)

2135. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Parce qu’il était gai, comme tous les esprits vigoureux qui se portent bien, il se crut la vocation du chansonnier quand, au fond, il en avait une autre, qu’il a prouvée, et dont personne ne parle comme il faudrait, même M. 

2136. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Quand on a tant de talent, on doit avoir une conscience qui vous dit que vous en avez… Doudan a porté dans autre chose que dans ses lettres les facultés délicates et poétiques (et pour moi ce mot-là dit tout !)

2137. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Dieu lui a épargné de vieillir, de porter longtemps cette force désespérée et vaine qui n’a pas d’autre emploi que de nous peser sur le cœur.

2138. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

M. le docteur Tessier n’est pas uniquement préoccupé de spiritualiser l’instruction et de tenir compte de la magnifique duplicité humaine, même dans l’intérêt de l’observation physiologique ; il va plus loin et plus haut… « Le rationalisme dogmatique, dit-il, ne saurait coordonner les phénomènes physiologiques, et comprendre les rapports de la physiologie et de la médecine, mais, sur le terrain de la pathologie, ce rationalisme devient la négation de TOUTE vérité. » Ainsi, comme on le voit, l’enseignement n’est pas seulement matérialiste ; il est de plus arbitraire et antimédical, et l’habile écrivain le prouve avec une rigueur dont, certes, il n’avait pas besoin aux yeux de ceux qui savent jusqu’où peut porter une idée.

2139. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Il est, enfin, non moins épouvantablement certain que cette philosophie de lâche est aussi dans la sensation recherchée des peuples abêtis et énervés qui n’ont ni Dieu pour couronnement de leurs civilisations, ni devoir, ni sens moral, ni rien de la substance qui fut une âme, et qu’ils sont dégoûtés jusque de porter le poids de leurs dernières corruptions !

2140. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Ses aspirations le portaient (croyait-il) vers la Trappe, mais il en fut doucement repoussé par les supérieurs, qui voyaient peut-être qu’il était réservé à autre chose ; car ces hommes, accoutumés à regarder dans les âmes, y discernent souvent les germes de leur avenir.

2141. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Seulement, la raison du jugement surprenant que Rémusat a osé porter de cet homme, ce n’est pas autre chose que sa haine pour la Révolution française.

2142. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Sans doute, étant ce que nous sommes, nous portons tous (et même les plus forts) quelque lambeau saignant de notre cœur dans nos œuvres, et le poète des Fleurs du mal est soumis à cette loi comme chacun de nous.

2143. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

On en doute… Homme de facilité superbe, dans les derniers temps de sa vie ce noble forçat de dettes immenses se mit, pour se racheter de cette galère, à faire de l’Histoire, et il porta dans cette Histoire qu’il n’avait jamais apprise et qu’il traversa au galop de son génie, la divination du poète.

2144. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Ainsi, dans la grande scène, que l’auteur de Tigrane a eu l’art d’amener, de l’ouverture du cercueil de l’évêque de Roquebrun, et qui rappelle le déterrement du Pape Formose (une des plus grandes scènes à décrire de l’Histoire ecclésiastique et même à juger), Ferdinand Fabre nous a très bien peint son abbé, foudroyé d’envie dévorante et d’ambition exaspérée à la vue de ce cadavre enseveli dans ses éblouissants insignes d’évêque, et lui fait porter des mains qu’il ne peut retenir vers cette mitre et cet anneau qui lui soutirent le cœur de la poitrine.

2145. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ils en avaient le droit… Seulement il faut porter dans les sujets bas des facultés d’autant plus hautes qu’ils sont plus bas, et que l’idéal dans le laid et dans le mauvais est aussi difficile à atteindre que dans le beau et dans le bon, et peut-être qu’il l’est beaucoup plus.

2146. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Sur ce corps, dont on ignorait le nom, on ne trouva ni papier ni argent, et on le porta dans un hôpital.

2147. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il y a des athées très hommes de bien, et « qui ne reconnaissent point de dieux, mais qui, ayant d’ailleurs un caractère naturellement porté à l’équité, ont de la haine pour les pervers, sont incapables de se porter à des actions criminelles et s’attachent aux honnêtes gens ». — Ceux-ci sont plus inutiles qu’ils ne sont funestes dans une république. […] Portons notre attention sur cette nature particulière de l’âme. […] N’adorons donc pas Dieu dans les objets matériels, ce que nous sommes trop portés à faire, d’une façon ou d’une autre. […] L’hygiène intéresse la morale parce qu’il faut se bien porter pour accomplir ses devoirs. […] Chez les Perses la monarchie et chez les Athéniens la démocratie sont portées au plus haut degré » et sont sans contrepoids, « et toutes les autres constitutions sont, comme je le disais, composées et mélangées de ces deux-là.

2148. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

XCVII M. de Broglie, qui a de l’esprit sous son mérite, disait en parlant des chansons de Béranger : « C’est bien, c’est dommage que ce soit obscur. » — Ou encore : « Il a su porter l’obscurité jusque dans la chanson. » XCVIII Une fois, à un journal auquel travaillait Planche (L’Artiste, je crois), on envoya, la veille du numéro, au soir, un article de lui à l’imprimerie ; les imprimeurs dirent qu’ils n’auraient jamais le temps de composer un article si tard ; mais, sitôt qu’ils apprirent que c’était de Planche, ils se ravisèrent en disant que son dernier article, inséré dans le dernier numéro, n’était pas encore décomposé, et que, comme M.  […] Il portait cela en tout. […] Mohl, on ne se coule plus. — C’est que tous ces gens-là portent sur eux constamment des vessies de précaution, remplies d’air et de belles paroles, et voilà pourquoi ils ne se coulent pas. […] On trouva tout simple que cet homme, ancien général, ancien ministre de la guerre, ne pût pas même porter un fusil pour chasser dans son parc. […] Il y a, tant que dure la transition, des interrègnes et des suspensions de la justice ordinaire ; cette justice, telle que l’entendent les cœurs réglés, ne recommence à être écoutée qu’au sein d’un même régime, et dans les limites de sa durée. — Ne pas comprendre ces choses, c’est n’avoir jamais porté son regard hors de la vallée où l’on vit.

2149. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Darwin et d’autres, pour me porter aux travaux de Helmholtz25 sur les Harmoniques dont s’avérait mon intuition. […] Puisqu’il cédait, à regret, sur le programme, leur Directeur se réserva de publier au premier numéro mon portait. « J’ai l’intention, m’écrit-il le 28 Nov. 86, de publier un portrait de vous dans le premier numéro. […] René Ghil a probablement ses défauts, mais ils sont de la nature de ses qualités : ils portent la marque de l’originalité et de la grandeur. […] Lassitude à porter la Vie, « immense fatigue »63 ! […] Non point, comme le veut dire Ernest Raynaud, que le désaveu de Moréas ait porté un coup au « Symbolisme » : Moréas n’en était pas, et il avait imité de là comme d’ailleurs.

2150. (1925) Comment on devient écrivain

La conséquence des prix officiels, c’est de frapper d’une présomption d’infériorité tous les ouvrages qui ne portent pas l’estampille d’une récompense. […] Sa haine le portait à prendre le contre-pied des opinions reçues et, par conséquent, à faire des romans qui étaient la négation de l’idéal bourgeois. […] Cicéron nous apprend que lorsque les Romains levaient des troupes, ils montraient le plus grand désir que le nom du premier soldat porté sur la liste fût d’un bon augure. […] « Je ne me porterais pas garant, dit Jules Lemaître, de l’entière orthodoxie de la pensée et des intentions de Molière. […] Ce chiffre augmenta ; on le porta à huit mille, puis à dix mille. « Aucune critique, dit Blignières, n’avait établi ce chiffre.

2151. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Elle est trop jeune pour pouvoir porter deux âmes. […] Bloy n’a qu’une arme, le balai : on ne peut lui demander de la porter comme une épée ; il la porte comme un balai, et il râcle les ruisseaux infatigablement. […] Bloy est un des plus grands créateurs d’images que la terre ait portés ; cela soutient son œuvre, : comme un rocher soutient de fuyantes terres ; cela donne à sa pensée le relief d’une chaîne de montagne. […] Les écrivains naturellement portés vers le catholicisme ont dû s’éloigner presque tous : leur mysticisme, s’il boit encore aux sources pures de Denys et de Hugues, a renoncé à s’abreuver au lac devenu le marécage de toutes les bêtes amphibies. […] Quant aux défauts des œuvres qu’il aimait, il les voyait bien, mais il préféra souvent les taire, sachant que l’éloge doit, pour porter, être un peu partial, et sachant aussi que le rôle du critique est de nous signaler des beautés et des joies, non des imperfections et des causes de tristesse.

2152. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Cet ouvrage qui n’étoit d’abord qu’une brochure, & qui a été porté ensuite à huit vol. […] On l’a comparé à ces fleuves qui ayant leur lit plus serré que les autres, ont aussi leurs eaux plus profondes & portent des fardeaux plus pesants. […] On désireroit qu’après avoir suivi dans la capitale du monde l’établissement & la destruction de la liberté, il y eût aussi fait voir les gradations de la servitude, & qu’au spectacle magnifique, mais peu utile, d’un peuple fier, jaloux de son indépendance & toujours porté à en abuser, il eût fait succéder le spectacle plus instructif & plus attendrissant de ce même peuple accablé par le despotisme, & flétri par l’esclavage. […] C’est cet écrivain élégant qui nous a fourni les jugemens que nous avons portés sur les auteurs qui ont traité l’histoire des Anglois.

2153. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Les idées générales et fondamentales étant en nous latentes, stagnantes, inaperçues, hors du temps, les mots ont, par une sorte d’association préétablie47, la vertu de porter à l’acte et à la conscience tel ou tel fragment plus ou moins considérable de la pensée que tout homme porte en lui dès sa naissance ; l’esprit est comme une table obscure sur laquelle la parole promène un étroit sillon de lumière48 ; par la parole, la pensée entre dans la durée, devient discursive et consciente. […] Les grandes lignes du système de Bonald sont magistralement coordonnées ; les vues de détail par lesquelles il prétend les confirmer sont d’ordinaire inexactes ; elles sont souvent puériles quand elles portent sur la grammaire, l’étymologie, les rapports mystérieux des mots et des idées. […] Mais il se laisse entraîner à dire, comme Bonald, qu’elle est nécessaire pour penser, que les opérations de l’entendement « ne peuvent se faire sans elle »80 ; et, par une réminiscence évidente du même auteur, il définit ainsi son rôle : « Elle tire la pensée du sanctuaire obscur de l’intelligence, où elle était confondue dans la foule de toutes les pensées qui la composent (sic), pour la porter à la surface et nous la rendre sensible en lui donnant un corps, sans lequel elle resterait voilée pour nous81. » Dans un chapitre précédent, il n’a pas osé réfuter le paradoxe de la révélation du langage ; entre Condillac et l’école théologique, il s’est abstenu de prononcer82. […] Il cite pourtant avec éloge une formule de Hegel : « c’est en noms que nous pensons » ; et il dit lui-même que « nos conceptions portent toujours le vêtement du langage » ; mais tout l’effort philosophique de l’éminent philologue se concentre sur la démonstration de l’aphorisme : « Sans le langage, pas de raison (discursive) ; sans la raison, pas de langage » ; il emploie un art merveilleux d’exposition, une science toute moderne et une logique un peu arriérée à continuer la tradition nominaliste et à réconcilier les paradoxes de Condillac et de Bonald122.

2154. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il est déjà ridicule de ne pas porter le même habit que tout le monde et la même coupe de cheveux. […] Mais il appert ce fait délicieux : c’est que Han Ryner est trop poète pour tenir figure dans le chœur des philosophes qu’une syntaxe tortueuse aide si bien à singer la profondeur, et pour les romanciers, le Psychodore est réellement trop « porté sur l’esprit ». […] Ce sens critique a porté Max Jacob à légiférer un peu sur lui-même et sur les autres. […] Mais les ordres sociaux veulent la femme telle : machine à faire des gosses, laver les casseroles et porter des robes plus abstruses qu’un texte étrusque.

2155. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Le jugement que nous portons habituellement sur les « ténèbres du premier moyen âge » est faussé par notre anticléricalisme, par notre vanité d’hommes « modernes », par la sécheresse soi-disant objective de notre érudition ; pour bien pénétrer l’état d’esprit d’alors, il faudrait se faire une âme naïve et catholique. […] Ce caractère lyrique de la première période est le fait essentiel ; quand on en sera bien pénétré, on interprétera et on groupera mieux les divers témoignages de la littérature en langue latine ; on retrouvera, derrière le système des clercs, l’âme d’un peuple nouveau, et le jugement total que nous portons sur cette époque de nos origines s’en trouvera heureusement modifié, dans un sens de plus grande justice historique. […] De par son tempérament, de par sa philosophie, de par ses expériences personnelles, Molière portait le drame en lui ; il l’aurait créé, lui qui a pris tant de libertés avec les formes et les combinaisons d’éléments, s’il y avait été encouragé. […] Eux, ils s’acharnaient au présent, sans sortir de la formule usée ; ils démolissaient, faisant œuvre nécessaire mais en soi inféconde ; lui, il regardait à l’avenir ; ils avaient le savoir ; il avait la foi ; eux demandaient des réformes ; Rousseau portait en lui la Révolution, un monde nouveau.

2156. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

En somme, ce qu’on appelle une École devrait porter le nom du chef qui l’a proclamée ou qu’on lui reconnaît. […] et ces splendides mots qui s’en envoleront, abeilles ravies de porter le bon suc au public régénéré ! […] En repassant dans le cabinet, mes yeux se portent sur un petit reliquaire de cuivre auquel j’avais tourné le dos pendant ma visite. […] … Zola ne s’en serait pas porté plus mal s’il ne fallait pas toujours, chez nous et en tout, quelqu’un pour accrocher le grelot. […] Les jugements qu’ils porteraient, sur les partisans de la jeune école et sur son avenir, seraient, en outre, d’un intérêt capital en cette enquête.

2157. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Saint-Marc Girardin : on voit que l’œuvre et l’auteur tiennent par tous les liens à la famille de l’Université comme à la famille du Journal des débats : ils en portent le cachet, et ils font honneur à l’une et à l’autre.

2158. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Quant à elle-même, portant et cachant son mal, ce mal, dit-elle, dont on n’ose souffrir, dont on n’ose ni vivre ni mourir, elle découvre tout au fond de son cœur, un jour, qu’il n’y a qu’un remède, un consolateur ; et comme elle a en elle de cette flamme et de cette tendresse qui transportait les Thérèse et les Madeleine, comme elle a sucé la croyance avec le lait, elle regarde enfin là où il faut regarder, et elle s’écriera dans des stances qui se peuvent lire, ce me semble, après certain sermon de Massillon : La couronne effeuillée J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée Au jardin de mon père où revit toute fleur ; J’y répandrai longtemps mon âme agenouillée : Mon père a des secrets pour vaincre la douleur.

2159. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le talent est comme le pommier : le poète, pour porter tous ses fruits, a besoin d’avoir reçu aux racines de la vie sa blessure.

2160. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

De même pour Lamartine : j’aurais aimé qu’en développant son talent poétique aussi grandement, aussi démesurément même, que sa nature de génie l’y portait, il fût demeuré en politique d’accord avec lui-même, fidèle à ses origines, à ses précédents, à l’ordre d’opinions, de doctrines et, pour tout dire, de bienséances où il avait passé toute sa jeunesse et qui lui étaient comme son cadre naturel, — un M.

2161. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Il n’avait point encore porté sa prose descriptive à ce degré de perfection qui tient de la merveille. — Il n’est que juste, après ces extraits d’articles un peu chagrins et un peu rogues, d’indiquer, au tome VI de mes Nouveaux Lundis, les articles que j’ai faits sur Théophile Gautier, envisagé au complet et dans son dernier développement.

2162. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Malheureusement, Duroy, Bourbotte et Soubrany n’ont pas réussi à se porter des atteintes mortelles ; ils sont traînés tout sanglants à l’échafaud.

2163. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Du moment qu’elle fut établie, elle se plut à rassembler chez elle des hommes distingués dans les lettres, du nombre desquels était La Fontaine, que son goût portait vers toutes les femmes agréables, et qui leur savait plaire.

2164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

La piété étoit, pour ainsi dire, la seconde vie de son ame : pouvoit il ne la pas faire respirer dans ses Ecrits, qui portent continuellement l’empreinte de son caractere ?

2165. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Ceux qui ignorent les sensations que l’harmonie porte à l’âme diront que j’ai plus d’oreille que de jugement ; ils seront plaisans, mais j’ouvrirai l’énéide, et pour réponse à leur mot je lirai : o ter quaterque beati, … etc. je porterai à leur organe le son de l’harmonie.

2166. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Au dix-huitième siècle, Pradon fut porté aux nues, et Campistron plaisait autant que Racine.

2167. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Mais ce serait porter un jugement ridicule, que de donner en général la préférence aux uns ou aux autres.

2168. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

L’analyse esthétique, par laquelle il convient de commencer, portera sur les moyens employés et les émotions produites.

2169. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Grâce à cet homme, qui pêche des anecdotes comme on pêche des anguilles, jusque dans la vase, un esprit politique n’aurait-il pas, au moins, indiqué le mal de ce temps qu’on prend pour une époque de force et de virilité, et qui n’offre aux yeux fascinés que la ruine suspendue d’une société dont la tête va tout à l’heure porter contre le fond de l’abîme, mais qui, jusque-là, trouve doux de tomber ?

2170. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

C’était de l’habitude sans doute ; mais, quand on réfléchit aux mille délicatesses dont se compose la moralité humaine, que penser de l’homme qui s’est fait un besoin d’abattre tous les jours un troupeau qu’on pousse à ses pieds, de ce roi qui n’a jamais porté l’épée militaire et qui s’en va, les mains noircies par sa forge, faire de tels carnages dans ses forêts ? 

2171. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

C’est, comme vous le voyez, un vrai regrattage, — insignifiant quand il n’est pas maladroit, — une espèce de travail semblable à celui que l’on fait parfois (et je n’ai jamais su pourquoi) sur les édifices que le temps a austèrement bistrés et qui portent, au rebord de leurs angles et sur le cordon de leurs nervures, la poussière chassée par les siècles ou la graine éclose qu’en passant l’oiseau du ciel y fit tomber.

2172. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Des soldats du régiment de Flandre et de divers corps avaient été admis à ce spectacle, afin qu’ils pussent en porter à leurs camarades le récit et les impressions.

2173. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Par exemple, maintenant que j’ai lu Segretain, je connais mieux Henri de Guise, cet ambitieux non par lui-même, mais par influence de famille, trop négligemment et fièrement grand pour être ambitieux, s’il n’avait pas eu des parents qui le poussaient vers le pouvoir comme les mauvais Génies de son génie, et qui, pour le faire roi, auraient été forcés de le porter à bras, lui et son cheval, jusqu’au milieu du chœur de la cathédrale de Reims !

2174. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.

2175. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

On dirait un flacon d’essence extrait de je ne sais combien de philosophies, — une eau de Mille fleurs philosophique, dans laquelle on reconnaît bien, quoique affadies les unes par les autres, toutes les erreurs qui portent aux têtes faibles et qui se confondent dans une petite infection très satisfaisante : ainsi le matérialisme français et le naturalisme du xviiie  siècle, et l’humanisme du xixe et l’idéalisme allemand et l’hégélianisme, mais l’hégélianisme en gouttelettes, dosé homéopathiquement, à peu près comme dans le petit flacon si bien bouché à l’émeri du baron de Feuchtersleben !

2176. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Ils abordèrent le roman contemporain ; mais ils y portèrent des yeux accoutumés à regarder les petites choses du xviiie  siècle et à tenir compte des moindres détails de cette société de dessus de porte et de trumeau.

2177. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Sainte-Beuve, d’un si spécial génie, n’a pu tirer pourtant (c’est significatif) que deux anecdotes de ces quatre immenses volumes, dont l’une, je crois, sur Louis XIV, qui, ennuyé du joug qu’il faisait porter aux autres et à lui-même, jetait parfois, pour se divertir, des oranges à la tête des dames, à souper, lesquelles lui envoyaient des pommes et parfois même des salades avec leur huile ; gaminerie piquante par son contraste avec la pose éternelle du grand roi !

2178. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

… Mais quoi qu’il soit de ces défauts que je relève et de quelque manière qu’on les juge, Carlyle est un peintre d’histoire, qui a créé je ne dirai pas un genre en peinture historique, — je ne crois pas aux genres et je méprise les Écoles : pour moi, les imitateurs les plus forts ne sont jamais que les assassins de ceux qu’ils imitent et les frappent, comme Néron Agrippine, au ventre qui les a portés, — mais Carlyle a fait le premier une chose qu’avant lui on n’avait pas faite.

