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597. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lacroix, Jules (1809-1887) »

Jules Lacroix de nous avoir rendu possible, on les transportant au théâtre, les belles scènes du Roi Lear.

598. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Conclusions » pp. 178-180

À ce moment son organe officiel, le Mercure de France, se fonde et le Symbolisme prend possession de la scène avec Paul Fort, qui crée le Théâtre d’Art.

599. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Le théâtre, la tragédie, qu’adorait Voltaire et où il excellait selon le goût de son temps, le livrait au public par un plus noble côté. […] Irai-je quitter tout cela pour être déchiré par l’abbé Desfontaines, et pour être immolé sur le théâtre des farceurs italiens à la malignité du public et aux rires de la canaille ? […] Cette tragédie, dans laquelle il n’y a pas un seul mot d’amour ni d’intrigue, a été trouvée si belle, que M. de Voltaire, qui parut après la pièce dans une première loge, fut claqué personnellement pendant un quart d’heure, tant par le théâtre que par le parterre ; on n’a jamais vu rendre à aucun auteur des honneurs aussi marqués.

600. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Pendant près de vingt ans on le voit l’ordonnateur principal des fêtes de Bagnolet, et par ses opéras-comiques, ses proverbes, ses jolies comédies, ses parades, il ne cessa de fournir aux plaisirs de ce prince, amateur de théâtre de société et bon acteur lui-même. […] Collé, d’ailleurs, dégoûté pas l’accueil et la morgue des comédiens français, moins accessibles alors qu’aujourd’hui, n’y revint guère, et son théâtre de société, le théâtre du duc d’Orléans, fit, tant qu’il dura, son occupation et ses délices comme il est sa véritable originalité.

601. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Sur ce point seul ne suivez ni l’exemple ni les conseils de la famille ; c’est à vous à donner le ton à Versailles ; vous avez parfaitement réussi ; Dieu vous a comblée de tant de grâces, de tant de douceur et de docilité, que tout le monde doit vous aimer : c’est, un don de Dieu, il faut le conserver, ne point vous en glorifier, mais le conserver soigneusement pour votre propre bonheur, et pour celui de tous ceux qui vous appartiennent. (1er novembre 1770.) » Une des recommandations continuelles de Marie-Thérèse à sa fille et qui reviennent sans cesse et jusqu’à satiété, c’est, après celles qui regardent la santé et la vocation à être mère, de se garder des coteries, des apartés, des sociétés privées où le sans-façon domine, de ne jamais oublier qu’on est un personnage en vue, exposé sur un théâtre, ayant un rôle à remplir ; de ne se relâcher en rien, de se surveiller soi-même en tout, dans les petites choses comme dans les grandes ; de mépriser le qu’en dira-t-on, mais aussi de ne point prêter à de justes reproches. […] Mais il n’y avait pas moyen d’en agir ainsi ; la France aime les coups de théâtre, les changements à vue, et il y a des moments irrésistibles. […] C’est le monde ; cela arrive à nous tous, plus tard ou plus tôt ; mais il faut donc se tenir dans une assiette telle que cela ne puisse arriver par notre faute. (30 novembre 1774.) » Parole sage et vraie pour tous ceux qui sont acteurs, à quelque degré, sur ce vaste théâtre où chacun joue son rôle, grand ou petit, et doit avoir à cœur de le jouer de son mieux !

602. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Ses tentatives au théâtre, où il débuta en 1740 par Édouard III, où il récidiva en 1745 par Sidnei, deux pièces assez équivoques de genre comme de talent, se couronnèrent en 1747 par le succès brillant et imprévu du Méchant, l’une des meilleures comédies d’un siècle qui n’en a pas eu de grande avant Figaro. […] On se le demande encore, lorsqu’en 1759 on voit Gresset, sans nécessité, sans prétexte, s’aviser de publier une Lettre sur la Comédie, dans laquelle il déclare à tous son projet de renoncer au théâtre par scrupule de conscience, et d’après la décision qu’il en a reçue de l’évêque d’Amiens : « Je profite de cette occasion, y disait-il, pour rétracter aussi solennellement tout ce que j’ai pu écrire d’un ton peu réfléchi dans les bagatelles rimées dont on a multiplié les éditions, sans que j’aie jamais été dans la confidence d’aucune. » Ces sentiments sont respectables, même dans leur excès ; mais à quoi bon les proclamer ? […] Galiani y fait une espèce de gazette de théâtre, à l’occasion des représentations qu’une troupe de comédiens français donnait à Naples : « Dix-septième représentation : le Méchant, pièce qu’on n’entendit point du tout, parce qu’elle n’est que parlée.

603. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Les tragédies de Montchrétien sont lotîtes pleines d’effusions charmantes ou passionnées : j’en parlerai quand j’exposerai les commencements du théâtre classique. […] Il prépara pendant trente ans son Théâtre d’agriculture. […] Éditions : la Cueillette de la soie, Paris, in-8, 1599 ; Théâtre d’agriculture et Ménage des champs, Paris, Jamet Métayer, 1600, ifpm. ; Paris, 1804, 2 vol. in-4. — À consulter : H.

604. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Retz obtint d’emblée d’être nommé coadjuteur de son oncle à l’archevêché de Paris, et dès lors, pour prendre son langage, il cesse d’être « dans le parterre, ou tout au plus dans l’orchestre, à jouer et à badiner avec les violons » ; il monte sur le théâtre. On peut observer comme dans ses Mémoires, où il parle de lui-même avec si peu de déguisement, il emploie perpétuellement ces expressions et ces images de théâtre, de comédie ; il considère le tout uniquement comme un jeu, et il y a des moments où, parlant des principaux personnages avec qui il a affaire, il s’en rend compte et en dispose absolument comme un chef de troupe ferait pour ses principaux sujets. Dans une des premières scènes de la Fronde, au Parlement (11 janvier 1649), racontant la manière dont il fait enlever le commandement des troupes au duc d’Elbeuf pour le faire décerner au prince de Conti, il montre M. de Longueville, puis M. de Bouillon, puis le maréchal de La Mothe, entrant chacun l’un après l’autre dans la salle, et recommençant, chaque fois, à déclarer leur adhésion au choix du prince de Conti et à y donner les mains en ce qui les regardait : « Nous avions concerté, dit-il, de ne faire paraître sur le théâtre ces personnages que l’un après l’autre, parce que nous avions considéré que rien ne touche et n’émeut tant les peuples, et même les compagnies, qui tiennent toujours beaucoup du peuple, que la variété des spectacles. » Dans tous ces passages, Retz se montre ouvertement dans ses récits comme un auteur ou un impresario habile, qui monte sa pièce.

605. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Cependant le succès du théâtre était venu se joindre pour lui à la faveur du monde. […] Mme Allan eut l’honneur de cette même découverte au théâtre ; on a dit spirituellement qu’elle rapporta de Russie le Caprice de Musset dans son manchon56.

606. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

A-t-il été jusqu’au bout le premier des guerriers par la tête comme par l’épée, et s’est-il retiré, est-il tombé du théâtre de l’histoire dans sa plénitude de génie militaire, et avec le sacre du malheur en plus ? […] Le vaillant maréchal avait-il reçu, dès son arrivée sur le théâtre de la guerre dans l’après-midi du 15, et de là bouche de Napoléon, l’ordre formel de se diriger aux Quatre-Bras et de les occuper au plus vite avant la nuit, pendant que cette position ne pouvait être encore que peu disputée ?

607. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Au théâtre pourtant, il y eut encore pour lui une chance ouverte de popularité et d’action vaste, immédiate, dont plus d’un génie s’empara ; mais cette ressource même du théâtre paraîtra bien bornée pour le poëte, si on la compare à l’influence première.

608. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

La censure d’alors interdisant au drame tout développement historique un peu vrai et un peu profond, on se jeta dans des genres intermédiaires, on louvoya, on fit des proverbes et des comédies en volume ; c’est ce qui s’appelle peloter en attendant partie : je ne sais si la partie est venue, ou plutôt je sais comme tout le monde qu’au théâtre elle n’a pas été gagnée. […] Vitet, au reste, se hâtait de déclarer, à l’exemple du président Hénault, qu’il ne prétendait nullement faire œuvre de théâtre ; il ne voulait que rendre à l’histoire toute sa représentation exactement présumable et sa vivante vraisemblance.

609. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Nous avons une autre culture au seizième siècle, presque aussi factice ; que nous a-t-elle donné, sinon une poésie emphatique et un théâtre de convention ? […] Voici enfin nos siècles classiques ; les mots familiers s’effacent, la langue s’ennoblit ; le théâtre prend pour public et pour modèles les gens de salon et les seigneurs.

610. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines. […] Les Contemporains, I, et Impressions de théâtre, I.

611. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Nulle part vous n’y reconnaissiez l’application sincère de ces axiomes inspirés à Bourget par le théâtre de Dumas : « … L’amour seul est demeuré irréductible, comme la mort, aux conventions humaines. […] Leurs charnelles amours ont pour théâtre la ville par excellence des quattrocentistes et la bourgade d’élection du très pur saint François.

612. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Un admirable hasard nous a conservé l’Orestie, la seule trilogie complète qui soit restée du théâtre grec. […] Parmi ceux de nos théâtres modernes, aucun n’égale la complication de ses trames et la noirceur de ses catastrophes.

613. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Année 1852 Fin de janvier 1852 L’Éclair, Revue hebdomadaire de la Littérature, des Théâtres et des Arts, a paru le 12 janvier. […] … — c’est Janin qui cause avec le décousu d’un de ses feuilletons. — Les acteurs… ils jouent tous la même chose… moi, je ne parle que des actrices… Encore, quand ils sont bien laids, comme Ligier, on peut dire qu’ils ont du talent… mais, sans cela jamais leur nom ne se trouve sous ma plume… Voyez-vous, le théâtre, il faut que ça soit deux et deux font quatre, et qu’il y ait des rôles de femmes… c’est ce qui fait le succès de Mazères….

614. (1902) L’humanisme. Figaro

Je me bornerai aussi à indiquer, la relation immédiate qui s’établira entre la poésie humaine, d’une part et, d’autre part, un théâtre ou un roman humains dont on pourrait citer déjà maints exemples. […] Paul Bourde est le conseiller intime, l’inspirateur habituel de l’éminent auteur dramatique qui vient de faire représenter, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, ce drame poignant : Nos Deux Consciences.

615. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Tout cela est tombé dans les idées communes, même au théâtre ! […] Elle a mieux fait que de se monter la tête, elle s’est fait des têtes, comme on dit au théâtre, une tête d’amour d’abord, puis une tête de vengeance.

616. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

C’est l’histoire faite par des historiens comme Shakespeare, dans ses Chroniques d’Angleterre mises au théâtre (mais la place n’y fait rien), et Montesquieu, par exemple dans son Dialogue d’Eucrate et de Sylla. […] La poésie ressemble, d’essence, au masque du théâtre antique, qui amplifiait les proportions du visage humain.

617. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Tous deux, ils ont écrit des romans, des dissertations, des œuvres de théâtre, de la critique, du dogme et des prospectus pour des marchands de foin. […] Raymond Brucker a eu la pensée d’aborder le théâtre.

618. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Tragique ou comique (et quelquefois du plus profond comique), ce dialogue est celui d’un homme qui a mieux que l’instinct de la grande langue que le théâtre doit parler et de ses concisions sévères. Peut-être l’auteur du Marquis des Saffras trouverait-il par là une glorieuse voie, mais, d’un autre côté, dans un pays où le théâtre a une législation si étroite et si dure, M. de La Madelène doit-il rester dans le roman pour conserver toute son acuité de moraliste, et, comme peintre de mœurs, toute son ampleur d’observation !

619. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Ses pièces furent chassées honteusement du théâtre où, la veille encore, elles étaient applaudies avec enthousiasme. […] Il épuisa vite, en pseudonymes cossus, tout ce que la noblesse, les clubs, les théâtres, le tennis, le polo, les salons, les boudoirs — les boudoirs !  […] » Mais, monsieur, on fermerait un théâtre dans lequel les acteurs parleraient comme dans la bonne compagnie… Ça serait trop sale ! […] Leroy-Beaulieu… que sais-je… les théâtres… qu’en faites-vous ? […] — Le théâtre va bien… approuva-t-il.

620. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

ou de quelque autre de ses pareils, aborde un jour sur les planches du théâtre anglais. […] Shakespeare tira le beau génie de la prison où le retenait la barbarie, et avec son aide il humanisa ce théâtre sauvage. […] C’est ainsi que depuis longtemps nous nous sommes habitués à doubler le plaisir qu’on va chercher au théâtre par l’observation du spectateur. […] Il faudrait cependant se dire que le spectateur est avant tout une manière d’épicurien qui est venu au théâtre pour chercher un plaisir et non une douleur. […] Oui ou non, le théâtre est-il un plaisir ?

621. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIX » pp. 164-165

C'est-à-dire que madame Mélingue était à un théâtre des boulevards et que Hugo l’a fait entrer aux Français pour un rôle des Burgraves.

622. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Philippe (1831-1901) »

. — Ceux qu’on lit (1897) ; un assez grand nombre de pièces de théâtre.

623. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Maurice Magre, en collaboration avec son frère André, fit imprimer sa première œuvre, Éveils, plaquette de vers à laquelle succéda une pièce lyrique, représentée sur le théâtre du Capitole (Toulouse, 27 avril 1896).

624. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trarieux, Gabriel (1870-1940) »

Émile Faguet Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.

625. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

Ces traits de foiblesse n'empêchent pas que le Cardinal de Richelieu n'ait été le Fondateur du Théâtre, par les bienfaits sans nombre qu'il répandoit pour encourager ce genre de Poésie.

626. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) »

Emmanuel des Essarts et intitulée : L’Illustre Théâtre.

627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

Est-ce du théâtre ?

628. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Port-Royal fulminait contre les auteurs dramatiques qui, par la plume de Nicole, furent qualifiés d’empoisonneurs d’âmes ; et en même temps il faisait lire aux écoliers les tragédies de Sophocle et d’Euripide qui allaient éveiller le génie de Racine et le pousser du côté du théâtre. […] Anatole France, Loti, Bourget, Lemaître, pour ne citer que les plus connus, y ont eu large part ; que beaucoup de travaux solides et utiles, mais peu susceptibles d’être goûtés par le commun des lecteurs, ont dû les moyens de s’achever à ces libéralités intelligentes ; qu’enfin, pour beaucoup d’écrivains novices, ces distinctions, accompagnées d’une petite somme d’argent ont été la vie, l’indépendance, le loisir de travailler assurés pour plusieurs mois, l’accès ouvert aux revues, aux journaux, aux théâtres, bref une aide précieuse aux jours difficiles des premiers pas vers la lumière. […] Quelques-unes de ces confréries littéraires se rattachent au développement de notre théâtre. […] La tourbe de ceux (hors mis cinq ou six) qui suyvent les principaux, comme port’enseignes, est si mal instruite de toutes choses, que par leur moyen nostre vulgaire n’a garde d’estendre guère loing les bornes de son empire. » Ainsi s’exprime Joachim du Bellay168 et il balaye à l’égout « rondeaux, ballades, virelays, chants royaulx, chansons et autres telles espisseries. » Même mépris insultant pour le théâtre des siècles précédents. […] Z. a trouvé la formule du théâtre de demain qui est pour l’appeler par son nom : l’idéo-réalisme.

629. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Entre ceux qui restent, l’on se met à causer théâtre, et Flaubert de blaguer un peu grossement, ainsi qu’il en a l’habitude : « Le théâtre n’est pas un art, s’exclame-t-il, c’est un secret… et je l’ai surpris chez les propriétaires du secret. […] Et ce changement vient de l’influence du théâtre sur les femmes. […] 26 juin Il n’y a point de théâtre ici. […] Sur le théâtre des choses humaines, l’affiche est presque toujours le contraire de la pièce.

630. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Quant au théâtre, M.  […] M. de Porto-Riche a l’accent profond et vrai ; il porte au théâtre une sincérité inconnue. […] Byvanck, aller au théâtre les jours de Porto-Riche. […] Du théâtre ? […] Ce Renan-là, le Renan de 48, aurait dû nous donner le théâtre dont nous avons besoin.

631. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Mendès a beaucoup de relations dans le monde des Théâtres. […] On sait avec quel enthousiasme il organisa, avec notre ami Boissy, les premiers grands spectacles du théâtre d’Orange. […] On se mit à créer un peu partout des théâtres de verdure. […] Il fallait l’entendre lire une pièce de théâtre, pour apprécier la magnificence de sa déclamation. […] La première reprise eut lieu au Théâtre Sarah Bernardt.

632. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Et voilà le théâtre créé ! […] C’est là le théâtre qu’il me faut. […] Mais peut-être n’ai-je aucune idée de ce que c’est que le théâtre. […] En effet, le théâtre est le monde en miniature. […] Jules Lemaître s’occupe même de théâtre dans ses feuilletons dramatiques et M. 

633. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Docquois, Georges (1863-1927) »

. — Théâtre bref, en collaboration avec Émile Coden (1897-1898). — Paris sur la route, revue, en collaboration avec Lucien Métivet (1897). — On demande un jeune ménage, un acte, en collaboration avec Em. 

634. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

. — Paravents de salons et de tréteaux, fantaisies de salon et de théâtre (1881). — L’Auréole, comédie en un acte et en vers (1882). — Les Moineaux francs (1887). — Le Réveil (1888). — Musotte, pièce en trois actes, en collaboration avec Guy de Maupassant (1891). — La Muse qui trotte (1894). — Soleils d’hiver (1897). — Douceur de croire, pièce en trois actes et en vers (1899).

635. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Z — Zola, Émile (1840-1902) »

. — Le Naturalisme au théâtre (1881)

636. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

En vérité, je vous le dis, les temps sont proches où les acteurs se borneront à débiter des scénarios sur le théâtre, et les journaux à publier des canevas de romans : ce qui dispensera M. 

637. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Tout ce qui a passé et défilé sous nos yeux depuis trente-cinq ans en fait de mœurs, de costumes, de formes galantes, de figures élégantes, de plaisirs, de folies et de repentirs, tous les masques et les dessous démasqués, les carnavals et leur lendemain, les théâtres et leurs coulisses, les amours et leurs revers, toutes les malices d’enfants petits ou grands, les diableries féminines et parisiennes, comme on les a vues et comme on les regrette, toujours renaissantes et renouvelées, et toujours semblables, il a tout dit, tout montré, et d’une façon si légère, si piquante, si parlante, que ceux même qui ne sont d’aucun métier ni d’aucun art, qui n’ont que la curiosité du passant, rien que pour s’être arrêtés à regarder aux vitres, ou sur le marbre d’une table de café, quelques-unes de ces milliers d’images qu’il laissait s’envoler chaque jour, en ont emporté en eux le trait et retenu à jamais la spirituelle et mordante légende. […] Malgré mon désir de ne pas les détacher et les séparer du sujet, je dois remarquer encore qu’il a fait révolution en ce genre au théâtre et dans les bals costumés. C’est lui qui, dès les premiers temps de sa célébrité, eut à dessiner la plupart des costumes pour les théâtres de Paris ; il en fit pour Bouffé, pour Mlle Georges, pour Juliette, pour Mlle Ozy, pour Carlotta Grisi, etc., pour tous les acteurs et actrices en renom, pour Déjazet surtout ; j’ai eu sous les yeux de ces dessins originaux : jusque dans les plus simples indications au crayon, il y avait de l’esprit, de la gaieté.

638. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Au moment où parut au théâtre le Cid de Corneille, il y avait longtemps que la littérature française, reconstituée sous Henri IV et datant de Malherbe, était dans l’attente. […] Toutes les deux ont fait leur effet en ma faveur ; mais je ferais scrupule d’en étaler de pareilles à l’avenir sur notre théâtre. » — Cela veut dire qu’à cinquante et soixante ans on se ferait scrupule, pour de bonnes raisons, de recommencer ce qu’on osait à trente. […] Ces rois du théâtre espagnol sont pacifiques et prudents, justiciers ; ce sont des Louis XII de la fin.

639. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

D’après cette conjecture, les journaux seraient comme une bouture sortie du vieux tronc pontifical : ils n’en seraient que la prolongation et l’émancipation au dehors ; ils auraient eu, comme le théâtre, comme la statuaire en bien des pays, leur période hiératique avant d’avoir leur existence populaire. […] Magnin a su montrer la persistance et faire comme l’histoire de la faculté dramatique aux époques même où il n’y a plus de théâtre ni de drame à proprement parler, M. […] Bonneville et d’autres nous en traduisaient le théâtre.

640. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Un article du Publiciste dans lequel, à propos de la Mort d’Henri IV de Legouvé, M. de Barante, sous le voile de l’anonyme, soutenait les avantages de la vérité historique au théâtre, lé mit en contradiction avec Geoffroy. […] En un mot, le talent supérieur qu’on a vu éclater depuis sur un autre théâtre faisait dès lors ses réserves en quelque sorte : l’orateur parlementaire se marquait dans l’historien. […] Nous allions oublier de dire qu’avant la publication de son histoire, M. de Barante avait contribué pour sa bonne part à l’introduction des Théâtres étrangers parmi nous.

641. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Cherchez maintenant combien de fois le roman et le théâtre ont reproduit ce type de l’honnête homme, transformé en galant homme ou en gentleman ; examinez quel parti littéraire ils ont tiré de l’honneur et du point d’honneur ; comptez, si vous pouvez, dans combien de pièces, depuis le Cid jusqu’à nos jours, le duel, cette survivance mondaine des usages chevaleresques, intervient comme moyen dramatique ; et vous aurez une idée à peu près suffisante, quoique incomplète, des innombrables répercussions que la vie du monde a eues et a encore sur les œuvres de nos littérateurs. […] Que ce paisible amoureux ressemble peu aux héros de notre théâtre contemporain, qui ferraillent si volontiers avec les femmes à fleuret démoucheté ! […] « Oui, Monsieur, s’écrie Voltaire, un soldat peut répondre ainsi dans un corps de garde, mais non pas sur le théâtre, devant les premières personnes d’une nation, qui s’expriment noblement et devant qui il faut s’exprimer de même. » En vertu de ce système, s’agit-il de rendre un détail familier, mais nécessaire ; vite la périphrase académique accourt à la rescousse.

642. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Dans une lettre à Sophie, où il lui développe les principes de la tolérance civile (car cette correspondance n’est qu’un déversoir à toutes les pensées et à toutes les études qui l’occupent aux divers moments), il se mettra tout à coup à s’écrier : « Voyez la Hollande, cette école et ce théâtre de tolérance !  […] Il y eut en lui aussi une part de comédien et de personnage de théâtre qui tenait au talent même, et comme il en entre si aisément et à peu près inévitablement, on ose le dire, chez tous les hommes publics à qui il est donné de mener les autres hommes : mais le fond du cœur était chaud, le fond de la conviction était sincère, de même que plus tard nous verrons que le fond de ses vues politiques, en apparence si turbulentes et si orageuses, était tout à fait sensé. […] Cette intelligence vaste, féconde et puissante, revêtue d’une si admirable et si soudaine faculté de mise en œuvre par la parole, lui échappait, et il ne voulait voir que l’apparence, le jeu, le coup de théâtre, l’appareil sonore, sans rendre justice à l’âme réelle qui unissait, qui inspirait et passionnait tout cela.

643. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

L’auteur fut traîné en triomphe sur le théâtre. […] Aussi brusquement laissé qu’il avait été pris, il nous fait ensuite assister à ses peines, à sa désolation et à sa consolation, qui ne tarda guère ; elle lui vint de la part de la célèbre actrice Mlle Clairon, qui était de son âge et qui sentit au théâtre ses succès. […] Il se releva plus tard au théâtre, dans la tragédie lyrique avec Piccinni, et avec Grétry dans l’opéra-comique.

644. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

De la philosophie, la contagion s’étendait à toute la littérature, roman, poésie, théâtre, et aux genres mêmes dont la définition répugne le plus au dilettantisme, tels que la critique. […] Jean Viollis objectait : « Si M. de Bouhélier voulait strictement s’en tenir à sa théorie, il rendrait, par le fait même, impossible tout roman et tout théâtre. […] À l’heure où les modes d’existence tendent à se diversifier, tous les écrivains dédaignent l’observation des mœurs, dans le roman et au théâtre, pour rabâcher éternellement les mêmes aventures de romanesque sentimental, de fantaisie vieillotte ou les mêmes évocations de rétrospective passionnelle.

645. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

. — En général, depuis dix ans, l’effort de la critique tend à ruiner l’influence romantique dans le livre et au théâtre, soit au profit d’un art social, soit au profit d’une renaissance classique, ou si vous le voulez d’une renaissance latine. […] Gabriel Boissy défend avec une activité inlassable la renaissance du théâtre héroïque et tragique, la valeur moralisatrice de l’idéal latin et fonde même des théâtres pour y mettre en œuvre ses théories.

646. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

C’est le même homme qui, silencieux depuis vingt-cinq ans, vit paisible et triste sous la domination étrangère, dans sa ville natale, l’illustre Manzoni ; homme d’imagination et de foi, généreux patriote et chrétien résigné, poëte artificiel peut-être dans l’irrégularité de son théâtre, mais vraiment lyrique dans ses odes religieuses et dans celle que lui inspira le plus grand nom et la plus tragique destinée de ce siècle ! […] Ainsi parut épuisée cette littérature si forte dans sa surabondance, tour à tour enthousiaste et moqueuse, prodiguant à pleines mains la poésie et concentrant avec précision la pensée, capable de tout, même d’un correct et ingénieux bon sens, si aventureuse dans son théâtre, et classique avec tant de grâce dans les vers de don Luis de Léon, si admirable enfin, pour la peinture des mœurs et la vie de l’histoire, dans Cervantès, dans Quevedo, dans Hurtado de Mendoza. […] Élevée dans ce séjour colonial, sans école et sans théâtre, la jeune Gomez s’instruisit et s’inspira seule par la lecture de quelques poëtes espagnols et la vue de cet horizon du tropique, « le plus splendide pavillon, dit un poëte, que Dieu lui-même ait pu jeter sur les fêtes de son culte divin ».

647. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Lanson a-t-il pensé à ceci que jamais Molière n’a mis sur son théâtre un père aimable ? […] Il est certain que le théâtre de Molière, bien ou mal compris, a agi sur la mentalité française. […] C’est lorsqu’il s’agit des arts mêmes de la parole, à savoir l’éloquence et surtout le théâtre. […] … ) et même un mouvement pur qui se confond avec l’extrême vibration du mouvement propre au théâtre. […] Quand il a médité sur le théâtre, il s’est aperçu que c’était presque inutile, le théâtre pur se trouvant réalisé dans la messe.