2179. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Marrast, aimable et turbulent, qui avait été professeur de rhétorique et qui en rapportait les fleurs à son chapeau ; Marrast, ce Roger Bon-Temps d’avant-garde, qui avait le zèle tapageur de la Révolution, mais qui aimait trop les huîtres — celles qu’il mangeait et celles dont il se moquait — pour être une brosse de puritain et un austère ; Marrast enfin qui, s’il avait porté le bonnet rouge, y aurait campé des sonnettes, avait beaucoup de Jules Janin.

2180. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

I Le livre publié par Eugène Pelletan sous ce titre, vague et trouble et détestable pour un livre, qui doit porter radieusement son idée dans son titre : Les Uns et les Autres, est-il bien un livre, en réalité ?

2181. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Moi, j’aurai porté toute une société dans ma tête… Autant vivre ainsi que de dire tous les soirs : pique, atout, cœur, ou de chercher pourquoi madame une telle a fait telle ou telle chose. » Et cette fière ambition de Balzac n’a pas été une rêverie vaine.

2182. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Mais la chose une fois écrite, et partie sur ces ailes de papier dont parle de Maistre et qui portent si loin les sottises, la chose écrite allait faire le tour du monde, comme le drapeau tricolore, et déjà elle l’a commencé… Madame Récamier a donc sa légende comme Jeanne d’Arc, mais Jeanne d’Arc a sauvé la France, et c’est là une gloire qui brûle la légende dans la clarté sublime de sa flamme.

2183. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.

2184. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

On souffre un peu de voir une intelligence d’une trempe si mâle, si solide et si claire, porter perpétuellement l’image d’Hegel et la retenir, comme la glace ne retient pas l’image, mais comme le bronze retient l’effigie.

2185. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Ils ne portaient ni sur leur pensée, ni sur leur vie, ce joug de bois noir froid et tout uni qu’on appelle le protestantisme.

2186. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

En France, vous trouvez, pour peu que vous soyez étranger, aussi facilement des critiques que des commissionnaires pour porter vos paquets.

2187. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il a porté plus loin ses sagaces regards.

2188. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Tout peut se croire du pêle-mêle littéraire de ce temps, dans lequel roule ce livre encore trop ignoré, mais qui surgira du flot quand tant d’autres livres, portés par le flot, sombreront !

2189. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Nous la transcrivons tout entière : « Il peut y avoir vingt ans, — dit l’auteur, — dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, un vieux prêtre faisait le prône à une grand’messe le dimanche ; l’auditoire était nombreux, attentif, ce qui n’empêchait pas tous les regards de se porter involontairement sur un grand jeune homme qui, debout en face de la chaire et les bras croisés, semblait suivre avec la plus grande attention tous les raisonnements du prédicateur.

2190. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Je ne la portai point au lapidaire, mais au public, qui n’est pas toujours un lapidaire.

2191. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Elle restera donc dans son idéal modeste et mystérieux, celle qui porta comme une couronne sur son autre nom, ce nom poétique et romanesque de Valmore !

2192. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

C’est un artiste qui voit l’œuvre avant tout, ne pensant qu’après à la gloire, et c’est déjà une fière distinction à une époque où l’on donnerait toutes les beautés du génie pour quelque argent et quelque bruit… C’est déjà assez humouristique, cela, de la part de l’auteur des sonnets qui portent ce nom !

2193. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, certainement, comme, jusque-là, il ne l’avait jamais été !

2194. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Tu n’as jamais porté la barque du poète, Ni bercé dans tes nuits sa tendresse inquiète ;            L’amour ni la lune jamais Ne t’ont fait palpiter, ni te gonfler en vagues… ………………………………………………… Impassible, tu n’as jamais connu la rame, Ni les amants mêlant dans un baiser leur âme,            Les amants du monde vainqueurs.

2195. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il en avait la force, la bravoure, la crânerie (il a fait un livre intitulé : Crâneries de tête et de cœur), et son vers, éclatant et dru, était la grenade qui portait la mort dans le rang· Je dis bien, en disant la mort, car il était un satyrique Il l’était de tempérament et de vocation.

2196. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.

2197. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

S’il avait éclaté d’idéal, s’il avait porté cette marque brillante et délicate du génie, il attendrait probablement encore, obscur et dédaigné, sa pauvre heure de gloire (Milton, hélas !

2198. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie  ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles  ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.

2199. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Et voilà les deux points sur lesquels devrait porter l’effort du poème odéonien. […] Et, d’autre part, il n’a qu’à laisser faire et, d’eux-mêmes, les événements le portent à la dictature. […] Alors le vieux roi les fait porter tous deux, les mains liées et les yeux bandés, dans des grottes souterraines qui communiquent avec la mer. […] On a vu des petits-fils portés aux plus grandes charges par leur mérite sans doute (qui oserait le nier ?) […] Déjà, il y a quarante ans, la dame aux camélias portait tranquillement à son corsage des fleurs qui étaient une enseigne, — et un renseignement.

2200. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Une jeune Anglaise lui disait à Londres, vers 1795 : « You carry your heart in a sling » (Vous portez votre cœur en écharpe). Il a porté son cœur en écharpe toute sa vie. […] Ils sont trop faibles pour porter le poids de ce sujet immense. […] Sa famille, de petite noblesse, et non historique, mais très ancienne, a toujours porté ce nom. […] Ecrire en vers était pour lui ce que parler est à un méridional : « Je chantais, mes amis, comme l’homme respire » Où allait donc se porter cette faculté naturelle de s’épancher en paroles harmonieuses ?

2201. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Et l’on raille le bon Fénelon qui prouvait Dieu en montrant comme la terre, ni trop dure, ni trop molle, était bien faite pour porter l’homme ! […] De ce qu’on la déteste, on ne revient pas à elle ; mais de ce qu’on l’aime encore, on a comme une réserve de force sentimentale que l’on est merveilleusement disposé à porter sur B. […] « Sa renommée de voyageur et la confiance qu’inspiraient alors les hommes de lettres le portèrent aux États généraux en 1789 », dit Sainte-Beuve. […] Mais remarquez combien les vues de Bismarck portaient loin dans l’avenir. […] Les femmes sont-elles assez fortes pour porter ce lourd secret sans en être accablées et brisées ?

2202. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Il porta aux assemblées législatives des hommes qui en majorité étaient catholiques, ou croyaient que la religion est une chose bonne. […] Subsidiairement la loi sur les congrégations avait porté une grave atteinte à la liberté de l’enseignement. […] Il porta sur l’interdiction d’enseigner faite à tout congréganiste, et cette interdiction fut maintenue. […] Vous porterez devant le pays et devant l’histoire la responsabilité des conséquences de votre conduite. […] En tout cas, elle est destinée à porter toujours ou très longtemps la marque, le poids et la peine de son origine.

2203. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

D’autres sont plus récents : on ne s’étonnera pas s’ils portent la trace de sentiments et de goûts nouveaux. […] ce maudit besoin de comprendre que nous portons aujourd’hui en toutes choses, et qui dévaste notre vie, corrompant à leur source nos seuls vrais plaisirs ! […] Et des siècles passeront avant que l’on entende de nouveau la gentille chanson qu’il portait en lui. […] Hatzfeld, « qu’un jugement porté sur une œuvre d’art », il m’est assez difficile d’en comprendre l’utilité. […] Il n’y en a pas un, en tout cas, parmi les plus remarquables d’aujourd’hui, qui n’ait plus ou moins renoncé à faire vraiment de la critique, c’est-à-dire à porter des jugements sur les œuvres d’art.

2204. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Ceux qui les porteront des uns aux autres sauront, à n’en pas douter, quels enfants ils donnent et à qui ils les donnent. […] Si ces désirs sont désordonnés, les hommes auront recours au crime pour guérir le mal qui les tourmente ; et j’ajoute même qu’ils s’y livreront non-seulement par cette raison, mais aussi par le simple motif, si leurs caprices les y portent, de n’être point troublés dans leurs jouissances. […] « Dans la mythologie, les Argonautes n’ont point d’autre motif pour abandonner Hercule ; Argo déclare qu’elle ne veut pas le porter, parce qu’il est beaucoup plus pesant que le reste de ses compagnons.

2205. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Pour en prendre seulement les deux termes extrêmes, comparez aux rapsodies primitives, qui sont objectives et concrètes, les plaintes, les aveux, les confessions de la poésie moderne, qui portent la marque indéniable d’un subjectivisme exalté. […] Dans leurs mains ils portent l’un de l’or, le second de l’encens et le troisième de la myrrhe. […] Renan qui personnifie toute l’inquiétude de ce siècle sceptique, et pourtant avide de certitude, sans être le plus savant des exégètes, a porté le coup le plus redoutable aux vieilles assises du christianisme en rendant Jésus à l’humanité : c’est désormais l’Homme admirable, le prêtre et le martyr du plus haut idéal humain, le rêveur d’absolu, notre gloire et notre exemple, l’homme vraiment divin, — non plus le Dieu fait homme. — Wagner a pris aux catholiques la beauté de leurs rites et surtout de la messe en écrivant « Parsifal » : mais ce qui était dans l’Église une expression adéquate se transforme chez le poète en pur symbole et signifie tout le songe du présent et de l’avenir de notre humanité.

2206. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Cette réforme doit porter sur l’art lui même : c’est le sujet de L’œuvre d’art de l’avenir (Leipzig, 1850). […] Fait d’une importance capitale pour moi, je crus ne pouvoir m’empêcher de reconnaître que les divers arts isolés, séparés, cultivés à part, ne pouvaient, à quelque hauteur que de grands génies eussent porté en définitive leur puissance d’expression, essayer pourtant, sans retomber dans leur rudesse native et se corrompre fatalement, de remplacer d’une façon quelconque cet art d’une portée sans limite qui résultait précisément de leur réunion. […] Comettant, qui ne néglige pas une occasion de porter quelque coup à Wagner et aux wagnéristes : lire, régulièrement, les feuilletons du Siècle15.

2207. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Il y a deux Poëmes fameux qui portent son nom l’Iliade & l’Odyssée. […] Il porta son attention jusques sur les habits de ses Acteurs, qu’il rendit héroïques. […] Et comme c’est le même goût qui regne dans ces deux ouvrages, vous pouvez appliquer au second le jugement que j’ai porté du premier.

2208. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Pessimistes, ils s’accordent avec les optimistes à considérer le cas de deux peuples qui vont se battre comme analogue à celui de deux individus qui ont une querelle ; ils estiment seulement que ceux-là ne pourront jamais, comme ceux-ci, être contraints matériellement de porter le litige devant des juges et d’accepter la décision. […] Il n’y a donc pas eu, comme on serait porté à le croire, une exigence de la science imposant aux hommes, par le seul fait de son développement, des besoins de plus en plus artificiels. […] Il s’agissait d’énergies physico-chimiques, et d’une science qui portait sur la matière.

2209. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Riez, chantez à souhait, portez avec vous la joie, et soyez partout où vous entrez l’âme de la fête ! […] Ce genre de vie convenait même beaucoup mieux à Désaugiers que le sort qui lui était primitivement destiné à Saint-Domingue comme régisseur de quelque plantation ; mais tous ses vœux se portaient vers la France, et il ne fut heureux que lorsqu’il revit le sol natal et sa famille, au printemps de 1797.

2210. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

S’il y avait alors dissidence marquée, division au Globe en quelque matière, cette dissidence portait, le dirai-je ? […] Jouffroy en a écrit plusieurs sur des sujets d’histoire ou de géographie, et y a porté sa large manière.

2211. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Il vous est réservé de porter le dernier coup au calvinisme dans vos États ». […] La cour est devenue le sénat de la nation ; le moindre valet de Versailles est sénateur ; les femmes de chambre ont part au gouvernement, sinon pour ordonner, du moins pour empêcher les lois et les règles ; et, à force d’empêcher, il n’y a plus ni lois, ni ordres, ni ordonnateurs… Sous Henri IV, les courtisans demeuraient chacun dans leur maison, ils n’étaient point engagés dans des dépenses ruineuses pour être de la cour ; ainsi les grâces ne leur étaient pas dues comme aujourd’hui… La cour est le tombeau de la nation. » — Quantité d’officiers nobles, voyant que les hauts grades ne sont que pour les courtisans, quittent le service et vont porter leur mécontentement dans leurs terres.

2212. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

C’est ainsi enfin qu’un homme, de bien plus de talent vrai que tous ces faux monnayeurs de ce qu’ils appellent l’idée, et de bien plus de style que tous ces frappeurs de mensonges à l’effigie de la vérité ; c’est ainsi que Victor Hugo, jeté sur son île solitaire, et à qui les latitudes de l’espace, la liberté de l’étendue, la complaisance du vide, les ondulations de l’Océan, les orages, les bruits, les écumes, les senteurs âpres des vagues ont porté à la tête, agrandi les horizons, creusé les aperçus, donné souvent le sublime, quelquefois le vertige, attendri l’âme jusqu’à la sensibilité maladive du mal universel, et fait du cœur d’un poète le grand muscle sympathique universel de l’humanité souffrante ; c’est ainsi, disons-nous en fermant ce livre, que notre ami a pleuré ses larmes de colère sur son Patmos de l’Océan, et que ce saint Jean du peuple a cru écrire pour le peuple en écrivant en réalité contre lui ! […] « Les rois se courberont sous le vent de son aile ; « Chacun lui portera son espoir, ses remords.

2213. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

« La Vialarette ne te portera plus des marrons et des échaudés de Cordes ; la pauvre fille ! […] Je voudrais la porter à Charles.

2214. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Je voudrais aller en Afrique porter ma vie à quelqu’un, m’employer au salut des Arabes dans l’établissement de Mme Vialar. […] Les sollicitudes que j’avais à cet égard pour son âme de frère, se sont toutes portées sur la vôtre, presque aussi chère.

2215. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Ils furent d’autant plus ardents à se porter vers ce genre que W. […] Dans les romans de sa vieillesse, les dénouements, et toutes les pièces de sentiment ou d’intrigue qui servent à les faire sortir, portent la marque de l’optimiste illusion de l’auteur : mais les données, et leur développement, jusqu’à ce tournant qui va les rabattre vers la fin souhaitée, sont souvent d’une fine exactitude.

2216. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Ils se sont éloignés inquiets ; à un carrefour ils ont vu « passer des lumières que personne ne portait ; et des cloches tintaient en avant, comme celles que l’on fait sonner devant les cercueils ». […] Je ne puis résister au plaisir égoïste de briser quelques thyrses et de les porter dépaysés et tristes, effeuillés et qui se fanent, en mes mains sacrilèges : Ces gens avaient perdu, l’une après l’autre, leurs espérances et, « comme dans une cathédrale, quand on a éteint tous les cierges, la nuit noyait leur pensée ». — Entendez, résonnement fait de souvenir, la voix tue du rossignol : « Les dernières notes de son chant étaient tombées, rebondissantes en écho, comme des perles jetées de très haut dans un bassin de fabuleux cristal. » — Un être lucide jusqu’ici devient fou.

2217. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Et l’expérience était frappante et la leçon portait coup. […] Il menait le train du luxe aristocratique, il jouait, à son Cercle, avec des partenaires qui portent les plus beaux noms de la France ; il siégeait aux conseils des grandes administrations avec les chefs de l’industrie et de la finance.

2218. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Cela dit, et sans rétracter les premiers éloges, on ne revoit pas une pièce, à vingt années de distance, sans que le jugement qu’on a porté sur elle en soit modifié. […] Pour fixer au net les traits douteux et brouillons de son caractère, il faut le revoir grossi, comme au microscope, dans un autre type que l’auteur a, depuis, porté sur la scène, et qui ne fait, au fond, que le répéter sous un aspect différent.

2219. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Pourquoi ne pas porter notre désir vers quelque chose de tangible ? […] La magnifique perruque que portait Louis dans M. 

2220. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Elles ne paraissent donc pas être autre chose que la mise en œuvre d’idées, innées ou non, que nous portons en nous, que leur application aux diverses circonstances qui accompagnent les relations des hommes entre eux. […] Dans d’autres cas, on prend bien soin de définir l’objet sur lequel va porter la recherche ; mais, au lieu de comprendre dans la définition et de grouper sous la même rubrique tous les phénomènes qui ont les mêmes propriétés extérieures, on fait entre eux un triage.

2221. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

On assure que Versailles a fort mal reçu le drame nouveau, et que la grande actrice a porté la peine du genre de l’ouvrage. […] Victor Hugo ne peut pas nier qu’il en ait eu le projet, car, après les premières représentations d’Hernani, il s’écria dans un salon à moi bien connu : « Enfin, j’ai porté le dernier coup à la baraque classique. » Mot énergique qui fait bien connaître la mission du prophète.

2222. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Il ne devait rien, celui-là, aux circonstances qui ont porté souvent Victor Hugo sur tous les pinacles ! […] il faut que nous soyons bien profonds ou bien superficiels, pour qu’un second coup porté sur nos esprits et sur nos âmes retentisse sur ce timbre sonore et sensible aussi fort que le premier, et même davantage.

2223. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Mais comme, sur un quatrième axe qui serait représentatif du temps, les temps devraient nécessairement être portés comme des longueurs, nous pouvons décréter que la seconde y aura la longueur c : notre coefficient deviendra ainsi l’unité. […] Fait pour établir des lois, c’est-à-dire pour extraire du flux changeant des choses certaines relations qui ne changent pas, notre entendement est naturellement porté à ne voir qu’elles ; elles seules existent pour lui ; il accomplit donc sa fonction, il répond à sa destination en se plaçant hors du temps qui coule et qui dure.

2224. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Nous ne savons pas de noms plus justement connus dans les annales de la psychologie contemporaine que les noms de Maine de Biran, Jouffroy, Damiron, Garnier et d’autres encore portés par des philosophes vivants. […] Mais ce n’est là qu’une origine commune à toutes les écoles expérimentales, qu’elles portent les noms d’Adam Smith, de Reid, de Hume, de Bentham, de Stuart Mill ou de Littré.

2225. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Tous ceux qui ont causé avec Dübner dans les derniers temps de sa vie savent, par exemple, qu’il s’en est fallu de peu que le titre de l’édition de Cesar ne portât point son nom, mais seulement le nom du directeur de l’Imprimerie impériale.

2226. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Nous consentions aisément à l’entendre louer, parce que l’éloge ne portait préjudice à personne.

2227. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Ce n’est plus croire à la rédemption que de parler ainsi ; c’est voir l’univers et l’humanité comme avant la venue, comme avant Job, comme en ces jours sans soleil où l’esprit était porté sur les eaux.

2228. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Sabbatier mettent en avant à tout propos, Cabanis, Tracy, Garat, Ginguené, Daunou, Laromiguière, et quelques autres ; mais ces hommes n’étaient pas tous aussi unanimes que de loin, en les rangeant de front sur la même ligne, on voudrait nous le faire croire ; mais surtout ils n’ont pas eu de postérité littéraire et philosophique digne d’eux, et ceux qui se sont portés comme héritiers directs de leurs traditions les ont dès longtemps compromises en les rapetissant et en les outrant avec un véritable fanatisme.

2229. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Cette vapeur idéale des contours, qui d’ordinaire, pour naître et pour s’étendre, a besoin de la distance et de l’horizon, il la portait et la voyait autour de lui jusque dans les habitudes les plus prochaines.

2230. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Sans remonter si haut, si de nos jours le vénérable Goethe, dérogeant une fois à cet esprit de sagesse et d’à-propos qu’il sait porter en toutes choses, s’avisait sur la fin de sa carrière d’un effort malencontreux, qui de nous aurait le courage ou plutôt la lâcheté de relever sans pitié l’illusion du grand poëte, et de rompre par de rudes et inutiles vérités le calme religieux dans lequel il jouit de sa gloire ?

2231. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?

2232. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs.

2233. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Antistius finit par reconnaître qu’avec ses bonnes intentions il a fait plus de mal que de bien, et qu’il « a porté préjudice à la patrie, laquelle repose en définitive sur des préjugés généralement admis. » Mais, si la réalité ne démentait pas son rêve, il ne croirait pas, il serait sûr, et la certitude abolirait la beauté et la grandeur de son effort.

2234. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

N’y sont-ils pas assez portés, ceux-ci par manque de fonds, ceux-là par la faveur qui s’attache à toute chose nouvelle ?

2235. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Tout problème de valeur implique un élément subjectif : un jugement porté par l’individu, jugement qui se surajoute aux faits eux-mêmes ; une préférence personnelle qui les qualifie.

2236. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Le lyrisme est déchaîné ; on réclame avec insistance Moréas, qui tout d’abord se récuse, mais qui, porté à la tribune par l’enthousiasme public, cède à la violence et s’exécute.

2237. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

La vérité est qu’il n’y a pas de race pure et que faire reposer la politique sur l’analyse ethnographique, c’est la faire porter sur une chimère.

2238. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

XVII, XVIII, XXI) porterait à n’y voir qu’un mythe.

2239. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Il faut supposer, quelque bizarre que cela puisse paraître, que ces deus noms ont été portés par le même personnage.

2240. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Tous ces discours portent trop fortement l’empreinte du style propre à Jean pour qu’il soit permis de les croire exacts.

2241. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Pourtant la vie propre des parties se manifeste encore, même chez les animaux supérieurs : le cœur enlevé à un éléphant peut continuer assez longtemps de battre ; l’homme décapité dont on blesse la poitrine peut, dans certaines conditions, faire avec le bras un mouvement de défense et porter la main à l’endroit menacé, — mouvement accompagné sans doute de vagues sensations douloureuses dans la moelle épinière.

2242. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

J’étais dans la salle à manger, le soir d’un de mes mercredis, causant et buvant avec deux ou trois amis… La nuit finissait, l’aurore se leva à travers les petits rideaux, mais une aurore d’un sinistre jour boréal… Alors tout à coup beaucoup de gens se mirent à courir en rond dans la salle à manger, saisissant les objets d’art, et les portant au-dessus de leurs têtes, cassés en deux morceaux, entre autres, je me souviens, mon petit Chinois de Saxe… Il y avait aux murs, dans mon rêve, des claymores, des claymores immenses ; furieux j’en détachai une et portai un grand coup à un vieillard de la ronde… Sur ce coup, il vint à ce vieillard une autre tête, et derrière lui deux jeunes gens qui le suivaient, changèrent aussi de têtes, et apparurent tous les trois avec ces grosses têtes ridicules en carton, que mettent les pitres dans les cirques… Et je sentis que j’étais dans une maison de fous et j’avais de grandes angoisses… Devant moi se dressait une espèce de box où étaient entassés un tas de gens qui avaient des morceaux de la figure tout verts… Et un individu, qui était avec moi, me poussait pour me faire entrer de force avec eux… Soudain je me trouvai dans un grand salon, tout peint et tout chatoyant de couleurs étranges, où se trouvaient quelques hommes en habit de drap d’or, avec sur la tête des bonnets pointus comme des princes du Caucase… De là je pénétrai dans un salon Louis XV, d’une grandeur énorme, décoré de gigantesques glaces dans des cadres rocaille, avec une rangée tout autour de statues de marbre plus grandes que nature et d’une blancheur extraordinaire… Alors, dans ce salon vide, sans avoir eu à mon entrée la vision de personne, je mettais ma bouche sur la bouche d’une femme, mariai ma langue à sa langue… Alors de ce seul contact, il me venait une jouissance infinie, une jouissance comme si toute mon âme me montait aux lèvres et était aspirée et bue par cette femme… une femme effacée et vague comme serait la vapeur d’une femme de Prud’hon.

2243. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

La France a porté ce siècle, et ce siècle porte l’Europe.

2244. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le docteur Akakia se moque surtout de l’idée d’établir une ville latine, du beau projet de ne point payer les médecins, lorsqu’ils ne guérissent pas les malades ; de cette comète qui viendra voler notre lune, & porter ses attentats jusqu’au soleil  ; de ces observations nouvelles sur la génération ; de l’âge de maturité qui est la mort, & non l’âge viril ; de la démonstration, par algèbre, de l’existence de dieu ; du moyen de connoître & de prédire sûrement l’avenir ; du conseil de dissequer des cervaux de géans hauts de onze pieds, & d’hommes velus portant queue, afin de sonder la nature de l’intelligence humaine .

2245. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

L’abbé Des fontaines ajoute, que ceux qui ont voulu porter en chaire la déclamation du théâtre, n’ont réussi qu’à scandaliser en se faisant moquer d’eux.

2246. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

On ne peut contester qu’il n’y ait des cas où le désordre intellectuel a sa cause dans quelque désordre organique en vertu des lois de l’union de l’âme et du corps ; n’y en a-t-il pas d’autres aussi où il semble que le trouble soit exclusivement moral, et où l’organisme n’intervient qu’incidemment et subsidiairement : par exemple, lorsque la folie est causée, ce qui est très-fréquent, par des chagrins domestiques, un amour contrarié, une ambition déçue, des scrupules religieux portés à l’excès.

2247. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Trousseau, en citant ce fait extraordinaire, ajoute avec raison : « Aucun psychologue n’aurait osé porter l’analyse jusqu’au point d’isoler la faculté d’écrire de celle de lire.

2248. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Dans le catholicisme, par exemple, il est évident que la discussion ne peut pas porter sur le dogme lui-même, car celui qui mettrait en doute une seule lettre du symbole, qui voudrait modifier le dogme en quoi que ce soit, cesserait par là même d’être catholique.

2249. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Il portait à merveille l’habit habillé que personne ne porte plus guère, depuis que nous sommes tous devenus les égaux de nos supérieurs.

2250. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Il n’y a d’empoisonné que son amour, de sorte que l’en voilà guérie, et que tout le monde sort en bonne santé de ce livre dont on peut dire, comme dans les lettres de faire-part : La mère et l’enfant se portent bien !

2251. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Comme mœurs politiques et sociales, nos deux historiens nous développent, sans trop savoir ce que prouve contre les peuples l’empire de telles dominations, l’effroyable et perpétuelle domination des Eunuques et les formes de cette polygamie, de cette lèpre dont la famille est rongée ; car, quoique mutilée, abaissée, la famille, dont l’esprit peut tout sauver et tout éterniser, subsiste, en Chine, dans le respect porté aux ancêtres, — et voilà, sans nul doute, ce qui a empêché cet empire de laque de complètement se dissoudre.

2252. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Pour qui sait les annales du genre humain et qui a la tête assez forte pour y lire sans être aveuglé, il n’y a qu’une civilisation qui mérite ce nom de civilisation, si c’est un si grand honneur que de le porter, et c’est celle-là qui est sortie de l’Évangile et du Christianisme pratiqué.

2253. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Si le jugement que j’ai porté sur lui paraît trop byronien aux horatiens qui vivent toujours, à cette race d’égoïstes, d’impuissants et de vulgaires qui ont pris Horace pour leur poète et croient leur fond sauvé par sa forme, j’ai gardé pour la fin un mot doux et terrible, plus terrible dans sa douceur que la brusquerie de Byron.

2254. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Car le livre semble porter la marque de ces trois charmantes individualités.

2255. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Il était donc, même en robe de chambre et en pantoufles, toujours en représentation et en cérémonie, toujours en position d’oracle sur son trépied éternel, ce petit banc qu’Eckermann lui portait partout.

2256. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Comme la Croix avait attiré le monde à elle, il l’attira à lui par le prestige de cette Croix qu’il portait en son cœur, dans son action et sur ses lèvres, bien avant qu’il la mît sur son épaule et sur son manteau de croisé.

2257. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Ces cinq parties portent chacune un de ces noms sous lesquels toute l’Italie de la Renaissance a palpité, et qui, à cette distance, la font palpiter encore.

2258. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Mais le Royalisme, ce sentiment inouï du Royalisme, qui est de France, et qui balançait le Catholicisme dans les cœurs, l’aurait probablement empêché, s’il n’avait pas été assassiné, de porter la main sur cet être sacré et presque divin : le Roi !

2259. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Ils lui prirent son noble cœur, l’enfermèrent dans une urne d’argent, et le portèrent au premier rang, où il marchait quand il vivait.

2260. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Il le couvre de sa dignité personnelle, — de sa propre autorité morale, — et un prêtre, et un bon prêtre comme l’abbé Maynard, doit en avoir une immense… Il ne se ravale pas et ne ravale pas l’homme dont il a écrit la vie parce qu’il l’admire ; il ne le justifie pas des calomnies (qu’on ne fait d’ailleurs pas cesser en y répondant) ; il dédaigne les accusations des partis, dont tout homme d’action est victime dans ce monde infâme, et qui, pour les fortes épaules, sont toujours faciles à porter.

2261. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Lamennais, le grand écrivain et le prêtre écrivain, a toujours porté à la distance de ses livrés le masque éclatant et sombre de son génie ; mais le visage vrai, le visage humain qu’il y avait dessous, qui l’avait vu et qui jamais s’en était douté ?

2262. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit.

2263. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir.

2264. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

S’il avait éclaté d’idéal, s’il avait porté cette marque brillante et délicate du Génie, il attendrait probablement encore, obscur et dédaigné, sa pauvre heure de gloire (Milton, hélas !

2265. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud est un coup porté, par une main philosophique de plus, au christianisme et à l’Église.

2266. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

quoique tous ces écrits portent à des degrés différents la marque de ce catholicisme qui finît par s’emparer complètement de Donoso Cortès, et le fît naître à force de le féconder, il saute aux yeux que les plus faibles catholiquement de ces écrits sont, au point de vue du talent seul, d’une faiblesse plus que relative… On voit clair comme le jour, à travers ces écrits, ce qu’aurait été toute sa vie Donoso Cortès, sans ce catholicisme maîtrisant et transfigurateur qui fut le ciel pour son talent.

2267. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

C’est là et de là qu’il porta dans les résultats de ses travaux et dans sa manière de travailler, dans son style qui était l’homme et dans les moindres détails de la vie, cette hauteur tranquille et cette éternelle préoccupation de l’ordre et de la règle qui fit sa gloire et son bonheur, car il fut heureux !

2268. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

À la page 10, « des vaisseaux sont poussés sur la mer, moins par les vents que par les trésors qu’ils portent ! 

2269. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit.

2270. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Le flambeau qu’il portait l’a ébloui.

2271. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Le talent dont il brille n’est pas assez éclatant pour porter bien loin les idées qu’il exprime.

2272. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !

2273. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

qui porta toujours noblement et gaiement sa peine !

2274. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Ce dont je le féliciterai comme d’un succès utile à la cause de l’Église, c’est d’avoir élargi la chaire chrétienne de sorte que les accents qui en viennent porteront plus loin.

2275. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

C’est, en effet, le pédantisme qui est surtout insupportable en ce professeur » de vacuités scientifiques à qui Dieu, qui parfois s’amuse, fait porter si comiquement le nom d’Edgar !

2276. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Roger de Beauvoir dont la nature ouverte et sympathique s’imprègne des contagions aussi bien que des parfums, a dû porter sur sa pensée l’influence de la littérature générale de l’époque qu’il a trop étreinte avec le feu de son esprit.

2277. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Mais difficilement me refusera-t-on l’honneur d’avoir abordé les grands sujets, composé de vastes ensembles, suivi le fil des immenses labyrinthes, porté le fardeau des hardies inventions, en un mot, tenté les voies qui demandent non pas un essor pindarique d’un moment, mais une aile infatigable pour parcourir, sans se lasser, le champ de l’épopée.

2278. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

On n’avait jamais porté tant de connaissances et de littérature à la guerre.

2279. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

On m’a dit qu’elle fut la femme d’un professeur, et elle-même semble, au premier coup d’œil, une de ces femmes qu’on croirait nées avec une écharpe noire autour du cou, comme ces femmes-professeurs qui en portaient une, autrefois, dans certaines contrées de l’Italie.

2280. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

On ne portait pas de cuirasse dans le premier de chasseurs, ni de haire non plus.

2281. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Bourgeois de fausses lumières et d’éducation intellectuelle, peuple par l’instinct et par la fermeté de l’observation, ils se fendaient au centre même de leur être, et leur ouvrage porta l’empreinte de ce déchirement de leur esprit.

2282. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Sac de peu d’idées, commode à porter.

2283. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Arthur de Gravillon, qu’il l’ait voulu ou qu’il l’ait simplement souffert, a dû porter d’abord sur sa pensée l’influence de La Bruyère Est-ce que nous ne commençons pas tous par être le pavois d’un homme ?

2284. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

De toute sa fortune, il ne lui restait qu’un dialogue de Platon, et une harangue de Démosthène, qu’il portait partout avec lui.

2285. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

répondez-lui toutes, notre nom : C’est un homme aveugle ; il a pour patrie l’île montagneuse de Chio ; tous ses chants seront les premiers dans l’avenir ; et nous porterons sa gloire sur la terre, partout où nous rente contrerons des villes habitées. » Ce langage, consacré dans des vers antérieurs à Thucydide, était-il, non le signalement du poëte, donné par lui-même, mais une fiction sur l’origine des chants populaires déjà répandus dans la Grèce ?

2286. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Dans Corneille, dans Racine, les pièces devraient porter la didascalie suivante : « La scène est au fond du cœur humain. […] Sans doute le Polyeucte de Corneille portait un pourpoint espagnol, un haut de chausses à crevés et une toque à plumes. […] À côté des grands, dont le chapeau était orné de plumes, les rois de tous pays portaient une couronne, ou une façon de bourrelet qui en tenait lieu. […] Le christianisme a dit pendant dix-sept cent ans aux hommes : « Vous êtes naturellement portés à vous croire quelque chose. […] » en interdisant le pillage et en faisant porter au Trésor toutes les richesses qui lui tombent sous la main dans le brouhaha de l’émeute.

2287. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

C’est donc de notre pays qu’est partie l’impulsion ; et si le mouvement de rénovation ne s’y est point développé, tandis qu’il s’étendait en Allemagne et qu’il y portait tous ses fruits, nous pouvons au moins revendiquer le rôle honorable d’en avoir été les initiateurs. […] En sa qualité de chimiste, il donna beaucoup à la chimie ; son attention toutefois se porta sérieusement sur les instituts physiologiques. […] Après un débat porté devant la Société de biologie par MM.  […] Ces recherches, très importantes pour la physiologie, ont porté sur les tendons, les tissus fibreux, le ligament jaune et diverses substances albuminoïdes. […] On a dit que chez les animaux élevés, l’oxygène devait être porté sur les centres nerveux, pour exciter la moelle allongée et provoquer les mouvements respiratoires.

2288. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Ce fut elle qui voulut que sa fille portât le nom de l’idéale amoureuse du Lac. […] On commence d’aimer une personne parce qu’on croit voir en elle une conformité à un certain idéal que l’on portait en soi, et qui déjà la dépasse. […] Il continue :     Mon œil, quand il y tombe, Voit l’amoureux oiseau Voler de tombe en tombe, Ainsi que la colombe Qui porta le rameau,     Ou quelque pauvre veuve, Aux longs rayons du soir, Sur une pierre neuve, Signe de son épreuve, S’agenouiller, s’asseoir,     Et, l’espoir sur la bouche, Contempler du tombeau, Sous les cyprès qu’il touche, Le soleil qui se couche Pour se lever plus beau. […] Ce ne sont point les rois de Balbeck  en dépit de leur chimie ou de leur physique plus perfectionnée que la nôtre  c’est le vieillard Adonaï, et c’est, un peu, Cédar et Daïdha qui portent en eux l’avenir. […]      C’est vivre en Dieu, c’est vivre avec l’immense vie Qu’avec l’être et les temps sa vertu multiplie, Rayonnement lointain de sa divinité ; C’est tout porter en soi comme l’âme suprême, Qui sent dans ce qui vit et vit dans ce qu’elle aime ; Et d’un seul point du temps c’est se fondre soi-même Dans l’universelle unité.

2289. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Dans la crainte de faire un accroc à l’uniforme intellectuel que nous portons, il nous arrive parfois de n’oser point déshabiller brutalement un confrère indigne de le revêtir. […] et pourquoi, s’étant résigné de lui-même à cette extrémité, signe-t-il du prénom romantique de Paul sa prose si majestueuse, qu’elle a l’air de porter l’art en terre à bras tendus ? […] Les restrictions de la critique ne portent que sur des points accessoires et n’enlèvent rien, d’ailleurs, à l’accueil chaleureux qu’elle a fait, après le public, à la comédie si remarquable de M.  […] Mais voyez donc comme ses coups sont portés avec grâce ! […] et a porté à son compatriote deux ou trois bottes à l’italienne, — histoire de fraterniser en se rappelant la commune patrie !

2290. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

C’est ainsi que la manière dont il a traité dans son dialogue les idées générales, les lieux communs de la morale ou de la politique, les cas de conscience encore, faisant un caractère éminent de son style, on s’imagine assez volontiers qu’il en a le premier porté l’expression sur la scène. […] et vous diriez en vérité, qu’à l’exception de son Bajazet et de son Athalie, il ait mis une coquetterie singulière à ne pas traiter un seul sujet que l’on n’eût avant lui déjà porté sur la scène française. […] — c’était d’oser porter la question sur la scène, en quelque sens qu’on la dût résoudre, et, devant les spectateurs assemblés, c’était de décider en plaisantant des problèmes qui ne sauraient se traiter que dans le secret des consciences. […] Il porterait un habit à fleurs, et il aimerait « la trompette marine ». […] Enfin, mes forces recommençant à s’affaiblir et craignant d’en manquer tout à fait avant la fin de mon entreprise, j’ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu’elle avait porté de plus parfait et de plus aimable.

2291. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Mais il est un vaste et important domaine où ni vous ni vos disciples n’avez encore porté jusqu’ici le flambeau de votre méthode : le domaine de l’art et de la littérature. […] L’assassin Pranzini, après son exécution, est porté à salle d’autopsie. […] Maintes affections du système nerveux portent déjà une dénomination qui implique qu’elles sont une conséquence immédiate d’influences de la civilisation moderne. […] Ils exposèrent à Londres, au printemps de 1849, une série de tableaux et de statues qui portaient tous, outre la signature de l’auteur, l’inscription commune P.  […] Or, contre cette rage d’égalitarisme, se révoltent avec une violence passionnée les classes supérieures, et avant tout celles que la grande Révolution a portées au sommet.

2292. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il y a une historiette, entre autres, celle du curé de Saint-Babel, qui avait surtout choqué : « On l’accusait dans le monde, dit Fléchier en parlant de ce curé condamné à mort pour ses méfaits, d’avoir instruit ses paroissiennes d’une manière toute nouvelle ; de leur avoir inspiré quelque autre amour que celui de Dieu, et de leur avoir fait des exhortations particulières, bien différentes des prônes qu’il leur faisait en public. » Et continuant sur le même ton, il raconte comment ce curé, un jour qu’il était appelé près d’une mourante pour les derniers sacrements, avait négligé la maîtresse pour la servante : « Il ne se soucia plus du salut de sa maîtresse, dans le dessein qu’il eut contre l’honneur de la servante… Au lieu d’écouter la confession de l’une, il faisait sa déclaration à l’autre ; et bien loin d’exhorter la malade à bien mourir, il sollicitait celle qui se portait bien à mal vivre ; et la prenant par la main et par le menton : — Quelle peine ! […] Je l’intitule L’abbé Fléchier pour indiquer qu’il s’agit de Fléchier jeune, et avant les succès éclatants d’orateur qui le portèrent à l’épiscopat.

2293. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

mais qu’il se souvienne Qu’autour du char qui l’a porté, Parmi les voix qui l’ont chanté Il n’a plus entendu la mienne ! […] Schlegel, est allé en porter la nouvelle à la Diète assemblée… » Ceci, pour commencer, n’était pas tout à fait juste ; le succès de M.

2294. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Avant le nouveau texte des Mémoires, découvert en 1817, et qui donne sur cette période première une foule de particularités retranchées par l’auteur dans la version jusqu’alors connue, on ne se pouvait douter du degré de chevalerie et de romanesque auquel se porta tout d’abord le jeune prince de Marsillac. […] « On a bien de la peine à rompre, quand on ne s’aime plus. » On en était à ce point de difficulté : M. de Nemours le trancha, et M. de La Rochefoucauld saisit avec joie une occasion d’être libre, en faisant l’offensé : « Quand nous sommes las d’aimer, nous sommes bien aises qu’on nous devienne infidèle pour nous dégager de notre fidélité. » Il fut donc bien aise, mais non pas sans mélange ni sans des retours amers : « La jalousie, il l’a dit, naît avec l’amour ; mais elle ne meurt pas toujours avec lui. » Le châtiment de ces sortes de liaisons, c’est qu’on souffre également de les porter et de les rompre.

2295. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Cet hiver, on la portait tous les jours chez sa grand’mère, qui lui montrait très souvent une copie peinte d’un tableau de Luini où est un petit Jésus tout nu ; on lui disait en lui montrant le tableau : « Voilà le bébé ». […] On lui a montré sur les murs d’une chambre des oiseaux peints, rouges et bleus, longs de deux pouces, et on lui a dit une seule fois en les lui montrant : « Voici des kokos. » Elle a été tout de suite sensible à la ressemblance ; pendant une demi-journée, son plus vif plaisir a été de se faire porter tout le long des murs de la chambre, en disant avec enthousiasme à chaque nouvel oiseau : koko !

2296. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

» Qu’elle serait moins touchante si elle avait porté devant l’échafaud la sérénité souriante qu’il appartient seulement aux saintes et aux martyres de présenter à la mort. […] Les coups portés de bas en haut sont toujours mortels.

2297. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Un moment, il cause intelligemment du rôle d’Alceste dans Le Misanthrope, de l’insuffisance de Delaunay, de l’aspect sévère de Geoffroy qui, dit-il, portait la conscience du rôle. […] * * * — Étudiant quelques jeunes ménages bonapartistes, je me prends à douter de la restauration de l’Empire ; je les trouve, ces ménages, trop coureurs de plaisirs, trop jouisseurs, trop portés à la rigolade.