648. (1885) L’Art romantique

Il ne serait pas étonnant qu’un enfant de cette sorte, à qui ses parents donneraient principalement des théâtres, pour qu’il pût continuer seul le plaisir du spectacle et des marionnettes, s’accoutumât déjà à considérer le théâtre comme la forme la plus délicieuse du beau. […] Je le trouvais, ce modèle, dans le théâtre de l’ancienne Athènes : là, le théâtre n’ouvrait son enceinte qu’à de certaines solennités où s’accomplissait une fête religieuse qu’accompagnaient les jouissances de l’art. […] Cependant ce n’était pas dans les pompes condamnables du théâtre que Rouvière devait d’abord abîmer sa jeunesse. […] Le goût diabolique du théâtre prit impérativement le dessus, et en 1837 il pria Joanny de l’entendre. […] Il me semble qu’il doive mettre le feu au théâtre.

649. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Ses plus récentes tentatives allaient vers le théâtre. […] Parmi ses pièces de théâtre, la première, Révoltée, est peut-être celle qui est davantage « du théâtre », parce qu’elle est faite d’éléments empruntés directement à la vie. […] Au théâtre, les personnages que M.  […] Lemaître s’est amusé, en prenant quelques pièces du théâtre d’Augier et de M.  […] Il aime le théâtre.

650. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chateaubriand, François René de (1768-1848) »

Auguste Dorchain Le maître prosateur d’Atala et des Mémoires s’était cru d’abord destiné à la poésie… De ses rares poésies lyriques — vous parler d’un Moïse applaudi chez Mme Récamier, mais sifflé au théâtre — on n’a retenu que quelques stances gracieuses.

651. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Plus d’une fois, Paul Meurice mit au théâtre des romans du maître avec un soin pieux.

652. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Par ses grands arbres, par ses taillis serrés, par l’innombrable armée de ses broussailles et de ses basses plantes, par Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot, d’Alembert et Buffon, par Duclos, Mably, Condillac, Turgot, Beaumarchais, Bernardin de Saint-Pierre, Barthélemy et Thomas, par la foule de ses journalistes, de ses compilateurs et de ses causeurs, par l’élite et la populace de la philosophie, de la science et de la littérature, elle occupe l’académie, le théâtre, les salons et la conversation. […] Dans les correspondances et les mémoires, on les suit à la trace, de salon en salon, de château en château, Voltaire à Cirey chez Mme du Châtelet, puis chez lui à Ferney, où il a un théâtre et reçoit toute l’Europe, Rousseau chez Mme d’Epinay et chez M. de Luxembourg, l’abbé Barthélemy chez la duchesse de Choiseul, Thomas, Marmontel et Gibbon chez Mme Necker, les encyclopédistes aux amples dîners de d’Holbach, aux sages et discrets dîners de Mme Geoffrin, dans le petit salon de Mlle de Lespinasse, tous dans le grand salon officiel et central, je veux dire à l’Académie française, où chaque élu nouveau vient faire parade de style et recevoir de la société polie son brevet de maître dans l’art de discourir  Un tel public impose à un auteur l’obligation d’être écrivain encore plus que philosophe. […] La philosophie a besoin d’un écrivain qui se donne pour premier emploi le soin de la répandre, qui ne puisse la contenir en lui-même, qui l’épanche hors de soi à la façon d’une fontaine regorgeante, qui la verse à tous, tous les jours et sous toutes les formes, à larges flots, en fines gouttelettes, sans jamais tarir ni se ralentir, par tous les orifices et tous les canaux, prose, poésie, grands et petits vers, théâtre, histoire, romans, pamphlets, plaidoyers, traités, brochures, dictionnaire, correspondance, en public, en secret, pour qu’elle pénètre à toute profondeur et dans tous les terrains : c’est Voltaire  « J’ai fait plus en mon temps, dit-il quelque part, que Luther et Calvin », et en cela il se trompe. […] Il aime les caricatures, il charge les traits des visages, il met en scène des grotesques473, il les promène en tous sens comme des marionnettes, il n’est jamais las de les reprendre et de les faire danser sous de nouveaux costumes ; au plus fort de sa philosophie, de sa propagande et de sa polémique, il installe en plein vent son théâtre de poche, ses fantoches, un bachelier, un moine, un inquisiteur, Maupertuis, Pompignan, Nonotte, Fréron, le roi David, et tant d’autres qui viennent devant nous pirouetter et gesticuler en habit de scaramouche et d’arlequin. — Quand le talent de la farce s’ajoute ainsi au besoin de la vérité, la plaisanterie devient toute-puissante ; car elle donne satisfaction à des instincts universels et profonds de la nature humaine, à la curiosité maligne, à l’esprit de dénigrement, à l’aversion pour la gêne, à ce fonds de mauvaise humeur que laissent en nous la convention, l’étiquette et l’obligation sociale de porter le lourd manteau de la décence et du respect ; il y a des moments dans la vie où le plus sage n’est pas fâché de le rejeter à demi et même tout à fait

653. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

est-ce du théâtre ? […] Il eut au théâtre des chutes éclatantes : Guillery, au Théâtre-Français (1856), et surtout Gaëtana, à l’Odéon (1862).

654. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

II Mais ce n’est pas tout ; dans cette forme nous voulons faire rentrer non seulement les phénomènes de notre conscience, mais ceux dont les autres consciences sont le théâtre. […] Voilà deux faits qui ont eu pour théâtre deux consciences différentes.

655. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Son ami Sedaine vient d’avoir un succès au théâtre : Diderot court chez lui, l’embrasse, veut le féliciter ; mais la voix lui manque et les larmes lui ruissellent le long des joues. […] Paris avait vu des milliers d’êtres humains emportés par une maladie inconnue et foudroyante ; des rues entières dépeuplées, au point que les fabricants de cercueils ne suffisaient plus à la consommation ; des cadavres empilés nus, pêle-mêle, à ciel ouvert, dans des charrettes quelconques ; des terreurs paniques, où la foule avait mis en pièces des hommes accusés d’empoisonner le vin et les fontaines ; le plaisir côtoyant la mort ; des mascarades plus folles que jamais ; et dans les théâtres mêmes des sachets de camphre, des seaux d’eau chlorurée destinés à conjurer le péril toujours invisible et présent.

656. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Il était situé entre le Louvre et les Tuileries, près de l’hôtel de Longueville, à peu près dans l’emplacement occupé aujourd’hui par le théâtre du Vaudeville. […] Il peignit dans une pièce de théâtre et sa passion et l’indifférence de celle qui en était l’objet ; mais il supprima ensuite les deux premiers actes, pour ne pas donner, dit-il, à la marquise le plaisir de voir ses malheureux amours décrits par lui-même.

657. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Sandeau a réussi au théâtre ou si elle est tombée. […] Portez à un théâtre une pièce nouvelle, on vous demandera si vous avez un nom.

658. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

C’est à peu près comme si nous voulions juger, par exemple, le théâtre grec d’après notre spectacle actuel. […] Ne faudrait-il pas même connaître la forme matérielle des théâtres anciens, les fonctions du chœur, enfin tout cet ensemble qui fut imaginé pour produire l’effet qu’il devait produire ?

659. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Jusque-là, il s’était contenté de se cantonner dans quelque coin de livre ou de théâtre, mais le livre, c’était encore trop pudibond et trop mystérieux. Le théâtre même ne donnait pas le succès à visage assez nu, et il lui a fallu des chaires !

660. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

Au théâtre il faudra décompter un peu : mais la pièce n’a que trois actes ; le premier est bien posé, ce qui fera passer les deux autres.

661. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

C’était l’époque des grandes batailles romantiques au théâtre, et il n’était que trop naturel que les amateurs-admirateurs de 1825 cédassent le pas, dans l’action, aux jeunes admirateurs plus effectifs et plus utiles, qui payaient de leur personne.

662. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

[Le Théâtre contemporain (1888).]

663. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Je rencontre sur mon chemin une femme belle comme un ange ; je veux coucher avec elle, j’y couche ; j’en ai quatre enfants, et me voilà forcé d’abandonner les mathématiques que j’aimais, Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j’avais du goût ; trop heureux d’entreprendre l’ encyclopédie à laquelle j’aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie.

664. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

C’est le soir, les rues flamboient, une poussière lumineuse enveloppe la foule affairée, bruissante, qui se presse, se coudoie, s’entasse et fourmille aux abords des théâtres, derrière les vitres des cafés. […] Elles ressemblent à la cuisine de leurs restaurants, à l’éclat de leurs cafés, à la gaieté de leurs théâtres. […] En somme, le monde n’apparaît ici que comme une pièce de théâtre, matière à critique et à raisonnements. […] Une causerie d’artistes qui plaisantent dans un atelier, une belle jeune fille qui se penche au théâtre sur le bord de sa loge, une rue lavée par la pluie où luisent les pavés noircis, une fraîche matinée riante dans les bois de Fontainebleau, il n’y a rien qui ne nous le rende présent et comme vivant une seconde fois. […] Nous sortons à minuit de ce théâtre où il écoutait la Malibran, et nous entrons dans cette lugubre rue des Moulins où, sur un lit payé, son Rolla est venu dormir et mourir.

665. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

On utilisait, à l’époque, la mère de toutes les façons ; elle était déjà la grande ficelle dramatique : c’était le souvenir de la mère qui au théâtre paralysait le bras de l’assassin prêt à frapper ; c’était la croix de la mère, qui exhibée au moment psychologique, prévenait le viol, l’inceste et sauvait l’héroïne ; c’était la mort de sa mère, qui du Chateaubriand sceptique et disciple de Jean-Jacques de 1797, tira le Chateaubriand mystagogique d’Atala et du Génie du Christianisme de 1800. Victor Hugo qui ne devança jamais de 24 heures l’opinion publique, mais sut toujours lui emboîter le pas, singeait Chateaubriand son maître, et appliquait à son usage privé le truc qui ne ratait pas son effet au théâtre. […] Ses camarades d’école jouaient des pièces de théâtre de sa composition ou de celles de son frère Eugène. […] Il publia pour répondre aux engouements du public et pour satisfaire ses goûts, des études sur le théâtre Espagnol, une édition du Romancero, une brochure sur le Guano, sa valeur comme engrais, un guide perpétuel de Paris : Tout Paris pour 12 sous, un mémoire sur la période de Disette, qui menace la France, une Histoire de France illustrée ; il composa un vaudeville en collaboration avec Romieu ; il étudia L’Afrique au point de vue agricole, créa le Journal du Soir, inventa les publications illustrées, par livraison, etc. […] Mais Chateaubriand, à l’exception d’une petite chanson fort connue et d’une pièce de théâtre justement inconnue, n’écrivit qu’en prose.

666. (1876) Romanciers contemporains

On continue à aller au théâtre ; mais où sont les chefs-d’œuvre dramatiques nouveaux ? […] Dumas voyait à ses pieds tous les directeurs de théâtre, tous les éditeurs, tous les directeurs de journaux. […] Reybaud peut avoir raison en ce qui concerne le théâtre où certains grossissements sont parfois nécessaires. […] Par le théâtre qu’il a donné à son action, M.  […] Il en est du roman comme du théâtre.

667. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Ozanam me dit : “Si vous voulez connaître la Grèce, étudiez la Sicile : Catane sous son volcan, Taormine avec son théâtre, Selinonte avec ses ruines pittoresques, Ségeste, Syracuse, Agrigente, feront revivre à vos yeux la Grèce, mieux que la Grèce elle-même. […] Il réalisa en partie son rêve pour Shakespeare dans un voyage qu’il fit à Londres au commencement de l’automne de 1857 ; il y vit représenter Hamlet par un acteur de talent, mais sur un théâtre de faubourg, devant un parterre tout populaire. Dans une lettre à sa femme, il décrit cette salle enfumée, ce public surtout comparable à celui de nos théâtres du boulevard, mais un public plus grossier, plus violent, avec toute la différence des titis de Londres à ceux de Paris ; et il ajoute : « Tu croirais, chère amie, que tout ce bruit m’a pris sur les nerfs. […] Jacquinet, a été des plus laborieuses : son succès sur ce théâtre a été en grandissant. […] Mézières : « Sarcey est tout simplement en train de devenir notre premier critique de théâtre. » 166.

668. (1883) Le roman naturaliste

C’est alors qu’il essaya du théâtre ; — et ce fut sa dernière erreur. […] Si quelques circonstances ont tourné l’attention vers les gens de théâtre, M.  […] Zola de ne pas aborder le théâtre, parce que le théâtre vit d’action, et qu’agir, c’est combattre, c’est lutter contre les personnes, ou se révolter contre la domination des choses. […] Et ce n’est pas que je ne les aime, mais à leur place et en leur temps, c’est-à-dire au théâtre ! […] La Faustin, séparée de son lord écossais, a repris la vie de théâtre.

669. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

[Impressions de théâtre (1892).]

670. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

Il en eut la première révélation en voyant jouer des comédiens de campagne ; il les suivit, joua avec eux à la diable des mélodrames et des vaudevilles, et, sans y songer, apprit ainsi ce mécanisme de la scène et cet art matériel du théâtre, qui si souvent manquent aux poètes lyriques.

671. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

La réclamation de 8 000 de l’Assistance publique, sur la menace qu’il allait fermer son théâtre, et que la centaine de jeunes gens dont il avait reçu des pièces, allait prendre à partie dans tous les journaux l’institution dévoratrice, a fait tomber la réclamation de 8 000 francs à quelque chose comme 80 francs. Janvier, lui, ce jeune acteur d’un si grand talent, gagne cent francs par mois, dans une compagnie d’assurances, et comme on le pousse à quitter sa compagnie, et qu’on lui prédit qu’il lui sera impossible de ne pas faire sa carrière du théâtre, il s’y refuse doucement, disant qu’il ne veut pas faire trop de peine à son père, qui peut très bien ne connaître rien aux choses d’art, mais qui l’aime beaucoup, et qu’il veut le laisser tranquillement évoluer, persuadé, qu’un jour, il le laissera jouer, mais alors sans trop de répugnance. […] le théâtre, c’est vraiment trop une boite à émotions, et une succession de courants d’espérance et de désespérance par trop homicide. […]  » Jeudi 29 janvier Voici mes idées sur la réglementation et la police des théâtres, que j’exposais ce soir, chez Daudet. […] le succès au théâtre, quelle atmosphère, ça fait, quelle griserie, ça apporte à tout le monde.

672. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Mais laissant de côté cette digression, insérée dans une phrase, je dirai que les commencements du théâtre hasardeux et libre, c’est en France que nous les trouverons. […] J’ignore si c’était une pièce de théâtre, que cette représentation de l’enfer, qui fut essayée à Florence, en 1304, pour fêter l’arrivée d’un légat du pape. […] C’est donc en France que se trouvent les plus nombreuses tentatives du théâtre, au quinzième siècle. […] C’est l’histoire sanglante que Dubelloy a mise au théâtre, sous le nom de Gabrielle de Vergy ; c’est le roman de la dame de Fayel et du sire de Coucy. […] Ce n’était pas quelque représentation de théâtre, mais un tournoi.

673. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

C’est dans le théâtre d’Alfred de Musset que je trouverai surtout ces qualités de fantaisie. […] On en fait l’ingénue, l’ingénue de théâtre, qui est niaise, bebête et bêlante. […] Mais il y en a d’autres dans ce théâtre d’Alfred de Musset. […] Un soir, on allait donner dans un théâtre, un théâtre lointain appelé l’Odéon, une pièce, une petite pièce en un acte et en vers. […] Si nous en avions le temps, nous pourrions suivre François Coppée dans son théâtre.

674. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

J’accorderai, certes, à Véron en bien des points tout ce qu’il voudra : d’être un homme d’esprit (c’est bien juste), même d’être un homme de goût, d’être un amphytrion modèle, d’être un impresario habile, un directeur de théâtre ou de journal comme il n’y en a pas ; d’être… quoi encore ?

675. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Et l’on sait aussi comme se vengèrent courageusement, en le bafouant et en l’insultant quand il fut blessé, le 4 avril 1894, au restaurant Foyot, par l’explosion d’une bombe d’anarchiste, les éminents illettrés qu’auparavant, dans son livre et dans sa conférence au Théâtre de l’Œuvre, lors de la représentation d’Un ennemi du peuple, il avait fustigés sans qu’ils aient alors osé répondre.

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