2298. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Ce profil se dessinait en lumière sur le bleu du ciel et sur le vert des eaux ; la fierté y luttait dans un admirable équilibre avec la sensibilité ; le front était mâle, la bouche féminine ; cette bouche portait, sur des lèvres très-mobiles, l’impression de la mélancolie. […] Sous les verts peupliers qui bordent nos prairies, Hier j’avais porté mes vagues rêveries ; J’écoutais l’onde fuir à travers les roseaux, Et debout, effeuillant le saule du rivage, J’attachais mes regards sur le cristal des eaux, Qui, du ciel étoilé réfléchissant l’image, La nuit sur le vallon répandait sa fraîcheur ; Et les vapeurs du lac dont j’étais entourée, D’un nuage céleste égalant la blancheur, Semblaient unir la terre à la voûte azurée.

2299. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Mais l’observation sera plus décisive en la faisant porter sur des questions encore pendantes. […] C’est donc là que doit se porter principalement l’attention de tous ceux qui sentent l’importance d’un état de choses vraiment normal.

2300. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Le Lyrique, l’Élégiaque et l’Épique étant les parties faibles de notre ancienne poésie, comme nous l’avons déjà observé, c’est donc de ce côté que devait se porter la vie de la poésie actuelle. […] Et qu’on ne dise pas que dans un siècle comme le nôtre, où les sciences politiques et les études philosophiques sont portées à un si haut degré de perfection, les poètes ne peuvent plus acquérir la prépondérance qu’ils avaient dans les âges moins éclairés ; les hautes renommées de Goethe au milieu de la philosophique Allemagne, et de Byron dans le pays natal de la politique, sont là pour démentir ce préjugé trop répandu.

2301. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Il est, au contraire, certain qu’il leur est possible, suivant la manière dont ils se portent sur les conditions dont dépend un fait, d’en presser ou d’en contenir le développement. […] Car, à moins de postuler une harmonie préétablie vraiment providentielle, on ne saurait admettre que, dès l’origine, l’homme portât en lui à l’état virtuel, mais toutes prêtes à s’éveiller à l’appel des circonstances, toutes les tendances dont l’opportunité devait se faire sentir dans la suite de l’évolution.

2302. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

… Chose heureuse, d’ailleurs, et d’importance, en cette époque où la littérature, vieille et décadente, a la prétention d’être moderne par rage d’être décrépite, cette question d’histoire, qui pouvait porter dans ses entrailles la fortune d’un romancier, est une question moderne, pour le coup ! […] Même pour ceux-là qui ne croient plus à elle, la Royauté fut une si grande chose qu’on ne raconte pas ce qu’elle est devenue sans porter involontairement sur sa pensée la réverbération de sa grandeur et de la misère de sa fin ; mais quand, au lieu d’être un historien qui raconte, on veut être un artiste qui crée et combine des effets saisissants, des effets d’art, pathétiques ou impitoyables, dans ce navrant sujet d’histoire contemporaine, la tentative ne fait pas le génie, non !

2303. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Le penseur chrétien qu’il allait être, l’auteur du Curé de village et du Médecin de campagne, apprit plus tard que les enfants nus ne sont pas innocents quand ils portent la faute de leurs pères. […] Nous savons à quoi nous en tenir sur ces moines que la frivole Renaissance a tympanisés parce qu’ils portaient des cuculles.

2304. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Ils étaient là, dans ce monde aristocratique et libéral, il y a quelque trente ans, un certain nombre de jeunes gens noblement doués, partisans éclairés des idées nouvelles, retenus par plus d’un anneau à la tradition, exacts et réguliers de mœurs, religieux de pratique ou du moins de doctrine ; nés tout portés, dispensés de percer la foule et de donner du coude à droite ou à gauche, n’ayant, s’ils le voulaient, qu’à sortir des premiers rangs et à faire preuve d’un talent ou d’un mérite quelconque pour être aussitôt acceptés.

2305. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Qu’il suffise de dire que Joubert, avec sa division, a été comme le centre et le noyau de Rivoli, qu’il a porté le premier poids de l’affaire, qu’elle a roulé longtemps sur lui, qu’il avait commencé la veille, qu’il a été chargé d’achever le lendemain de la victoire ; que dans l’immortelle journée, au moment le plus critique de la mêlée, quand on était tourné au revers de la chapelle de San Marco et qu’on allait être cerné, quand pendant deux heures d’horrible confusion et de refoulement les charges étaient alternatives ainsi que les déroutes, quand chacun sur son point et par où il pouvait, faisait rage (Berthier, Masséna, Leclerc, Lasalle), lui, il redevint grenadier, chargea à pied le fusil à la main, et reprit à la baïonnette les ouvrages de Rivoli.

2306. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

. — L’excellent ami dont la perte me laisse si bereaved en toutes choses était une des personnes qui vous jugeaient le mieux et vous portaient le plus d’intérêt : il méritait d’être aussi bien apprécié par vous.

2307. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Promeneur amusé de Munich à Vienne, de Vienne à Venise, de Venise à Milan, et se reprochant les agréments mêmes du séjour, un certain charme de sociabilité qu’il rencontrait d’autant mieux chez les autres qu’il le portait avec lui, il écrivait encore : « Dans le voyage de la vie, il ne faut pas trop s’approcher aux stations de passage où l’on ne peut pas compter de retourner, parce qu’après tout, et avant tout, il faut compter sur le poste final de la famille et des vieux amis, où nous attendent le dernier banc au soleil ou à l’ombre, et nos derniers tisons. » Il a eu son dernier banc au soleil.

2308. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Octave s’en aperçoit, les interroge, découvre la souffrance de Brigitte, reconnaît que tant de coups qu’il lui a portés ont tué en elle cet amour où elle ne voit plus qu’un devoir.

2309. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

En ce qui est particulièrement de l’Iliade, sur laquelle a porté le fort du débat, il est bien à supposer qu’après la guerre de Troie il dut se répandre par la Grèce et par l’Ionie un grand nombre de chanteurs qui allaient, comme Phémius, comme Démodocus, célébrant devant les fils les exploits des pères.

2310. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Je n’ai pas cité les ouvrages anglais qui traitent de la littérature anglaise, et en particulier la Rhétorique du docteur Blair, parce que le but et les idées de ces écrivains n’avaient aucun rapport avec le plan général que je m’étais proposé dans cet ouvrage, ni avec l’indépendance que je voulais porter dans mes jugements sur les écrivains étrangers.

2311. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Il reçoit à l’assaut de Rabastens une blessure qui l’oblige à porter un « touret de nez », et qui donne occasion à la cour de lui nommer un successeur.

2312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de la vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, comme certainement jusque-là il ne l’avait jamais été !

2313. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

L’innocente Persiana (l’Innocente Persane), L’Orseida, L’Alvida, La Fortuna di Foresta, prencipessa di Moscou, portent le titre d’opera regia, œuvre royale.

2314. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Sensuel mieux qu’amateur d’idées, ou plutôt actif sans emploi et obligé de porter ses déductions dans sa vie, il ne s’est pas satisfait à dépiquer Lassalle ou Morris, il a tenté une expérience de bonheur social.

2315. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Supposons un homme naturellement porté à l’altruisme, à la confiance, à la générosité envers autrui.

2316. (1890) L’avenir de la science « Préface »

L’état actuel de l’humanité, par exemple, exige le maintien des nations, qui sont des établissements extrêmement lourds à porter.

2317. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Trop heureux serai-je, si, une seule fois, dans une pauvre maison, mes vers portaient quelque douceur à un cœur simple », est-il possible de ne point sentir quelle passion anime ces phrases ?

2318. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Taine a porté dans la critique un esprit autrement clair et fort ; muni de solides études scientifiques, aussi apte aux hautes généralisations qu’à la patiente recherche des détails, animé de l’audace des novateurs, il a fait faire à la critique des progrès considérables et l’a constituée sous forme de science.

2319. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Ces esprits missionnaires, ces légats de Dieu, ne portent-ils pas en eux une sorte de solution partielle de cette question si abstruse du libre arbitre ?

2320. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Si le chantre d’Ilion peint un jeune homme abattu par la lance de Ménélas, il le compare à un jeune olivier couvert de fleurs, planté dans un verger loin des feux du soleil, parmi la rosée et les zéphyrs ; tout à coup un vent impétueux le renverse sur le sol natal, et il tombe au bord des eaux nourricières qui portaient la sève à ses racines.

2321. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

C’est à son tribunal que seront portées toutes les affaires contentieuses, pour être décidées en dernier ressort par Sa Majesté Impériale ou par son conseil.

2322. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

C’est presque leur dire : messieurs, prenez-y garde ; si je vous déplais, c’est vous que j’aurai peints : portez les mains sur vos oreilles et voyez si elles ne s’alongent pas.

2323. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Dès que ceux qui n’entendent pas la langue dont un poëte s’est servi, ne sont point capables de porter par eux-mêmes un jugement sur son mérite et sur la classe dont il est, n’est-il pas plus raisonnable qu’ils adoptent le sentiment de ceux qui l’ont entendu, et de ceux qui l’entendent encore, que d’épouser le sentiment de deux ou trois critiques qui assurent que le poëme ne fait pas sur eux l’impression que tous les autres hommes disent qu’ils sentent en le lisant.

2324. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Montesquieu est porté à la haine du despotisme.

2325. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

« Comme un aigle qu’on voit toujours, soit qu’il vole au milieu des airs, soit qu’il se pose sur le haut de quelque rocher, porter de tous côtés ses regards perçants, | et tomber si sûrement sur sa proie qu’on ne peut éviter ses ongles non plus que ses yeux ; | aussi vifs étaient les regards, aussi vite et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables, | étaient les mains du prince du Condé. » Au point de vue de la tenue de l’haleine, il faut scander, je crois, comme j’ai fait ; mais au point de vue de l’harmonie expressive il faut accentuer les mots airs, rocher, perçants, proie, yeux, regards, attaque et inévitables, et alors nous voyons que les choses sont peintes par les mots, et c’est-à-dire, ici, par le rythme général, par les sonorités et par les silences.

2326. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Jamais, dans ce temps de nerfs, d’imagination et de fièvre, où les livres que nous écrivons portent la marque de tîntes les grimaces de nos esprits, on n’a vu délivre plus calme sur un sujet pourtant qui pourrait incendier tous les cerveaux doués d’une étincelle.

2327. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !

2328. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Dans cette longue chaîne de souverains pontifes qui avaient porté et gardé au fond de leur cœur le sentiment de la force de l’Église romaine, il put se rencontrer un pape qui les sacrifia.

2329. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

L’amour de Réa peut porter tous les signes mortels de ce temps destructeur, mais il n’en est pas moins l’amour immortel qui ne disparaîtra qu’avec la dernière âme humaine… Cette Réa Delcroix, c’est bien là la femme amoureuse au xixe  siècle, dans ce siècle où l’amour s’en va des cœurs appauvris, mais où, quand il existe, il est d’autant plus intense et d’autant plus orageux qu’il s’est réfugié dans quelques âmes ardentes et profondes, et qu’il s’y débat pour y mourir !

2330. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Il prouve qu’on peut étreindre un type dans sa pensée, le porter des années peut-être dans cette cohabitation intellectuelle qui embrase la plupart des esprits, puis le laisser choir de son cerveau, organisé, vivant, sans avoir été ému une seule fois de la nature qu’on lui a donnée ou de la destinée qu’on lui a faite.

2331. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Ils mènent tout, portent les clés, ouvrent les portes, inventent les phrases, pleurent de s’être trompés, assurent qu’ils n’auraient jamais cru… Voici maintenant les drôles !

2332. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Leur seul caractère commun est la marque qu’elles portent toutes de la profonde originalité de leur auteur. « La maison-type n’existe pas pour lui »40 a-t-on avec juste raison.

2333. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Or, de même que pour déterminer les rapports véritables des phénomènes physiques entre eux nous faisons abstraction de ce qui, dans notre manière de percevoir et de penser, leur répugne manifestement, ainsi, pour contempler le moi dans sa pureté originelle, la psychologie devrait éliminer ou corriger certaines formes qui portent la marque visible du monde extérieur. — Quelles sont ces formes ?

2334. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Dieu l’entendit, et sauva son armée. » Nous avons déjà vu que Valens était cruel ; et comme tous les hommes il porta son caractère dans la religion.

2335. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Aussi toutes ses attaques contre les jurisconsultes romains portent à faux, puisqu’ils ont pris pour principe la Providence divine, et qu’ils ont voulu traiter du droit naturel des gens, et non point du droit naturel des philosophes, et des théologiens moralistes. — Ensuite vient Selden, dont le système suppose la Providence.

2336. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Ce papier, (oui, oui, monsieur le savant, c’est un parchemin), ce papier qu’elle dicte à des clercs et qu’elle fait porter, ce n’est pas un ultimatum de guerre, ce n’est pas même une sommation, c’est un mandement. […] C’est le propre mandat qu’elle a reçu et qu’elle ne fait que faire porter, qu’elle ne fait que transmettre. […] Il faut qu’il aille porter la croisade chez l’infidèle. […] Il s’est livré à ceux qui portent des férules comme il s’était livré à ceux qui portaient des verges et des fouets. […] Et que le calendrier n’épuisait pas l’année dont il portait la date.

2337. (1910) Rousseau contre Molière

C’est ainsi qu’a été conçu et qu’a été composé le caractère d’Alceste, et c’est ainsi que ce même homme à Oronte lui-même dira, se connaissant très bien et s’étant bien aperçu que sa franchise lui a souvent porté malheur : « Veuillez m’en dispenser. […] Mais sur elle je puis porter un jugement et un jugement sévère s’il y a lieu, absolument comme sur une autre. […] Comment pouvez-vous croire : 1° que Molière inspire des sentiments mauvais et qu’il est responsable des sentiments mauvais qui peuvent se produire dans l’âme des spectateurs, puisqu’il n’y peut porter que ce qui y est et puisque, par conséquent, le public seul est responsable ? […] Elle dit que ce n’est pas contentement pour elle que cinquante-six ans ; et surtout, elle est pour les nez qui portent des lunettes. […] A quoi tient tout cet art ; si ce n’est à des observations fines et continuelles qui lui font voir à chaque instant ce qui se passe dans les cœurs des hommes et qui la disposent à porter à chaque mouvement secret qu’elle aperçoit la force qu’il faut pour le surprendre ou l’accélérer ?

2338. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Certaines pages portent la trace directe de l’année terrible. […] Il a porté dans sa tête et dans son cœur les plus belles pensées, les plus vastes imaginations, les conceptions les plus grandioses. […] Il pratique cette espèce de détachement avec une véritable férocité, et qui m’étonne et m’afflige toujours. « Un mauvais arbre ne saurait porter de bons fruits » ; il ne sort pas de là : c’est un terrible justicier. […] Zola des armes qu’il avait Iui-même fournies et on a voulu lui faire porter la peine des théories, dont il nous a rebattu les oreilles. […] Jamais peut-être le parti pris pessimiste ne s’était porté à de pareils excès.

2339. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

« Je cherchai, a-t-il dit, dans la préface de La Femme de Claude, le point sur lequel ma faculté d’observation pouvait se porter avec le plus de fruit. […] Adam de porter son Serpent sur les planches. […] « Portez à boire à l’âne », dit malicieusement Zeus. […] porté dans les bras de la gloire ? […] Porté dans les bras de mes bons grenadiers.

2340. (1903) Propos de théâtre. Première série

Si l’on veut porter au théâtre un de ces événements qu’on appelle tragiques… deux voies sont ouvertes. […] Il l’éviterait même, si elle ne se portait elle-même à sa rencontre. […] Agrippine s’écrie : « Burrhus ose sur moi porter ses mains hardies !  […] Athalie peut se porter contre vous à quelque violence. — Pourquoi les honnêtes gens la servent-ils ? […] Dans ces voiles, mes sœurs, que portent-ils tous deux ?

2341. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Après une courte transition qu’on appelle la comédie moyenne, Ménandre, dont les ouvrages sont perdus, créa la nouvelle comédie, et la porta d’abord à son plus haut point de perfection. […] Ne croyant plus sa marmite en sûreté dans sa cheminée, il va la porter dans le temple de la Bonne Foi. […] Ce n’était vraiment pas la peine de porter si haut, à propos d’Aristophane, l’absence de plan dans la comédie (t. 

2342. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Nous prenons un fiacre, et nous allons porter nos livraisons de L’Art du dix-huitième siècle à Théophile Gautier, 32, rue de Longchamps, à Neuilly. […] 23 mars C’est une grande force morale chez l’écrivain que celle qui lui fait porter sa pensée au-dessus de la vie courante, pour la faire travailler libre et dégagée et envolée. […] Elle entretenait des hommes, le fils de la crémière, auquel elle a meublé une chambre, un autre auquel elle portait notre vin, des poulets, de la victuaille… Une vie secrète d’orgies nocturnes, de découchages, de fureurs utérines qui faisaient dire à ses amants : « Nous y resterons, elle ou moi ! 

2343. (1925) La fin de l’art

Décidément la pomme de terre a porté bonheur à cet honorable apothicaire. […] L’invention de la plume métallique a porté un coup à la littérature sérieuse. […] C’est tout simplement que, lorsque les Académies furent fondées, tout le monde, jusqu’aux laquais, portait une épée.

2344. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

À en juger par les propriétés de plus en plus nombreuses dont il a fallu l’enrichir, nous serions assez porté à voir dans l’atome, non pas une chose réelle, mais le résidu matérialisé des explications mécaniques. […] Nous saisirons ainsi par un autre côté, et en tant qu’elles portent explicitement sur une certaine conception de la durée, l’erreur fondamentale du déterminisme et l’illusion de ses adversaires. […] Dire qu’un certain ami, dans certaines circonstances, agirait très probablement d’une certaine manière, ce n’est pas tant prédire la conduite future de notre ami que porter un jugement sur son caractère présent, c’est-à-dire, en définitive, sur son passé.

2345. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Tous tant que nous sommes, poètes, mathématiciens, marchands de laines, nous portons sur la nature des jugements qui, sans qu’on s’en doute, demeurent en corrélation parfaite avec nos humeurs, notre état d’âme habituel, notre degré d’intelligence. […] Souvent durant les longues soirées d’automne, alors que le grand silence des choses exalte l’esprit et l’incite au recueillement, après de délicieuses promenades solitaires à travers les bois endeuillés, au long des ruisseaux tout pleins de murmures limpides, ou sur les coteaux encore léchés par les derniers rayons d’un soleil en allé, — sous le regard ami de la lampe et entouré de la plus grande partie des œuvres poétiques contemporaines, mes fidèles conseillères, j’ai rêvé d’une esthétique assez puissante pour endiguer tous les courants impétueux de l’art moderne, assez généreuse pour accueillir toutes les manifestations de la vie en perpétuel changement, assez vaste pour permettre à chaque œuvre de se réaliser suivant sa tendance propre, assez belle pour y faire entrer notre chère tradition nationale sans porter atteinte à aucune liberté individuelle. […]  » Et plus loin : « Pour déconcerter le subjectivisme, on lui a porté le défi d’exprimer en propres termes ses découvertes : cela est de mauvaise guerre.

2346. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Mais, dès la première apparition du besoin d’un signe extérieur, la prééminence ordinaire de l’image visuelle a dû inviter l’esprit à porter son choix sur cette image. […] Et, en effet, porter et maintenir l’attention sur les notions que les mots recouvrent, chercher à avoir une claire conscience de leurs rapports, comparer, après les notions, ces rapports eux-mêmes, de façon à porter la lumière de la conscience sur les conflits latents des idées ; en toute occasion, méditer, réfléchir, analyser, examiner ; tenir sa pensée toujours en éveil, toujours inquiète, toujours en devenir, en renouvellement et en progrès ; qu’est-ce autre chose que réagir contre cette inégale distribution de la conscience qui, conservant aux mots leur vivacité, laisse les idées s’évanouir et disparaître dans une ombre toujours plus épaisse ? […] Des figures schématiques très simples peuvent servir d’illustration idéographique à cette théorie de l’évolution du signe : 1° représente une idée particulière dont les éléments sont inégalement distincts. 2° représente une idée particulière ou générale, exprimée par un de ses éléments ou par un signe analogique ; le signe est en avant du groupe des autres images, mais tangent à ce groupe, dont il fait partie en même temps qu’il l’exprime ; par suite, l’architecture interne de l’idée est défectueuse ; certaines images subissent l’attraction du signe et se portent en avant. 3° représente une métaphore.

2347. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Allez, dit Jack Cade, brûlez toutes les archives du royaume ; ma bouche maintenant sera le parlement d’Angleterre… Le plus orgueilleux pair du royaume ne portera sa tête sur ses épaules qu’après m’avoir payé tribut. […] C’est comme si je vous priais de porter vos gants, de vous tenir chaudement, ou de faire quelque autre chose agréable. » — Un instant après, quand il la prie de le laisser seul un instant, voyez l’innocente gaieté, la révérence preste, et ce ton badin de petite fille : « Vous refuserai-je ? […] VIII Combien ce génie passionné et abandonné de Shakspeare est plus visible encore dans les grands personnages qui portent tout le poids du drame ! […] Il se met en colère ; il maudit les braillards : … Assez, je vous dis. —  Parce que je n’ai pas lavé mon nez qui saigne, —  ou parce que j’ai porté en terre quelques pauvres diables, —  vous clabaudez mon nom avec des acclamations d’enragés, —  comme si j’aimais qu’on mît mon estomac au régime — de louanges assaisonnées de mensonges266 ! […] Il défaille ; mais la douleur le roidit, et il veut vivre : … Contiens-toi, contiens-toi, mon cœur. —  Et vous, mes muscles, ne vieillissez pas en un instant ; —  mais roidissez-vous, et portez-moi jusqu’au bout.

2348. (1930) Le roman français pp. 1-197

Je ne puis me lasser de les relire, avec la même joie, la même curiosité, le même enthousiasme… Comment, après de tels précédents, oser décider de l’avenir de tel ou tel roman contemporain, du jugement que portera sur lui la postérité ? […] Et le plus curieux est que cette accusation dont on veut défendre Stendhal, on la laisse porter contre Balzac qui trouve beaucoup moins d’avocats. […] Nul — c’est une des caractéristiques de son génie et de sa manière — n’a porté plus loin cette subtile douceur, cette grâce dans l’expression de toutes choses, même violentes, subversives ou simplement anticonventionnelles, qui est en littérature l’équivalent du ton toujours égal de parfaite courtoisie des « grands ». […] Cela servit à ses succès terrestres, un peu moins à son œuvre, qui n’est pas négligeable ; car il portait sur la société provinciale de France, particulièrement sur celle de Touraine, des regards avertis. […] D’aspect viril, sans grâce, sans beauté, la Bonifas, qui naquit et vécut dans une petite ville de province, sent ses désirs irrésistiblement portés vers le sexe auquel elle appartient par une erreur de la nature.

2349. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

la basse gravitation physique qui détache et qui fait tomber le fruit de l’arbre quand il est mûr, sans se soucier du tronc qui l’a porté, et qui fait relever la branche avec indifférence quand la branche est soulagée du fruit détaché ! […] X Et maintenant que ce déplorable livre a porté ses fruits de démence et de perdition dans une démocratie avortée, faute de véritable philosophie dans son faux prophète, essayons de remettre un peu de bon sens dans la philosophie politique du peuple, et de substituer en matière de gouvernement quelques vérités pratiques, et par cela même divines, à ce monceau de chimères devenu un monceau de ruines sous la main égarée des sectaires d’un aveugle, qui écrivit de génie et qui pensa de hasard.

2350. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Il était assis, la tête appuyée sur un coussin, et portait une couronne ; car il avait fait ce jour-là un sacrifice domestique. […] « — Ils porteront au bercail commun les enfants des citoyens d’élite, et les confieront à des gouvernantes qui auront leur demeure à part dans un quartier de la ville.

2351. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Il se portait très bien le 3 octobre au matin, et il travailla à son ordinaire ; je rentrai à quatre heures pour dîner, et je le trouvai avec la fièvre : la goutte s’était fourrée dans les entrailles, qu’il avait très affaiblies depuis quelque temps, ne pouvant quasi plus manger… Enfin le samedi 8, après avoir passé une nuit moins mauvaise que les précédentes, il s’affaiblit, il perdit la vue, et mourut sans fièvre, comme un oiseau, sans agonie, sans le savoir. […] — Elle ne devait plus rien à personne qu’à elle-même ; elle ne sacrifiait rien de ses droits anéantis ; la misère royale d’une femme qui avait porté la triple couronne d’Angleterre ne déshonorerait maintenant que l’Angleterre elle-même.

2352. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Sainte-Beuve ne semblait pas le croire, et il a porté un jugement bien sévère et décourageant sur les tentatives de ce genre ; c’est à propos d’une idée émise par Chênedollé, qui aimait à expliquer le médiocre succès du Génie de l’Homme (un autre Hermès, achevé celui-là) en se disant à lui-même que le temps n’était pas venu d’appliquer la poésie aux sciences, que la science était encore trop verte, trop jeune, que dans l’état des choses actuelles, elle n’était pas encore nubile et qu’il ne fallait pas songer au mariage. […] Malgré les plaintes touchantes de la Voix qui ne cesse de faire appel à des idées moins sombres, à tous les sentiments, à tous les souvenirs enchanteurs, à toutes les joies honnêtes et pures qui consolent l’homme de porter le poids et le joug de ces lois si dures, le Chercheur continue son enquête.

2353. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

C’est pendant de longues fiançailles que ces vers ont jailli de deux âmes qui se sont penchées l’une vers l’autre pour se pénétrer », dit la préface, « et, comme des enfants qui ont trouvé un beau papillon le montrent à tout venant, au bout de l’épingle avec laquelle ils l’ont transpercé, elles ont fixé dans l’ombre, avec le rythme, le beau papillon de leur amour et fervemment, le portent à la clarté ». […] Bertrand, cependant ses premiers vers portent l’éclatant stigmate romantique L’arbre et les Vents parmi l’échevèlement d’images tumultueuses se ressent de Hugo.

2354. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

J’étais d’abord peu disposé à admettre cette idée, par la raison qu’en général les hybrides, une fois nés, se portent bien et vivent longtemps, comme nous le voyons pour la mule. […] Notre première édition portait, comme la troisième édition anglaise et la première édition allemande : « Comme Gærtner a renouvelé pendant plusieurs années ses essais de croisement sur la Primevère et le Coucou, que nous avons tant de bonnes raisons de croire deux variétés, et qu’il n’a réussi que deux ou trois fois à obtenir des graines fécondes ; comme il a trouvé… etc.

2355. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

On ne saurait leur faire porter la responsabilité de leur naissance si le milieu dans lequel ils se sont développés les a frappés irrémédiablement Intelligents ils voulurent non seulement la possession des biens matériels mais aussi celle des valeurs d’esprit. […] Ce qu’il détruit, sans porter la responsabilité de ce qu’il fait, c’est une série de notions et de servitudes qui n’a pas besoin de lui pour disparaître comme ce que détruit sur le plan matériel la hiérarchie bourgeoise c’est sa fausse conception de la répartition des richesses communes.

2356. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Et la belle princesse portait une riche robe de soie où l’on voyait brodés à fin or des pards et des dragons, des serpents volants et des escramors… […] Aux traînes que portent les nains Par les escaliers de sardoine.

2357. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Ainsi, à Rome, avant le Christianisme, il n’était pas permis à la courtisane de porter des cheveux noirs, — les cheveux de la race, — portés seulement par les matrones romaines.

2358. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

deux mots puérils, et traînés partout, sur la veste blanche du roi et la couleur du fiacre qui le porta à l’échafaud. […] ne pratique pas, mais contre laquelle, du moins, il ne vomit plus ici le flot d’impiétés ordinaire… En ce roman de Quatre-vingt-treize, le royalisme de ses premières années, qui repousse dans Hugo, a porté bonheur à son talent.

2359. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Je lui envoyai dire d’aller un peu plus loin : elle se retira dans un endroit où l’on portait les blessés.

2360. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Nous avons vu également ce qu’est l’homme de lettres dans son mélange avec le prêtre, avec celui qui se glorifiait de ce caractère sacré et qui se flattait d’en toujours porter haut la marque ; nous avons vu tout ce que cet élément trop littéraire, cette trop grande activité et cette fièvre d’écrivain, a de périlleux et de dissolvant, surtout dans un siècle sans calme, au sein d’une atmosphère échauffée où tout excite et enflamme.

2361. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il ne faudrait pourtant pas trop presser ce juste milieu religieux et moral en tant que système : cela n’a toute valeur que comme expression d’une nature individuelle, et ce qui en fait la force en M. de Sacy, c’est d’être avant tout porté par un bon fonds, préparé de longue main.

2362. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Le difficile est très bien porté ; on s’en pique, on a des admirations de vanité.

2363. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Mais à la première rencontre, on le sait, les deux amants se portèrent l’un vers l’autre, se tirèrent insensiblement à part dans l’embrasure d’une fenêtre, se parlèrent bas, pleurèrent, et, faisant une grande révérence aux graves témoins, matrones ou prélats fort ébahis et se regardant, ils passèrent dans une autre chambre : « Et il en advint Mme la duchesse d’Orléans, et ensuite M. le comte de Toulouse54. » C’est ce qu’on appelle vulgairement avoir un pied de nez.

2364. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On vit dans un temps où les journaux sont tout et où seuls, presque seuls, ils rétribuent convenablement leur homme : on est journaliste ; on l’est, fut-on romancier, car c’est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l’on s’en aperçoit ; ils se ressentent à tout moment des coupures, des attentes et des suspensions d’intérêt du feuilleton ; ils en portent la marque et le pli.

2365. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

J’ai d’ailleurs les manières honnêtes et l’humeur assez douce ; je rends volontiers service ; je hais les murmures et les détractions ; je suis porté d’inclination au travail, et je ne crois pas vous avoir déshonoré dans les petits emplois dont j’ai été chargé.

2366. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

La démocratie qui appelle tous les hommes distingués à toutes les places éminentes, portait les esprits à s’occuper des événements publics.

2367. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Le son pur de la vérité qui fait éprouver à l’âme un sentiment si doux et si exalté, ces expressions justes et nobles d’un cœur content de lui, d’un esprit de bonne foi, d’un caractère sans reproches, on ne savait à quels hommes, à quelles opinions les adresser, sous quelle voûte les faire entendre ; et la fierté, naturelle à la franchise, portait au silence bien plutôt qu’à d’inutiles efforts.

2368. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Cromwell est resté usurpateur, parce que le principe des troubles qu’il avait fait naître était la religion, qui soulève sans déchaîner, était un sentiment superstitieux, qui portait à changer de maître, mais non à détester tous les jougs.

2369. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Cependant toutes les choses utiles exécutées par son ordre ou développées sous son patronage, routes, ports, canaux, asiles, universités, académies, établissements de piété, de refuge, d’éducation, de science, d’industrie et de commerce, portent sa marque et le proclament bienfaiteur public. — De tels services appellent une récompense proportionnée : on admet que, de père en fils, il contracte mariage avec la France, qu’elle n’agit que par lui, qu’il n’agit que pour elle, et tous les souvenirs anciens, tous les intérêts présents viennent autoriser cette union.

2370. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On marchera plus allègrement ; on portera plus légèrement son fardeau, et la brièveté de chaque étape fera oublier la longueur totale du chemin.

2371. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

On connaît les vers fameux de Charles IX à Ronsard : Tous deux également nous portons des couronnes : Mais, roi, je la reçus : poète, tu la donnes… Ces vers apocryphes ont leur vérité.

2372. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Une petite feuille si drôle, Le Pal, arborait cette rubrique : « Causeries sur quelques charognes. » La seconde ligne portait : « Hugo, About, Vallès. » II ne faut point s’étonner si par cette méthode on s’attire quelques hostilités.

2373. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Quel cas pourrons-nous faire d’une opinion publique dont nous savons qu’elle est forcément hostile à ce que nous portons de meilleur en nous55 ? 

2374. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Selon Spencer l’humanité a débuté par l’égoïsme ; mais elle portait en elle le germe de l’altruisme.

2375. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

C’est là d’abord que les logiciens ont dû porter leurs efforts.

2376. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Dangereux compatriote, Jésus a été fatal au pays qui eut le redoutable honneur de le porter.

2377. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Sa chimère n’a pas eu le sort de tant d’autres qui ont traversé l’esprit humain, parce qu’elle recelait un germe de vie qui, introduit, grâce à une enveloppe fabuleuse, dans le sein de l’humanité, y a porté des fruits éternels.

2378. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Réfléchissez trois ou quatre jours ; ayez un papier divisé en deux colonnes, celle du pour et celle du contre ; portez-y chacune de vos conclusions provisoires ; puis, ce temps écoulé, comparez les deux colonnes, établissez la balance ; attendez encore deux ou trois jours et agissez.

2379. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Mais cela prouverait qu’elle connaissait l’intérêt que le roi portait à madame Scarron et son désir de lavoir pour gouvernante de ses enfants, ne prévoyant pas sans doute qu’un jour cet intérêt irait fort au-delà de l’estime et de la bienveillance.

2380. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Cette passion, elle ne la porta sur personne jusqu’au jour où ces trésors accumulés de tendresse éclatèrent sur la tête de sa fille pour ne plus s’en déplacer.

2381. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Elle est tantôt celui des foux ; rarement celui d’un honnête-homme. » Si l’on remonte des particuliers aux princes, on verra que bien des souverains ont pensé de même ; qu’ils n’ont rien eu tant à cœur que de tenir la poësie éloignée de leurs états, comme un de ces maux contagieux qui portent la désolation & la mort partout où ils se glissent.

2382. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

C’est ce que firent à la fois en Allemagne et en France deux grands penseurs, Fichte et Biran, le premier plus porté au spéculatif suivant le goût et le génie de sa nation, le second plus psychologue, plus observateur, — le premier liant la métaphysique à la politique, passionné pour les idées du xviiie  siècle et de la révolution, le second royaliste dans la pratique, assez indifférent pour ces sortes de recherches et occupé d’une manière tout abstraite à l’étude de la vie intérieure, — tous deux enfin, par une rencontre singulière et selon toute apparence par des raisons analogues, ayant terminé leur carrière par le mysticisme, mais le premier par un mysticisme inclinant au panthéisme, le second par le mysticisme chrétien.

2383. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Il voit avec raison les plus grands périls dans le défi porté par certains actes, certaines paroles, à la société moderne.

2384. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

que ces âmes inflammables, auxquelles la nature donne de si vigoureuses colères contre le vice, de si éloquents ressentiments de l’injustice, portent en elles le châtiment de leur propre délicatesse, et sont destinées à expier dans leurs personnes les vices qu’elles châtient ?

2385. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Elle n’était probablement que ce que doit être l’idéal de la femme, simplement quelque chose de blanc et de mystérieusement lumineux, comme la robe et les perles qu’elle aimait à porter !

2386. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

On l’a dit déjà, et je me bornerai ici à reproduire ce passage d’un toast porté par un directeur d’École Normale, M. 

2387. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Nous sommes d’autant plus portés à faire ce rapprochement que notre esprit a la certitude que ce rapport entre la forme de la matière et ses propriétés doit être rigoureux et absolu, car sans cela la science n’existerait pas. […] De là, il résulte que le trouble qu’on fait porter sur une fonction retentit ordinairement sur les autres, et que des phénomènes généraux viennent plus ou moins modifier ou compliquer les actions locales qu’on a déterminées. […] Sur un gros chien qui autrefois avait porté une fistule pancréatique dont il est guéri, nous découvrons ici les conduits sous-maxillaire et sublingual du côté gauche, et nous introduisons dans chacun d’eux un petit tube d’argent. […] D’après cette expérience, on est porté à penser que la diastase végétale n’est elle-même qu’un corps résultant de la décomposition spontanée du gluten. […] Depuis deux ans environ, la malade portait cette fistule sans aucun dérangement notable dans sa santé, si ce n’est l’incommodité apportée par cet écoulement périodique.

2388. (1902) Propos littéraires. Première série

S’il est vrai que le fondateur de l’Individualisme soit Jésus, ce que je suis assez porté à admettre, ouvrez l’Évangile. […] Je vais la lui porter. […] Il y a eu une « contagion » qui a porté le nom de Racine, et je doute que M.  […] Il y a eu une « contagion » qui a porté le nom de Voltaire, et je ne doute pas du tout que Voltaire ne soit en horreur à M.  […] Les autres portent comme elle des arbres ; mais nous ne connaissons, nous n’aimons que les siens.

2389. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Elle se confond avec la physique et jusqu’à Socrate, tous les traités philosophiques portent le titre : [Greek phrase] On ne sait si Socrate divisait la philosophie, ni comment il la divisait. […] Mais plaisir et douleur sont des termes généraux ; les diverses variétés des phénomènes affectifs portent le nom d’émotions. […] Suivant les temps, suivant aussi les diverses formes qu’elle a revêtues, elle a porté divers noms. […] Il faut accorder ce nom à tout ce qui mérite de le porter : Rodrigue ne le mérite pas plus que Faust. […] C’est donc que les jugements ne portent pas en eux de signe objectif auquel on ne puisse se méprendre : les jugements seuls présentent ce caractère qui sont universellement acceptés.

2390. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Léonide a peut-être autant de grâce que Rosalinde (quoique d’une autre façon) à porter le travesti. […] Un personnage serait chargé de défendre ces nécessités inéluctables et de porter la parole en leur nom. […] La lettre d’invitation portait : 37, passage de l’Élysée-des-Beaux-Arts, place Pigalle. […] Et alors, on pourra dire que les hommes supérieurs portent réellement en eux la conscience, la volonté et l’âme de l’univers. […] Quoique vous ne pensiez à rien, vous portez cependant avec vous votre philosophie.

2391. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Il s’étonne de n’être pas tranquille : « C’est le mensonge du poids inévitable des œuvres qui est lourd à porter. […] Dumas s’en est porté garant ? […] Et, chacun de ces trois personnages ayant encore parmi nous son équivalent, tous leurs mots « portent », comme au premier jour. […] Cas plus curieux, à mon sens, que celui de Lanspessade C’est sur ce dernier que l’auteur a porté presque tout son effort. […] J’aurais besoin de lire la pièce, ou de la revoir, pour en porter un jugement assuré.

2392. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il pense moins faire des effets de fleuret qu’à donner de rudes coups qui portent. […] Mais sur un brancard, porté par ses parents, Son pauvre père tête nue et priant, Et ses frères qui disaient : « Ainsi soit-il !  […] Ce sont ses muscles forts et ses torses puissants qui portent orgueilleusement les races de demain. […] Ils craignent les tempêtes des océans septentrionaux d’où sont sortis les monstres romantiques, leurs yeux se portent vers le lac méditerranéen, berceau du classicisme, qui a roulé dans ses flots la corporelle blancheur des belles nymphes païennes.

2393. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Science, théorie de la connaissance et métaphysique vont se trouver portées sur le même terrain. […] Celles-ci portent sur des qualités et non plus sur des grandeurs. […] Et si, à côté des relations de terme à terme, l’expérience nous présentait aussi des termes indépendants, les genres vivants étant tout autre chose que des systèmes de lois, une moitié au moins de notre connaissance porterait sur la « chose en soi », sur la réalité même. […] L’homme continue donc indéfiniment le mouvement vital, quoiqu’il n’entraîne pas avec lui tout ce que la vie portait en elle.

2394. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Il entre, et, dans une haute salle lambrissée d’or, bosselée de perles, sur un trône d’escarboucle, il voit assise une femme, « une grande et noble reine », parmi une multitude infinie de hérauts, dont les surtouts brodés portent les armoiries des plus fameux chevaliers du monde, au son des instruments et de la mélodie céleste que font Calliope et ses sœurs. […] — N’oublie jamais d’être fidèle et bon, Et je chanterai une des chansons nouvelles, Pour l’amour de toi, aussi haut que je pourrai chanter. »  Puis il commença bien haut la chanson : « Je blâme tous ceux qui sont en amour infidèles. » C’est jusqu’à ces délicatesses exquises que l’amour, ici comme chez Pétrarque, avait porté la poésie : même par raffinement, comme chez Pétrarque, il s’égare ici parfois dans le bel esprit, les concetti et les pointes. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. —  Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ? 

2395. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Car ils ont la secrète intuition que l’on n’est jamais maître de l’idée, que nous sommes guidés et portés par elle, qu’elle possède une puissance intrinsèque, qu’elle suit un itinéraire tracé dans le monde, qu’elle subira des transformations et des métamorphoses imprévues impossibles à présager pour le moment, que nous devons la suivre docilement, en ignorant le pays où elle nous mène, vers quelle cité céleste, quelle terre nouvelle ou quelle contrée d’enfer elle pourra nous conduire dans l’avenir. […] N’est-ce pas un sublime spectacle que celui d’Eschyle, porté triomphalement à l’Acropole après la représentation des Perses ? […] Ils s’étonnaient de ne plus porter ni l’épée ni la cape, et la coupe de leurs redingotes leur paraissait horrible.

2396. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Ils porteront, dans un grand nombre d’esprits prévenus ou blessés, la peine des jugements trop sincères qui les précèdent. […] Les incroyables jugements qu’il a portés sur André Chénier et sur La Fontaine témoigneraient seuls, au besoin, de l’exactitude du fait, si son œuvre propre ne le démontrait surabondamment. […] Le titre est beau, porté par Shakspeare et par Dante, mais l’ambition légitime du génie doit y renoncer quand on le décerne à des rimeurs vulgaires, ou pis encore, à des ménétriers d’occasion.

2397. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il faut se garder de jeter un œil dédaigneux sur cette époque où était en germe tout ce qui depuis a porté fruit, sur ce temps dont les moindres écrivains, si l’on nous passe une expression triviale, mais franche, ont fait fumier pour la moisson qui devait suivre. […] Le vrai poëte est un arbre qui peut être battu de tous les vents et abreuvé de toutes les rosées, qui porte ses ouvrages comme ses fruits, comme fablier portait ses fables. […] La queue du dix-huitième siècle trame encore dans le dix-neuvième ; mais ce n’est pas nous, jeunes hommes qui avons vu Bonaparte, qui la lui porterons.

2398. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Se sentant languir, elle se fait porter en palanquin jusqu’à lui, pour voir avant de mourir le héros de son rêve et lui dire son message, elle, la consolatrice inconsolée. […] Il serait encore vain de prétendre porter des jugements définitifs. […] Puisque, dans la pensée intime de ses fidèles, cette esthétique est la connaissance de quelque chose de « tout fait », on conçoit que ses règles essentielles soient très peu variables, et puissent porter seulement sur des détails, non sur l’essentiel.

2399. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

L’impression produite par cette sortie furieuse fut considérable, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit durable, ni que l’éreintement ait porté. […] Le maître russe ne s’est même pas donné la peine d’étudier les idées et l’œuvre de Wagner ; et c’est de sa part faire preuve d’une légèreté vraiment difficile à pardonner que d’émettre dans ces conditions, des jugements qui restent sans portée parce qu’ils portent à faux. […] Imaginez les tragédies d’Eschyle et d’Euripide accompagnées de musique, imaginez les grands sentiments qu’elles expriment portés, grâce à la faculté de généralisation de la Musique, à leur absolue puissance expressive, et vous comprendrez ce que les historiens du théâtre antique nous rapportent au sujet de l’exaltation, du délire esthétique où ces tragédies jetaient des auditoires de plusieurs milliers de spectateurs. […] Quand on n’est pas riche, il faut être assez fier pour porter sa misère… La sympathie que Brahms, çà et là, peut nous inspirer en dehors de tout intérêt de parti ou de toute incompréhension de parti, a été longtemps une énigme pour moi, jusqu’au jour où j’ai découvert, presque par hasard, qu’il ne produit d’effet que sur un certain type d’hommes. […] Si ceux-ci n’aboutissent pas tous, leur labeur n’en est pas moins digne de respect et il portera, malgré tout, ses fruits.

2400. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

La parole est si abondante, la pensée si rare, les strophes se précipitent à flots si pressés sur l’idée qu’elles devraient porter, qu’elles l’engloutissent et la dérobent au regard. […] Quels fruits ce dédain a-t-il portés ? […] Pour arriver à cette conclusion, il n’a pu se dispenser de contredire l’histoire ; mais il est arrivé à la conclusion qu’il avait formulée d’avance, à laquelle il ne pouvait renoncer sans porter atteinte à l’inviolable dignité de sa pensée. […] Il est très vrai que l’aristocratie portait la tête haute dans les premières années du règne de Louis XIII ; mais elle résistait à Richelieu en levant des armées, et lorsqu’elle avait une grâce à demander, elle ne se présentait pas escortée comme un prince du sang. […] L’enthousiasme s’est porté avec un aveuglement obstiné sur les parties les plus fausses, les moins acceptables de la tragédie.

2401. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La carriere de l’Histoire est cent fois plus immense qu’elle ne l’étoit pour les anciens ; & l’Histoire naturelle s’est accrûe à proportion de celle des peuples : on n’exige pas qu’un homme de lettres approfondisse toutes ces matieres ; la science universelle n’est plus à la portée de l’homme : mais les véritables gens de lettres se mettent en état de porter leurs pas dans ces différens terreins, s’ils ne peuvent les cultiver tous. […] Ne sera-t-on pas porté au contraire, à croire Polybe, antérieur à Tite-Live de deux cens années, qui dit que Porsenna subjugua les Romains. […] La fête d’Arion porté sur un dauphin, se célébroit chez les Romains comme chez les Grecs. […] Ce mot adorer est latin, & a beaucoup d’acceptions différentes ; il signifie porter la main à la bouche en parlant avec respect ; se courber, se mettre à genoux, saluer, & enfin communément rendre un culte suprême. […] Saint Luc dit qu’ils demeurerent à Bethléem jusqu’à ce que le tems marqué pour la purification de la femme accouchée fût accompli ; qu’alors on porta l’enfant à Jérusalem pour l’offrir à Dieu dans le temple, où Siméon & la prophétesse Anne eurent le bonheur de le voir ; que de-là ils retournerent à Nazareth, où Jesus fut élevé au milieu de sa famille ; & que ses parens ne manquoient pas d’aller chaque année à Jérusalem, dans le tems de la pâque, avec leur fils, à qui il arriva de se dérober une fois de leur compagnie pour aller disputer dans les écoles des docteurs, quoiqu’il n’eût encore que douze ans.

2402. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

La terrible Relation sur le quiétisme (fin 1698) porta le dernier coup à Fénelon, qui fut condamné le 12 mars 1699. […] Oeuvres oratoires de Bossuet Dans la diversité des ouvrages de Bossuet, le caractère le plus constant et le plus général qui se manifeste, est le caractère oratoire : c’est donc sur l’orateur qu’il faut porter d’abord notre étude.

2403. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Et puisque l’homme est un être social il est au même degré porté à obéir, et aussi à commander. […] L’homme est porté à la sympathie envers ses semblables, et même à l’obéissance vis-à-vis d’eux.

2404. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa. […] Du Théâtre-Français, nous portons le manuscrit chez Lireux, et à neuf heures nous retombons chez Mme Allan, que nous retrouvons tout entourée de famille, de collégiens, et à laquelle nous racontons notre journée.

2405. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Jusque-là, le problème avait été résolu d’une manière vague ; on n’avait fait appel qu’à une expérience banale qui ne portait que sur des faits significatifs sans doute pour la thèse générale, mais sans suite et sans conséquence pour une véritable doctrine scientifique. […] La phrénologie de Gall et de Spurzheim n’avait porté atteinte ni à la méthode psychologique ni à la doctrine spiritualiste.

2406. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Ces résultats d’observation et d’analyse ne portent nullement atteinte à l’ordre des vérités morales établies par le témoignage de la conscience. […] C’est au nom de cette dernière autorité que protestent contre toutes les doctrines qui lui portent atteinte MM. 

2407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Les croisés, au contraire, ont pour principe de ne jamais attaquer l’ennemi sans lui avoir porté un défi, c’est-à-dire une déclaration fière et franche : Quènes de Béthune et Villehardouin, entre autres, sont chargés dans une circonstance critique d’aller faire ce défi préalable à toute hostilité, et de le signifier en plein palais au jeune empereur Alexis, devenu traître et ingrat.

2408. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

— As-tu porté, en ton sein gravée, la sainte prière apprise par l’enfant sous le toit paternel ? 

2409. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Le roi en paraît fort touché, et a dit ce soir à M. mon frère : « Si nous sommes assez malheureux pour perdre ce pauvre homme-là, celui qui en porterait la nouvelle au prince d’Orange serait bien reçu » Et ensuite il a dit à M. 

2410. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Il voudrait l’amener à Dieu, l’enchaîner par quelque promesse formelle, par quelque vœu préservatif : il n’ose pas tout à fait lui proposer de porter sous sa robe de bal (comme Mme de Longueville) un petit cilice ; mais, s’il osait, je ne répondrais pas qu’il ne le fît.

2411. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

J’ai souvent pensé que le mieux pour le critique qui voudrait se réserver le plus de largeur de vues, ce serait de n’avoir aucune faculté d’artiste, de peur de porter ensuite dans ses divers jugements la secrète prédilection d’un père et d’un auteur intéressé.

2412. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot ne tarda pas à renoncer aux journaux du gouvernement à la tête desquels son talent, apprécié déjà, l’allait placer ; il entra dans les journaux religieux (1842) et bientôt devint à l’Univers le rédacteur principal et le seul en vue, le champion qui, pendant près de dix-huit ans, porta le poids des discussions, des attaques et des colères.

2413. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Monmerqué, le plus instruit et le plus aimable des amateurs, le plus riche en documents, en pièces de toutes sortes, si au fait des sources et si porté à les indiquer, n’avait pas en lui l’esprit de critique et d’exacte méthode qui mène à terme et pousse à la perfection un travail de ce genre ; il fallait qu’un philologue de profession et à la fois ouvert à toutes les belles-lettres, un homme qui a fait ses preuves dans l’érudition antique la plus délicate et la plus ardue, et qui sait, à l’occasion, en sortir, apportât dans cette étude moderne les habitudes de la critique véritable et classique, pour que toutes les garanties, celles de la fidélité et du goût, se rencontrassent réunies : j’ai nommé M. 

2414. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

On le retrouve, ardent écrivain de guerre, dans les factions politiques en 1815 et au-delà, puis au premier rang du parti libéral quand il y eut porté sa tente, sa vengeance et ses pavillons.

2415. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Les spectateurs d’alors se contentaient à moins. » Quand des érudits des plus compétents parlent avec cette modestie et cette bonne foi de l’objet de leurs études, on se sent d’autant plus porté à leur accorder ce qui est juste, et on est tout prêt à placer avec eux leur vieux Mystère à son rang dans la série des anneaux intermédiaires qui permettent de mesurer les lents efforts, en tout genre, de l’esprit humain.

2416. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Telle fut en résumé cette guerre horrible entre toutes les autres, et de laquelle Polybe a dit qu’il n’en savait aucune où l’on eût porté plus loin la barbarie et l’impiété.

2417. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Voilà que j’ai perdu tout ce que vous me dites d’aimable ; je ne saurai jamais ce que vous me portiez de la part de son cœur, de ce cœur qui me fait de si jolis envois, qui me dit tant de choses et qui est muet tout à coup.

2418. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

On peut juger jusqu’à un certain point un homme par ce qu’il fait dans des circonstances où il agit visiblement par choix ; mais, pour le connaître vraiment, il faudrait connaître ce qu’il désirait de faire : on peut blâmer ou approuver ce qu’un homme a fait, on peut décider quelquefois d’après ses actions, mais pour apprécier sa personne et en porter avec justesse un jugement favorable ou défavorable, il faudrait savoir ce qu’il eût fait dans un sort favorable à ses desseins.

2419. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Parmi nos sensations, les unes sont représentatives de l’univers, et sont les matériaux avec lesquels nous construisons le monde extérieur dont nous portons en nous l’image ; les autres ne sont pas (directement du moins et facilement) représentatives, comme certaines sensations musculaires, et, pour la plupart des hommes, les sensations d’odorat et de goût : ces dernières, les romantiques en abandonneront l’expression à leurs successeurs, et ils se contenteront des premières.

2420. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Ils se souviennent de l’immense série de jugements faux portés par leurs prédécesseurs contre d’admirables artistes qu’ils saluent aujourd’hui avec respect, et devant toute tentative nouvelle, même s’ils n’y comprennent rien, ils sont saisis du scrupule très honorable de ne pas se préparer des mea culpa pour l’avenir.

2421. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

« L’inimitable Monsieur Dominique, dit son successeur Gherardi, a porté si loin l’excellence du naïf du caractère d’Arlequin, que les Italiens appellent goffagine, que quiconque l’a vu jouer trouvera toujours quelque chose à redire aux plus fameux Arlequins de son temps. » L’inimitable, c’est l’épithète attachée à son nom : « Qui ramènera, dit Palaprat dans la préface de ses œuvres, qui ramènera les merveilles de l’inimitable Domenico, les charmes de la nature jouant elle-même à visage découvert sous le visage de Scaramouche ? 

2422. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Cette objection porterait à faux.

2423. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Or, les vastes périodes dessinées ainsi par la vie et la mort d’une de ces forces contiennent non seulement des alternatives de hausse et de baisse dans l’intensité de cette force, une série de pas en avant et de pas en arrière, de progrès et de régressions, pendant qu’elle monte, de destructions et de restaurations partielles, pendant qu’elle décroît ; mais elles renferment encore une quantité d’alternances semblables qui portent, non plus sur la force essentielle, mais sur des tendances moins durables et plus profondes.

2424. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Il ne m’appartient pas ce copier un programme à cette place, mais d’appeler l’attention des lecteurs de la Revue sur cette solennité artistique, afin que toute personne qui sera à même de le faire aille porter au maître le tribut de ses applaudissements.

2425. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle a conservé presque jusqu’à la fin ce rire enfant, ce geste jeune qui lui faisait porter son mouchoir à la bouche comme pour ne pas éclater.

2426. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Et il montre ces idées comme alors très éloignées de lui, « je ne dis pas seulement par la force de la raison à cause des conjonctures, mais je dis même par mon inclination qui me portait avec tant de rapidité et au plaisir et à la gloire… ».

2427. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

 » On a fait à cette théorie, d’ailleurs incomplète, des objections qui ne nous semblent pas porter sur le point décisif. — Ou bien, a-t-on dit, dans la reproduction imparfaite de la première expérience par la mémoire de ranimai, il n’y a rien de plus que dans la première ; en ce cas la tendance, qui n’existe pas dans la première expérience, n’existe pas non plus dans la copie affaiblie, mais exacte, de cette première expérience ; ou bien, au contraire, vous admettez dans la remémoration une tendance à achever l’acte commencé, et alors cette tendance est un élément nouveau que vous avez introduit subrepticement et non déduit. — Voici ce qu’on peut répondre.

2428. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

D’ailleurs le tragique outré devient froid, et l’on est plus porté à rire d’un poëte, qui croit devenir pathetique à force de verser du sang, qu’à pleurer à sa piece.

2429. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

S’il n’eût pas agi ainsi, il aurait fait une faute immense ; car il se serait porté héritier de la révolution faite par les hommes, au lieu d’adopter la révolution faite par le temps.

2430. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Depuis, le latin a toujours dominé dans nos études ; et c’est à cette cause, sans doute, que nous devons cet humble sentiment de nous-mêmes qui nous a portés à nous contenter d’une littérature d’imitation.

2431. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Oui, c’est à vous que nous adressons particulièrement cet écrit, jeunes gens qui ne nous connaissez plus, mais que nous portons dans notre cœur, parce que vous êtes la semence et l’espoir de l’avenir.

2432. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Mais, quand il se vit seul maître survivant, sans complice ni rival, il cessa des violences dont il eut porté seul le blâme ; et ses cruautés anciennes s’oublièrent, sous l’allégement du joug et l’abaissement continu des âmes.

2433. (1890) Nouvelles questions de critique

Mais ce qui est assurément certain, c’est que les hypothèses de Buffon, comme avant lui quelques-unes de celles de Descartes, portaient plus loin que les contradictions que leurs successeurs en ont faites. […] Pellissier n’avait écrit, quelques lignes plus haut, que « les romantiques portèrent dans les formes qu’ils restauraient une science de facture qu’eussent enviée les plus délicats artistes de la renaissance ». […] En même temps que l’élégie ou le drame, c’est en effet le roman, c’est l’histoire, c’est la critique enfin que le lyrisme a envahis, et, qu’avant de les désorganiser, il a presque portés jusqu’à la hauteur de la poésie même. […] Faute de mieux, ils ont pu consentir à se rabattre sur la critique, mais ils y portent ce besoin d’étalage d’eux-mêmes, qu’en vérité je ne leur reproche qu’autant qu’au lieu de le traduire en vers, ils le manifestent en prose. […] À cette humanité, qui leur paraît inférieure, ils font porter la peine du dédain qu’elle leur inspire.

2434. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et il y eut de ravissants petits jeunes gens qui avaient des yeux d’or et portaient des ailes blanches, dérobées sans doute aux cygnes mystiques. […] Elles portent pour se distinguer des objets emblématiques, des Bagues ou des Thyrses, le Miroir ou l’Épée ou le Laurier ou la Colombe. […] Leurs élégies faussent leurs tristesses ; et peu importe qu’ils soient ou mornes, ou élégiaques, ou passionnés. — La pioche qu’ils portent crie leur destin.

2435. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

. — Expériences qui portent au maximum la sensation du violet et du rouge. — Les trois sensations élémentaires sont celles du rouge, du violet et probablement du vert. […] Par exemple, on distingue à peine la piqûre d’une fine aiguille et l’attouchement d’une étincelle de feu. » — Autre analogie : on sait que, portées à un certain degré, les sensations de chaleur et de froid, comme celles de pression, se changent en douleur pure. — « Enfin posez sur la peau un corps mauvais conducteur, par exemple un papier percé d’un trou de deux à cinq millimètres de diamètre ; à travers ce trou touchez la peau, tantôt avec un excitant mécanique, comme une pointe de bois, un pinceau ou un flocon de laine, tantôt avec un excitant calorifique, comme le rayonnement d’un morceau de métal échauffé » ; les deux sensations, ainsi limitées à ce minimum d’éléments nerveux, sont si semblables que très souvent le patient juge que celle du contact est une sensation de chaleur et que celle de chaleur est une sensation de contact. — Au contraire, lorsque les éléments nerveux sont en grand nombre, c’est-à-dire lorsqu’un large morceau de peau subit les mêmes épreuves, la même confusion n’a pas lieu. — Évidemment, ici comme ailleurs, la sensation ordinaire est un total ; et, ici comme ailleurs, deux sensations totales peuvent être en apparence irréductibles l’une à l’autre, quoique leurs éléments soient les mêmes ; il suffit pour cela que les petites sensations composantes diffèrent par le nombre, la grandeur, l’ordre ou la durée ; leurs totaux forment alors des blocs indivisibles pour la conscience, et semblent des données simples, différentes d’essence et opposées de qualité.

2436. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

— Tant que l’examen se faisait en gros et ne portait que sur le dehors, nous réunissions, sous un seul nom et sous une seule idée, les poissons proprement dits et le narval, le dauphin, le cachalot, la baleine. […] Nous le détachons et nous le notons au moyen de symboles, qui tantôt sont les noms de surface, ligne et point, tantôt sont une classe d’objets sensibles, fort maniables, choisis pour tenir lieu de tous les autres, la surface réelle d’un tableau noir ou d’un papier blanc, le mince tracé d’un trait de craie ou d’encre, la très petite tache que laisse sur le papier ou sur le tableau l’attouchement momentané de la plume ou du crayon. — La tache étant exiguë, nous sommes tentés de ne point faire attention à sa longueur ni à sa largeur, qui sont réelles ; par cette omission, nous en faisons involontairement abstraction, et nous n’avons pas de peine à traiter la tache comme un point. — Le tracé étant fort effilé, nous sommes disposés à ne point nous inquiéter de sa largeur, qui est réelle ; par cette omission, nous la retranchons, et, sans efforts, nous en venons à considérer le trait comme une ligne. — Le tableau et le papier étant tout à fait plats et unis pour notre œil et notre main, nous n’éprouvons aucune sensation qui nous avertisse de leur épaisseur ; par cette omission, nous la supprimons, et nous sommes tout portés à regarder le tableau et le papier comme de vraies surfaces. — De cette façon, le tableau, le trait étroit, la petite tache de craie deviennent des substituts commodes.

2437. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Quinze siècles avaient passé sur la ville sainte lorsque le génie chrétien, jusqu’à la fin vainqueur du paganisme, osa porter le Panthéon dans les airs, pour n’en faire que la couronne de son temple fameux, le centre de l’unité catholique, le chef-d’œuvre de l’art humain, et la plus belle demeure terrestre de celui qui a bien voulu demeurer avec nous, plein d’amour et de vérité. » XI Voilà tout ce livre du Pape, œuvre très savante, quoique très décousue, inférieure aux Soirées de Pétersbourg, et qui cependant produisit plus de gloire à l’écrivain, parce qu’elle fut adoptée à son apparition par les Chateaubriand, les Bonald, les Lamennais, hommes éclatants de la restauration théocratique en France à cette époque. […] Il les portait toutes sur son beau visage d’inspiré, d’où semblait sortir d’un recueillement sacré un perpétuel oracle.

2438. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Rousseau attendait au chevet du lit de Thérèse le fruit de ses entrailles, et porta lui-même quatre ou cinq ans de suite, dans les plis de son manteau, à l’hôpital des orphelins abandonnés, les enfants de Thérèse, arrachés sans pitié aux bras, au sein, aux larmes de la mère, et, par un raffinement de prudence, le père enlevait à ces orphelins toute marque de reconnaissance, pour que son crime fût irréparable et pour qu’on ne pût jamais lui rapporter cette charge onéreuse de la paternité ! […] Elle suivait sa bonne et sa mauvaise fortune, elle lui gardait avec soumission et tendresse son ménage intime au retour des palais et des fêtes élégantes qu’il fréquentait pour y porter d’autres hommages et pour y chercher d’autres jouissances auprès d’autres femmes de ville et de cour qui caressaient mieux sa sensualité ou sa vanité.

2439. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Dès lors, les sensations, comme sensations, restent en dehors des réductions mécaniques à l’unité ; celles ci portent sur certaines conditions communes à toutes, sur certains concomitants communs et même sur certains éléments communs ; mais elles ne peuvent pas porter sur ce que les sensations ont de propre, puisqu’alors, nous venons de le voir, pour expliquer les différences qualitatives, on serait obligé de les supprimer et de dire qu’il n’y a aucune différence pour la conscience entre sentir une brûlure ou sentir une odeur.

2440. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Il a le droit d’être toujours jeune, car il ne nous a pas trompés, lui, il ne nous a pas menti comme quelques idoles ingrates que nous avons portées dans nos panthéons. […] Du reste, sa peinture est assez osée pour bien porter les affronts, et elle promet un homme qui sait assumer la responsabilité de ses œuvres ; il n’a donc qu’à faire un nouveau tableau.

2441. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Grâce à cette diversion et au parti qu’en tire Grinbert le Blaireau, les affaires de Renart se raccommodent devant l’assemblée, si bien que le Connil, le timide Lapin, ose se mettre en avant, parler à son tour en sa faveur et se porter pour sa caution avec l’Âne.

2442. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago a mieux aimé poser en toute rencontre l’antagonisme et se porter d’un seul côté.

2443. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

On hésita quelque temps : les soupçons se portèrent, entre autres, sur Rulhière, sur l’abbé de Périgord (M. de Talleyrand) ; tout le monde sut bientôt que l’intendant du Hainaut était l’élégant coupable.

2444. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Avec de grandes draperies, on peut ajuster très bien toutes les poses, mais avec de malheureux haillons qui n’ont que l’aspect de la misère et qui n’inspirent que la pitié pour ceux qui les portent, trouvez-vous que, pour y donner un sentiment de noblesse et dégoût, on puisse copier ce qu’on a sous les yeux ?

2445. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Il a été un très bon académicien, un fort grammairien, et a porté dans cette partie beaucoup de sagacité.

2446. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Dans les lettres imprimées de Balzac à Chapelain, on a porté les lettres correspondantes de Balzac à l’année 1641.

2447. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Et le moment d’après, il se représente avec son luth allant porter, son harmonie au creux de cette grotte « fraîche », où l’Amour se pourrait « geler » et où Écho ne cesse de « brûler », combinant de la sorte tous les genres de pointe et de mauvais goûtr : il réussit très médiocrement, malgré ses accords soi-disant célestes, à nous rendre attrayante par sa fraîcheur une grotte où il dit qu’on gèle et où il vient de nous montrer des crapauds.

2448. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ayant obtenu la commission de porter à l’empereur un compliment de condoléance sur la mort de l’impératrice sa mère, il se rendit à Vienne, y fut reçu agréablement, se mit au fait des intrigues de cour et de cabinet, se hâta d’en informer le roi, et travailla dès lors, par tous moyens auprès de l’électeur de Bavière à le détacher de l’empereur, dont il s’était fait le général, et à le ramener vers la France où sa sœur était dauphine.

2449. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Que de gens la portent dans la vie même, en se disant : Ce n’est plus la peine d’entreprendre telle étude, tel travail, parce que je suis trop vieux pour l’achever.

2450. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

J’ai visité nos primevères : chacune portait son petit fardeau de neige, et pliait la tête sous le poids.

2451. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M. 

2452. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Mais en même temps il portait ses vues au-delà et ne prodiguait pas ses forces à tout propos.

2453. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

« Une vingtaine d’années plus tard il me prit fantaisie, nous dit Catherine, de lui demander ce qui, dans ce temps-là, l’avait pu porter ainsi à venir partager l’ennui et l’insipidité de notre séjour à Rajova, tandis que sa propre maison fourmillait tous les jours de toute la meilleure compagnie qui se trouvât à Moscou.

2454. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze est, à mes yeux, le bourgeois de Paris par excellence ; c’est le bourgeois de Paris fils de bourgeois, resté bourgeois lui-même, ni pauvre ni enrichi, ayant eu de bonne heure pignon sur rue, modeste et très-content, aimant les lettres, les arts, et en parlant, en jugeant à son aise, de son coin, — un bon coin ; — ayant gardé quelques-uns des préjugés et peut-être quelques-unes des locutions de son quartier ; s’étant formé sur place, rondement et sans en demander la permission au voisin ; ayant voyagé sans changer, s’étant porté lui-même partout ; ne s’étant guère perfectionné, mais ne s’étant pas corrompu.

2455. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Privé de l’exercice du cheval par l’impatience qu’il avait de se sentir espionné et suivi, il essaya d’y substituer un autre travail, un autre mode de fatigue : il se fit brusquement jardinier et planteur, et il s’y porta avec l’ardeur qu’il mettait à tout.

2456. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Un homme estimable et savant, qui a récemment travaillé sur les Évangiles, et qui n’a porté dans cet examen, quoi qu’on en ait dit, aucune idée maligne de négation, aucune arrière-pensée de destruction, qui les a étudiés de bonne foi, d’une manière que je n’ai pas qualité pour juger, mais certainement avec « une science amoureuse de la vérité », a qualifié heureusement en ces termes la mission et le caractère de Jésus, de la personne unique en qui s’est accomplie la conciliation la plus harmonieuse de l’humanité avec Dieu : « Celui qui a dit : Soyez parfaits comme Dieu, et qui l’a dit non pas comme le résultat abstrait d’une recherche métaphysique, mais comme l’expression pure et simple de son état intérieur, comme la leçon que donnent le soleil et la pluie : celui qui a parlé de la sainteté supérieure qu’il exigeait des siens comme d’un “fardeau doux et léger” ; celui qui, révélant à nos yeux une pureté sans tache, a dit que “par elle on voyait Dieu…”, celui qui, enfin, renonçant à la perspective du trône du monde, a senti qu’il y avait plus de bonheur à souffrir en faisant la volonté de Dieu qu’à jouir en s’en séparant… celui-là, c’est Jésus de Nazareth. » Lui seul, et pas un autre au monde42 !

2457. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Un jour (c’était un an avant sa mort), Eckermann le remit sur la voie en lui disant qu’il lisait Daphnis et Chloé dans la traduction de Courier :    « Voilà encore un chef-d’œuvre que j’ai souvent lu et admiré, dit Gœthe, où l’on trouve l’intelligence, l’art, le goût portés au plus haut degré, et qui fait un peu descendre le bon Virgile.

2458. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

On dira de lui ce qu’on voudra, il est du petit nombre de ceux qui portent au front la couronne, — une couronne de fer, soit !

2459. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Cette année même, le cours se continue et portera sur les temps modernes à dater du xv° siècle : celui de l’hiver dernier embrassait toute l’Antiquité et la barbarie jusqu’à la reconstitution de la société et au Moyen-Age inclusivement.

2460. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Que si, dans cette disposition d’esprit, il vient à ouvrir par curiosité quelque volume de la collection de ces feuilles maudites, il est surpris tout d’abord d’y trouver du bon sens, de la modération même (une modération relative et qui nous paraît telle à distance) ; il ne s’explique pas les fureurs dont fut l’objet le folliculaire vivant, et il est tout porté alors à le venger après coup, à le justifier en tout point, à lui refaire une réputation posthume.

2461. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Luzel a déjà dû s’impatienter, s’il nous lit, et je suis sûr que, s’il était à portée de voix, il aurait demandé plus d’une fois la parole ; car, lui, il a la prétention d’être dans un cas tout différent : « Nous autres Bretons, dit-il dans sa préface, nous avons l’avantage précieux de posséder une langue à nous : je dis langue et je repousse vigoureusement le mot flétrissant de patois. » Loin de moi l’idée de le contredire et de porter atteinte à sa patriotique pensée !

2462. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Loyson faisait preuve en cela d’un scrupule politique non moins que littéraire ; il craignait sans doute, en laissant telle ou telle expression trop vive du grand orateur ministre, de porter de la flamme à l’incendie.

2463. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

M. de Sainte-Aulaire, en homme d’esprit et de ressource, ne manqua pas de le lui dire : « Pouvaient-elles mieux s’acquitter (les Lettres) de ce qu’elles devaient elles-mêmes à cette femme incomparable, dont le nom, qui s’est perdu dans votre maison, fut encore moins fameux par les grands hommes qui l’ont porté…, que par les deux chefs-d’œuvre immortels ?

2464. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

D’une physionomie aimable, d’une taille élevée, assez blond, il avait, sauf les lunettes qu’il portait sans cesse, toute l’élégance du jeune homme.

2465. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Je le relevai, le portai sur son lit, l’interrogeant, lui demandant ce qu’il éprouvait, voulant le forcer à me répondre, anxieux de l’entendre parler.

2466. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Le spectacle de la France a rendu ces observations plus sensibles ; mais, dans tous les temps, l’amant de la gloire a été soumis au joug démocratique ; c’est de la nation seule qu’il recevait ses pouvoirs ; c’est par son élection qu’il obtenait sa couronne ; et quels que fussent ses droits à la porter, quand le peuple retirait ses suffrages au génie, il pouvait protester, mais il ne régnait plus.

2467. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Tel homme est conduit par ses goûts naturels dans le port, où tel autre ne peut être porté que par les flots de la tempête ; et tandis que tout est calculé d’avance dans le monde physique, les sensations de l’âme varient selon la nature de l’objet et de l’organisation morale de celui qui en reçoit l’impression.

2468. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

En prison, hommes et femmes s’habilleront avec soin, se rendront des visites, tiendront salon ; ce sera au fond d’un corridor, entre quatre chandelles ; mais on y badinera, on y fera des madrigaux, on y dira des chansons, on se piquera d’y être aussi galant, aussi gai, aussi gracieux qu’auparavant : faut-il devenir morose et mal appris parce qu’un accident vous loge dans une mauvaise auberge   Devant les juges, sur la charrette, ils garderont leur dignité et leur sourire ; les femmes surtout iront à l’échafaud avec l’aisance et la sérénité qu’elles portaient dans une soirée.

2469. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Mais surtout il faut tenir compte de ce qu’il dégrossissait le premier la poésie moderne : s’il a ébauché la forme que ses successeurs devaient porter à la perfection, on peut lui passer beaucoup de défaillances nécessaires.

2470. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Là comme dans le reste de la satire, deux choses font leur effet, l’invention première et générale, cette idée de donner une représentation comique des États de la Ligue, puis le jaillissement de l’esprit, des saillies, des mots qui portent, qui peignent et qui piquent, les continuelles trouvailles de l’expression.

2471. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Il renonça à l’assurance d’une grande fortune ecclésiastique, pour ne point se condamner toute sa vie à porter un masque sur le visage.

2472. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

De cette idée vient la facilité avec laquelle Mme de Staël a passé de la monarchie à la république : elle fait de la conservation sociale, identifiée à l’intérêt des propriétaires, l’objet principal du gouvernement ; et ainsi, roi ou président, peu importe ce que sera l’exécutif, pourvu que ceux qui possèdent soient protégés contre la masse des « hommes qui veulent une proie », et que « tous leurs intérêts portent au crime », dès qu’on leur permet d’agir.

2473. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Car j’espère que vous reviendrez, quoique ce soit bien loin, cette Amérique, et que vous ayez déjà porté plus de fatigues et traversé plus d’aventures que les fabuleuses héroïnes des anciens romans.

2474. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Ce passage et beaucoup d’autres du même genre nous font parfaitement comprendre les jugements portés par M. 

2475. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège.

2476. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Quant à son influence sur les lettres, elle est nulle, paraît-il, — mais Remy de Gourmont déclare qu’elle ne peut être qu’exécrable, ainsi que Jacques Morland, parce que, dit ce dernier, « les prix qu’accorde l’Académie, malgré tous les noms qu’ils portent, ne sont jamais que des prix Montyon : il faut, pour les mériter, trop de vertu ou trop de servilité ».

2477. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin sentit aussitôt qu’il ne fallait pas porter l’eau, comme on dit, à la rivière, et faire concurrence par son livre avec la fin du monde qui semblait en train d’arriver tout de bon.

2478. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

On n’a jamais porté plus simplement, plus chrétiennement et plus naturellement à la fois un plus grand malheur.

2479. (1903) Zola pp. 3-31

Le « matérialisme littéraire », tant signalé par les classiques au début du romantisme, était porté à son apogée et au gothique fleuri succédait le gothique flamboyant.

2480. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Les degrés de cette faculté assigneront la mesure dans laquelle il faudra porter ce jugement.

2481. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

De même encore, une intelligence peu développée en tant qu’intelligence, à qui les sens portent sans cesse des impressions discontinues, sera en peine d’imaginer l’idée de développement, soit dans un récit, soit dans un caractère, et concevra de préférence le suspens d’une histoire et la stabilité d’une âme.

2482. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Jouvin ne passe point pour être subventionné par la Société des auteurs dramatiques, à la seule fin de porter leurs pièces sur le pavois du feuilleton ; s’il parle parfois des comédiens et des comédiennes, on ne peut rigoureusement en conclure que des serviteurs chargés de présents viennent le saluer, chaque matin, au nom du Vaudeville et du Théâtre-Français.

2483. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

L’homme communique quelque chose de lui aux animaux qui sont ses serviteurs ou ses compagnons, à peu près comme la main imprime à la pierre placée dans une fronde le mouvement qui doit porter cette pierre à un but fixé par l’œil de l’homme.

2484. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Je les y trouve entassés, nombreux, à toute page, sans mélange et tellement, qu’il est impossible que le porte-plume quelconque qui s’exprime en ces termes ; qui n’a à son service, exclusivement, que ces métaphores épuisées, traînées et fourbues, puisse jamais s’appeler du nom de grand écrivain, déjà lourd à porter partout ; à plus forte raison du premier des grands écrivains français au dix-neuvième siècle, comme on l’a dit de Mme George Sand, et qui l’écrase — net !

2485. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Le coup avait porté à fond, quoique soudain.

2486. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Et ils portent tous, même, ou presque tous, pour montrer leur détachement de la littérature, un loup d’initiales ou de pseudonymes inutiles ; comme si l’on pouvait à présent cacher quelque chose, avec les palais de cristal que les mœurs modernes, qui ont mis nos amours-propres en bouteille, ont bâtis à nos vanités, et aussi avec celle de l’auteur, ce flacon qui fermente et fait tôt ou tard sauter le bouchon !

2487. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Entourés de maints barons hardis, ils portent haut leurs fronts parés d’étoiles ; et l’on voit apparaître belles dames, et vieux hommes d’État aux barbes majestueuses.

2488. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ce premier ouvrage ne portait pas son nom ; peu d’années après la publication, un M.  […] Aussi, voyez quels fruits a portés sa lâcheté ! […] Je sais que des autorités imposantes ne partagent pas mon avis ; je sais que l’Allemagne, l’Italie et la France porteraient au besoin témoignage contre moi ; que Schiller et Manzoni paraissent avoir dérogé aux lois que je prétends établir, ou plutôt que je déduis et que je tâche de traduire. […] Il a choisi le jeu comme un défi perpétuel porté à la destinée. […] Il a volé, il a été au bagne, il a souffert, il a porté courageusement la peine de son crime ; il s’est purifié par l’expiation ; il s’est réhabilité par la torture.

2489. (1923) Au service de la déesse

Son visage était plutôt d’un ancien capitaine qui, revenu à la vie des bourgeois, laisse boucler autour de ses oreilles ses blancs cheveux ; il portait la barbiche longue : et il avait plus de fierté que de bonhomie, à la première apparence. […] Enfin, mes forces recommençant à s’affaiblir, et craignant d’en manquer tout à fait avant la fin de mon entreprise, j’ensevelis pour toujours, dans le sein de la terre, ce qu’elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. » Il paraît que c’est impossible. […] Il écrit : « Ô lecteur patient, dépisteur d’un vertige élusif, l’auteur qui t’a conduit jusqu’ici, en menant ses arguments comme Cacus faisait des bêtes volées, qu’il entraînait vers sa caverne, t’invite à te bien porter. […] Ils devraient ne point porter sur eux toute leur piété, comme d’autres tous leurs bijoux acquis récemment. […] L’abus était de tirer profit de lui en l’enseignant peu et en lui faisant faire beaucoup de corvées, de nettoyage, et porter des fardeaux.

2490. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Leurs façons de dire n’ont été que l’expression de leur manière de penser ; et le jugement qu’il convient d’en porter ne relève pas tant de la linguistique ou de la philologie que de la psychologie. […] Mais il a soin de dire ailleurs : « Ces badineries, — il parle de ses Fables et non de ses Contes, on pourrait s’y tromper, — ces badineries donc ne sont telles qu’en apparence, et dans le fond elles portent un sens très solide. […] — Son inquiétude habituelle ; — ses distractions ; — ses changements de lieux ; — sa vie cachée ; — ses manies. — Curieux fragments de son Journal ; — ses illuminations et ses songes ; — la mémorable nuit du 10 novembre 1619, où « il lui sembla que du haut du ciel l’esprit de vérité descendit sur lui pour le posséder ». — On ne trouve point de semblables traits dans la vie de Corneille ; — et encore moins dans celle de Malherbe. — Qu’il serait temps de les faire entrer dans la composition du caractère historique de Descartes, — et dans les considérants du jugement à porter sur sa philosophie. […] — Le Sermon sur l’unité de l’Église, 1681. — Comment ses origines parlementaires ; — son éducation de Sorbonne ; — une complaisance de sujet fidèle ou de bon Français ; — et l’idée qu’il se faisait du pape Innocent XI portaient Bossuet à l’attitude qu’il a prise à cette occasion. — Paroles caractéristiques de Joseph de Maistre dans son livre De l’Église gallicane [Liv.  […] Bertrand, L’Académie des sciences]. — La construction de l’Observatoire, 1667. — On appelle en France Huyghens et Rœmer. — Le laboratoire de l’Académie. — Le roi assiste à la dissection de l’éléphant de la ménagerie de Versailles. — Réorganisation du Jardin royal des Plantes, 1671. — La « seconde naissance » de l’Académie, 1699. — Le nombre des académiciens est porté de seize à cinquante. — Les sections de : Géométrie, Astronomie, Mécanique, Chimie, Anatomie et Botanique. — L’Académie passe de la tutelle précaire du ministre sous la protection personnelle du roi.

2491. (1886) Le naturalisme

Il avait beau avoir des seconds pour l’aider à porter le poids de la production, Dumas était néanmoins très fécond. […] Deux groupes de romans portent au titre le nom des Goncourt. […] Ainsi, pour en revenir à Daudet, ce qu’il prend indistinctement à ses amis ou à ses adversaires, ce n’est pas cette vérité trop grande que les biographes même dédaignent ; ce sont certains renseignements — comme le morceau de bois ou de fer appelé âme sur lequel les sculpteurs appuient et font porter la terre qu’ils modèlent, — l’armature, en un mot. […] Cette action mutuelle de l’auteur sur le public et du public sur l’auteur favori, explique assez les erreurs que commettent des talents clairs et profonds, mais qui enfin portent le sceau de leur époque. […] Le plus grand astre du firmament britannique, l’illustre Shakespeare porta le Réalisme à un certain point où n’oserait peut-être pas le suivre Zola.

2492. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Marianne se sent si bien née pour porter cette robe-là, offerte autrement ! […] Tel était Montesquieu… Nullement, tel était un des hommes que Montesquieu, déjà très complexe, portait en lui, et promenait dans le monde. […] Ce que, sans doute, il ne sera jamais, nous le savons : ni idéaliste, ni religieux, ni porté au mystérieux, ni très sensible à la beauté. […] Le législateur ne jugera pas ; car, alors, il ferait des lois en vue des jugements qu’il voudrait porter. […] Il est souverainement intelligent et merveilleusement à l’abri des passions : il est un peu porté à en conclure que les hommes sont assez intelligents et peu passionnés.

2493. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Ronsard l’eut plus qu’aucun : Tous deux également nous portons des couronnes, lui disait Charles IX. […] Jamais un poëte capable de porter ombrage et suspect de sonner la trompette d’alarme n’aurait ainsi échappé : André Chénier mérita de mourir.

2494. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Je ne suis pas sûr que le langage humain ne se trompe pas, et que toutes les œuvres qui portent le nom de comédies, soient vraiment des comédies. […] La finalité objective interne ou la perfection se rapproche du prédicat de la beauté ; mais entre le concept du beau et celui du parfait, il y a plus qu’une différence logique ; il y a une différence spécifique ; le motif du jugement que nous portons sur le beau ne peut être un concept, ni par conséquent le concept d’une fin déterminée.

2495. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

C’est le soir de la dernière bataille ; tout le jour le tumulte de la grande mêlée « a roulé le long des montagnes près de la mer d’hiver » ; un à un les chevaliers d’Arthur sont tombés ; il est tombé lui-même, le crâne fendu à travers le casque, et sire Bedivere, son dernier chevalier, l’a porté tout près de là, « dans une chapelle brisée avec une croix brisée, debout sur une noire bande de terre stérile. […] La troisième fois enfin il la lance : « La grande épée jeta des éclairs sous la splendeur de la lune, —  et fit dans l’air une arche de clarté, —  comme le rayonnement d’aube boréale — qui jaillit lorsque les îles mouvantes de l’hiver s’entrechoquent — la nuit, parmi les bruits de la mer du Nord. —  Mais avant que l’épée eût touché la surface, —  un bras s’éleva, vêtu de velours blanc, mystique, merveilleux, —  et la saisit par la poignée, et la brandit trois fois ; —  puis s’enfonça avec elle dans la mer1541. » Alors Arthur, se soulevant douloureusement et respirant avec peine, ordonne à sire Bedivere de le charger sur ses épaules et de le porter jusqu’au rivage. « Hâte-toi, hâte-toi, car je crains qu’il ne soit trop tard, et je crois que je vais mourir. » Ils arrivent ainsi, le long des cavernes glacées et des roches retentissantes, jusqu’au bord du lac où « s’étalent les longues gloires de la lune d’hiver. » — « Là s’était arrêtée une barque sombre, —  noire comme une écharpe funèbre de la proue à la poupe ; —  tout le pont était couvert de formes majestueuses, —  avec des robes noires et des capuchons noirs, comme en songe ; auprès d’elles, —  trois reines avec des couronnes d’or ; de leurs lèvres partit — un cri qui monta en frémissant jusqu’aux étoiles palpitantes. —  Et comme si ce n’était qu’une voix, il y eut un grand éclat de lamentations, pareil à un vent qui crie — toute la nuit dans une terre déserte, où personne ne vient — et n’est venu depuis le commencement du monde1542.

2496. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il avait porté tous les costumes, depuis l’habit brodé d’Alceste jusqu’au sac de Scapin. […] Enfin, Figaro c’est Beaumarchais lui-même se vengeant sur tout le monde des difficultés de sa vie, si semblable à celle de son héros, dont il commença par porter la guitare en bandoulière.

2497. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Dans ses duretés contre les courtisans, il laissa se glisser l’esprit de cour, et fit admirer aux grands la main habile qui leur portait des coups encore innocents. […] Mais peut-être faut-il oublier ces différences, et savoir se placer au-dessus des scrupules du goût, pour porter un juste jugement sur ce magnifique recueil de nos sermonnaires, monument unique dans l’histoire des lettres, sans modèle comme sans égal chez les autres nations chrétiennes.

2498. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Je rappellerai seulement trois ou quatre points principaux, sur lesquels devra constamment se porter toute l’attention du traducteur. […] Les travestissements de drames joués sur cette scène seraient la mort de tout vrai wagnérisme ; et en même temps il est fort probable qu’elles porteraient un coup fatal à la musique dramatique française, Richard Wagner a toujours dit que son drame musical ne pourrait exercer une influence bienfaisante sur l’art français qu’en restant allemand et que « si l’on évitait la moindre prétention à vouloir le franciser »68.

2499. (1894) Textes critiques

On sait bien qu’ils écartent le feu comme tes mantes précisent les carrefours, mais que l’insecte roux voyageur en robe de tennis porta dans quelque autre coin l’amadou luisant de sa première gangue. […] ils portent tous tout le crucifiement au cœur de leur face immortellement immobile).

2500. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Il fait porter et il étend la voûte des cieux sur le vide, il fait flotter la terre sur le néant. […] « Il creuse dans les montagnes des vallées qui n’ont jamais porté l’empreinte de ses pas ; il s’enfonce dans les entrailles de la terre.

2501. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Quant à nous, nous n’hésitons pas à reconnaître dans ce précurseur des philosophes et des politiques modernes un esprit digne de converser d’avance et de loin avec Machiavel, avec Bacon, avec Montesquieu, avec Jean-Jacques Rousseau, esprit assez fécond et assez vaste pour porter de la même gestation un monde divin et un monde humain dans ses flancs, comme deux jumeaux de sa pensée. […] En effet, puisque l’étendue de son intelligence, l’élévation de son cœur, la fécondité de son imagination, la richesse des couleurs sur sa palette poétique portaient cet homme du treizième siècle à créer pour l’Italie et pour le monde un poème épique, où pouvait-il trouver, dans l’histoire du moyen âge, depuis les empereurs romains jusqu’à lui, un sujet héroïque, national ou européen, d’épopée ?

2502. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Les livres parfaits se comptent ou plutôt ils ne se comptent guère… Écoutons les femmes disserter sur l’amour et chérissons ces silhouettes gracieuses que dessine Mme de Régnier : elles portent au visage le reflet d’une âme véritable. […] Tous les amateurs, sans exception, écrivent et portent triomphalement leurs manuscrits chez les libraires. » Néanmoins, voici la statistique officielle pour l’année 1838.

2503. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Lyell et Dawson ont trouvé dans la Nouvelle-Écosse des couches carbonifères d’une épaisseur de quatorze cents pieds, renfermant d’anciennes racines qui portaient la trace de strates et qui étaient situées les unes au-dessus des autres, à soixante-huit niveaux différents. […] Notre première édition portait, d’après la troisième édition anglaise : « Aucune île océanique n’a jusqu’à présent… etc. » (Trad.)

2504. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Le sens commun est assez porté à construire le nombre avec des indivisibles. […] Aussi ne prennent-elles pas dans notre esprit la forme banale qu’elles revêtiront dès qu’on les en fera sortir pour les exprimer par des mots ; et bien que, chez d’autres esprits, elles portent le même nom, elles ne sont pas du tout la même chose.

2505. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

L’autre, toujours porté par l’habitude, ne démêlerait au contraire dans une situation que le côté par où elle ressemble pratiquement à des situations antérieures. […] La première compose le genre par une énumération ; la seconde le dégage par une analyse ; mais c’est sur des individus, considérés comme autant de réalités données à l’intuition immédiate, que portent l’analyse et l’énumération.

2506. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Cette bouche d’or, qui avait rempli le Temple, ce beau vase sonore et qui rendait des sons si humains et si divins tout ensemble, n’était point destiné à être la colonne pour porter le faix.

2507. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Il semble, en plusieurs de ses sermons, y avoir songé et y avoir répondu : qu’on lise dans cette pensée le sermon Sur l’injustice du monde envers les gens de bien et celui surtout Sur la médisance : Les traits de la médisance, dit-il, ne sont jamais plus vifs, plus brillants, plus applaudis dans le monde que lorsqu’ils portent sur les ministres des saints autels : le monde, si indulgent pour lui-même, semble n’avoir conservé de sévérité qu’à leur égard, et il a pour eux des yeux plus censeurs et une langue plus empoisonnée que pour le reste des hommes.

2508. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle ne pouvait s’habituer à voir en plein Opéra les femmes qui portaient les plus grands noms se permettre des familiarités qui les affichaient : « Madame !

2509. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Ne pourrai-je aujourd’hui éveiller ces yeux spirituels et intérieurs, qui sont cachés bien avant au fond de votre âme, les détourner un moment de ces images vagues et changeantes que les sens impriment, et les accoutumer à porter la vue de la vérité toute pure ?

2510. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Ce qui est certain, c’est qu’en 1589, après avoir prêché le carême à Angers, et un carême très vif38, Charron retourna à Bordeauxk, où, dit-on, il prit connaissance et vécut fort familièrement avec messire Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre du roi, auteur du livre intitulé les Essais, duquel il faisait un merveilleux cas ; et le sieur de Montaigne l’aimait d’une affection réciproque, et avant de mourir (ce qui eut lieu trois ans après), par son testament il lui permit de porter après son décès les pleines armes de sa noble famille, parce qu’il ne laissait aucun enfant mâle.

2511. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il est ici fort loué ; on dit qu’il écrit presque aussi bien que Balzac. » Ce dernier éloge portait à faux ; Chanet n’écrit point pour faire de belles phrases ni en rhétoricien, mais seulement pour exprimer sa pensée.

2512. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il faut citer quelque chose de ces pages, qui égalent sur ce grand sujet ce qu’on a pu dire de mieux : Je ne suis pas de ceux, dit-il, qui, ayant dessein, comme vous dites, de convertir des éloges en brevets, font des miracles de toutes les actions de M. le cardinal, portent ses louanges au-delà de ce que peuvent et doivent aller celles des hommes, et, à force de vouloir trop faire croire de bien de lui, n’en disent que des choses incroyables ; mais aussi n’ai-je pas cette basse malignité de haïr un homme à cause qu’il est au-dessus des autres, et je ne me laisse pas non plus emporter aux affections ni aux haines publiques, que je sais être quasi toujours fort injustes.

2513. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

du moins tes rossignols vivent, sur qui, ravisseur de toutes choses, le dieu d’enfer ne portera pas la main.

2514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il y a des femmes qui sont nées et qui mourront bergères ; elles portent le chapeau de fleurs et la houlette jusqu’à quatre-vingts ans : Mme des Ursins était née et ne vivait que pour brasser de grandes affaires et pour avoir la haute main dans de magnifiques tripots, au sein des jardins et des palais.

2515. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Elle veut porter la vue chrétienne la plus rigoureuse dans l’examen et la considération de la vieillesse ; elle n’ira point la prendre de biais, pour ainsi dire, et en essayant d’insinuer par-ci par-là des consolations tremblantes ; elle entend aborder son sujet de front et le pénétrer d’une lumière directe et certaine : ce ne sont pas des palliatifs qu’elle offre, c’est une régénération.

2516. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

La polémique, à laquelle Rigault était très porté, aurait pu l’entraîner, s’il n’y avait pris garde, à de petites cruautés de ce genre : il sut s’en abstenir quand il écrivit. — Dans la leçon orale qu’il débita pour cette même agrégation, il avait à parler d’un traité de saint Augustin sur la Vie heureuse  ; il commença vivement, a peu près en ces termes et dans cette donnée (je ne réponds que du trait) : « Saint Augustin était jeune, brillant, amoureux, entouré d’amis ; il avait remporté des prix de poésie et s’était vu applaudi en plein théâtre ; il était professeur de rhétorique à vingt-deux ans, et sans concours ; et cependant il n’était pas heureux ! 

2517. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

ta belle âme en est digne ; Mais seul je veux porter le poids des jours derniers.

2518. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante.

2519. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Si l’on vient sur ces bords pour voir et pour apprendre, Quelle leçon plus haute, à qui saura l’entendre, Que l’aspect saisissant de la double cité, De ce peuple brillant et de ce peuple sombre, Dans la lumière et l’ombre L’un sur l’autre porté !

2520. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Au lieu de vainqueurs qui courent le flambeau à la main, je ne vois que des naufragés qui se succèdent ; quelques-uns, en nageant, portent et soutiennent le plus loin qu’ils peuvent les survivants du précédent naufrage ; mais eux-mêmes, après un certain temps d’effort, ils s’engloutissent et disparaissent avec leur fardeau.

2521. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature.

2522. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Elle a toujours été mon inclination, et il y a longtemps que je lui destine la couronne de France, qui est un morceau assez beau ; et le prince qui la portera un jour est beau aussi (??).

2523. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre.

2524. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Dirai-je qu’on reconnaît ici, sous la marche couverte et le procédé rigoureux de l’historien, un indice de cette sympathie qui l’a porté, en ses œuvres d’imagination, à suivre de près, à reproduire tour à tour le Corse, l’Illyrien, l’Espagnol en Fionie, les résistances héroïques et sauvages ?

2525. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

L’intimité surtout avait mille grâces avec lui : il y portait un tour affectueux et de bon ton familier ; il s’y livrait en homme qui oublie tout le reste, et en prenait au sérieux ou en déroulait avec badinage les moindres caprices.

2526. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Le coup cependant était porté ; la faculté d’invention devenait suspecte et douteuse chez M. 

2527. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Les dévots portent le scrupule au fond de leurs pensées les plus intimes ; ils finissent par se faire un crime de ces incertitudes passagères qui traversent quelquefois leur esprit.

2528. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

. — Ainsi enveloppé, produit, porté par la nature, peut-on supposer qu’il soit dans la nature comme un empire dans un empire ?

2529. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Lié avec Mme de Scudéry, tenant par sa jeunesse au monde précieux, Bussy se trouve sur la fin de ses jours tout proche de Perrault et de Fontenelle, trop grand seigneur et trop bon esprit pour s’embrigader dans un parti littéraire, mais insensiblement et naturellement porté de ce côté par la pente de son esprit.

2530. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Devant cet auditoire, tous les mots de la pièce portèrent : ce fut un succès insolent, gonflé de scandale.

2531. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Elles flattent d’abord le désir de nouveauté que nous portons en nous.

2532. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Un auteur vénitien qui écrivait en 1275, Martino Canale, traduisant en français une chronique vénitienne, disait « que langue françoise cort parmi le monde, et est la plus delitable à lire et à oïr que nulle autre. » Dante, qui créait une langue, et qui la portait tout à coup à son point de perfection, faisait l’éloge de la nôtre.

2533. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

En dehors de cas exceptionnels, l’homme n’est guère porté au sacrifice de lui-même.

2534. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Je puis en porter moi-même témoignage : Quelle ferveur attentive autour de lui dans cette petite salle à manger-salon, quand il parlait, debout, en pantoufles et veston, accoudé au poêle-cheminée d’angle en faïence, un cigare aux doigts, les yeux suivant, comme pour s’en inspirer, les méandres de la fumée.

2535. (1890) L’avenir de la science « V »

Quand la majorité du public est égoïste et immorale, il faut pardonner à ceux qui se forment en comité secret, quelque préjudice qu’une telle vie doive porter à leur développement intellectuel.

2536. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Les coups de pistolet, tirés à la cantonade, ratent d’ordinaire et ne portent pas.

2537. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il disait avec une grâce parfaite, car son propos se retrouvait charmant dès qu’il le voulait : « Ma langue m’a porté grand dommage, aussi m’a-t-elle fait beaucoup de plaisir : c’est raison que je paie l’amende. » Si l’on ne se tenait sur ses gardes en lisant Commynes, on se prendrait par instants, non seulement à excuser et à goûter Louis XI, mais à l’aimer pour tant de bonne grâce et de finesse.

2538. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Les allusions fines ne portaient pas ; cette politique de la Restauration est oubliée, puis le style travaillé et artificiel gênait les auditeurs.

2539. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Chaulieu crut y voir jour à une carrière, moyennant l’amitié que lui portait le marquis de Béthune.

2540. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

C’est dans cette prétention, secrète ou affichée, qu’a paru le danger, et c’est de ce côté qu’a porté le fort de l’attaque.

2541. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.

2542. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Ce talent, à l’origine, et dans les directions diverses où il s’est si heureusement porté, a été en inaction contre le faux goût établi, contre le convenu en tout genre, contre la phrase, contre l’idée vague et abstraite, contre les séductions pittoresques ou déclamatoires.

2543. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

» * * * — Le père de Terrien, qui fait le sport anglais au Paris, était, pendant la Terreur, le commandant de la frégate La Vertu, chargée de porter en Irlande des forçats et des loups, et qui avait à bord une petite guillotine d’acajou pour couper le cou aux poulets.

2544. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Comme le débat entre les deux écoles portait sur la révolution et ses conquêtes, ceux qui avaient été dépouillés cherchaient à restreindre l’idée de l’État, instrument de leur ruine ; ceux qui avaient vaincu voyaient dans l’État l’instrument de leur délivrance et de leur victoire.

2545. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Parmi les plantes cultivées, chacune des rares variétés connues, qui portent régulièrement des fleurs ou des fruits de formes différentes, est due à une modification soudaine.

2546. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Pour vous rendre compte de cette hypnose, portez votre attention sur le moment du réveil.

2547. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi !

2548. (1902) La poésie nouvelle

Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons. »‌ Affranchi désormais, il ne s’agit plus pour lui que de trouver les moyens de partir. […] Ils pullulent, les fous, là-bas, « depuis que les malheurs ravagent les villages »…‌ Mais, sur la grand’ route qui va vers la ville, voici la horde des pauvres gens qui n’ont rien de rien, « buveurs de pluie, lécheurs de vent, fumeurs de brume » ; dans leur mouchoir à carreaux bleus, ils portent au bout d’un bâton « le linge usé de leur espoir ». […] Le courant la porta vers la digue. […] Mais aux poignets des belles les liens de fleurs se défleurirent, les oiseaux que portaient au poing les pages s’envolèrent, et les princesses s’enfuirent aux nefs de parade…‌ Quelquefois se devine, sous le déguisement fastueux dont elle s’enveloppe, l’âme du poète, — soit qu’il s’écarte de la bacchanale joyeuse des vendangeurs, porteur solitaire de la grappe mystique, — soit que, en dialogue nocturne avec le sphinx, il le reconnaisse fraternel, à la même horreur dans les yeux, symptôme d’une semblable aventure antérieure, — soit qu’à trop évoquer Ariane plaintive, il se sente pris à son tour de nostalgie sur les plages de soleil « où son ennui s’accoude en poses d’Ariane ».‌

2549. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

À tout le moins, il est tel pour notre connaissance, et les jugements qui composent nos sciences ne portent que sur les impressions par lesquelles il se manifeste à nous. […] Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] Ils ont porté dans la philosophie notre esprit national ; ils ont été positifs et pratiques ; ils ne se sont point envolés au-dessus des faits ; ils n’ont point tenté des routes extraordinaires ; ils ont purgé le cerveau humain de ses illusions, de ses ambitions, de ses fantaisies.

2550. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

A tout le moins, il est tel pour notre connaissance, et les jugements qui composent nos sciences ne portent que sur les impressions par lesquelles il se manifeste à nous. […] Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] Ils ont porté dans la philosophie notre esprit national ; ils ont été positifs et pratiques ; ils ne se sont point envolés au-dessus des faits ; ils n’ont point tenté des routes extraordinaires ; ils ont purgé le cerveau humain de ses illusions, de ses ambitions, de ses fantaisies.

2551. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le dernier volume de l’Histoire du peuple d’Israël, dont la rédaction était achevée depuis l’année précédente, était resté sur le chantier ; il ne croyait pas avoir encore atteint le point de perfection auquel il voulait porter le livre qui sera le couronnement de son Histoire des origines du christianisme. […] La pensée intrépide de cet artiste et de ce savant a porté la lumière et dévoilé des nouveautés, désormais acquises, dans tous les problèmes qu’elle a touchés. […] Lui-même a dit : « Quelque effort que fasse un homme, il ne peut parcourir qu’un certain espace. » Il a écrit ailleurs : « Tous les efforts d’un homme ne peuvent le porter en avant que d’un ou deux pas ; il observe un petit coin, puis un autre ; de temps en temps, il s’arrête pour indiquer la voie qui lui semble la plus courte et la plus sûre. […] Virgile, Dante, Leconte de Lisle, Ernest Renan nous imposent une chaîne de réminiscences qui, de toutes les servitudes, est la plus douce à porter. […] Anatole France, à côté de la librairie, une chapelle où l’on ne dit plus la messe et une sacristie où luisent les accessoires du culte, objets sacrés, qui portent de beaux noms : étoles, chasubles, patènes, amicts, ciboires.

2552. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Car il semble au moins qu’elles le soient ; et, pour ne rien dire de nos contemporains, — qu’il est convenu que nous ne voyons pas d’assez loin, ni d’assez haut, — combien de jugements, combien divers, depuis trois ou quatre cents ans, les hommes n’ont-ils point portés sur un Corneille ou sur un Shakspeare ! […] Un seul mot, en passant, sur ces trois récits, « qui demeureront… pour témoigner du degré de perfection où fut porté, dans ce siècle, l’art des Novellieri français », c’est trop, en un certain sens ; mais en un autre ce n’est pas assez. […] Encore que Rousseau, dans son Émile et dans sa Nouvelle Héloïse, depuis plus de cent ans, ait rendu le roman capable, si je puis ainsi dire, de porter la pensée, la plupart de nos romanciers, pour éviter, je pense, le reproche de pédantisme, ont semblé se réduire au rôle d’amuseurs publics. […] N’ai-je pas ouï dire aussi que l’on se proposait de porter Madame Bovary à la scène ? […] Et n’est-ce pas un signe, en ce cas, qu’en dehors du milieu où vous l’avez prise, vous ne sauriez-vous porter garants de sa justesse et de son exactitude ?

2553. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

De bonne heure évêque, il porta dans son diocèse un zèle de missionnaire en même temps que des airs de souverain.

2554. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Pourtant cet attachement conjugal n’a pas le caractère d’une passion ; c’est plutôt son amitié avec son frère qui aurait pris ce caractère et qui serait devenue un culte, si Frédéric n’y avait porté atteinte plus d’une fois par ses inégalités et ses rudesses involontaires.

2555. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Vous m’avez demandé un jour ce qu’il me faudrait pour me mettre dans mes affaires ; vous m’avez acheté un âne et une charrette ; ça m’a porté bonheur.

2556. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

» Aucune circonstance de sa vie, pas même l’inclination qui détermina son mariage, n’est venue démentir ce jugement qu’il portait sur lui-même ; il n’aima jamais qu’à la surface et, pour ainsi dire, devant le premier rideau de son âme : le fond restait mystérieux et réservé.

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